Egalité et Réconciliation
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Vrai et faux journalisme

Partie 2 : Jean-Claude Elfassi, auxiliaire de police

Sous prétexte de servir la Démocratie avec la transparence, l’ex-paparazzi Jean-Claude Elfassi, depuis que les grands médias ne prennent plus ses photos, est soudain devenu le porte-drapeau de l’anti-antisémitisme et de l’ultrasionisme. Vendre depuis des années des shoots impactant ou détruisant la vie privée des uns et des autres ne l’a jamais gêné moralement, sauf quand les journaux, effrayés par la montée pathologique de ses agressions éditoriales, n’ont plus voulu céder à ses exigences. Car la relation entre un photographe ou un journaliste dit people et les principaux acheteurs est complexe. Pour comprendre comment Elfassi est devenu un auxiliaire de police, entrez avec nous dans le petit monde de la presse people.

 

Les différentes races de journalistes

 

 

Il y a deux principales espèces de journalistes : les assis et les debout. Les « assis » travaillent tranquillement dans les rédactions, rémunérés en CDI, avec tous les avantages de la profession arrachés depuis 1945 par les syndicats communistes. Ils sont entre 20 et 30 000, et détiennent la fameuse carte de presse, qui sert à entrer gratuitement au musée et à déduire 7 650 € de leurs impôts. Mais qui ne rend pas plus intelligent.

Les autres, ce sont les 6 à 10 000 journalistes debout : ils courent à droite à gauche pour vendre chaque jour, chaque semaine ou chaque mois, des sujets à une presse qui licencie de plus en plus de permanents (chers) pour les remplacer par des pigistes, vacataires, ou précaires (pas chers). Et puis, parmi ces pigistes, au-delà de la troupe des mal-payés, il y a des indépendants, qui peuvent gagner plus que les journalistes assis. Beaucoup plus, même. Ce sont les chiens de chasse, à l’affût des gros coups, des scoops qui tuent, à l’écrit ou à l’image.

Dans cette catégorie spéciale se retrouvent les enquêteurs indépendants, souvent générateurs de livres chauds, et les photographes, qui officient sur deux terrains. Et sont parfois confondus : ils peuvent être sur un théâtre guerrier ou aux pieds d’un palace parisien, à planquer pour shooter un couple de stars.

Notre arborescence est simple : dans la catégorie des chasseurs, qui vont chercher l’info au péril de leur vie, de leur intégrité physique, de leur carrière, de leur confort social ou de leurs relations, mais toujours au prix de leur tranquillité, se retrouvent ceux qui font l’info chaude, de la géopolitique à la révélation people. Les paparazzis sont souvent des retraités du noble photojournalisme. Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur : ils ont pris des coups, vu des camarades tomber, et l’appât du gain people n’est pas négligeable. Comme dirait Timsit dans son sketch du paparazzi (écrit par Halin et Gaccio) : Shooter en Irak ? Mais y a qui comme people là-bas ? Aucune histoire de cul à vendre à Voici. Il est vrai qu’il est aujourd’hui difficile de placer en presse des images de guerre, vues et revues en vidéo dans les JT ou sur le Net, qui propose du brut sans filtre. Les « séries » stagnent dans les agences photo, et se déprécient. Avant, Paris Match pouvait payer 30 000 € pour une exclusivité sur un attentat (les clichés d’un photographe amateur de l’assaut contre Mohamed Merah se sont dealés à 20 000 euros, une exclu Match). Maintenant, des sujets ramenés du bout du monde rapportent 1 500 à 5 000 €. Quand ils ne finissent pas en agence pour 500 €.

 

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La mort du photojournalisme

 

Tout ça pour dire que dans un contexte photojournalistique difficile, la photo people, qui ne présente quasiment aucun risque, devient alléchante. Là, on retrouve des coups à 10 000, 20 000, voire 50 000 €, lorsque le scoop est mondialisable, comme les seins de Kate Middleton, la future reine d’Angleterre.

