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Le professeur Raoult persiste et signe : "Je ne suis absolument pas terrifié"

Il n’en démord pas. Malgré l’écho donné à la défiance politique et médicale concernant son essai clinique, le patron de l’IHU est convaincu de la pertinence de l’hydroxychloroquine pour traiter les patients atteints de Covid-19. Malgré la psychose médiatique et son décompte mortuaire quotidien, il le répète : on a plus de chance de mourir d’autre chose que du « coronavirus chinois ». Alors qu’hier soir le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy appelait solennellement à une stratégie de dépistage massif, Didier Raoult, lui, l’avait préconisée et mise en place dès l’arrivée des premiers rapatriés de Wuhan. Dans les couloirs de l’IHU, on glisse que dans cette crise sanitaire, « il a mis ses couilles sur la table ». L’histoire dira si le détonnant Pr Raoult avait raison. Rencontre.

 

627 morts en une journée et 40 000 cas de Covid-19 en Italie, on n’en est plus à la "grippette" dont vous parliez il y a quelques semaines...

Pr Didier Raoult : Vraisemblablement, vous ne comprenez pas du premier coup. Toutes les situations doivent être mises en perspective. Sur quelle maladie infectieuse toute la presse s’est-elle excitée l’année dernière ? La rougeole. À la fin, il y a eu 1 000 cas avec un mort et il y avait une annonce tous les jours dans les médias. Le monde de l’information vit dans un monde parallèle au mien, celui de l’observation. On est passé d’une exagération à une déconnection. Il y a dans le monde 2,6 millions de morts d’infections respiratoires par an, vous imaginez que les 5 000, 10 000 ou même 100 000 vont changer les statistiques ?

 

On ne parle pas de statistiques, on parle d’êtres humains, de populations entières confinées...

De quoi voulez-vous parler d’autres ? Les gens meurent, oui. La plus grande surmortalité de ces dernières années en France, c’était en 2017 : 10 000 morts supplémentaires en hiver, on ne sait pas même pas si c’est de la grippe. 10 000 morts, c’est beaucoup. Mais là, on en est à moins de 500. On va voir si on arrive à en tuer 10 000, mais ça m’étonnerait.

 

L’argument statistique est donc le seul prisme...

À Marseille, nous avons diagnostiqué 120 cas positifs, il y avait deux morts de plus de 87 ans. Ils mourraient aussi l’année dernière. Sur 100 prélèvements de gens qui ont une infection respiratoire, ce sont plutôt des cas graves, quand on teste 20 virus et 8 bactéries, il y en 50 % dont on ne sait pas ce qu’ils ont, c’est notre grande ignorance. Pour tous les autres, il y a 19 virus saisonniers, qui tuent aussi. Les coronavirus endémiques tuent plus ici que le chinois. Je confronte en permanence les causes de mortalité dans toute la région à cette espèce de soufflet anxiogène qui monte : pour l’instant, on a plus de chance de mourir d’autres choses que du Covid-19. Le grand âge, les comorbidités et la prise en charge tardive sont des facteurs de mortalité. C’est peut-être inentendable, mais c’est la réalité. La seule chose qui m’intéresse sont les datas, les données brutes. Les données vont rester, les opinions, elles, changent... Je ne dis pas l’avenir, mais je ne suis absolument pas terrifié.

 

Comment expliquez-vous la situation dans l’est de la France ?

Je suis scientifique, c’est ce qui manque dans ce pays ; une grande partie du monde politique et administratif réagit comme vous (les médias, NDLR). Nous, nous ne devons pas réagir comme ça. Les seules données qui m’intéressent ce sont les données d’observation, je n’ai pas d’opinion. Il n’y a que la presse qui parle de ce qui se passe dans l’Est, moi, je n’ai pas de données. Pour l’Italie, on disait pis que pendre, j’ai reçu une analyse, c’est comme ailleurs, ce sont des gens de plus de 75 ans. Les Japonais ont fait un très beau modèle expérimental en confinant les croisiéristes assez âgés sur le Diamond Princess. On a bien vu que c’était contagieux, 700 l’ont chopé. Mais en dépit d’une population très fragile, il n’y a eu qu’1 % qui sont morts. C’est la réalité observée [1]. Quand il y aura 1 000 morts dans l’Est, je dirai oui, c’est grave.

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Notes

[1] Note de la rédaction d’E&R : L’expérience du Diamond Princess a consisté à confiner sur un paquebot de croisière 3711 personnes, croisiéristes et personnel réunis. Et ce dans des conditions très propices à une évolution dramatique, en cas de virus se propageant facilement et conduisant à un taux élevé de mortalité comme le laisse croire le traitement médiatico-politique de cette affaire sanitaire. D’autant plus que la moyenne d’âge des croisiéristes était bien plus élevée que celle des populations des différents pays touchés, même vieillissants. Résultat : 83 % des personnes à bord n’ont pas contracté le virus ; sur les 634 cas confirmés, 328 étaient asymptomatiques (sans test, ils n’auraient pas su qu’ils étaient porteurs du virus) ; le nombre de morts s’est élevé à 7 personnes. Sept morts sur les 3711 personnes à bord. Sept morts sur les 634 cas confirmés, soit un taux de mortalité de 1 % environ. Pas de quoi affoler un infectiologue chevronné se contentant de faire son travail honnêtement.

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