Adrien est jeune, charmant, bien peigné (une brosse rousse, presque une crête iroquois), musicien, ch’ti, de gauche, beau parleur bref, il promet : à 27 ans il incarne la relève à gauche de la gauche.

Plus énergique que Pierre Laurent, plus jeune que Jean-Luc Mélenchon, plus social que Jean-Claure Mailly, plus drôle que Caroline de Haas, plus mince que Pierre Mauroy, il fait désormais partie du club très fermé des bons clients de la télé. Cela n’a pas échappé à Laurent Ruquier qui l’a invité dans ONPC le 24 février 2018 pour un solo de 46 minutes. Huit de plus que le Chikirou Miller show du 20 janvier 2018 !

Adrien a commencé sa carrière politique, déjà longue à 27 ans, en manifestant comme tous les lycéens crétins contre le CPE sous Villepin. Aujourd’hui, grâce à son extraction nordiste, la terre industrielle par excellence, il milite chez Mélenchon, gagne ses galons de député et lutte contre les riches à l’Assemblée.

À la Chambre des députés, il y a toujours eu un ou deux trublions qui pestent contre les injustices sociales, et la plupart des élus du peuple – représentant généralement des intérêts privés – s’en foutent : ils passent leur temps au bar de l’Assemblée, dans les restos autour à draguer les journalistes, dans leur appart de fonction avec leur assistante parlementaire ou dans le TGV pour rentrer chez Bobonne et faire face aux électeurs pénibles de leur circonscription qui réclament tous un petit quelque chose contre leur vote.

La bataille des coiffeurs : Gaspard est de droite, Adrien de gauche

C’est ça, la vie d’un député. Adrien n’est pas comme ça, du moins pas encore. Il a encore le feu sacré, celui de Jaurès avant de se prendre une balle. Adrien défend les pauvres contre les riches et va jusqu’à évoquer « l’oligarchie » devant les députés médusés, soit les 10 députés présents.

Opposé à l’étrange Gaspard Koenig sur le plateau de Ruquier, qu’il n’a pas trop de mal à envoyer au tapis, il plaît à tout le monde : au millionnaire Ruquier et à ses assesseurs sionistes (la sioniste folle de gauche et le sioniste retourné de droite), aux invités people qui ont besoin d’une petite caution antibourgeoise et antisalopard (au sens sartrien) et au public présent qui applaudit à chaque saillie qui ne mange pas de pain et qui réchauffe le cœur.

« Moi je me lève chaque matin en essayant de mettre ma pierre à l’édifice, de montrer sérieusement qu’on peut faire autre chose. Et donc oui ça use parce qu’on a devant nous des bulldozers qui avancent et nous on se bat à la petite cuiller bien souvent. » (Adrien de 25’13 à 25’23)

Adrien ! Que n’as-tu filé la métaphore jusqu’aux rives du Jourdain pour évoquer le combat des enfants palestiniens contre les chars bulldozers israéliens avec des petites pierres ! Mais cela aurait pétrifié les deux sionards présents et leur chef, Pétochard 1er.

La gauche sociale plaît à la gauche sociétale tant qu’elle ne remet pas en cause la vraie hiérarchie, le pouvoir profond, tant qu’elle ne franchit pas la ligne jaune que tout le monde connaît, car La France insoumise est réformatrice, non révolutionnaire. Donc tant qu’Adrien ne s’en prend pas au vrai pouvoir, c’est-à-dire à Ruquier et à ses maîtres, tout n’est que vanité, blab-bla et pipeaulogie.

Laurent apprécie la jeunesse et la fougue d’Adrien

Tout ça pour dire que le Système, à chaque génération, a besoin d’un petit vent frais qui lui décoiffe la mèche. C’est une attraction, ça dérange agréablement et choque un peu le bourgeois... qui adore ça. La seule chose que le bourgeois déteste, c’est quand on lui montre sa soumission au pouvoir profond et sa trahison envers le peuple. Alors là, il réagit vertement !