Lorsqu’un paparazzi gagne 30 000 € sur une série, dont un cliché obtenu au téléobjectif 1 000 mm seulement fera le tour du monde, il ne faut pas imaginer que tout va dans sa poche : d’abord, il y a les frais, les planques, hôtels, et il faut rémunérer les informateurs. Qui sont aussi nécessaires que nombreux, et voraces. Barmen de clubs chics (ils savent qui boit, qui « tape »), liftiers et voituriers de palaces (qui voient entrer et sortir les stars), proches des people eux-mêmes (la jalousie est le premier mobile du renseignement, c’est la base du National Enquirer américain), et autres balances informelles (putes des deux sexes, dealers, rebuts de télé-réalité et autres poissons nageant en eaux sales). Mais le meilleur informateur reste le flic mal payé : il « tient » un journaliste avec ses PV (une star de la télé qui se prostitue au bois de Boulogne) et ses fichiers, qui le tient en contrepartie. En le rémunérant. Ainsi, il n’est pas rare de voir un policier accompagner un journaliste pour avoir accès aux mails de personnalités chez un fournisseur d’accès. Coût officieux minimum : 100 € pour l’ouverture d’une boîte mail. On peut imaginer que les mails E&R « publiés » sont sortis par ce biais.

 

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Coucou, c’est fou

 

À force de se rapprocher de la police, on devient soi-même policier. La frontière est floue, surtout dans le monde médiatiquement sensible des personnalités. Un monde très surveillé, et par différents services : il y est question de sexe (qui franchit parfois la ligne rouge de la loi, et là on ne parle plus de gentillettes partouzes), de cash, de came (il faut nourrir quotidiennement les narines de centaines d’accros lourds), de chantage, pression, racket… Le showbiz, c’est aussi du fric vite gagné qui attire la pègre. Les vedettes de la télé s’entourent parfois, pour leur sécurité, de caïds, qui eux recherchent la lumière. C’est ce qui est arrivé à Jamel avec son garde du corps. Une star de la chanson et du cinéma a longtemps eu pour chauffeur un homme de main du Milieu, accessoirement fournisseur de drogue (pour les filles fraîches, la star avait ses rabatteurs professionnels, toujours en activité). Car plus une star monte, plus elle a besoin de protection, et pas seulement policière. L’argent des stars suscitant convoitises et chantages (les enfants non-reconnus des stars du foot 1998) : la star peut alors être tenue par sa sexualité déviante (les faux hétéros), ou illégale (viols en réunion), ou une addiction à la cocaïne, plus forte que son image et ses intérêts, comme celle qui a fait plonger Delarue.

Dans le domaine de la photo people, ces deux dernières années, est apparu un « acteur » sur le marché de la nuit qui a éloigné la concurrence classique à coups de menaces et d’agressions. Le monopole en la matière rapportant énormément d’argent : les sites et journaux de toutes catégories (pas seulement people) sont friands de ces clichés quotidiens, raflés dans les centaines de soirées annuelles qui agrémentent la vie parisienne. Tout est marché, tout est capitalisme, tout est exploitation. Un shoot de couple people illégitime peut se gérer de deux façons : soit en publication (10 à 15 000 € la couv), soit en non-publication, donnant lieu à un arrangement, par exemple une paparazzade montée de A à Z. Un coup bidon qui arrange tout le monde, diffuseur et star, basé sur l’ignorance du public. La multiplication des montages permettant d’exclure peu à peu les paparazzis trop gourmands.

 

 

Le journaliste people qui goûte à cet argent apparemment facile oublie vite la morale, la déontologie, tous ces trucs qui ralentissent ou bloquent le business. Il n’apprend rien, ne construit rien, mais développe les vices qui sont ceux du détective privé obsédé par les déviances sexuelles. On se rapproche du journaliste maître chanteur de Hush-Hush décrit par James Ellroy dans LA Confidential. Qui vit de et dans la boue, et qui finit mal.

Pour en revenir à Elfassi, qui a un temps fait croire aux naïfs que son noble combat portait sur « les pédophiles du showbiz » – dont il n’a jamais révélé la liste, une bravade de plus – l’interpénétration de ses rapports avec la police se situe à plusieurs niveaux.

