François Hollande s’est fait le chantre de la liberté d’expression pour soutenir l’écrivain Erri De Luca, poursuivi en Italie pour avoir appelé à saboter les chantiers de travaux pour la ligne de trains à grand vitesse Lyon-Turin, ce qui s’apparenterait en France à de l’« apologie de terrorisme ».

« Le TGV doit être saboté », avait en effet déclaré Erri De Luca lors d’une interview accordée en septembre 2013 à l’édition italienne du Huffington Post. Poursuivi par la société Lyon Turin Ferroviaire (LTF), chargée de la construction de la ligne de TGV, l’écrivain napolitain risque jusqu’à cinq ans de prison dans un procès qui s’est ouvert à Turin en janvier dernier.

En France, un comité de soutien publiait au début du mois de mars une pétition dans Libération (signée par Aurélie Filipetti, entre autres), avant de demander à François Hollande de prendre position en faveur d’Erri De Luca, lors d’une réunion publique organisée le 20 mars dernier au Centre national du livre.

Le lendemain, en visite au Salon du livre à Paris, le Président de la République déclarait :

« Je ne peux pas intervenir dans les affaires judiciaires. Mais au nom de la France, je peux soutenir la liberté d’expression. Cela vaut pour les écrivains français mais aussi pour les étrangers. Les auteurs ne peuvent pas être poursuivis pour leurs textes. La raison de ma venue ici, c’est pour la liberté d’expression, parce que ce qui fait la force de la France, de sa culture, c’est la liberté. Nous avons été frappés au mois de janvier, ce Salon est aussi une des réponses. »

François Hollande a également appelé à garder « cette confiance dans la pensée, cette foi irréversible dans la littérature, la création, l’expression, la pensée […] La France doit toujours être du coté des créateurs. »

Le ministre de la Culture, Fleur Pellerin, et le Premier ministre, Manuel Valls, ont également soutenu cet écrivain, jugé dans un pays étranger pour des appels à la violence. Toujours prompts à donner des leçons au monde entier sur la « liberté d’expression », les membres du gouvernement socialiste et le petit groupe d’infatigables pétitionnaires de Saint-Germain-des-Prés sont pourtant aux avant-postes lorsqu’il s’agit d’organiser la censure en France. Porteurs d’un message de réconciliation, de paix et de non-violence, l’humoriste Dieudonné et l’écrivain Alain Soral en savent quelque chose.