C’est au nom de la « justice sociale » que les municipalités portugaises s’apprêtent à taxer plus lourdement les odieux nantis dont les demeures profitent d’une belle exposition au soleil ou d’une vue imprenable. Cette nouvelle taxe immobilière – car il s’agit bien de cela – se cache dans les dispositions du décret-loi 41 de 2016, publié mardi pourrait faire augmenter les impôts locaux des moins chanceux de 20 %. À l’inverse, propriétaires et locataires vivant dans des maisons et appartements avec vue sur un cimetière ou faiblement éclairés par la lumière du jour bénéficieront d’une remise, limitée toutefois à 10 %.
Les Portugais sont furieux de cette nouvelle « taxe sur la lumière » puisque c’est bien l’exposition des immeubles qui est principalement prise en compte dans cette nouvelle usine à gaz de calculs et de compensations « égalitaires ».
Les belles vues et la lumière du jour, signes extérieurs de richesse…
N’allez pas croire qu’il s’agit pour l’État portugais aux abois, endetté et soumis aux exigences faramineuses de l’Union européenne de faire peser encore davantage les conséquences de cette situation sur les contribuables. Le secrétaire d’État à la finance, Fernando Rocha Andrade a vivement protesté contre l’idée que la mesure vise à remplir les caisses de l’État : il s’agit plutôt, assure-t-il, de taxer les citoyens en fonction du luxe dont ils bénéficient.
« Notre objectif est d’abord d’arriver à une plus grande équité fiscale », a-t-il déclaré sans rire, ajoutant que la mesure allait permettre de « mieux refléter les variations effectives des prix actuels de l’immobilier ». Il ne s’agirait donc plus de tenir compte de la composition des familles ou du fait qu’elles bénéficient des services publics, mais de faire payer pour l’agrément, le confort, la bonne conception de leur maison ou de leur appartement.
L’idée est loin d’être neuve : le roi Guillaume III d’Angleterre introduisit en 1696 une taxe sur la lumière du jour multipliant par quatre les impôts dus par les propriétaires des maisons possédant le plus de fenêtres. Elle est restée en vigueur près de 160 ans jusqu’à ce qu’on la supprime en l’accusant d’être une taxe sur la santé. De nombreux propriétaires avaient en effet réagi en murant une partie de leurs fenêtres pour échapper à cette odieuse ponction fiscale. Plutôt vivre dans le noir, l’humidité et la tuberculose !
Le Portugal veut mieux tondre les propriétaires par une nouvelle taxe immobilière
Sans surprise, le nouveau décret-loi portugais est imputable au gouvernement de gauche. Il est fortement décrié par une belle part de la population qui accuse les socialistes de vouloir étrangler un peu plus encore les classes moyennes qui font déjà face aux prix élevés de l’immobilier et à des taxes extrêmement lourdes, à Lisbonne notamment.
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