Avant-propos de Dominique Delawarde :
La grande muette trouvera toujours, désormais, le moyen de s’exprimer.
Sélectionnés sur plusieurs centaines, voici huit témoignages de militaires français des trois armées et de tous grades sur l’obligation vaccinale. Ayant recueilli moi-même des témoignages du même genre auprès de camarades en service actif, je ne doute pas un instant de leur authenticité.
On réalise que l’obligation vaccinale divise plus profondément les armées qu’on pouvait le penser.
Cette division n’est pas une bonne chose dans des armées qui peinaient déjà à recruter et qui ont été considérablement affaiblies par trois décennies de réductions de ses effectifs et de ses moyens.
À chacun, bien sûr, de se faire son idée sur la question.
Introduction
Ces histoires vont peut-être vous choquer, vous énerver ou vous attrister, en tout cas elles ne vous laisseront sans doute pas indifférent. Ces histoires, ce sont celles de huit français, des militaires honorables et patriotes, qui se sont trouvés face à un choix cornélien qui remet en cause leur engagement : la vaccination Covid-19. Ces hommes et femmes, forgés dans le moule du devoir et de l’obéissance, mais à qui leur carrière a aussi appris l’honneur et le discernement, se trouvent aujourd’hui dans une situation extrêmement compliquée. Certains subissent des pressions, d’autres ont été renvoyés, d’autres se voient menacés par leurs chefs, d’autres doivent se livrer à des activités illégales pour pouvoir continuer à servir leur pays.
En effet, depuis l’été 2021, une série de mesures du gouvernement français a imposé la vaccination obligatoire contre le Covid-19 à un certain nombre de professions, dont les militaires. Si la vaccination contre le covid a soulevé de profonds débats dans la société civile, très peu de gens sont allés interroger les militaires pour savoir comment est perçu ce sujet dans l’armée.
Pourquoi ce silence ? Que l’armée ne communique pas sur ce sujet est tout à fait normal. Mais que font les journalistes ? La presse française a-t-elle peur de l’effet que pourraient avoir ces témoignages sur le public ? Effectivement, la population française pourrait commencer à se poser des questions s’il apparaissait que beaucoup de militaires, du soldat au général, sont très méfiants sur le sujet de la vaccination covid.
Gallia Daily a la chance d’avoir des liens privilégiés avec l’institution militaire, avec les militaires eux-mêmes. Nous sommes heureux aujourd’hui de pouvoir donner la parole à certains d’entre eux, afin qu’ils témoignent de ce qu’ils voient, de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils observent et de ce qu’ils pensent de tout cela.
« Vous mettez en danger la stabilité de l’armée et du pays avec cet article ! »
Voila ce que certains vont nous reprocher. Nous leur répondrons que, si notre armée tremble parce qu’un petit caporal-chef donne son avis sur un sujet de société, c’est probablement qu’il y a un mal beaucoup plus profond qui menace notre pays, et qu’il y a donc un certain nombre de problèmes plus urgents que d’attaquer un petit média indépendant comme le nôtre.
L’armée française a toujours été grande, le mensonge ne préservera pas cette grandeur, il va la ternir. La tragédie, c’est qu’aujourd’hui notre armée soit forcée de s’enfoncer dans une spirale de dissimulation pour conforter la politique et les éléments de langage du gouvernement, un gouvernement qui affirme à tue-tête que la vaccination remporte l’adhésion de la masse, et en premier lieu des citoyens respectables que sont les militaires.
La situation est beaucoup plus complexe et nuancée. La situation est bien moins apaisée que ne le laisse penser ce silence ordonné et coordonné. Notre article a pour vocation de donner la parole à certaines de ces personnes. Quand nous avons commencé à tirer sur le fil, nous avons reçu des centaines de retours de militaires désireux de parler de ce sujet et d’en témoigner. Plus surprenant encore, nous avons reçu des centaines et des centaines de messages de femmes de militaires qui témoignent pour leur mari. Et même des messages d’enfants (le plus jeune a 13 ans !) qui souhaitent parler de ce qui se passe pour leur papa… Nous avons décidé de sélectionner huit témoignages, du simple soldat au général, du commando au marin, en passant par le médecin et la femme de militaire.
