"L’info sur les guerres en cours ou à venir est trop importante pour avaler n’importe quoi." C’est pourquoi je conseille à tous ceux qui veulent la paix de se procurer le livre Syriana, La conquête continue de Bahar Kimyongür. En voiçi un compte rendu, paru dans le dernier n° de la revue Etudes Marxistes.

La Syrie, un autre regard

Ce petit livre de Bahar Kimyongür, écrit ’dans l’urgence’ à la lueur des récents embrasements en Syrie, se veut surtout un antidote au discours dominant de nos médias sur ce pays. C’est nécessaire. Comme l’écrit Michel Collon dans la préface, avec la tragédie libyenne encore fraîchement présente à l’esprit : « Chaque guerre est accompagnée d’une guerre de désinformation. L’opinion, ça se travaille. Combien de fois allons-nous encore nous faire avoir ? » (p. 10.)

Bahar Kimyongür situe les événements en Syrie dans leur contexte historique et régional. Il le fait dans un style clair, en consacrant l’attention nécessaire aux intérêts et stratégies de l’Europe — et surtout des États-Unis — dans la région. Le portrait sans nuances du sanglant dictateur Bachar el-Assad réprimant les manifestations pacifiques de son peuple fait place à une réalité complexe. Mission accomplie, par conséquent.

Syriana est également un livre personnel. Il porte le sceau de l’histoire spécifique de la famille de l’auteur — à la fois belge, syrienne et turque —, une histoire qu’il associe, non sans humour, à son argumentation. Sa famille est originaire de la ville d’Antioche, dans la province de Hatay, jadis syrienne mais, depuis 1939, annexée à la Turquie. La relation tendue entre la Syrie et la Turquie parcourt d’ailleurs tout le récit à la façon d’un fil rouge.

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