Je découvre la Charte sur le site du gouvernement français. Le texte est précédé d’un abstract qui commence par une déclaration, passe par un mot d’ordre pour se terminer sur un propos. J’en aborderai le contenu à sa place dans le texte. On nous y parle aussi de Macron qui appelle les musulmans à fonder un « islam des Lumières ». Les guillemets sont dans le texte. Qu’est-ce que l’Aufklärung vient faire là ? Emmanuel Macron se prend peut-être pour le roi de Prusse.
Je commence ma lecture.
Charte des principes pour l’islam de France
C’est le titre. Soulignons un premier point. La page du site du gouvernement consacrée à la Charte est intitulée « Charte des principes de l’islam en France ». Je souligne.
Je crois plus correct de parler de principes pour l’islam que de parler de principes de l’islam (comme si les principes de Macron étaient posés par un juriste de l’islam).
Et le titre de la Charte porte bien islam de France, et non en France. D’ailleurs les articles 4, 9 et 10 du texte parlent également d’islam de France. Le 23 janvier 2020, devant la commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation, Madame Zineb El Rhazoui avait lourdement insisté sur ce qu’il ne fallait surtout pas dire islam de France, mais bien islam en France. Ne dit-on pas heureux comme un juif en France ?
Nous, responsables associatifs et de fédérations, gestionnaires de lieux de culte musulmans, nous nous engageons par cette charte à la fois en tant que citoyens français et/ou en tant qu’acteurs associatifs de confession musulmane à respecter toutes les règles édictées dans la présente, dénommée « charte des principes ». Elle a vocation à encadrer l’éthique et les règles déontologiques qui devront structurer le fonctionnement du Conseil national des imams.
Voici que le titre se simplifie. Il s’agit d’une « Charte des principes ». Tout court. Celle-ci est signée par des « responsables associatifs » (le président, le secrétaire et le trésorier ?) et par des gestionnaires de lieux de culte (?). En tous cas elle n’a pas à être signée de chaque musulman présent sur le sol de France. On nous parle d’un Conseil national des imams (sera-t-il composé d’imams ?).
Préambule
Nous proclamons solennellement notre adhésion à cette charte destinée à préciser les fondements de notre mission en lien avec les valeurs républicaines. Ce faisant, nous réaffirmons d’emblée que ni nos convictions religieuses ni toute autre raison ne sauraient supplanter les principes qui fondent le droit et la Constitution de la République. Aucune conviction religieuse ne peut être invoquée pour se soustraire aux obligations des citoyens (note1).
Le préambule commence donc par cette affirmation absurde de l’infériorité des principes et des convictions religieuses. C’est un point sur lequel il convient d’insister. L’abstract sur le site du gouvernement nous dit que la Charte « affirme la supériorité des principes de la République sur les principes religieux ». C’est mal parti. Tout comme le ciel est au-dessus de la terre, le spirituel au-dessus du temporel, l’Église au-dessus de l’État, etc., Dieu est au-dessus des hommes ! Il n’y a qu’un dément pour croire que Gérald Darmanin serait au-dessus du créateur de l’univers, et seuls des hommes sans principe ni morale peuvent croire à la supériorité des principes de cette République sur les principes religieux. Ce régime n’a pas deux cent ans, lorsque l’univers aurait 15 milliards d’années. Ça commence donc très mal. Aucun croyant n’accepterait pareille affirmation. Même la Constitution civile du clergé, qui provoqua une guerre civile en France, n’allait pas jusque-là.
Plutôt se laisser jeter aux lions, ou signer en croisant les doigts, selon le style de chacun. Je veux bien aller plus loin dans ma lecture, mais je sais déjà qu’on nom de ma liberté je ne signerai jamais une pareille Charte. Jamais.
(Note 1 : Comme le rappelle l’article 17 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, personne ne peut justifier d’un droit légitime pour « se livrer à une activité ou accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés reconnus dans la Convention ».)
Cette « charte des principes » vise à tracer les valeurs à transmettre aux fidèles et à partager avec eux, dans le respect des lois de la République et de l’éthique islamique.