Nous nous excusons d’avance d’avoir dû faire cette sélection difficile, mais nous espérons que notre choix permettra de rendre justice, dans l’ensemble, à tous les éléments que pouvaient évoquer ces témoignages. Par ailleurs, la plupart des témoignages reçus ou des interviews que nous avons menées étaient très denses. Nous nous excusons donc d’avoir dû modifier certains passages du texte final, pour en simplifier la lecture, ajouter du contexte ou protéger les sources. Les huit témoins ont évidemment relu et validé leur témoignage avant publication définitive.
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Adjudant-chef Fred, régiment d’infanterie
Mon adjudant-chef, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Adjudant-Chef dans un régiment d’infanterie, ADU en compagnie de combat. Je me suis engagé dans l’Armée de Terre à 17 ans et demi et j’ai participé à 11 opérations extérieures. J’ai été blessé deux fois dont une assez gravement. Je suis marié et père de trois enfants.
Êtes-vous engagé politiquement ? Est-ce que vous vous reconnaissez dans le terme « antivax » ?
Je n’ai jamais fait de politique, je vote blanc ou je ne vote pas. Je ne fais toujours pas de politique, je n’ai jamais compris cet empressement à vouloir absolument jouer à un jeu truqué…
Par ailleurs non, je ne suis pas anti-vaccins : tout au long de ma carrière j’ai dû recevoir une bonne trentaine de vaccins pour pouvoir partir dans les pires coins du globe. Cela avait un sens, et je ne regrette pas : j’ai déjà vu un jeune en Afrique mourir du paludisme en quelques heures ou des bébés avoir des séquelles à vie à cause de la dengue. Il y a des maladies qui méritent qu’on les combattent. Et d’autres beaucoup moins, comme le covid.
Comment a commencé cette position de doute, que certains qualifieront de « complotiste » ?
Au début du covid, comme la plupart des gens normalement constitués, j’ai activé mon cerveau reptilien et j’étais sur la défensive face à une menace que l’on n’avait encore assez peu cernée. Je crois qu’à ce moment là j’aurais pris le vaccin sans trop hésiter. Mais ce moment là est vite passé, le sang froid est vite revenu. Dès le premier confinement j’ai commencé à comprendre qu’il y avait « autre chose » derrière tout cela. Que ce n’était pas seulement médical, mais qu’il y avait un agenda politique, qui était enclenché avec pour prétexte le combat sanitaire. De même que depuis plusieurs années on voit un agenda politique très clair être appliqué avec le prétexte fallacieux de sauver les arbres ou les pandas… La réponse du gouvernement français à la crise a donc éveillé ma suspicion. Cela s’est confirmé quand on a commencé à voir les premiers chiffres sortir sur la mortalité du covid, ridiculement basse, en tout cas pas suffisamment haute pour justifier l’immense cirque dans lequel s’est enfoncé le monde.
Vous n’êtes donc pas vacciné ?
Je ne suis pas vacciné contre le Covid-19. Et il n’y a absolument aucune chance que je prenne ce vaccin. Le gouvernement est allé bien trop loin dans la folie pour que je leur accorde le moindre crédit ou le moindre sérieux quand ceux-ci prétendent vouloir veiller à ma santé. Vous remarquerez que c’est cocasse, le Président, celui qui m’a envoyé onze fois risquer ma vie à l’étranger prétend aujourd’hui tenir à ma santé. Quelle bouffonnerie. Je rajouterai aussi que je n’ai jamais eu besoin des politiciens pour prendre soin de moi, je suis capable de veiller seul à ma santé et celle de ma famille. On appelait ça être un homme, avant.
Concrètement, quelles conséquences cela a par rapport à votre engagement militaire ?
