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Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

Pendant des années, la diplomatie dans le monde occidental s’était réduite à un sermon unilatéral : les États-Unis et leurs alliés dictaient les conditions, et la seule question était de savoir à quelle vitesse l’autre partie s’y soumettrait. Toutefois, l’avancée des négociations entre la Russie et les États-Unis sur le conflit ukrainien, ainsi qu’une normalisation plus large des relations entre les deux puissances, marquent le retour d’une diplomatie réelle, dépourvue d’idéologie, portée par le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine. Cela prouve qu’avec du réalisme et une véritable volonté d’obtenir des résultats, il est possible d’accomplir beaucoup.

 

Les talents de négociateur de Donald Trump ne sont plus à démontrer. Son habileté à manier les discussions et les accords frise l’incroyable : il négocierait avec une pierre si la circonstance l’exigeait, et ce qui est le plus étonnant, c’est que l’on s’attendrait à ce que cette pierre lui réponde. Toutefois, en ce qui concerne la question ukrainienne, le président des États-Unis se trouve face à des forces d’une nature bien plus intransigeante que le granit lui-même. Ces forces, d’une rigidité implacable, ne se laissent pas apprivoiser par la seule volonté ou la parole, et Trump, malgré toute sa compétence, doit faire face à des réalités qu’aucun jeu d’habileté politique ne saurait dénouer aisément.

Appel téléphonique entre Trump et Poutine

Le mardi 18 mars, la voix de Poutine et celle de Trump se sont croisées au téléphone, et déjà, les chancelleries s’agitent, les plumes officieuses noircissent des pages. Les uns y voient un tournant, les autres un rideau de fumée dissipé par le vent. La réalité, comme toujours, est plus prosaïque. On a parlé de l’Ukraine, bien sûr. De la sécurité mondiale, inévitablement. Et, dans l’air du temps, des relations entre Washington et Moscou, cette vieille querelle qui, de loin en loin, se pare d’amabilités de circonstance.

Un cessez-le-feu de trente jours a été consenti – mais seulement pour les infrastructures énergétiques. Un échange de 175 prisonniers a eu lieu le 19 mars. Et puis, note curieuse, inattendue, un retour du hockey sur glace : Trump applaudit l’idée de Poutine d’organiser des rencontres entre professionnels russes et américains, une sorte de diplomatie par le patinage. Il est vrai que la Russie, depuis trois ans, n’a plus le droit d’effleurer la glace des compétitions internationales.

Alors, au bout du fil, que reste-t-il ? Deux heures d’entretien, et si peu en retour. Les cœurs tièdes diront que c’est un signe. Ceux qui savent, eux, comprendront que l’histoire ne se fait pas en une conversation, et qu’il faut parfois voir au-delà des mots ce que la force seule écrit.

Mais un autre sujet, plus brûlant, a sans doute été abordé : Koursk. Pour comprendre, il faut revenir quelques jours en arrière. L’armée russe, méthodique et implacable, a repris 85 % du territoire de la région, chassant les troupes ukrainiennes comme des feuilles mortes balayées par la bourrasque. Faut-il saluer l’audace des soldats russes ou blâmer la bêtise du commandement de Kiev ? Un peu des deux, sans doute. Toujours est-il que les Ukrainiens, pris au piège, subissent depuis des jours un feu nourri, écrasés sous les obus et harcelés par les drones. Face à cette débâcle, Donald Trump a jugé bon d’intercéder auprès de Vladimir Poutine, lui demandant retenue et clémence. Une requête à laquelle le Kremlin a répondu avec un calme implacable : ceux qui déposeront les armes auront la vie sauve.