Relisez bien cette phrase. La formule est à tomber à la renverse. Je la lis à nouveau parce que sinon le lecteur ne me croira pas : Cette « charte des principes » vise à tracer les valeurs à transmettre aux fidèles et à partager avec eux, dans le respect des lois de la République et de l’éthique islamique. Si seuls s’engagent, nous l’avons vu, les responsables et gérants, non les fidèles, les premiers s’engagent à délivrer un enseignement aux seconds. Dans les associations et dans les lieux de culte, on ne transmet plus les sciences sacrées, on n’apprend plus à lire, à écrire, à compter. Non. La référence n’est plus le Coran. Mais la Charte de Macron et de Darmanin. Ce n’est pas du tout de la séparation de l’Église et de l’État. Cela peut signifier que l’islam devient religion d’État. Un islam réformé par l’État, qui est au service de l’État.
Article 1 Objectif de la charte
Les valeurs islamiques et les principes de droit applicables dans la République sont parfaitement compatibles (…)
Incroyable.
(…) et les musulmans de France appartiennent pleinement à la communauté nationale. D’un point de vue constitutionnel, tous les citoyens, quelles que soient leur religion, leurs croyances ou leurs convictions philosophiques, sont égaux. D’un point de vue religieux et éthique les musulmans, qu’ils soient nationaux ou résidents étrangers, sont liés à la France par un pacte. Celui-ci les engage à respecter la cohésion nationale, l’ordre public et les lois de la République. À travers cette charte, les signataires s’inscrivent dans l’écriture d’une page importante de l’histoire de France.
Elle contribue à instaurer des rapports apaisés et confiants entre la communauté nationale, dans sa diversité et sa pluralité, et tous les musulmans vivant sur le territoire de la République, qu’ils soient nationaux ou résidents étrangers. Tout signataire de cette charte s’engage donc, dans le respect et la dignité, à œuvrer pour la paix civile et à lutter contre toute forme de violence et de haine.
Avec l’article 1er on continue de nager dans les généralités. Aux affirmations à l’emporte-pièce (« les musulmans sont liés à la France par un pacte » : quel est le cinglé qui est allé chercher une formule pareille ?) succèdent de délirants propos : « les signataires s’inscrivent dans l’écriture d’une page importante de l’histoire de France »… On a affaire à des déséquilibrés. C’est inquiétant. D’autant plus inquiétant l’appel à la haine qui figure à la fin. Car s’engager à lutter contre toute forme de violence et de haine c’est un engagement à lutter, et visiblement de la manière la plus résolue, puisqu’il s’agira de lutter contre « la violence et contre la haine » : la violence qui sera désignée, et la haine qui sera qualifiée comme telle.
Le rêve du CRIF est certainement de voir les musulmans de France en supplétifs de sa divine lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Article 2 Missions
Notre mission et notre engagement découlent de notre engagement citoyen et de notre foi. Nous exerçons notre mission dans le cadre des principes et règles de la République qui fondent l’unité et la cohésion de notre pays. Le principe d’égalité devant la loi nous oblige à nous conformer aux règles communes et les faire prévaloir sur toutes les normes et règles y compris celles issues de nos convictions et/ou de nos interprétations religieuses.
Aucun chrétien authentique n’accepterait une telle chose, je l’ai déjà dit. Et Antigone a déjà répondu à nos Créon. Entre des lois qui au pire me menacent de perdre une vie provisoire et des lois qui me menacent de tourments éternels, mon choix est fait.
Article 3 La Liberté
La liberté est garantie par le principe de laïcité qui permet à chaque citoyen de croire ou de ne pas croire, de pratiquer le culte de son choix et de changer de religion. Ainsi les signataires s’engagent à ne pas criminaliser un renoncement à l’islam, ni à le qualifier « d’apostasie » (ridda), encore moins de stigmatiser ou d’appeler, de manière directe ou indirecte, à attenter à l’intégrité physique ou morale de celles ou de ceux qui renoncent à une religion.
Cela traduit un respect de toutes les opinions et de toutes les expressions admises par la loi et surtout un principe républicain essentiel : la liberté de conscience. Dieu a donné aux Hommes la Liberté de choisir leurs voies et leurs convictions à l’abri de toute contrainte : « Nulle contrainte dans la religion » (Coran, 2 : 256), et en a fait une expression de Sa volonté : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi donc de contraindre les gens à croire ? » (Coran, 10 : 99).