Concrètement je ne suis plus militaire. Ils m’ont poussé vers la porte. J’ai eu le droit à des rendez-vous interminables devant mon chef de corps, devant des généraux et des torche-culs du Ministère, venus de Paris m’expliquer que je suis un « mauvais sous-officier et un mauvais exemple pour mes hommes », je cite… J’ai même eu le droit à un rendez-vous avec un psychologue et un psychiatre, qui devaient évaluer ma « capacité à servir » ou « détecter des signes de paranoïa ou de radicalisation ». J’ai répondu, que si j’étais P4 [inapte psychologique], ils auraient dû s’en rendre compte pendant mes 30 ans de service…
J’ai eu le droit au discours faussement compatissant du psychiatre, qui m’a expliqué que j’avais « le droit d’être méfiant envers les médecins » comme j’avais été blessé, que je souffrais peut être de PTSD [syndrome de stress post-traumatique, NDLR]. Je lui ai simplement répondu que le problème ce n’est pas les médecins, mais le fait de m’injecter une thérapie génique dans le sang, de force. Cet imbécile à oser me répondre : « Avec votre âge, votre forme physique, vous faites partie des populations à risque »… En réponse, je l’ai défié à un concours de tractions et un test cardio Cooper, en lui rappelant que si 11 OPEX ne m’avaient pas foutu au sol, ce n’est pas une grippe qui allait le faire
Bon en d’autres termes j’ai été peu conciliant avec les demandes de mes chefs. Mais il faut dire que leurs demandes, même si elles étaient formulées avec la politesse des faux-culs, revenaient en fait à me dire « ferme ta gueule, vaccine toi, sinon on te dégage ». Un adjudant-chef ne ferme pas sa gueule, donc je me suis fait dégager, soi-disant parce que mon « profil psychologique montre des incohérences ».
Le dernier coup de poignard est venu de mon chef de corps, qui a pris soin de faire circuler une rumeur selon laquelle, en gros, j’avais déraillé. Pour faire croire qu’ils m’avaient viré pour ce motif psychologique, alors qu’ils m’ont évidemment viré à cause du vaccin, sans l’avouer, pour éviter que cela fasse tâche je suppose. En tout cas ils ont réussi le tour de force de me virer à cause du vaccin, avant même que la vaccination ne soit obligatoire officiellement.
Au sein de votre régiment et de vos connaissances, vous étiez le seul dans cette position ?
Non seulement je n’étais pas seul, mais en plus nous sommes sacrément nombreux. Avant que la vaccination ne soit obligatoire, je crois que nous étions bien une grosse moitié de sceptiques au régiment, l’autre moitié étant purement indifférente.
Au sein de ma compagnie, mon CDU [le capitaine] avait la même position que moi. Il m’a dit un jour : « Fred, si jamais je meurs et que ces enflures vaccinent mes gosses à l’école, tu me promets que tu prends un HK à l’armurerie et tu vas te faire la maîtresse, le toubib, la directrice de l’école, le préfet, le ministre de la Santé et le Président. »
J’ai promis. Il m’a fait la même promesse. Elle tient toujours, et je dis ça sérieusement. L’autorité parentale c’est sacré, si ces imbéciles veulent jouer avec nos enfants, ils vont vite se rendre compte que tout le monde n’est pas très prompt à livrer ses progénitures à Chronos ou à se la jouer Simon de Trente. Je crois que c’est la position de la plupart des sous-off avec qui je peux parler, en tout cas tous ceux qui ont des enfants. Le fait d’avoir des enfants doit aider à se projeter, ça créait un enjeu de long terme.
Le fait que je me fasse virer a servi d’exemple malgré tout je crois. Certains collègues ont accepté de prendre le vaccin. Beaucoup ont posé des permissions et sont revenus « vaccinés » au régiment, avec des faux certificats. Mais au moins quatre camarades de ma compagnie, deux EVAT [engagés volontaires de l’armée de terre, NDLR], un sergent et un jeune lieutenant sont malgré tout sur la sellette pour avoir refusé de se compromettre tout court. Je ne sais pas encore où en est leur parcours du combattant. Mais je n’ai qu’un conseil à leur donner s’ils me lisent : ne vous soumettez pas, de toute façon vous êtes déjà morts pour eux, même si vous cédez, vous n’aurez pas de carrière, vous êtes fichés comme étant des vilains petits canards, pour de bon.
Je ne suis pas très bon avec les chiffres et je ne peux pas sonder les corps et les sangs, mais des contacts que j’ai encore au sein de ma compagnie, je pense qu’il y a grosso modo au moins 50 % de vaccinés, la plupart par contrainte, pas par conviction. Ensuite, environ 35 % de faux vaccinés, qui ont trouvé un médecin complaisant ou qui ont fait falsifier leur dossier mili grâce à des proches. Et 15 % de dissidents, soit qui résistent vraiment comme les quatre larrons dont je viens de parler, soit qui étaient sur la fin de leur contrat et qui ont préféré se barrer plutôt que de se vacciner. D’après ce que j’entends de mes amis, c’est globalement à peu près pareil partout, dans tous les régiments.