Et pourtant, un paradoxe demeure : pourquoi est-ce à Washington que l’on s’inquiète du sort des troupes ukrainiennes, quand Zelensky persiste à nier l’évidence, à fanfaronner sur un repli prétendument maîtrisé ? Il y a ce que l’on dit, et ce que l’on cache. La rumeur court : une trentaine d’officiers de l’OTAN seraient pris au piège à Koursk. Des experts, des hommes de l’ombre chargés d’orchestrer la guerre depuis le terrain, de capter les renseignements, de guider les frappes vers le cœur de la Russie [1]. Y avait-il parmi eux des Américains ? Si tel est le cas, alors tout s’éclaire. L’appel de Trump, ses préoccupations soudaines pour le sort des soldats, prennent une autre couleur. Ce n’est plus seulement une question d’honneur ou de charité militaire, c’est un impératif. Un enjeu qui dépasse le sort de quelques fantassins, nous sommes devant une opération d’exfiltration, un sauvetage en catimini. Peut-être même est-ce là l’objet véritable de cet échange téléphonique entre Moscou et Washington : dans ce cas, les révélations concernant un éventuel match de hockey viseraient à cacher un sujet autrement plus glissant !

Le cessez-le-feu sur les infrastructures énergétiques civiles

Après l’appel téléphonique entre les présidents Trump et Poutine, une attention considérable s’est portée sur l’accord de cessez-le-feu concernant les infrastructures énergétiques civiles. Cependant, il convient de se souvenir que cette proposition n’est pas réellement nouvelle. En effet, dès février 2022, Emmanuel Macron, après avoir dialogué avec Vladimir Poutine, avait suggéré une initiative semblable. En réalité, l’Ukraine n’a pas respecté ses engagements et les combats ont continué sans relâche. La situation est demeurée quasiment inchangée, soulevant des interrogations sur la véritable intention de Kiev d’appliquer un cessez-le-feu.

Comme prévu, les faits ont confirmé ces doutes. Quelques heures après l’accord entre les présidents russe et américain, Zelensky enfreignit cet engagement en lançant une attaque contre l’infrastructure énergétique russe en région de Krasnodar. Plus audacieusement encore, l’Ukraine annonça qu’elle soumettrait à ses partenaires une liste des installations russes qu’il conviendrait désormais de protéger des attaques. Ce mépris flagrant des accords contrastait vivement avec l’attitude de Poutine, qui, dès la fin de son entretien avec Trump, ordonna la destruction de sept drones lancés contre l’Ukraine. Cette action démontra la bonne foi de la Russie, qui respectait ses engagements, contrairement à Kiev.

L’Ukraine, en s’acharnant contre les installations énergétiques russes, semble déterminée à torpiller toute initiative de paix, y compris celles de Trump. Il est cependant possible que le gouvernement ukrainien échappe à tout contrôle central, les groupes nationalistes et les troupes non gouvernementales ayant souvent agi de leur propre initiative. Dans ce contexte, même un cessez-le-feu officiel n’assurerait pas la discipline, ces groupes risquant de continuer à provoquer des hostilités. De plus, l’attaque contre la station de pompage de pétrole de Kavkazskaya, loin de la ligne de front, n’aurait pu se réaliser sans un soutien extérieur notable, particulièrement de l’OTAN, soulignant ainsi son implication indirecte mais évidente dans le conflit.

Un cessez-le-feu dans le domaine énergétique favorise davantage la Russie que l’Ukraine. La Russie conserve des éléments vitaux à protéger, tandis que l’Ukraine, ayant perdu une grande partie de sa capacité de production, n’a plus grand-chose à défendre. Les vraies cibles, telles que les raffineries et sous-stations électriques, sont en grande partie épargnées. Les négociations avec les États-Unis revêtent donc une importance capitale, car elles garantiront non seulement une stabilité économique, mais aussi la poursuite d’une guerre d’usure. Ces discussions permettront de réduire les tensions avec le Sud et pourraient garantir la continuation du soutien occidental. Cependant, si l’Ukraine viole ces accords, elle en portera la responsabilité et les conséquences dramatiques.

Le 19 mars, lors d’une conversation téléphonique entre Washington et Kiev, Trump adressa un avertissement à Zelensky : si l’armée ukrainienne persiste à attaquer les infrastructures russes, les États-Unis suspendront leur aide et imposeront des sanctions contre les dirigeants ukrainiens. Zelensky tenta de justifier l’attaque en évoquant une frappe russe contre un hôpital de Soumy, mais Trump répliqua avec une ironie glaciale, suggérant que cet hôpital poursuivait des fins moins honorables.