Se glorifiant d’être très ami avec la PJ et d’être à tu et à toi avec ses officiers, le paparazzi vantard (il s’attribue les coups des autres, ce qui ne mange pas de pain, puisque les vrais pros sont obligés de rester discrets) a travaillé officiellement pour Paris Match et ses fameuses 40 couvs (comme les 40 voleurs), officieusement pour la grande prêtresse du people. Dont voici la présentation par Le Monde du 21 février 2014 :

« Dans le milieu cloisonné de la presse people et des paparazzis, en pleine ébullition depuis le “Gayetgate”, le nom de Mimi revient sans cesse : “Ce coup-là, c’est signé Mimi.” Aucune preuve, seulement cette affirmation commune aux initiés : la mise en scène sophistiquée pour révéler l’amour secret de François Hollande et de Julie Gayet, dans l’hebdomadaire Closer du 10 janvier, ne peut avoir été agencée sans la complicité active d’une femme de l’ombre. La plus experte, la plus brillante, la mieux renseignée et la plus redoutable informatrice de la presse sur la vie privée des célébrités, de Paris à Hollywood : Michèle Marchand. Mimi pour les intimes. La Mata Hari des paparazzis. »

 

Un travail pas exténuant en soi, puisque François Hollande en personne a rencontré deux journalistes de Closer. Alors, l’opération au nom de code « Gayet », un petit montage pour se débarrasser de l’encombrante Trierweiler ? Ou un coup de vice des sarkozystes, Rachida Dati ayant été en contact avec Michèle Marchand pour sa vraie/fausse amourette avec Vincent Lindon ? On dirait que toutes ces histoires de cul ont finalement explosé à la gueule du Président… Mais d’où viennent toutes les bonnes infos de Mimi ?

« Elle fut mariée à un braqueur, a pour conjoint un ancien commandant de police à l’Office central pour la répression du faux-monnayage, qui dirige la société Chouet’press, raison sociale de l’agence Bestimage. Flics et voyous, elle fait partie de la famille. Elle a fait l’objet de plusieurs condamnations aujourd’hui prescrites. »

Ah, les truands et puis les flics, il n’y a pas de meilleur réseau. Mais attention, c’est donnant-donnant. Voilà pourquoi Elfassi s’est transformé en flic : bon pour les infos, bon pour la protection. On devient intouchable, mais aussi Judas. Et même un incroyable Judas dans son cas. Prouver qu’Elfassi bosse en sous-main pour Pure People, c’est compliqué, d’autant qu’il n’existe qu’un cliché, et flou, du photographe sur le site. Comme si toute trace avait été effacée, à la soviétique.

Mais avec la radicalisation du contenu de son blog, que plus personne ne prend au sérieux (la boue lui retombe immanquablement dessus), Elfassi est en train de perdre tous ses appuis dans le milieu : aucun confrère ne peut plus se revendiquer de son combat « contre les people », leur arrogance, leur impunité, ce qui a pu un temps donner un semblant de crédit au photographe justicier. Le niveau d’insultes et d’agressions gratuites et falsifiées est tel qu’on est en droit de se demander si Elfassi n’a pas été obligé de collaborer. A-t-il été retourné par une force supérieure ? Le rabaissement moral et l’enrichissement auxquels conduit le journalisme people ont-il mis le paparazzi devant une proposition impossible à refuser ?

 

 

On pense à Philippe Val et à son passé chargé, qui s’est soudain métamorphosé en atlantiste sioniste dans un journal d’extrême gauche pro-palestinien, qui ne s’en est pas relevé. L’État a deux moyens de retourner un journaliste : à partir d’infractions fiscales graves, ou de dérapages moraux. La financière sur le dos, ou les mœurs. Visiblement, Elfassi n’a plus toute sa raison. L’absence de toute pondération nuit à la crédibilité, et ne manque pas d’interroger : et si Elfassi n’avait pas le choix ? Et si « on » le tenait pour faire le sale boulot – salir les dissidents et terroriser ceux qui seraient tentés par la dissidence – que personne ne veut faire, lui qui est grillé partout, compromis à mort ? Dans ce cas, pas besoin de le combattre, il sera éliminé par ses maîtres, dès lors qu’il aura trop servi, et qu’il deviendra trop contreproductif.