Et maintenant, pour vous quel est le plan ?
Je pars en 2022 m’installer en Croatie avec ma famille et la famille d’un autre collègue, lui aussi poussé à la porte. Pour nous, la France c’est terminé. C’est un crève cœur. Mais si ce pays ne veut pas de nous, même comme gilet pare-balle, on ne va pas imposer notre présence. Surtout, mes deux plus jeunes enfants sont au collège et à l’école primaire, il est hors de question que je leur impose de vivre dans un pays entouré de cinglés. La Croatie c’est bien et si ça ne va plus, on ira ailleurs. Et je vous le dis : j’espère qu’un maximum de mes collègues feront pareil. Votre valeur en tant qu’hommes et en tant que Français, ce n’est pas de vous soumettre pour faire carrière. Votre valeur c’est vos qualités humaines et professionnelles, votre capacité à protéger votre sang, votre famille. Il reste des pays en Europe où vous serez respectés et accueillis pour ça.
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Thierry : major CPA [commando parachutiste de l’air, NDLR]
Major, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis le major Thierry, je sers dans l’Armée de l’air depuis mes 19 ans. J’ai effectué la majorité de ma carrière en tant que fusiller de l’air, puis au sein du CPA 10 et du CPA 20 (forces spéciales de l’armée de l’air). Je suis parti une quinzaine de fois en mission. Je suis marié, père de famille, j’ai deux enfants et trois petits-enfants. Accessoirement, j’ai aussi 3 chevaux et 3 chiens, qui comptent sur moi.
Major, pouvez-vous nous dire si vous êtes vacciné, pourquoi, et ce que cela a comme effet sur votre carrière militaire ?
Je suis vacciné, j’ai décidé de le faire après une longue réflexion. Ma mère est hospitalisée, la structure privée où elle est me refusait la possibilité de la visiter… Au début, je m’en accommodais comme je pouvais grâce à mon frère, vacciné, qui me permettait de voir ma mère en appel vidéo. Mais j’ai vu la santé de ma mère décliner, l’isolement ne devant pas aider. Je me suis vacciné pour pouvoir lui rendre visite car je ne pouvais pas supporter de la voir mourir petit à petit sans pouvoir aller lui dire que je l’aimais. J’ai bien fait, elle est morte le lendemain de ma première visite, je crois sincèrement qu’elle attendait de me voir.
Je me suis donc vacciné par pure contrainte d’une certaine façon, sinon je ne l’aurais jamais fait. Ni ma femme, ni mes enfants ou petits enfants ne sont vaccinés.
En tant que sous-officier, mes cadres m’ont demandé de prendre en compte le statut de vaccination de mes gars. Ça devait être une formalité, en faisant circuler une fiche en interne. Mais pour avoir discuter avec mes gars à la popote ou au sport, je savais très bien que ça coincerait pour certains. J’ai donc pris le paris de voir tous mes gars en tête à tête, et j’ai discuté avec eux de la situation. Certains étaient déjà vaccinés, la plupart par contrainte, pour garder leur job. Pour eux je ne pouvais rien faire.
Mais il y avait aussi quelques gaulois réfractaires. Grosso modo environ 20 sur 80, qui n’étaient pas vaccinés et qui n’avaient pas du tout envie de le faire. J’ai proposé à tous de récupérer des faux certificats. Ce qu’ils ont tous fait. Deux d’entre eux ne pouvaient pas payer le faux, j’ai payé de ma poche. Il y a un seul gars, un sergent, qui refusait absolument de se faire vacciner ou même d’utiliser un faux. Je l’ai prévenu des risques qu’il prenait, il a accepté de quand même monter au carton.