Le prosélytisme abusif oppressant les consciences est contraire à la liberté de la raison et du cœur qui caractérise la dignité de l’Homme. Convaincus que le débat est souvent source d’enrichissement et rempart contre le fanatisme, nous acceptons tous les débats et nous nous opposons à toutes les violences.
Les signataires s’engagent ainsi à s’inscrire dans le respect de l’article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme. Cet article consacre la liberté de pensée, de conscience et de religion.
Oui, et la liberté d’expression. Sans doute. Surtout faire des caricatures. Mais pas de n’importe qui non plus. Une caricature de Charlie Chaplin imitant Adolf Hitler par exemple, non. Et sur la liberté de recherche et d’enseignement, attention aussi, lorsque vous parlez de la Seconde Guerre mondiale, à bien suivre les attendus du jugement de Nuremberg. On ne plaisante pas avec ça. Le journal Le Monde ne perd jamais une occasion de rappeler que j’ai été condamné pour ça. Donc la liberté.
Article 4 L’Égalité
L’islam de France s’inscrit pleinement dans le respect de l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (note 2).(Note 2 : « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits ».)
Les signataires s’engagent ainsi à faire respecter ce principe à travers l’ensemble de leurs activités cultuelles.
Cette Égalité est également consacrée par le corpus islamique : « certes, Nous avons rendu dignes tous les enfants d’Adam » (Coran, 17 : 70). L’égalité Femme-Homme est un principe fondamental également attesté par le texte coranique : les hommes sont issus d’une même essence ou âme originelle (voir Coran, 4 : 1). « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits ».
Nous nous attachons donc à faire respecter ce principe d’égalité conformément aux lois de la République en rappelant aux fidèles, dans le cadre de notre rôle pédagogique, que certaines pratiques culturelles prétendument musulmanes ne relèvent pas de l’islam.
On aimerait plus de précision quant aux pratiques culturelles. L’excision ? La circoncision ? Le voile ? La barbe ?
Article 5 La Fraternité
La Fraternité nous engage d’un point de vue religieux. Notre éthique nous invite à observer de la bienveillance envers nos concitoyens, sans distinction. Nous rejetons toute discrimination fondée sur la religion, le sexe, l’orientation sexuelle, (…)
Là, je mets tout de suite le holà. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? La fraternité, la bienveillance… Passe encore. Mais la discrimination. Le mot est suffisamment vague pour permettre à celui qui tient le pouvoir de décider selon son bon plaisir lorsqu’il y a discrimination. Et la discrimination fondée sur le sexe peut aller jusqu’à la non promotion du féminisme, ou du refus de reconnaitre un ou une non-binaire. Quant à l’orientation sexuelle n’en parlons pas. On devine vers quoi on se dirige.
(…) l’appartenance ethnique, l’état de santé ou le handicap et appelons à ce que tout citoyen puisse être respecté pour ce qu’il est et pour ce qu’il croit. Toutes les formes de racisme, de discrimination et de haine de l’autre, notamment les actes antimusulmans, les actes antisémites, l’homophobie et la misogynie sont des délits pénalement condamnés. (…)
La misogynie ? Pourquoi ne pas condamner le machisme ? On croit rêver. Il ne manque plus que le réchauffement climatique, le véganisme et le tri des déchets.
(…) Ils sont également l’expression d’une déchéance de l’esprit et du cœur qu’aucune foi sincère ne saurait accepter.
Bigre. Ça commençait bien et puis voilà une fatwa bien peu miséricordieuse. Il faudrait être bienveillant envers les invertis qui s’affichent comme tel et en font un étendard mais par contre ceux qui ne sont pas bienveillants pour l’homosexualité, eux, on estime que leur esprit est déchu ??? Et il faut signer ? Chers amis français de souche, n’ayez pas peur du musulman qui n’a pas signé ce pacte avec le Diable.
Partant de la défense de toutes les valeurs énoncées par la présente « charte des principes », les signataires s’engagent, conformément aux lois de la République, à rejeter tous les crimes contre l’humanité.
Il y a au sein de l’islam, des courants et des interprétations qui peuvent diverger : ils ne se hiérarchisent pas.
