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John Bolton, l’homme du pouvoir profond, fustige l’isolationnisme de Trump

L’ancien conseiller du 45e président américain a donné une très longue interview à un pool de grands journaux européens, dont Le Figaro. Curieusement, il démolit à la fois Trump et Biden. Pour lui, « Donald Trump ne devrait pas se voir confier de deuxième mandat », même si Biden est l’un des pires candidats (avec Hillary Clinton) que le Parti démocrate ait porté. Alors, y aurait-il un troisième étage à la fusée présidentielle américaine ? Nous le saurons le 3 novembre 2020.

 

En attendant, Bolton semble jouer le pouvoir profond contre Trump, qu’il accuse d’isolationnisme depuis l’annonce du retrait de 12 000 GIs d’Allemagne. Ce qui est certain, c’est que Bolton fait l’âne en assénant que Trump « ne suit aucune philosophie politique ni aucune réflexion stratégique » : ce n’est évidemment pas vrai, c’est juste que la philosophie politique et la réflexion stratégique de Trump ne vont pas dans le sens du pouvoir profond !

Le mea culpa du conseiller est dès le départ grotesque : il ne pouvait pas ignorer qui était Trump, au fond. Au moins, le candidat Trump n’a menti ni au président Trump ni aux Américains !

« Quoi que l’on ait pu dire à propos de Trump avant qu’il ne devienne président, j’ai cru, comme beaucoup d’autres, que du moment où il accéderait à ce poste de hautes responsabilités, il changerait. Qu’il prendrait conscience de son manque d’expérience à ce niveau, de l’ampleur des défis et du sérieux que ceux-ci réclament. Mais il aurait fallu pour cela qu’il tire des leçons de sa fonction, à l’image de ses prédécesseurs. Je dois le concéder : j’ai eu tort. Nous étions tous dans l’erreur. Sa fonction de président n’a eu aucune influence sur lui. Trump continue de croire qu’il siège à la Trump Tower, à la tête de l’organisation Trump, et qu’il peut diriger le gouvernement américain comme bon lui semble. »

Même Le Figaro reconnaît que Biden est nul, ce qui signifie, les démocrates n’étant pas particulièrement masochistes et naïfs, qu’une troisième botte est en préparation. Peut-être la colistière du pédophile...

« En 2016, vous avez voté Trump. En 2020, vous ne voulez voter ni pour lui ni pour Biden. En fin de compte, il a remporté la bataille. Est-il sage de la part des démocrates de présenter un candidat aussi faible que Biden ?

Il ne faut jamais sous-estimer la capacité des démocrates à gâcher une élection. Incontestablement, Biden est en tête dans les sondages. Pour autant, il peut encore perdre. Il doit encore nommer une candidate au poste de vice-présidente. Or cette décision ne peut être que controversée. Ensuite, il doit encore affronter Trump lors de trois débats télévisés. S’il y montre le moindre signe de faiblesse, il aura du mal. »

Passons à la politique extérieure. Le point chaud du moment, c’est le fameux retrait des 12 000 soldats US d’Allemagne, qui est en fait un mouvement général de repli à la fois sur l’Amérique, comme Trump l’avait promis en 2016, et un redéploiement vers l’Asie, comme prévu dans sa stratégie globale (il a évidemment une stratégie globale). Le Proche-Orient et l’Europe intéressent désormais moins les États-Unis que la Chine et, dans une moindre mesure, l’Afrique. Bolton ne peut que tousser :

« Il faut y voir un signe annonciateur, et pas un signe encourageant, de ce qui nous attend si Trump devait être réélu. Le retrait des États-Unis de toutes les positions que nous occupons n’est en rien un point positif, ni pour notre pays ni pour la sécurité de l’Occident. À de nombreux égards, Trump agit de manière similaire à Obama. Lui non plus ne s’est pas beaucoup occupé du reste du monde. Il s’agit là de formes singulières d’isolationnisme américain. »

Pour ceux qui ne connaissent pas bien Bolton et le « lieu » politique où il se situe, rien ne vaut ce paragraphe d’un article d’Israël Adam Shamir diffusé le 23 juin 2020 sur E&R :