Je l’ai défendu autant que je pouvais face à nos cadres. Il a eu le droit à la totale, C2 [commandant en second, NDLR], C1 [chef de corps, NDLR], généraux, visites médicales à rallonge, tests anti-cannabis tous les deux jours, visite de la DRSD (le service de contre-espionnage de l’armée, qui donne les accréditations secret-défense ou vérifie la radicalisation des militaires). Il s’est pris un torrent sur la gueule. Ils ont aussi mis une pression hallucinante sur sa petite amie, qui occupe un poste administratif de civil de la défense, en lui expliquant qu’elle perdrait son poste si son copain ne cédait pas. Cela a évidemment fait éclater leur couple. Point assez surprenant, sur la route, il s’est fait contrôler par les gendarmes sept fois en deux mois, alors qu’il ne s’était jamais fait contrôler de sa vie. Je soupçonne qu’ils cherchaient à lui coller une procédure dans le civil pour justifier son renvoi. Enfin, pour finir, ils ont intégré son groupe de combat à une autre section, partie en terrain à l’autre bout de la France, sans lui bien sûr. De façon à le laisser totalement isolé, sans ses camarades…
Il n’a pas cédé, je salue infiniment son courage. Aujourd’hui, il a été muté dans un service logistique, de « plieur de chaussettes » comme on dit, une tâche dégradante pour un militaire qui a été formé pour être commando. Cela est temporaire, je pense qu’il sera expulsé discrètement d’ici quelques semaines ou quelques mois maintenant que la vaccination est officiellement obligatoire…
J’ai dit clairement à mes cadres ce que je pensais du sort qu’ils réservaient à ce jeune chef. Cette façon de faire me dégoutte. J’aurais préféré qu’il soit viré directement, plutôt que d’assister à ces tractations visant à le briser. Cela m’a donné honte d’avoir servi ces colonels et ces généraux. En tant que chef, j’ai appris à être le bouclier de mes hommes, pas le marteau utilisé pour les abattre. Apparemment, en France et dans l’Armée, tout le monde ne partage pas cette vision du service…
La quasi-totalité des militaires ne veulent pas se faire vacciner, c’est un fait. Certains l’ont fait par dépit, beaucoup ont fait des faux et quelques-uns tiennent la ligne de front symboliquement. Je ne pouvais pas accepter de devenir le mirador de la politique sanitaire du gouvernement alors même que la totalité des hommes qui me font confiance s’opposent à cette politique, pour diverses raisons. Mon rôle de chef, c’est d’être le représentant de mes hommes auprès des officiers, pas d’être le représentant des officiers auprès de mes hommes. Je défie n’importe quel chef d’aller au feu et de m’expliquer le contraire. Pour toutes ces raisons, j’ai décidé de partir de l’armée et de prendre ma retraite, j’ai précisé très clairement à mes cadres que je le faisais en opposition à leur gestion de la politique sanitaire, ce qui m’a valu un bon nombre de soucis également.
C’est « facile » pour moi en tant que vieux sous-off d’avoir cette liberté. Mais je peux vous assurer que c’est quand même une sorte de déchirement de quitter la tête basse une institution que l’on a servi pleinement pendant 30 ans. En tant qu’homme je ne peux m’empêcher de penser que l’institution est en train de trahir ce qu’elle est ; mais en tant que militaire je ne peux m’empêcher de penser que c’est moi qui est en train de trahir… Je crois que cela va me hanter pendant longtemps, car en réalité il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Je suis heureux d’avoir fait ce choix, même s’il était difficile. Et j’invite les jeunes sous-off des trois armées à écouter ce que j’ai à leur dire : vous êtes le bouclier de vos gars, leur berger, gardez ça à l’esprit, toujours. Vous avez la charge de leur vie au feu, mais aussi à l’arrière en temps de paix. Soutenez toujours leurs choix, même si parfois cela est difficile, usant ou destructeur pour vous.
Et maintenant, pour vous quel est le plan ?
Je vais déménager pour me rapprocher de mes deux enfants, qui habitent à la frontière suisse. Je me suis proposé pour faire l’école à la maison à mes deux petites filles. Cela risque de bien m’occuper, mais j’ai hâte. Ma femme va quitter son emploi actuelle et m’aider dans cette tâche aussi. Une page se tourne, c’est ainsi.
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Sous-lieutenant Clément : ESM [École spéciale militaire] de Saint-Cyr
Mon Lieutenant, pouvez-vous vous présentez ?