Les signataires de cette charte s’engagent à accepter de débattre et d’échanger avec leurs coreligionnaires sans les disqualifier par des jugements théologiques ou politiques dictés par des théoriciens, idéologues ou des États étrangers. Il est question de lutter notamment contre l’idéologie du takfir, (excommunication), qui est souvent le prélude à la légitimation du meurtre. (…)
Vous venez de dire que vous vous engagez à accepter tous les points de vue, mais aussitôt dit vous enchaînez en désignant ceux dont vous n’acceptez pas le point de vue...
(…) Nous nous attelons ainsi à éviter la fitna (la discorde) et à privilégier l’échange dans un esprit de mutuelle bienveillance.
C’est mal parti...
De même, nous appelons à faire preuve d’ouverture et à évoquer avec respect le choix de nos concitoyens en matière de conviction ou de religion, et ce au sein de nos lieux de culte avec nos fidèles, comme au sein de nos familles : « À chacun de vous, Nous avons tracé un itinéraire et établi une règle de conduite qui lui est propre. Et si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule et même communauté, mais Il a voulu vous éprouver pour voir l’usage que chaque communauté ferait de ce qu’Il lui a donné. Rivalisez donc d’efforts dans l’accomplissement de bonnes œuvres, car c’est vers Dieu que vous ferez tous retour, et Il vous éclairera alors sur l’origine de vos divergences. » (Coran 5 : 48).
Ces trois articles sont enchaînés à la formule républicaine et maçonnique « liberté, égalité, fraternité ». Je suppose que s’il s’agit de mettre au pas les musulmans il y aurait mieux à faire du côté des confréries et des franc-maçonneries qu’à chercher à imiter la structure juridique de l’Église catholique, dont l’État n’est qu’un doublon.
Article 6 Rejet de toutes le formes d’ingérence et de l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques
La présente « charte des principes » a pour objectif, clairement énoncé, de lutter contre toute forme d’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et/ou idéologique.
Les signataires s’engagent donc à refuser de s’inscrire dans une quelconque démarche faisant la promotion de ce qui est connu sous l’appellation « islam politique » (note 3).(Note 3 : Par « islam politique », la présente charte désigne les courants politiques et/ou idéologiques appelés communément salafisme (wahhabisme), le Tabligh ainsi que ceux liés à la pensée des Frères musulmans et des courants nationalistes qui s’y rattachent.)
Allons bon. Voilà maintenant que l’on désigne l’ennemi ? Je croyais innocemment à un islam de paix et de miséricorde. Je me laissais bercer par toutes vos promesses, et soudain voilà que votre vrai visage, sur la fin, se montre. En réalité il s’agit d’une guerre, entre musulmans, sur le sol de France ? Mais la France est une terre sainte. Expliquez-le à ceux qui vous ont tenu la main.
Enfin l’abstract terminait sur « le refus de l’islam politique ». Sur cette formule, je reste pantois. Qu’entends-t-on par « politique » ? Beaucoup de choses sont politiques dans une religion. Il ne faudrait pas que la Charte de l’islam de France commence par un refus de… l’islam. Ou alors il faut le dire clairement. Jadis il y eut des refus politiques, du protestantisme, du catholicisme… ou du judaïsme. S’agit-il de cela ?
Si l’on refuse l’islam politique pour accepter l’islam apolitique, pourquoi ne soumet-on pas de même les catholiques, les protestants et les juifs ? Est-ce qu’il n’y a pas un catholicisme politique ? Un judaïsme politique ? Une bonne fois pour toutes, cette Charte introduit une inégalité entre les religions qui est inacceptable. Et je crois que la politique de l’Église catholique romaine en matière de promotion des migrations à outrance ou de lutte contre le racisme (et contre le Front national) a fait depuis cinquante ans beaucoup plus de mal à la nation que tout ce qu’ont pu faire les musulmans les plus extrémistes dans le même temps.
Nous luttons avec détermination contre tout mouvement ou idéologie dont le projet détourne notre religion de son véritable objet et tente de créer des rapports de force et des fractures dans notre société.
Entendu. Mais que fait la Charte ? Sinon de la politique.
Ainsi, nous nous engageons à ne pas utiliser ni à laisser utiliser l’islam ou le concept d’oumma (communauté des croyants) dans une optique politique locale ou nationale ou pour les besoins d’un agenda politique dicté par une puissance étrangère qui nie la pluralité consubstantielle à l’islam.