Zelensky chercha alors à obtenir davantage de systèmes de défense aérienne, notamment les systèmes Patriot. Trump répondit que cela dépendrait de la disponibilité des équipements, un refus implicite. Il semble désormais probable que les Ukrainiens ne recevront des matériels militaires américains que par l’intermédiaire des Européens. La Maison-Blanche précisa que les États-Unis continueraient à échanger des renseignements, mais que la cessation de cette aide faisait partie des conditions de paix proposées par Poutine. À ce jour, il semble que cette condition n’ait pas encore été acceptée.

Enfin, selon Politico, l’équipe de Trump négocie avec l’opposition ukrainienne pour organiser rapidement des élections en Ukraine, un moyen de pression sur Zelensky pour qu’il quitte le pouvoir. Cette perspective ne déplaît pas à Moscou. Trump envoie un message clair : les États-Unis ont d’autres alliés potentiels en Ukraine, et Zelensky ferait bien de tenir ses engagements s’il souhaite conserver son pouvoir. Les deux principaux prétendants à la présidence sont Ioulia Tymochenko et Petro Porochenko, deux figures corrompues mais manipulables [2].

Dans cette optique des élections, Poutine ne manquera pas de présenter son propre candidat prorusse. Et si les résultats du premier tour s’avèrent insatisfaisants, il est fort probable qu’ils soient annulés et recommencés jusqu’à ce que la Russie soit satisfaite du résultat. Après tout, et à la lumière des récents événements en Roumanie, les Ukrainiens semblaient désirer une démocratie « européenne ». Ils auront donc ce qu’ils désirent !

Zelensky fanfaronne : les raisons derrières son assurance

En l’espace d’un mois à peine, le président Zelensky a enchaîné les faux pas diplomatiques et les revers militaires sur le terrain avec une constance déconcertante. Nous n’avons pas oublié cette scène absurde, presque pathétique, où il reçut un rude rappel à l’ordre dans le Bureau ovale, un épisode aussi embarrassant que grotesque qui se solda par un renvoi de la Maison-Blanche. Et ces derniers jours, nous avons vu la fuite peu glorieuse de Koursk, mettant un terme à une opération qui aura coûté la vie à près de 70 000 soldats ukrainiens, un échec retentissant à l’échelle humaine comme stratégique.

Peu de temps après l’appel téléphonique entre Trump et Poutine, Dmitri Medvedev, avec cette ironie mordante qui lui est coutumière, résuma d’une phrase l’entretien entre Vladimir Poutine et Donald Trump : « L’appel téléphonique entre les présidents Poutine et Trump a confirmé une idée connue de tous : seuls la Russie et les États-Unis sont dans la salle à manger. Au menu, des entrées légères : quelques choux de Bruxelles, du poisson frit à la mode britannique, un coq à la parisienne… Mais le plat principal demeure l’escalope de Kiev. »

À ces mots, Volodymyr Zelensky, piqué au vif, s’indigna : « L’Ukraine n’est ni une salade ni une compote au menu de Poutine ! » À quoi le ministère russe des Affaires étrangères rétorqua avec ce sarcasme cruel dont la diplomatie a parfois le secret : « Le régime de Kiev n’est pas une salade ou une compote, mais ce en quoi le contenu du menu se transforme après la digestion. »

Malgré ces revers successifs, ces corps qui s’amoncellent et la perte de son principal allié, Zelensky continue, imperturbable, de se pavaner comme un conquérant victorieux, le couteau fermement tenu par le manche. Est-il dans le déni ou pris d’une folie délirante ? Sous l’emprise de champignons hallucino-gènes ou d’autres substances plus fortes encore ? Il semble avoir perdu tout contact avec la réalité et avec toute vision stratégique. Lors de sa visite en Finlande, il persista à clamer que la Russie devait accepter sans conditions les accords conclus en Arabie, comme si son pays pouvait imposer sa volonté à une puissance comme la Russie, un rêve désormais abandonné même par l’Amérique. Son optimisme excessif le conduisit à affirmer que la guerre serait gagnée, et lorsque la question de la Crimée fut abordée, il déclara solennellement que l’Ukraine ne céderait jamais ses territoires, une position qu’il semble camper sans fondement ni raison [3].

