[…] Le danseur russe Sergeï Polunin vient de se voir signifier une interdiction de séjour à l’Opéra national de Paris où il était invité à interpréter le rôle de Siegfried dans Le Lac des Cygnes. Les causes invoquées dans la presse pour cette rupture sont des propos homophobes et des propos grossophobes (sic !) tenus par lui sur différents médias et réseaux sociaux. Circonstance aggravante, il serait un admirateur de Vladimir Poutine.
Ce jeune danseur (29 ans) d’origine ukrainienne, récemment naturalisé russe, est présenté par les médias comme un mauvais garçon, le bad boy de la danse classique. Seulement, il y a des limites à l’expression d’une “mauvaise vie”. Le XIXe siècle avait sa pudibonderie bourgeoise, les temps modernes ont inventé, pour la remplacer, le culturellement correct. Il y a de nouveaux tabous dont la transgression entraîne la mort sociale du coupable, même dans un monde artistique qui se veut souvent transgressif. La condamnation est sans appel, d’ailleurs il n’y a pas de tribunal, pas de jury, même pas de débat, juste une sanction arbitraire. Au-delà de l’apparence provocatrice et parfois contestable que Polunin aime à adopter, il faut tout de même savoir que l’on est en présence d’un des artistes les plus extraordinaires de sa génération.
[…]
Mais, en France, de nos jours, il y a plus important que d’être artistiquement génial, il faut d’abord être culturellement correct. […]
En ce qui concerne les homosexuels, Polunin aurait dit, en substance, qu’il y a suffisamment de ballerines dans un ballet classique pour que les hommes s’y comportent en hommes et pas en femmes… Il y a pour le moins un manque d’élégance à stigmatiser ainsi certains de ses collègues, mais est-ce un motif valable d’exclusion ? On peut voir dans la sanction qui lui est infligée un effet direct de la théorie du genre, devenue “loi et prophétie” dans une société soumise à une nouvelle religion dont la tolérance n’est pas la première vertu. Il est donc désormais interdit de dire qu’un homme doit agir en homme. Censurons vite Frédéric Mistral qui fait dire au père de Mireille : “Un père parle en père, un homme agit en homme” !
[…]
Lire l’intégralité de l’article sur polemia.com