On y est… Et d’ailleurs cette Charte bien peu française sent la puissance étrangère à plein nez.
Nous refusons que les lieux de culte servent à diffuser des discours politiques ou importent des conflits qui ont lieu dans d’autres parties du monde. (…)
Ben voyons. Je vous ai vu venir !
(…) Nos mosquées et lieux de culte sont réservés à la prière et à la transmission de valeurs.
Tu parles ! On a vu lesquelles.
Ils ne sont pas érigés pour la diffusion de discours nationalistes défendant des régimes étrangers et soutenant des politiques étrangères hostiles à la France, notre pays, et à nos compatriotes Français.
Le dévoiement de la religion consistant à instrumentaliser l’islam à des fins politiques doit être rejeté avec force et sans réserve.
Nous affirmons que l’ordre politique demeure séparé de l’ordre du religieux. Aucune de nos organisations, aucun de nos préceptes ne peut avoir pour objectifs de faire valoir en France un traitement différencié pour les musulmans.
On a compris. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté et la guerre au nom de la paix.
Nous prenons l’engagement d’assurer de plus en plus le financement de nos lieux de culte par des financements nationaux. Tout financement provenant de l’étranger émanant d’un État étranger, d’une organisation non gouvernementale, d’une personne morale ou physique doit s’inscrire dans le strict respect des lois en vigueur et ne donne le droit à aucun donateur de s’ingérer, de manière directe ou indirecte, dans l’exercice du culte musulman en France.
Les signataires doivent rejeter clairement toute ingérence de l’étranger dans la gestion de leurs mosquées et la mission de leurs imams.
Le même abstract insistait avec « le refus de toute ingérence étrangère ». Cette fois nous sommes d’accord. Et nous aurions bien aimé que cette même République applique ce principe essentiel de non-ingérence dans les affaires internes libyennes, puis en Syrie comme en Irak ou en Ukraine, et qu’elle l’applique encore à l’avenir en Chine et en Iran. Cela pour l’aspect actif. Pour l’aspect passif nous souhaiterions aussi que la République refuse en France toute ingérence étrangère allemande, américaine ou israélienne. Pour ne donner que les premiers exemples qui viennent à l’esprit.
Article 7 L’attachement à la raison et au libre-arbitre
Les objectifs d’une religion contribuent aux valeurs universelles qui fondent l’humanité. (…)
N’importe quoi. Qui est l’auteur de cette fadaise ? La religion, toute religion consiste pour la créature déchue à se tourner vers son créateur miséricordieux.
(…) Les responsables musulmans, amènent les fidèles à la réflexion et les aident à distinguer dans les sources scripturaires, ce qui est applicable dans le contexte de la société française.
Nous affirmons que toutes les écoles doctrinales de l’islam revêtent la même légitimité et qu’il appartient à chacun parmi les fidèles de se forger sa propre opinion. Par une adaptation harmonieuse de ces sources universalistes aux réalités de notre pays, nous voulons permettre à toute musulmane et à tout musulman de concilier sa pratique religieuse et son engagement citoyen afin de vivre les deux dans la paix et la sérénité.
Nous nous engageons également à lutter par l’enseignement et la pédagogie contre les superstitions et les pratiques archaïques, notamment celles qui prétendent relever de la « médecine » dite « prophétique » et qui mettent en danger la vie de croyants abusés.
Article 8 L’attachement à la laïcité et aux services publics
La neutralité religieuse, un des principes de laïcité, imposée aux agents investis d’une mission de service public, vise à garantir un service équitable aux citoyens indépendamment de leurs convictions religieuses et à lutter contre le prosélytisme religieux.
Les usagers quant à eux, ne sont pas soumis à cette neutralité, mais sont tenus, dans leur expression religieuse, de respecter l’ordre public établi par la loi. En particulier, nous rappelons le rôle essentiel de l’enseignant dans notre société et l’importance de l’école qui doit être préservée des maux qui touchent la société. En cas de conflits ou de désaccords, le dialogue sera d’abord recherché et en dernier recours les tribunaux, sont habilités à arbitrer les différends.
