Par rapport à sa promesse faite lors de la campagne électorale qui l’a mené à l’Elysée, le président Hollande a manifestement mis de l’eau dans son vin. Ainsi, le 20 avril dernier, à l’antenne d’Europe1, il avait réaffirmé que « l’objectif (était) de se retirer complétement et définitivement » de l’Afghanistan avant fin 2012 en répondant à une question posée à ce sujet. « La coopération ne sera pas militaire » avait-il encore précisé.
Une semaine plus tôt, à l’émission de France2 intitulée « Des paroles et des actes », le président Hollande avait aussi déclairé que « le désengagement devait se produire au lendemain de l’élection présidentielle » pour être terminé « à la fin de l’année 2012″, soit un an avant le terme fixé pour les troupes de combat par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. « Il n’y aura pas, là encore, de changement de ma position (…) il n’y aura pas de surprise, ce que j’ai dit, je le ferai, je le dirai au sommet de l’Otan qui se réunira à la fin du mois de mai, c’est à dire toute suite après l’élection présidentielle » avait-il insisté.
Justement, à ce somment de l’Otan, qui a commencé le 20 mai à Chicago, le président Hollande a fait valoir sa position en parlant « d’acte de souveraineté ». Ainsi, « les troupes combattantes seront retirées d’Afghanistan d’ici la fin de l’année » a-t-il confirmé. Sauf que, « en 2013 demeureront uniquement des formateurs pour les forces de police et pour les cadres de l’armée afghane et ça se fera dans le cadre de l’opération elle-même de l’Isaf. Sur ces principes-là nous avons pu trouver un accord commun » a-t-il admis.
« Nous avons veillé à ce que la position de la France soit pleinement respectée et appliquée et, en même temps, j’ai veillé à ce que nos alliés comprennent bien le sens de cette opération. Je l’ai montré en faisant en sorte qu’il puisse y avoir des actions qui demeurent dans le cadre de l’Isaf », a répété le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse.
Outre ces militaires pour former les cadres de l’armée nationale afghane – ce qui laisse supposer que la mission Epidote continuera, de même que celle des intructeurs des équipes de liaison et de tutorat opérationnel -, il est également acquis que ceux du Bataillon Logistique (BatLog) de Kaboul resteront en Afghanistan le temps de rapatrier les véhicules, les hélicoptères et les équipements, ce qui n’est pas une mince affaire, d’autant plus que les délais sont courts et que les risques de « TIC » (Troops in Contact, c’est à dire les accrochages) ne sont pas à minimiser, loin de là, comme l’a d’ailleurs montre la récente opération Condor Circle. D’où la nécessité de relativiser le terme « troupes combattantes », l’US Army parlant même de « convoi logistique de combat« …
Restera donc à voir comment tout cela va s’organiser, sachant qu’en février dernier, il avait été annoncé qu’entre 400 et 500 instructeurs français resteraient en Afghanistan après l’arrêt des opérations de combat, alors prévues pour la fin 2013. Des réunions d’état-major vont se tenir dans les prochains jours pour appliquer la décision du président Hollande, laquelle ne devrait pas, selon le général Allen, le commandant de l’ISAF, entraîner une « dégradation de la sécurité » dans la province de Kapisa, appelée à être prochainement transférée à l’armée nationale afghane (ANA).
En fait, la France adopte la même position prise, avant elle, par les Pays-Bas et le Canada. Ces deux pays ont mis un terme à la mission de combat de leur contingent en 2010 tout en restant engagés en Afghanistan via la formation et le tutorat de l’ANA
Quoi qu’il en soit, la décision de Paris n’aura pas entraîné de « ruée vers la sortie ». « Nous allons rester engagés dans notre opération en Afghanistan afin de la mener à bien » a déclaré Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan. « Nous sommes allés en Afghanistan ensemble, nous comptons en partir ensemble » a affirmé Angela Merkel, la chancelière allemande.
Cela étant, il est prévu que la mission de l’Otan en Afghanistan évolue à partir de la mi-2013. A cette date, la responsabilité des opérations dans le pays sera entièrement transférée aux forces de sécurité afghanes, la coalition passant à un rôle de soutien et d’appui d’ici la fin 2014.
Pour le président américain, Barack Obama, « le monde est derrière la stratégie que nous avons développée ». « Maintenant, nous devons la mettre en oeuvre de façon efficace et je pense que cela est réalisable grâce à l’immense résilience du peuple afghan qui aspire désespérément à la paix et à la sécurité » a-t-il ajouté, peu avant l’ouverture du sommet de l’Otan. Cependant, il « restre beaucoup de travail à accomplir » a-t-il nuancé, en prévenant qu’il y aura encore des pertes humaines. « Il y aura des jours difficiles, mais nous sommes confiants dans le fait que nous sommes sur le bon chemin » a-t-il ajouté.