Attention, cet article sensible est uniquement destiné à justifier les torrents d’argent public déversés dans les coquilles vides de Rudy Reichstadt ou de Tristan Mendès France, ou bien encore les traitements de fonctionnaire des Philippe Corcuff ou autres Valérie Igounet, etc. Nous n’apportons aucune caution scientifique au contenu ci-dessous, mais parfois il faut savoir s’amuser des théories les plus farfelues. C’est ainsi que l’idée saugrenue de l’héliocentrisme a beaucoup amusé les contemporains sérieux de l’excentrique Giordano Bruno, comme celle de l’imprédictibilité quantique a bien fait marrer Einstein qui savait, lui, que « Dieu ne jouait pas aux dés ». Alors, forcément, parler du magnétisme dans les vaccins à ARNm, quelque part, ça nous titillait.

Tout d’abord, pour cette formation accélérée au complotisme le plus crasse, il s’agit de visualiser la vidéo suivante (totalement en anglais, mais les images suffisent pour les anglophobes). Une petite équipe autour d’une femme docteur va choisir de façon randomisée (le fameux truc que ce plouc de Raoult n’avait pas fait dans son étude sur l’hydroxychloroquine – que de toute façon le Lancet a magistralement démontée), choisir donc des individus ayant effectué un des deux vaccins à ARNm (Pfizer ou Moderna), puis effectuer le fameux test électromagnétique autour de la zone vaccinée.

La vidéo a l’air assez sérieuse, on ne va pas trop mégoter. Donc, visiblement ça a l’air d’aimanter pas mal autour de la zone de la piqûre. Il y aurait donc quelque chose de ferromagnétique dans le vaccin ? Mystère qu’on ne résoudra sûrement pas ici. Mais, parce qu’on ne fait jamais les choses à moitié chez E&R, maintenant qu’on a bien titillé la fibre complotiste qui sommeille chez nos lecteurs, voici l’étape 2 du plan d’endoctrinement. Et là, si vous êtes bien rentrés dans la phase 1, ça devient beaucoup moins rigolo, parce qu’on part chez Nature, Ze référence en matière de littérature scientifique !

Nous sommes le 4 avril 2016, et Le Figaro titre en gros caractères : « La magnétogénétique permet de manipuler le cerveau à distance ». Là, ça devient sérieux. D’abord Le Figaro – merde, quand même ! – qui, de surcroît, cite Nature :

Le comportement de souris génétiquement modifiées a été changé par un champ magnétique. Une révolution à venir dans les neurosciences.

Stimuler à distance un comportement est devenu réalité grâce à une nouvelle technique, développée par des scientifiques américains de l’université de Virginie et détaillée dans la revue Nature Neuroscience. Les chercheurs ont mis au point une protéine, baptisée Magneto et capable d’activer les cellules nerveuses en présence d’un champ magnétique, puis l’ont introduite dans des neurones précis du circuit de la récompense chez des souris. Celles-ci ont alors montré une préférence marquée pour l’endroit où régnait un champ magnétique élevé. Les chercheurs ont ainsi fait la double démonstration du rôle joué par ces neurones et de la possibilité de les activer directement, instantanément et à distance par l’application d’un champ magnétique continu.

Fact-checkeurs que nous sommes, nous sommes allés chercher dans Nature l’existence de ce papier (car le lien du Figaro ne marche pas), et nous l’avons trouvé. Et même traduit son résumé :

Les actionneurs optogénétiques et chimiogénétiques sont essentiels pour déconstruire les corrélats neuronaux du comportement. Cependant, ces outils présentent plusieurs limites, notamment des modes de stimulation invasifs ou une cinétique marche/arrêt lente. Nous avons surmonté ces inconvénients en synthétisant un actionneur magnétiquement sensible à un seul composant, le "Magneto", comprenant le canal cationique TRPV4 fusionné à la protéine paramagnétique ferritine. Nous avons validé le contrôle magnétique non invasif de l’activité neuronale en démontrant la stimulation à distance des cellules à l’aide de tests d’imagerie calcique in vitro, d’enregistrements électrophysiologiques dans des tranches de cerveau, d’enregistrements électrophysiologiques in vivo dans le cerveau de souris se déplaçant librement, et de résultats comportementaux chez le poisson zèbre et la souris. Comme preuve de concept, nous avons utilisé Magneto pour définir un rôle causal des neurones striataux du récepteur 1 de la dopamine dans la médiation du comportement de récompense chez la souris. Ensemble, nos résultats présentent Magneto comme un actionneur capable de contrôler à distance des circuits associés à des comportements animaux complexes.

Ça en jette ! En principe vous n’avez pas compris la moitié du contenu, ce qui indique en général un peu le niveau de sérieux du papier (au doigt mouillé). Donc on vous traduit : en jouant sur un « actionneur » sensible au rayonnement électromagnétique et qu’on aura préalablement implanté dans le corps de la souris, on peut ensuite agir à distance et quasi instantanément sur les neurones de la souris et donc modifier son comportement.

Et voilà, vous êtes prêts pour l’étape 3 définitive de la formation accélérée en conspiration. C’est encore en anglais, mais les complotistes ne sont pas très regardants de toute manière sur le sérieux du contenu. Il vous suffit de regarder les images et comprendre quelques mots, dont le titre « Comment manipuler un humain à distance ».

La conclusion vient naturellement : une fois les trois quarts de la population mondiale vaccinés, il suffira d’agir électromagnétiquement sur les individus (par la 5G ?) pour affecter plus ou moins leur conscience, voire leurs pensées ou leurs actions. On s’en fout, nous chez E&R on n’est pas vaccinés. Mais vivre entourés de zombies marchant dans tous les sens les bras tendus, ça va être marrant. Ou pas.

Alors cet article, sérieux ou ironique ? On laissera le doute, un peu comme le général Delawarde sur une communauté dont on ne sait toujours QUI elle est (ou QUOI, selon Élisabeth Lévy, c’est selon).

À vos commentaires, la chasse aux trolls est ouverte !