Afin de préserver la paix civile et la concorde, nous appelons au respect envers tous les citoyens et notamment en direction de celles et ceux qui exercent une mission de service public et d’intérêt général.
Oui. Par exemple ne leur coupez pas la tête. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant.
Article 9 Lutte contre la haine antimusulmane, propagande et fausses informations Les musulmans de France et les symboles de leur foi sont trop souvent la cible d’actes hostiles. (…)
C’est vrai. Par exemple dans l’affaire du prof d’histoire qui s’est fait couper la tête, ou dans celle de Charlie Hebdo, ou pour les deux tours à New York. Plein d’exemples.
(…) Ces actes sont l’œuvre d’une minorité extrémiste qui ne saurait être confondue ni avec l’État ni avec le peuple français.
À qui pensez-vous ? Des minorités extrémistes j’en connais bien cinq ou six en France. À laquelle vous pensez ?
Dès lors, les dénonciations d’un prétendu racisme d’État, comme toutes les postures victimaires, relèvent de la diffamation. (…)
Allez-y mollo quand même avec la condamnation des postures victimaires. On sait où ça peut conduire.
(…) Elles nourrissent et exacerbent à la fois la haine antimusulmane et la haine de la France.
La diffamation et la propagation de fausses informations sont des délits. Leur interdiction est une exigence morale : « Ô vous qui croyez ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-en la teneur, de crainte de faire du tort à des innocents, par ignorance, et d’en éprouver ensuite des remords » (Coran,49 : 6). Dans notre pays, visé trop souvent par des propagandes qui le dénigrent, des millions de croyants se rendent paisiblement à l’office religieux de leur choix et des millions d’autres s’abstiennent de le faire en toute liberté. Cette réalité qui nous semble normale n’est malheureusement pas celle de nombreuses sociétés du monde d’aujourd’hui.
Nous appelons à ne pas diffuser de livres, fascicules, sites internet, blogs, vidéos, qui propagent des idées de violence, de haine, de terrorisme ou de racisme, sous quelque forme que ce soit. Les courants extrémistes s’appuient sur des concepts belliqueux (note 4), incitant à la violence et à la sécession dans des discours qui nuisent autant à la société française qu’à l’image de l’islam et des musulmans.
Nous faisons œuvre de pédagogie pour éduquer la jeunesse afin de la protéger des imams autoproclamés qui véhiculent une telle vision de l’islam. Nous privilégions le corpus français et francophone pour permettre une meilleure assimilation des concepts par les musulmans de France et une plus grande transparence du discours et nous refusons tout discours émanant de l’étranger qui vise, en toute méconnaissance des réalités de notre société, à créer la discorde et à nous diviser.
Non, non et non, vous ne refusez pas tout discours émanant de l’étranger, ce n’est pas vrai, et quant à l’auto-proclamation comme imam qui peut faire mieux ?
(Note 4 : Des concepts tels que : al-wala wa-l bara (l’alliance et le désaveu),takfir wa-l hijra (anathème et exil, etc.), dar al-harb wa dar al-islam (territoire de la guerre et territoire de l’islam).)
_ Article 10 Respect de la charte
Les signataires sont conscients que cette charte les engage conjointement et solidairement. (…)
Soit l’engagement est conjoint, soit il est solidaire. Il faut choisir. Je crains que le rédacteur ne sache pas de quoi il s’agit.
(…) Ils en appliquent les principes et les valeurs dans leurs associations respectives. Si au moins deux fédérations estiment qu’une infraction à la présente charte est commise, elles peuvent décider de l’ouverture d’une enquête contradictoire dont elles définissent le contenu. Après cette procédure contradictoire, une infraction est établie si elle est reconnue par au moins deux tiers des fédérations, par une motivation écrite.
Elle entraîne alors l’exclusion du contrevenant de toutes les instances représentatives de l’islam de France.
Fait à Paris, le 17 janvier 2021
L’effet de cette lecture est désagréable. En réalité le gouvernement français a encouragé la propagande djihadiste en France tant qu’il fallait fournir des troupes pour agresser la Syrie. Cet épisode est terminé, mais peut-être que nos gouvernants à courte vue commencent à s’inquiéter... En tout cas, s’ils veulent galvaniser les masses musulmanes de France, avec ce texte qui sonne comme une provocation, ils sont très bien partis.