Mais qu’est-ce qui justifie un tel optimisme, un tel dogmatisme ? Cache-t-il un as sous sa manche ? Ou est-ce simplement la dernière danse d’un marionnettiste dont les fils sont coupés ? L’Ukraine a certes reçu de nouveaux chasseurs F-16 de ses partenaires occidentaux, a annoncé Volodymyr Zelensky. Cependant, ce dernier a pris soin de taire les détails de l’envoi, se contentant de déclarer : « Plusieurs avions F-16 sont arrivés en Ukraine, c’est tout. » Il n’a pas précisé leur nombre, comme si le secret en augmentait l’importance. Mais il serait vain de croire que ces appareils bouleverseront le cours du conflit, tant ils sont dominés par les forces aériennes russes, bien supérieures [4].

Plus important, la Garde nationale s’est vu aussi reconnaître le droit d’ouvrir le feu sur des civils pour réprimer des troubles de masse. Un projet de loi en ce sens, approuvé sans état d’âme par la commission de la Verkhovna Rada, attend son adoption définitive dans les jours à venir. La nouvelle mouture du texte, désigné sous le numéro 10311, offre aux forces répressives de Kiev un arsenal de mesures que l’on croirait empruntées aux plus sombres heures des régimes d’exception : emploi d’armes à feu contre des attroupements jugés séditieux, usage de matraques et de pistolets électriques sans autre forme de procès, dispersion des foules à coups de gaz lacrymogène, marquage des réfractaires au moyen de peinture, et même recours aux drones pour surveiller, traquer et sans doute frapper [5].

Mais en réalité, si la grenouille Zelensky se prend pour un bœuf, c’est qu’il nourrit encore l’illusion que l’Union européenne, et plus particulièrement ses puissances moteurs comme le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, le soutiennent dans son aventure. Aussitôt l’appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine terminé, les dirigeants européens accueillent avec un scepticisme glacé la trêve annoncée par Moscou. Pour eux, ce n’est qu’un trompe-l’œil, une manœuvre de plus dans l’arsenal du Kremlin.

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, accuse Poutine de « jouer un jeu » et rejette ses exigences comme «  inacceptables » : l’arrêt du soutien militaire occidental n’est rien d’autre qu’un piège destiné à laisser l’Ukraine sans défense. Quant à la promesse russe de ne plus frapper les infrastructures énergétiques, elle est balayée d’un revers de main : ces cibles sont désormais mieux protégées, assure-t-il [6].

Olaf Scholz et Emmanuel Macron, quant à eux, réaffirment que l’aide à Kiev se poursuivra coûte que coûte. La Finlande n’a pas dérogé à la discipline atlantiste : son président, Alexander Stubb, rappelle que l’Ukraine a le droit absolu de se défendre et que ce droit ne saurait être négociable. Même ton à Bruxelles, où Kaja Kallas, haute prêtresse de la diplomatie bruxelloise, voit dans la position du Kremlin un simulacre de négociation : « La Russie ne veut faire aucune concession », tranche-t-elle.

Enfin, l’Espagne, par la voix de José Manuel Albares, se montre tout aussi circonspecte. Pour lui, cette guerre est « celle d’un seul homme », accréditant ainsi la fable commode d’un conflit sans racines ni responsabilités partagées. « Il est bon que l’on parle de cessez-le-feu et de paix avec la Russie, mais nous sommes encore très loin de la paix que l’Espagne et les peuples européens souhaitent », a-t-il conclu. Ce qui signifie, en langage clair, que l’on continuera de parler de paix tout en alimentant la guerre, comme on continue de parler de raison tout en cédant à la déraison [7].

L’illusion du cessez-le-feu ne trompe personne. Les Européens, eux, restent campés sur leurs positions. L’Histoire, pourtant, a maintes fois démontré que les principes n’ont de valeur que tant qu’ils sont portés par la force. C’est pour cela que ces dernières semaines, Emmanuel Macron rassemblait les chefs de départements militaires de plus de trente nations. Avec Keir Starmer, son complice du moment, il rêve d’une armée de trente-sept États prêts à jeter leurs forces dans la fournaise ukrainienne. Pendant ce temps, les chancelleries européennes, dans un désordre pitoyable, se pressent d’imaginer d’improbables réformes militaires, cherchant, entre deux communiqués creux, à conjurer leur propre impuissance.