Je suis le sous-lieutenant Clément, élève-officier au Premier Bataillon de France de Cyr. Je suis entré à Coet après une prépa au Vieux Bahut [Prytanée de La Flèche]. J’aspire à devenir officier depuis mon enfance, mon père étant sous-officier et mon grand-père ayant été lui même officier, monté par l’interne.
Pouvez-vous nous dire si vous êtes vacciné, pourquoi, et ce que cela a comme effet sur votre jeune carrière militaire ?
Je ne suis pas vacciné, comme un certain nombre de mes camarades. Nous avons fait des faux pour passer entre les mailles du filet avant septembre. Tout le monde n’a pas cette chance cependant. Certains camarades de l’ESM2 et l’ESM3 [en 2e et 3e année, NDLR] ont été pris au dépourvu : les cadres ont prévu une séance de vaccination collective au retour de terrains exigeants ou de stages d’aguerrissement, à des moments où les bazars [élèves de 1re année, NDLR] étaient peu aptes à résister.
Mais j’ai quand même quelques exemples de ptits co courageux qui résistent courageusement. Ils se prennent une pression pas possible de la part des cadres de l’école. Les cadres nous ont aussi demandé de leur mettre la pression de notre côté… On remarquera l’ironie du sort : ça fait vingt ans que l’État nous emmerde à cause des traditions et du bahutage, qui seraient soi-disant du harcèlement… Mais aujourd’hui ils nous demandent directement à nous, les anciens, de harceler légalement les bazars non vaccinés ou de mettre la pression à nos camarades de promo.
Je pense que ces camarades vont de toute évidence se faire exclure ou pousser vers la sortie, leur carrière est de toute façon foutue. L’encadrement lui même s’assure de mettre les récalcitrants face au mur. En entretien, un de nos ptit-co a eu le droit à un long sermon, sur le fait que, refusant le vaccin, il était « pire qu’un terroriste » ou qu’un « combattant de Daech au Sahel ». Notre bazar, a eu la bonne idée de répondre, malicieusement mais avec justesse, que Daech ne pouvait pas être au Sahel, puisque Daech signifie « État islamique en Iraq et au Sham ». La remarque n’a probablement pas arrangé son cas. Mais on remarquera la perfidie d’une telle affirmation : il faut avoir beaucoup de culot pour oser dire à un jeune qui vient de passer trois ans en prépa et trois ans en école, dans l’espoir de servir son pays, qu’il ne vaut pas mieux que le dernier rat de l’État islamique. Visiblement, notre État ne fait absolument aucune différence entre ses officiers qui défilent le 14 Juillet sur les Champs-Élysées, et les djihadistes qui roulent sur des enfants le 14 Juillet. C’est bon à savoir…
Je sais par ailleurs que la vaccination a posé problème avec plusieurs crocos, les élèves étrangers (souvent africains), qui refusaient aussi de se faire vacciner au départ… Certains ont été menacés d’être renvoyés chez eux en Afrique. Ici encore, on notera l’ironie de la situation, politiquement… Un gouvernement qui refuse d’expulser les criminels et terroristes étrangers, menace d’expulser des officiers africains hautement diplômés qui refusent de se vacciner…
Dernier point : je ne peux pas en témoigner directement car on n’appartient pas à la même promotion, mais apparemment les officiers sous contrat de l’EMAC [École militaire des aspirants de Coëtquidan] ont été les plus menacés. Ils ne font que 1 an à Cyr au lieu de trois ans. Donc la plupart n’étaient pas vaccinés, et ont pu un peu passer entre les mailles du filet. La politique du gouvernement s’accentuant, ils ont finalement été obligés de se vacciner, ce que certains ont refusé bien sûr, ils sont donc sur la sellette, et tout le tralala. Beaucoup ont fait des faux, mais d’autres ont été vaccinés en masse directement par le SSA [Service de santé des armées, NDLR] à l’école. Sauf qu’ils ont eut un mauvais timing : il y avait l’inauguration de l’EMAC par la ministre Parly juste quelques jours après. Et certains officiers avaient des fortes fièvres après le vaccin, plusieurs ont fait des malaises. Les cadres de l’EMAC ont dit aux officiers qui si un seul d’entre eux tombait pendant la cérémonie avec la ministre, sa carrière serait détruite. À mon avis ils craignaient la mauvaise pub : avoir des officiers vaccinés qui tombent devant un membre du gouvernement c’est moyen. Si il est fréquent que des militaires tombent pendant des cérémonies, je crois que l’idée d’avoir d’un coup 10 personnes par terre leur faisait un peu peur. Fun fact : ça a été pareil pour le défilé du 14 Juillet, non seulement ils ont menacé les non-vaccinés de ne pas pouvoir y participer, mais en plus ils ont viré du défilé les officiers vaccinés qui avaient des effets secondaires graves…
Il y a probablement dans mon témoignages des imprécisions, des détails exagérés ou d’autres que j’ai oublié, cela mériterait que vous interrogiez directement d’autres camarades des autres promos. Je n’ai pas la prétention de parler pour les autres. Mais cela vous donne clairement un bon aperçu de la situation à Saint-Cyr. Ce n’est pas la joie. Entre les parias, ceux que l’on prend par surprise, ceux que l’on menace, ceux qui sont harcelés ou poussés vers la sortie, ceux qui se vaccinent à contre cœur et ceux qui font des faux, ça fait un sacré paquet de mécontents. J’espère que nos dirigeants s’en rendent compte et qu’ils prennent cette variable au sérieux.
