La commission d’enquête parlementaire (CPI) sur la pandémie de Covid-19 au Brésil a approuvé, mardi 26 octobre, le rapport accablant de ses six mois d’enquête, qui recommande l’inculpation du président Jair Bolsonaro pour neuf crimes, dont « crime contre l’humanité ».
À l’issue de dizaines d’auditions, souvent poignantes, la commission a accusé le gouvernement d’avoir « délibérément exposé » les Brésiliens à « une contamination de masse ».
Sept des 11 sénateurs ayant mené les travaux ont approuvé en soirée le texte de près de 1 200 pages qui demande l’inculpation du président pour, notamment, « crime contre l’humanité », « prévarication », « charlatanisme » et « incitation au crime ».
À l’issue du vote, les sénateurs ont observé une minute de silence en hommage aux plus de 606 000 Brésiliens morts du Covid-19.
Le texte, qui avait été présenté par le rapporteur Renan Calheiros la semaine dernière, recommande aussi l’inculpation de quelque 80 personnes, dont plusieurs ministres, ex-ministres, compagnies, ainsi que les trois fils aînés de Bolsonaro, tous des élus.
La CPI ne pouvant aller plus loin, son rapport va être transmis au parquet, seul compétent pour inculper les personnes qu’elle a incriminées.
Mais, dans le cas de Jair Bolsonaro, les spécialistes jugent une inculpation peu probable, puisqu’elle est du ressort du procureur général, Augusto Aras, un allié du président. Les accusations de la CPI devraient donc avoir, pour l’heure, une portée surtout symbolique, Jair Bolsonaro bénéficiant aussi de soutiens au Parlement à même de lui éviter une destitution. Toutefois, le « crime contre l’humanité » pourrait être jugé à la Cour pénale internationale de La Haye.
Le président brésilien – anti-vaccin, anti-passe sanitaire, et dont la cote de popularité est au plus bas – s’était dit, au cours de la semaine dernière, « coupable d’absolument rien ». « Nous savons que nous avons fait ce qu’il fallait dès le début », avait-il lancé.
Mais pour la CPI ces crimes sont « intentionnels », le gouvernement ayant délibérément décidé de ne pas prendre les mesures nécessaires contre le Covid-19, espérant que la population atteigne « l’immunité collective », une stratégie « à haut risque ».
La CPI a notamment dénoncé le « retard délibéré » dans l’acquisition de vaccins, le gouvernement ayant préféré promouvoir des traitements inefficaces, comme l’hydroxychloroquine, entraînant des « conséquences tragiques » pour la population.
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