En Cisjordanie, les démolitions de structures financées par l’Union européenne s’accélèrent. Révélant les limites d’une politique essentiellement humanitaire.
Un amas de tôles surmonté d’une pancarte aux couleurs de l’Union européenne (UE), c’est tout ce qui reste des abris agricoles offerts par la France aux habitants de Nabi Samuel, un petit village palestinien de Cisjordanie. Les bâtiments ont été rasés le 9 août par les autorités israéliennes.
C’est la troisième fois cette année que des structures à visée humanitaire ou de développement financées par la France en Cisjordanie sont détruites ou confisquées par les Israéliens, qui expliquent que celles-ci ont été construites sans autorisation. De quoi agacer le Quai d’Orsay, qui a publié, le 11 août, un communiqué exprimant sa « grave préoccupation face à l’accélération du rythme des démolitions et confiscations de structures humanitaires destinées à la population palestinienne », celles-ci financées par l’Union européenne (dons de l’UE ou des États membres).
58 millions d’euros partis en fumée
En avril, les autorités de l’État hébreu ont démoli un terrain de jeu pour enfants à Zaatara, au sud de Naplouse, construit en 2015 avec un don d’environ 54 000 € du gouvernement belge. En février, c’est un projet agricole financé par les Pays-Bas à hauteur de 10 millions d’euros près du Jourdain qui a été démantelé. Selon un rapport de la plate-forme Euro-Med Monitor, qui regroupe 80 organisations de défense des droits de l’homme de la région, il y a eu, durant les trois premiers mois de 2016, 120 démolitions de bâtiments financés par l’UE, soit autant que pour l’ensemble de l’année 2015.
Depuis 2001, 58 millions d’euros sont ainsi partis en fumée. Pour certains observateurs, il s’agit de représailles du gouvernement israélien pour protester contre la décision prise en 2015 par l’UE d’étiqueter les produits provenant des colonies israéliennes en Cisjordanie.
Ces destructions seraient aussi le résultat d’un lobbying intense mené par l’ONG Regavim auprès du gouvernement israélien. Cette organisation de colons est proche du parti d’extrême droite le Foyer juif, dirigé par Naftali Bennett, ministre de l’Éducation et de la Diaspora, qui prône l’annexion pure et simple de la Cisjordanie. Regavim reprend les mêmes méthodes, à front renversé, que celles des ONG israéliennes qui dénoncent, elles, la progression de la colonisation.
Lire l’intégralité de l’article sur lavie.fr
À lire chez Kontre Kulture