La menace terroriste est multiforme. Elle a déjà été identifiée dans certaines conditions, comme dans le ciel avec les avions, ou sur terre, dans des endroits très peuplés. Ce que l’on sait moins, c’est que des attentats peuvent aussi avoir lieu en mer. « Un certain nombre d’accidents et d’attentats ont été évités, je ne peux pas en dire plus », assure ainsi Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique.
Pour sensibiliser les politiques sur cette cible moins connue, plusieurs chefs d’états-majors de l’armée de l’Air, de la Marine et de l’armée de Terre ont alerté les candidats avant l’élection présidentielle de 2017. Ils ont signé un rapport commun dans lequel ils demandent plus de moyens.
D’après ce rapport, il faut « réapprendre à penser la guerre parce que la mer, l’océan et l’espace méditerranéen notamment, est la confluence de toutes les crises qui représentent une menace pour la sécurité en France ». Cette menace particulière est également au cœur des préoccupations des services de renseignement. On distingue plusieurs risques en mer : la prise d’otage sur un navire de transport de passagers, les bateaux bombe, les charges explosives introduites à bord et les bateaux suicide. Les autorités disposent d’un dispositif complet pour anticiper ces attaques. Voici les dix axes lutte contre le risque d’attentat en mer.
- La France possède le deuxième domaine maritime du monde
1 – Évaluer le risque
Sur le même principe que les fichiers S (comme sûreté de l’État) utilisés par les services de police, des mesures sont prises pour identifier et évaluer les bateaux ou les compagnies qui peuvent présenter un risque. Selon le colonel Joël Moléra, qui commande la gendarmerie maritime de Méditerranée, différents critères sont analysés : « La liste d’équipage, la nature de la cargaison, le port de provenance et de destination, l’historique du bateau », ainsi que d’autres critères qui sont gardés secrets par les autorités. Cette gendarmerie effectue plus d’un contrôle par jour.
2 – Surveiller la mer depuis la terre
La surveillance de la mer se passe aussi sur la terre ferme. Des murs de surveillance implantés le long des côtes françaises, constitués de sémaphores, vont être réactivés. Le manque de moyens humains avait conduit à leur fermeture mais, aujourd’hui, ces postes de défense et de surveillance maritime sont redevenus nécessaires. Ainsi, le sémaphore de la pointe du Grouin, dans la baie de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), longtemps mis en sommeil, a été rouvert en 2015. D’autres sémaphores pourraient être ouverts sur le littoral.
3 – Surveiller la mer depuis les airs
Les avions de la Marine nationale permettent, eux-aussi, de surveiller la mer. Leurs missions se sont accentuées : « On fait des vols quotidiens en Atlantique et en Méditerranée », explique Éric Janicot, commandant de la base aéronavale de Lorient. « La flottille met aujourd’hui en œuvre huit Falcon 50 Marine. Les équipages ont été doublés ».
4 – Surveiller en mer
Depuis plusieurs années, Naval Group (anciennement DCNS) travaille sur un concept de drone maritime. C’est un bateau sans pilote qui peut intervenir en mer depuis un poste qui se trouve à terre. « Nous envoyons ce drone de surface vers la trajectoire d’une embarcation pour qu’il nous ramène une image », explique Gilles Langlois, le directeur du centre de recherche technologique de Naval Group.
- Naval Group a mis sur pied un drone maritime qui permet de prendre des images de bateaux suspects repérés en mer
Si les drones ne suffisent pas, place aux grands moyens : le sous-marin. Emmanuel de Oliveira, le préfet maritime de l’Atlantique n’exclut aucun moyen en cas de nécessité. « Personne ne verra qu’un sous-marin est là et pourtant il fera une surveillance précise et efficace », souligne-t-il.
5 – Surveiller les passagers des ferries
La compagnie maritime Brittany Ferries, basée à Roscoff dans le nord du Finistère, transporte près de 2,7 millions de passagers par an, dont 85% de Britanniques. Elle a renforcé les contrôles pour l’ensemble des navires de sa flotte.
« Des agents de sécurité complémentaires sont désormais présents à bord. Ils peuvent être amenés à effectuer, sur certaines traversées, des missions de vérification des bagages des passagers aux pont garage ou à l’intérieur des navires », détaille la compagnie dans un communiqué. Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance de Brittany Ferries et d’Armateurs de France, explique que le « niveau de contrôle permet de transférer auprès des autorités une liste des clients à bord du navire » avec toutes les informations concernant le voyageur et son trajet.
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La surveillance civile par drones en mer :