Cris d’orfraie à gauche, mépris à LREM (une de leur marque de fabrique), bruissements de vierges effarouchées à droite. Voilà à peu près le résultat du coup de pistolet à eau d’une clique d’anciens gradés dans (a)Valeurs actuelles qui rappelle, par l’entremise de ce non-événement, son léger amateurisme sur les questions sérieuses – pour ne pas dire sa collaboration, dans certains cas.
Ceux qui n’ont pas lu la tribune la trouveront sur ce lien. Son titre : « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » : 20 généraux appellent Macron à défendre le patriotisme. Rien à redire sur l’idée générale du titre, mais que n’ont-ils bougé, tous ces généraux et ces moins gradés, lorsque durant plusieurs décennies la France a été martyrisée par des éléments plus ou moins étrangers, menant notre patrie dans cette situation de délitement, pour ne pas dire de ruine ? Que n’ont-ils élevé la voix lorsque les Gilets jaunes – le Peuple ! – se faisait éborgner et que leur sang se répandait sur l’asphalte ?
Loin d’appeler à un coup d’État – ce qui serait par ailleurs parfaitement illégal en vertu de l’article 413-3 du Code pénal –, l’on peut toutefois s’interroger sur la noble et admirable efficacité d’une population en colère qui, le 1er décembre 2018, fut à deux doigts de prendre l’Élysée. Ce jour-là, quelques milliers de civils en remontraient à des militaires anesthésiés par les procédures bureaucratiques et ankylosés par leurs médailles !
France Info, la police de la pensée payée par nos impôts, a enquêté sur les papys séditieux et a découvert que « la vingtaine de généraux qui ont signé cette lettre ouverte sont tous à la retraite et évoluent dans des milieux proches des théories du Grand Remplacement, théories complotistes d’extrême-droite ou du Rassemblement national ».
Pire, Radio-Paris nous alerte qu’« au moins trois généraux ont déjà participé à des élections locales sous l’étiquette Rassemblement national ou apparentés. Au moins trois d’entre eux participent au mouvement de Renaud Camus et au moins cinq d’entre eux collaborent régulièrement avec des médias conspirationnistes comme Epoch Times ou encore NTD ». Cerise sur le gâteux, ou le gâteau, « certains sont également membres de la Manif pour tous ». Diantre !
Et c’est à ce moment qu’intervient la pauvre Marine Le Pen, jamais à l’abri d’une mauvaise stratégie : « Je souscris à vos analyses et partage votre affliction », choisissant de façon bien hasardeuse ses soutiens, les « invitant à la rejoindre pour la présidentielle ».
Alors bien sûr les ministres potiches se sont régalées. Sur France Info encore, ce lundi 26 avril, Agnès Pannier-Runacher, ministre délégué chargé de l’Industrie, a « condamné sans réserve cette tribune d’un quarteron de généraux en charentaises qui appellent au soulèvement ». Pour Florence Parly, le ministre des Armées, il s’agit d’« une politisation irresponsable des armées ». S’ensuivit un concert d’indignations diverses sans intérêt pour les gens sérieux.
Sans intérêt donc, car pour le commentateur avisé de la situation, ce qu’il faut retenir de cette tribune c’est qu’elle signe l’ébullition de la marmite française. À un point tel que certains militaires, aussitôt démilitarisés en quelque sorte par le Système, en viennent à s’inquiéter d’une guerre civile qui pourrait couver. Or, la guerre civile est de loin ce que l’on doit à la fois redouter et empêcher à tout prix, bien qu’elle soit attisée par de nombreux acteurs politiques, idéologiques ou simplement médiatiques, voire médiatisés... Par ailleurs, cette lettre c’est aussi une invitation à l’unité de la nation et une sincère convocation du patriotisme. On ne saurait le critiquer.
C’est d’ailleurs en substance ce que dit ce représentant politique passé de La France insoumise au Rassemblement national, double sensibilité qui expliquera peut-être que dans ce cas précis, on pourrait presque tomber d’accord sur les propos tenus :