« Trump devrait tirer les leçons de l’affaire Bolton. C’était une erreur de faire entrer Bolton à la Maison-Blanche. Bolton était un belliciste et un agent de haut niveau du lobby israélien, un homme qui s’était donné comme mission sacrée de faire tout ce qu’Israël peut vouloir. Ces gens cachent toujours le poignard dans leur manche pour vous poignarder dans le dos. L’Iran et la Corée sont deux grandes erreurs de la présidence Trump, et elles portent l’empreinte de Bolton ; mais toute sa politique étrangère a été une longue série d’erreurs. Trump aurait dû écouter ses propres discours, ceux de sa propre campagne électorale de 2016, et les suivre à la lettre. Ramener les GIs à la maison ; faire la paix avec tous les pays du monde. Laisser la Russie et la Chine, le Venezuela et Cuba, la Corée du Nord et la Syrie vivre comme bon leur semble. »

En bon petit soldat du pouvoir profond américain lié au lobby israélien, Bolton enrage d’assister à une politique de main tendue aux Russes, et derrière eux à la Corée du Nord (histoire d’affaiblir la Chine, comme toujours dans le jeu à trois des trois grands depuis les années 60) :

« Je ne constate rien qui justifie une entente secrète avec Poutine et viendrait étayer les allégations selon lesquelles Trump est une marionnette de Poutine ou que les Russes possèdent des éléments à son encontre. Je ne dis pas que ce n’est pas vrai mais seulement que je n’en ai vu aucune preuve. Cependant, j’observe une tout autre tendance. Trump a souvent déclaré qu’il apprécie de conclure des accords avec Poutine, Xi Jinping, Erdoğan ou encore Kim Jong-un. Cette série de noms à elle seule ne manque pas d’intérêt. En revanche, il a eu des problèmes avec Angela Merkel, Theresa May ou Emmanuel Macron, entre autres. Il est attiré par les personnalités autoritaires. »

La fin de l’interview est un modèle de médiocrité et d’hypocrisie, même si les choses, l’appartenance de Bolton au pouvoir profond américano-sioniste, ne peuvent pas être dites. Mais elles le sont en creux, et avec quel creux !

« Vous dites que la position de Trump par rapport à Poutine reste un mystère pour vous. Vous n’avez peut-être pas osé lui en parler…

Je redoutais qu’il me réponde : “Mon petit, je rêverais de pouvoir diriger les États-Unis comme le fait Poutine en Russie. S’il veut envoyer quelqu’un en prison, il le fait tout simplement. C’est ce que je voudrais pouvoir faire.” Trump a récemment tweeté que les manifestants de Portland devraient tous écoper de dix ans de prison. Que l’on ne se méprenne pas : selon moi, beaucoup d’entre eux se sont comportés de manière méprisable et devraient être punis. Mais demander qu’ils soient envoyés en prison pour dix ans ? Ce n’est pas la manière dont nous procédons aux États-Unis. Nous avons des tribunaux et d’autres institutions pour cela. »

La touche finale, c’est Bolton qui rejoint l’analyse délirante de Chomsky sur la responsabilité de Trump dans la mort de 153 000 Américains, morts prétendument du Covid-19.

« De mon point de vue, nous nous y sommes très mal pris. Et Trump est le principal responsable étant donné qu’il n’a jamais eu de stratégie concernant la manière de lutter contre cette pandémie. Il pense pouvoir se défausser. Au tout début de cette pandémie, il a tout simplement nié l’existence du problème. Pourtant, la situation ne laissait pas de place au doute. Des collaborateurs du Conseil national de sécurité et du Centre pour le contrôle des maladies l’avaient prévenu. Mais Trump n’a voulu entendre aucune critique à l’encontre de Xi Jinping, et surtout, il n’a pas voulu entendre de mauvaises nouvelles suggérant que l’économie américaine allait souffrir de ce virus et ainsi compromettre ses chances de réélection. Il a perdu deux mois, janvier et février, pendant lesquels nous aurions pu lancer une préparation médicale d’envergure pour contenir cette crise. »

Bullshit, comme dirait Trump !

Bolton, sur E&R :

 






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