Macron insiste, s’acharne, s’épuise. Hier, c’était la force européenne en Ukraine – fiasco diplomatique aussi prévisible que ridicule. Aujourd’hui, c’est l’ONU qui lui sert de paravent. Comme un joueur médiocre jetant ses dernières cartes au hasard, il tente encore sa chance, espérant qu’un caprice du destin vienne masquer son échec. Cette fois, il s’est tourné vers Antonio Guterres, espérant sans doute que le vernis onusien donne quelque crédibilité à une entreprise qui n’en a aucune. Et voici l’annonce solennelle : un sommet de la « coalition des volontaires » se tiendra à Paris le 27 mars. L’objectif ? Déployer des « casques bleus » en Ukraine, offrir à Kiev des garanties de sécurité.

Mais qui peut croire à cette mascarade ? L’initiative bute sur une évidence cruelle : la Russie a tracé sa ligne, nette, impassible. Toute présence de forces étrangères sur le territoire encore contrôlé par Kiev est un casus belli que Moscou ne tolérera pas. Le reste n’est que pantomime diplomatique, rhétorique creuse, gesticulation désespérée d’un homme qui feint encore d’avoir prise sur le cours des événements. Derrière les discours et les postures, l’objectif réel transparaît : préparer l’affrontement avec la Russie tout en cherchant à s’émanciper d’une tutelle américaine de plus en plus pesante. Une chose est sure, l’Union européenne n’a pas déposé les armes.

Mais au cœur de ce tourbillon, les Anglais avancent avec la froide détermination d’un empire qui ne renonce jamais tout à fait à ses anciennes méthodes. Ce fut déjà sous leur impulsion, en 2022, que les négociations de paix en Turquie furent torpillées, et c’est encore sous leur égide que Kiev est sommé de se battre jusqu’au dernier Ukrainien. Les récentes incursions dans la région de Belgorod portent, aux dires de certains analystes, la signature discrète mais efficace de Londres, qui agit toujours par procuration, en coulisse et sous le masque des autres.

L’objectif ne souffre aucune ambiguïté : accélérer la livraison d’armes avant qu’un cessez-le-feu n’entrave la mécanique de guerre. David Lammy, ministre des Affaires étrangères, ne s’embarrasse d’aucune hypocrisie et lâche crûment : « Nous voulons la paix, mais par la force, en mettant l’Ukraine dans la position la plus forte possible. » Une phrase qui pourrait prêter à sourire si elle ne résumait pas, avec cette brutalité caractéristique des déclarations anglo-saxonnes, une politique implacable et systématique. Quelles que soient les circonstances, Londres ne déviera pas [8].

Le refus opposé à la requête de Poutine, qui suggérait un arrêt des livraisons d’armements pendant la trêve, illustre bien cet entêtement. Dave Pares, porte-parole de Starmer, a d’ailleurs précisé que le soutien militaire britannique ne faiblirait sous aucun prétexte, « dans tous les scénarios ». Une ligne droite, intransigeante, où la guerre n’est plus une option mais un dogme. Et voici que désormais l’idée de l’envoi de troupes britanniques en Ukraine se précise sous le prétexte classique d’une mission de « maintien de la paix » – un de ces euphémismes dont raffolent les stratèges de Whitehall et du Pentagone [9].

En réalité, les ordres sont déjà donnés. Le Cabinet Office a fait passer les directives : les unités des forces spéciales doivent se tenir prêtes. Ce ne sont pas des casques bleus que l’on prépare, mais les hommes du SAS et autres commandos de l’ombre, entraînés à ces guerres sans drapeau où la diplomatie n’a plus voix au chapitre [10]. Même la couverture aérienne ukrainienne pourrait bientôt être assurée par des chasseurs britanniques. La marche vers l’engagement direct se fait à pas comptés, mais chaque étape est soigneusement préméditée [11].