La dégradation morale des professionnels de la presse people est inéluctable : en travaillant sur des personnalités et leurs vices (leurs vertus ne sont pas très vendeuses), on n’apprend rien d’autre que ce qu’on sait déjà : que la nature humaine est complexe, sordide parfois, et rarement bienveillante. La notoriété n’arrange rien, en général, et fait exploser les vices, les tendances malignes que les petites gens (qu’on appelle « nobody » dans le milieu) cachent et contrôlent. L’argent, la gloire, la réussite, portent la vanité à un degré incandescent, que plus personne ne peut refroidir. Pour conserver une image positive, il faut alors mentir au public, dont la majorité a besoin de croire que la gloire s’accompagne forcément de vertu(s), qu’elle est la récompense de vertus supérieures, inaccessibles au commun des mortels, des nobody. Pour cela, il faut monter des coups positifs pour l’image, et entretenir cette fausseté, dans un esprit de plus en plus schizophrénique. Le risque suivant, c’est le suicide.

 

 

Noblesse du journalisme

 

Sortons du cloaque people pour les sommets de l’enquête politique et reprenons notre respiration. Dans ce domaine aussi, il y a deux sortes de chiens de chasse : les vrais, et les faux. Ceux qui pistent tout seuls, à partir d’une intuition, et qui remontent les traces à leurs risques et périls jusqu’à la cible (une révélation, un dossier, une confirmation de l’intuition initiale), et ceux qui vont directement pêcher dans le seau du pêcheur… C’est-à-dire ? Eh bien c’est simple : comme en people, des « enquêteurs » vont tout simplement chercher un dossier tout ficelé chez le juge d’instruction, qui mène une enquête en cours. Ou un dossier chez des enquêteurs de police, que ce soit la criminelle ou la financière. Ça tombe alors tout cru dans le bec de l’enquêteur paresseux, qui ne quitte jamais Paris, entre palais de justice, préfecture et restaurants d’initiés (Chez Françoise, le Divellec, Tante Marguerite).

Question : pourquoi le juge d’instruction, au mépris des lois, laisse-t-il fuiter tout ou partie du dossier en cours ? Réponse : parce que la presse est un moyen de pression, sur les personnes incriminées, ou pas encore incriminées. Ce donnant-donnant peut effectivement accélérer la justice, mais là, le journaliste se fait auxiliaire, à son corps défendant (ils s’en défend toujours, vous le verrez), de la justice. Et ce n’est pas son rôle, même si la révélation d’informations importantes pour le public peut prendre l’aspect de la justice rendue, rendue aux gens, qui leur avait été confisquée. Au final, et au départ, tout est donc affaire de morale personnelle. Dans le genre, nous avons déniché deux enquêteurs, avec deux méthodes radicalement opposées. Il s’agit de Pierre Péan, seul d’un côté, face au duo du Monde Lhomme & Davet, qui a fait couler pas mal d’encre ces derniers temps. Un sujet vidéo avait été réalisé, pour une fois d’excellente facture, par la journaliste de l’émission Le Supplément du 30 mars 2014, Raphaëlle Baillot.

 

[Fin de la deuxième partie]

 

 

Sur Jean-Claude Elfassi, voir aussi :

Pour une presse informée et de qualité, rendez-vous sur Kontre Kulture :

 
 






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2 Commentaires

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  • #1063386
    Le 19 décembre 2014 à 02:20 par Le Suisse Apolitique
    Vrai et faux journalisme

    Elfassi : une bête, une créature des ténèbres, la haine incarnée, et la vraie, l’authentique, pour le coup.
    C’est une fierté d’être, par le biais d’Alain Soral dont je partage humblement les valeurs, l’ennemi de cette âme déchue de toute humanité, élue pour nuire à ses semblables.

     

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