Si, officiellement, elles n’ouvrent pas le feu pour attaquer, les forces spéciales américaines sont bien sur le terrain aux Philippines, en lutte contre l’État islamique (EI), prodiguant conseils avisés et assurant des opérations militaires… Pourtant, depuis l’élection de son dernier président, Rodrigo Duterte, l’ancienne colonie britannique s’est mise à faire de l’œil à la Russie et la Chine. Les États-Unis passent outre, au nom du sacro-saint « anti-terrorisme ».
Une manœuvre, encore une fois, anti-constitutionnelle et apparemment effectuée en dépit du Président, pour ne pas perdre la main en Asie du Sud-Est. Quel motif constant que l’EI que l’on soutient ou que l’on combat selon l’endroit et l’heure...
Les États-Unis contre l’EI
En dépit des déclarations officielles antérieures, les forces spéciales américaines ont bien débarqué sur le sol philippin pour aider à combattre les rebelles islamistes, en particulier dans la ville de Marawi, sur l’île de Mindanao où vivent la majeure partie des musulmans de l’archipel : elles forment les troupes locales et travaillent à la collecte de renseignements.
Confronté aux images d’une caméra qui avait filmé des hommes en civil, apparemment non philippins, en train d’opérer des drones depuis un pick-up, le général Restituto Padilla a fini par avouer que c’étaient des militaires américains… « Il faut être en mesure de déterminer ce qui se passe (…), c’est le type d’aide qui est donnée ».
L’ambassade américaine à Manille a renchéri. Il s’agit officiellement d’une « assistance à la sécurité et à la formation » – des centaines d’armes ont également été fournies le 5 juin dernier. Mais le Pentagone n’a pas voulu donner de détails supplémentaires.
L’anti-terrorisme : le prétexte à tout
La guérilla a commencé en mai, quand les islamistes sont entrés dans Marawi en brandissant le drapeau noir de l’État islamique, avec pour objectif de créer un califat dans ce pays majoritairement catholique. Depuis, Marawi est, selon la presse, une « ville fantôme » et l’île entière a été déclarée sous la loi martiale par le Président – on approche des 200 morts, rebelles et civils.
Arrivé au pouvoir il y a un an, C’est à ses propres forces armées que Rodrigo Duterte avait demandé de liquider ces groupes criminels islamistes qui se succèdent sur l’île depuis les années 1990 – parmi eux le groupe djihadiste Abu Sayyaf mais aussi le groupe dirigé par Isnilon Totoni Hapilon (des combattants étrangers pour beaucoup) et le groupe philippin Maute.
La réaction américaine a été pour le moins rapide. Et surtout, comme le souligne un article du New American, elle est encore une nouvelle fois anti-constitutionnelle.