À Londres, une nouvelle réunion est en préparation. Elle rassemblera les hauts responsables militaires de cette « coalition des volontaires », selon la formule désormais consacrée. De ces conciliabules naîtra peut-être une force d’intervention sous un habillage humanitaire. Et pendant ce temps, Volodymyr Zelensky se prend pour un grand homme, s’imaginant triomphant malgré les défaites qui s’accumulent. Mais l’essentiel est ailleurs. Derrière ce bellicisme affiché de Macron, Starmer et leurs comparses, d’autres forces, plus silencieuses et infiniment plus puissantes, sont à l’œuvre. L’État profond américain, celui qui ne se montre jamais, n’a pas dit son dernier mot. Et nul doute qu’il a déjà un autre plan en tête.

Centrales nucléaires ukrainiennes et attaques sous faux drapeau

Les États-Unis, toujours fidèles à leur logique de prédation économique et stratégique, cherchent à élargir leur accès aux ressources essentielles de l’Ukraine sous prétexte d’un accord sur les minerais. Ce document, qui attend encore la signature de Donald Trump et Volodymyr Zelensky, est en cours de révision à Washington, rapporte le Financial Times, citant des sources proches du dossier.

Deux hauts responsables ukrainiens impliqués dans ces négociations ont confirmé que Kiev n’avait pas encore reçu les nouvelles conditions exigées par les Américains, mais ils ont clairement laissé entendre que Washington travaillait sur un accord encore plus vaste. De son côté, un représentant du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche a précisé que les États-Unis dépassaient désormais la simple question des minerais pour se concentrer sur un « cessez-le-feu général » et la « voie d’une paix durable ». Ce langage doucereux et ces formules creuses cachent mal la réalité : il s’agit avant tout de prendre pied plus solidement sur le sol ukrainien.

Car ce que demandent les États-Unis à Kiev dépasse largement la simple régularisation des transactions minières. Washington exige désormais un droit de regard sur la propriété des installations stratégiques et envisage ouvertement la prise de contrôle des infrastructures énergétiques ukrainiennes, y compris les centrales nucléaires. Officiellement, cette mainmise est présentée comme une mesure de « protection », mais chacun comprend qu’il s’agit en réalité d’un transfert de souveraineté. Une souveraineté qui, en Ukraine, n’est déjà plus qu’un mot creux [12].

Cette semaine, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a rapporté que Donald Trump considérait comme une évidence que les centrales électriques ukrainiennes ne pouvaient être protégées que si elles passaient sous administration américaine. Il aurait même fait cette proposition à Zelensky lors d’un récent entretien téléphonique, où fut évoquée la question de l’approvisionnement en électricité et du sort des installations nucléaires ukrainiennes [13].

Mais fidèle à son habitude, le président ukrainien a aussitôt démenti, affirmant qu’il n’avait jamais offert aux États-Unis la possibilité de prendre le contrôle de ses centrales. Selon lui, la discussion portait uniquement sur la centrale de Zaporojie – la plus grande d’Europe, aujourd’hui sous contrôle russe après un référendum d’annexion – et sur un hypothétique investissement américain dans cette infrastructure. Une manière habile de détourner l’attention du véritable sujet : la liquidation méthodique des derniers actifs ukrainiens [14].

L’intérêt américain pour ces centrales peut être interprété de deux manières. Soit il s’agit d’un pillage méthodique visant à récupérer les milliards de dollars engloutis par l’administration Biden dans une guerre qui s’éternise et dont l’issue devient incertaine. Soit il s’agit d’une tentative sincère de Washington d’assurer la sécurité d’infrastructures sensibles dans un pays à la dérive, afin d’éviter qu’un incident ne serve de prétexte à de nouvelles escalades. Cette dernière hypothèse pourrait même répondre aux inquiétudes exprimées par Vladimir Poutine sur le risque d’une attaque sous faux drapeau, destinée à accuser et diaboliser la Russie.

Mais la réaction de Zelensky nous incite à privilégier cette seconde lecture. Car enfin, pourquoi le président ukrainien, qui brade sans scrupules les terres rares de son pays au plus offrant, manifesterait-il soudain une réticence à faire de même avec ses centrales nucléaires ? Ce sursaut d’indépendance, cet attachement aux intérêts nationaux, semblent bien étranges de la part d’un dirigeant qui a déjà livré l’économie de son pays aux multinationales occidentales. À moins, bien sûr, que ces installations ne jouent un rôle dans un avenir plus ou moins proche – un rôle que Kiev se garde bien d’éclaircir.