Et maintenant donc, que prévoyez-vous ?
Après mon passage en DA, je vais servir quelques années, histoire de rembourser ce que je dois à ce pays. Je suis passé entre les mailles du filet, donc je vais en profiter. Mais ensuite je me barre, définitivement. L’épisode covid a totalement détruit mes derniers accents « patriotiques ». Pour être patriote, il faut une patrie. Je refuse de servir un appareil d’État dont le principal objectif est de vendre des doses d’un vaccin israélo-américains à des Français en bonne santé. Qu’ils aillent se faire foutre. Je le dis en tant que fils et petit-fils de militaires. Je le dis en tant qu’ancien de Autun, en tant que Brution et en tant que Cyrard. Je le dis en tant qu’officier et en tant que militaire. Et je le dis en tant que citoyen. Qu’ils aillent se faire foutre.
On en parle beaucoup entre nous, je crois que le sentiment qui prédomine c’est exactement celui-là. Le ras-le-bol. Les 12 derniers mois ont fait l’effet d’un électrochoc chez beaucoup d’entre nous. Ceux qui se moquaient de ces sujets s’en moquent toujours. Mais ceux qui étaient sur le fil, qui avaient des doutes, sont aujourd’hui totalement passés de l’autre côté du miroir. Le turnover des officiers est déjà important, je crois qu’on va le voir exploser.
Je me projette peut-être un peu, mais je ne sais pas comment l’État peut résoudre ce problème. Dans le secteur hospitalier je sais qu’ils vont faire appel à des travailleurs étrangers pour compenser les effectifs de non-vaccinés. Pour l’armée ça va être plus compliqué, mais à mon avis on va aller de plus en plus vers des contractuels, y compris étrangers, sans statut militaire, qui vont servir de garde prétorienne à la République… Sympathique, je suis sûr que Napoléon, paix à son âme, serait fier de voir le sort qui est réservé à ses protégés par ses descendants…
En tout cas je n’ai qu’un truc à dire à ceux qui peuvent nous lire : si vous êtes militaires, EVAT par exemple, sachez qu’il y a une génération d’officier qui arrive et qui en a autant plein le cul que vous. Voilà. Si vous êtes civils, je ne sais pas quoi vous dire, si ce n’est qu’on a besoin de vous pour gueuler. Nous, on ne peut rien faire. Pour l’instant. Alors c’est à vous de bouger. Mais faites le en sachant que vous n’êtes pas seuls, il y a beaucoup de policiers, de gendarmes, de pompiers et de militaires, qui sont d’accord avec vous, sur l’essentiel. Finalement, c’est le message que je veux que tout le monde retienne : vous n’êtes pas seuls. Nous sommes majoritaires. De très loin. Des gens qui ont pris le vaccin par conviction, c’est une très petite minorité. Que nous soyons non vaccinés, fraudeurs ou vaccinés par contrainte, c’est nous la masse, c’est nous la majorité. Même si on nous fait croire le contraire. Alors, j’ai un truc à dire aux dirigeants : le mot de Cambronne [Merde !].
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