Le shabbat goy a encore frappé

Yann, look SDF grunge en fin de vie, à deux doigts du ramassage par les Gris (relire Zone de Degaudenzi), nous explique à quel point « être juif en France » est une horreur quotidienne. Cependant, on se méfie : ayant déjà fait une transition – il a subi l’ablation de l’antisémitisme –, il est capable de rechanger de sexe politique au cas où le pouvoir profond basculerait. On le connaît bien, derrière ses airs innocents, c’est un petit filou.

Auparavant antisémite endiablé dont les dessins n’avaient rien à envier aux caricatures du Stürmer, il a heureusement choisi la thérapie de conversion du fameux Dr BHL, l’homme qui change le plomb en or, les nazis en larbins.

Aujourd’hui, c’est simple, Yann est plus juif que le roi des juifs. Il est devenu, sans que personne ne le lui demande expressément (mais il devance les désirs de ses maîtres), le grand défenseur des juifs – surtout des juifs importants, ceux du Sanhédrin – devant l’Éternel.

Alors qu’il se fait jeter de partout, comme un juif européen dans les années 30, le revoilà sur Europe 1 à faire la leçon aux salauds de Français coupables d’antisémitisme. Sa sortie très 1942 fait évidemment écho au 7 Octobre, une journée de deuil en Israël, une paille devant les 127 journées de deuil palestiniennes.

Au bord des larmes, il déclame un texte beau comme du Lamartine, vous savez, la fille qui a fait un nombre invraisemblable de couvertures de BD. Voici, scandé, ce long poème d’amour pour les juifs et de haine pour les Français.

Être juif en France
c’est changer son nom de famille sur son compte Uber

Être juif en France
c’est voir son fils ou sa fille rentrer de l’école en larmes

Être juif en France
c’est sortir de chez soi le matin sans être certain d’y rentrer le soir

Être juif en France
c’est être sommé de choisir entre être juif et être en France

Être juif en France
c’est de devoir se taire quand les professeurs se taisent sur la Shoah

Être juif en France
c’est devoir expliquer à son enfant pourquoi des Français lui en veulent

Être juif en France
c’est être obligé de se souvenir tous les jours ce que cela a signifié jadis que d’être juif en France

Être juif en France
c’est ôter sa mezouza de sa porte pour ne pas être localisé

Être juif en France
c’est être tenu responsable de la politique d’un pays lointain

Être juif en France
c’est devoir s’excuser de se défendre après une agression

Être juif en France
c’est être coupable de tout ce qui se passe en France

Être juif en France
c’est devoir songer à quitter la France pour rester juif ou à quitter le judaïsme pour rester en France, mais ça, ce n’est pas possible

Être juif en France
c’est se faire insulter par des députés qui prétendent être la France

Être juif en France
c’est être insulté, caillassé, brûlé vif, défenestré, poignardé, abattu sur le sol même de la France

Être juif en France
c’est payer chaque jour le prix d’être juif et c’est payer chaque jour le prix d’être en France

Être juif en France
c’est d’être compris, entendu et défendu que par les juifs de France

Être juif en France
c’est être haï pour ce qu’on est, tout naturellement juif et tout simplement français

Nul doute que cet émouvant poème à la Prévert – une énumération roborative de phrases surréalistes – sera très bientôt repris et appris par cœur par tous les petits enfants sous la garde de Gabriel Attal, l’homme-chiot.

On vous prévient tout de suite : il est facile de vanner un poète qui déraille un peu sous le coup de l’émotion, aussi facile que de voler un aveugle. On vous demandera donc un peu de mansuétude chrétienne, c’est-à-dire d’éviter les coms du genre :

« Être juif en France, c’est plutôt cool avec les lois immémorielles »

« Être juif en France, c’est aller tuer des femmes et des enfants avec Tsahal »

« Si avec ça il est pas appelé par Netanyahou pour aller buter des femmes et des enfants, c’est à désespérer ! »

« Être juif en France, c’est transformer Yann Moix en triste lèche-cul »