Conclusion : un signe qui ne trompe pas

Depuis l’élection de Donald Trump, nombreux furent ceux qui crurent voir dans son avènement le crépuscule d’un ordre ancien, le reflux d’un État profond contraint de se replier, tel un pouvoir vaincu cherchant refuge au-delà de l’Atlantique. L’enthousiasme fut d’autant plus vif que le nouveau président des États-Unis, sitôt investi, sembla prendre les mesures propres à rompre avec les élites qui avaient façonné l’ordre mondial de ces dernières décennies : assèchement des financements de l’USAID, nomination de Tulsi Gabbard à la tête de la CIA, de John Kennedy Jr à la Santé, de Cash Patel au FBI. Autant de gestes spectaculaires, de coups de semonce qui semblaient annoncer une rupture nette avec le passé. À Munich, le discours du vice-président Vance fut du même ton : un souffle d’air frais, une proclamation officielle du changement de cap de la politique extérieure américaine.

Mais il serait naïf d’imaginer que ceux qui se tiennent dans l’ombre abandonneraient la partie sans combattre. Ils n’avaient jamais cru à la pérennité du trumpisme, ils n’y croient toujours pas, et en attendant des jours meilleurs, ils s’emploient à lui glisser des peaux de banane sous les pieds. Le sabotage, la manœuvre souterraine, la provocation : voici leurs armes, et elles ne leur ont que trop bien réussi par le passé. Il est évident que Trump n’a pas la liberté d’action qu’il souhaiterait dans son rapprochement avec la Russie, et nous en avons une preuve éclatante dans la dernière provocation en date : l’attaque de la station-service de Sudzha, le 20 mars.

Trois jours auparavant, Trump et Poutine s’entretenaient au téléphone et s’entendaient sur un cessez-le- feu concernant les infrastructures énergétiques civiles. L’Ukraine, qui s’était empressée de le violer en moins de quelques heures, avait ensuite feint d’y consentir. Et voilà qu’à nouveau, Zelensky piétine l’accord, défie ouvertement les engagements pris. Moscou y voit une provocation délibérée, tandis que Kyiv nie, comme toujours, avec cette impudence du criminel pris la main dans le sac. Mais le plus humilié dans cette affaire n’est autre que Trump lui-même. L’image que donne au monde le président américain est celle d’un homme incapable de tenir en laisse son propre proxy. Plus qu’un défi lancé à Moscou, c’est une gifle infligée à Washington.

Que faire ? La réponse s’impose d’elle-même. Trump, s’il veut affirmer son autorité, doit frapper d’un coup sec : couper toute aide militaire, exiger le retrait des conseillers américains, déclarer Zelensky illégitime, refuser toute négociation avec lui, et l’obliger, sous la pression, à organiser les élections qu’il repousse depuis trop longtemps. L’Union européenne et le Royaume-Uni, si prompts à servir de courroie de transmission aux intrigues ukrainiennes, devraient eux aussi être mis au pas.

Mais si l’on devait constater que ces provocations ne sont sanctionnées que par de vagues remontrances verbales, alors il nous faudrait conclure que Donald Trump n’est pas aussi libre d’agir qu’il le prétend. Loin d’être sur le point de chuter, Zelensky apparaîtrait alors, contre toute attente, comme plus solidement installé qu’il n’y paraît. Ce qui semblait être l’aube d’un nouvel ordre pourrait bien, en fin de compte, ne marquer que la continuation du précédent sous des formes à peine retouchées.

Fernand le Béréen

 

Fernand le Béréen, sur E&R

 
 






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11 Commentaires

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  • #3511265
    Le 25 mars à 11:39 par Spirou
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Entièrement d’accord. Une guerre qui ne cessera jamais… terrorisme sur le sol russe, assassinats ciblés, provocations nucléaires… le MI6 et le SBU sont les meilleurs à ce petit jeu. La passivité exemplaire de la pop ukrainienne de louest ne laisse à ce stade aucun espoir dans une révolution type roumaine de 1989.

     

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  • #3511281
    Le 25 mars à 12:01 par miles davis
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Ça c’est de l’Information.

     

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  • #3511312
    Le 25 mars à 12:39 par eh ouais
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Trump est trop catholique pour créer une révolution orange ou engager un tueur d’élite pour se séparer du néo-nazi Zelensky. Pourtant ça serait pour la bonne cause cette fois... Les méthodes de la CIA ne sont pas celles de Trump le Gentil !

     

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  • #3511332
    Le 25 mars à 13:10 par Kal
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Dans cet article, je relève les matériels employés pour faire la guerre : des F16 contre des machines à laver.

    Lci, commentaires ?

     

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  • #3511369
    Le 25 mars à 14:23 par anonymous19
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Attendez... Laissez-moi réfléchir... Qui a juré de détruire la Sainte Russie ?

     

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  • #3511376
    Le 25 mars à 14:34 par JeanJean
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Trump veut faire ami-ami avec Poutine parce qu’il a l’intention de faire la guerre à l’Iran, et veut s’assurer que Poutine le laisse faire sans réagir. MIGA !

     

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  • #3511407
    Le 25 mars à 15:16 par Decul
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Y’a plus qu’à souhaiter une alliance militaire Trump Poutine Xi Jinping épaulée par tous les peuples en souffrance pour se débarrasser définitivement de cette maladie mortelle qu’est ce putain de pouvoir profond.

     

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  • #3511408
    Le 25 mars à 15:17 par Sinabil
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Si on retire les pions de l’État Profond de l’échiquier politique américain que reste-t-il des instituSions américaines ? Pas grand chose.

    L’Empire a lancé une contre attaque massive contre l’administration Trump ; ses têtes de gondole Tulsi Gabbard (Directrice Nationale des services d’Intelligence) et Kash Patel (Directeur du FBI) sont actuellement audités par le Intel Committee du Sénat, lors de sa session annuelle pour l’évaluation des menaces.

    Et aux milieu des questions d’usage pour connaitre les objectifs fixés par Trump contre les menaces envers la sécurité nationale américaine, l’affaire de l’utilisation de la messagerie Signal est au centre des attaques, les sénateurs exigent de connaitre le contenu des échanges sur Signal de Tulsi Gabbard et Kash Patel, qui refusent en déclarant que rien de classifié n’a été échangé, ce à quoi les sénateurs répondent en disant que si ce n’est pas classifié, cela doit être rendu public puisque l’usage de Signal pour de tels échanges est potentiellement dangereux et que les risques pris doivent être évalués.

     

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  • #3511411
    Le 25 mars à 15:19 par 13
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Oui, de toute évidence, il y a des lignes blanches ( et non rouges, comme écrit trop souvent ) que même Trump ne peut franchir impunément. Ok, pour jouer au nationaliste élu pour enrégimenter le populo blanc dans la course au mondialisme régénéré , mais pas plus…

     

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  • #3511484
    Le 25 mars à 18:26 par Figaro68
    Ukraine : l’Empire contre-attaque ?

    Sur les dernières discussions entre la Russie et les USA nous ne saurons rien ! Peskov nous dit qu’il s’agit de questions techniques ... Circulez y’a rien à voir !

    Et si les deux grands se mettaient d’accord sur un nouveau Yalta ? L’Ukraine doit être nettoyée au Kärcher, c’est une évidence, elle sert de blanchisseuse à toutes les mafias y compris celles représentées par Macron et Starmer...

    Il y a une petite musique qui dit que Trump serait à deux doigts de lâcher l’OTAN qui coûte des sommes colossales au contribuable US. Le Pacte de Varsovie a bien disparu, lui !

    Voilà ce qui expliquerait la panique des pignoufs du gang David Rothschild qui voient leur échapper le contrôle sur l’UE, la Russie, la Chine et les USA.

    Foutriquet 1er ne sera pas le "Comandatore del Europa" comme il en rêvait !

    Que foutent nos Très Chers Parlementaires pour virer ce psychopathe illico presto et manu militari ? Je vous le demande !

     

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