Les mensonges fondateurs d’Israël (Deuxième partie)
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !
Sommaire
- Les Arabes sont arrivés tardivement en Palestine (VIIe siècle)
- L’expansion territoriale n’est pas un projet mais le résultat de guerres défensives
- Les Israéliens ont décolonisé Gaza par gentillesse
- Israël protège les chrétiens
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Le mois dernier nous avons déconstruit plusieurs des mensonges fondateurs d’Israël. Autant de mensonges qui servent à la propagande sioniste et qui ne rencontrent que rarement le mur de la réalité historique et des faits. Nous poursuivons donc ici la démystification.
Les Arabes sont arrivés tardivement en Palestine (VIIe siècle)
D’après les sionistes, les Arabes ne sont arrivés en Palestine qu’au VIIe siècle, durant l’expansion musulmane. Leur présence serait donc le résultat d’une histoire impériale, ce qui leur retirerait toute légitimité à demeurer en Terre sainte, contrairement aux juifs qui se seraient absentés pendant 2 000 ans ; période de temps où la terre de Palestine serait restée quasiment vide, attendant que ses propriétaires reviennent d’exil…
Or, la présence d’Arabes de Palestine remonte à l’époque romaine, comme l’explique l’historienne A.-M. Goichon. « Toute une frange de population arabe était établie aux confins des empires perse et romain. Les princes arabes alliés de Rome sur tout le pourtour du désert ont joué un rôle avant l’ère chrétienne. Il n’en fut pas de même en Palestine qui était gouvernée plus directement, mais la population était fortement arabe, d’où les chrétiens arabes d’avant l’islam, qui étaient présents dès la fondation de l’Église. » [1]
L’expansion territoriale n’est pas un projet mais le résultat de guerres défensives
D’après la propagande israélienne, l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, du Sud-Liban, du Golan et du Sinaï sont les conséquences de guerres défensives et non pas l’application d’un projet expansionniste hégémonique. Pourtant…
Dès 1918, dans un livre coécrit en yiddish, David Ben Gourion inclut dans les frontières du futur État hébreu le territoire de Palestine, le sud du Liban jusqu’au fleuve Litani, une partie du sud de la Syrie, une grande partie de la Jordanie et la péninsule du Sinaï [2].
En 1937, Ben Gourion déclara : « Après la formation d’une grande armée suite à la création de l’État, nous abolirons le partage et nous occuperons toute la Palestine. » La même année, il dit à son fils : « Érigeons un État juif sur-le-champ, même si ce n’est pas sur tout le territoire. Le reste nous reviendra avec le temps. Il le faut. » [3]
Le 13 mai 1947, un an avant la création de l’État d’Israël, Ben Gourion déclara devant l’Agence juive aux États-Unis : « Nous voulons la terre d’Israël dans sa totalité. C’était l’intention de départ. »
Une semaine plus tard, devant l’Assemblée élue à Jérusalem, il dit : « Y a-t-il une personne parmi nous qui ne soit pas d’accord avec le fait que l’intention première de la déclaration Balfour et du mandat sur la Palestine, et l’intention première des espoirs nourris par des générations de Juifs, était de créer un État juif sur la totalité de la terre d’Israël ? » [4]
Après la guerre des Six Jours en juin 1967, déclenchée par Israël et qui s’est soldée par l’occupation du Sinaï égyptien et du Golan syrien, les dirigeants israéliens ont considéré que les pays arabes devaient non seulement reconnaître Israël mais aussi signer une paix avec lui alors que l’État hébreu occupait leur territoire. Le Premier ministre israélien de l’époque, Levi Eshkol, déclara le 6 septembre 1967 :
« Puisque les Arabes ne veulent pas la paix, il n’y a pas d’autre solution pour Israël que de viser à des frontières naturelles, et il n’y en a pas de plus naturelle que celle du canal de Suez. » [5]
Le 22 septembre 1967, Yitzhak Rabin – alors chef d’État-major – reprend l’expression « frontières naturelles » que sont le canal de Suez, la vallée du Jourdain et les hauteurs du Golan [6].
Les Israéliens ont décolonisé Gaza par gentillesse
En 2005, Ariel Sharon a décidé de retirer les colonies juives de Gaza. Cet événement est constamment mis en avant par les propagandistes israéliens comme preuve de la volonté de conciliation de Tel-Aviv qui aurait fait montre de sa bonne volonté.
La réalité est tout autre. Déjà, en 1992, Moshe Arens, membre du Lilkoud qui a été ministre de la Défense (de 1983 à 1984, de 1990 à 1992 et en 1999) et membre de la Knesset (de 1999 à 2003), parlait de la nécessité de quitter la bande de Gaza :
« C’est une charge inutile, nous ne sommes pas tenus de la supporter : cela ne vaut pas le mal que nous nous donnons là-bas. Avec le temps, cette charge deviendra de plus en plus pesante pour nous et finira par nous coûter trop cher. Il faut annoncer à l’Égypte, à l’ONU, aux États-Unis que nous allons sortir à telle date et qu’ils en tiennent compte. Je ne me fais aucune illusion sur ce qui va se passer quand nous aurons quitté Gaza. Ce sera loin d’être la paix. Nous aurons des problèmes avec ceux qui prendront le pouvoir à Gaza, mais moins que maintenant. » [7]
Lorsque le Premier ministre Ariel Sharon retire les colonies de Gaza en 2005, il reloge les 6 000 colons en Cisjordanie et renforce les positions israéliennes en Cisjordanie sans négociation préalable avec les autorités palestiniennes. En contrepartie du retrait de Gaza, Ariel Sharon a obtenu des garanties américaines sur le « non-retour aux frontières de 1967 » et la « prise en compte des changements démographiques » en Cisjordanie, en d’autres termes, l’acceptation de la colonisation juive massive des terres palestiniennes [8].
Israël protège les chrétiens
Dans un article publié dans le journal L’Action française le 20 décembre 1920, titré « Les effets du sionisme », Jacques Bainville pointait, dès l’instauration du Foyer national juif en Palestine, le mépris des juifs sionistes envers les chrétiens d’Orient.
« L’Osservatore romano et la Semaine religieuse de Paris ont récemment publié un ensemble de documents sur la situation de la Palestine. Le sionisme soutenu par le cabinet de Londres y apparaît comme une aventure alarmante à tous les points de vue. Déjà les incidents ont été nombreux.
Ils sont d’abord, bien entendu, de nature religieuse. Le sionisme, aux Lieux-Saints, n’a pas l’impartialité des Turcs. Il traite en intrus les représentants des communions chrétiennes. Le haut commissaire britannique, sir Herbert Samuel, se comporte comme un chef plus religieux que politique. Le "prince d’Israël", ainsi l’ont surnommé ses coreligionnaires, va prier, le jour du sabbat, à la grande synagogue, acclamé par la population juive de Jérusalem. Par contre, le Saint-Sépulcre est un lieu qui lui fait horreur. Au mois de juillet dernier, visitant la basilique, sir Herbert Samuel refuse d’entrer dans le sanctuaire du tombeau. Cette insulte aux chrétiens fut relevée. Le synode des Grecs orthodoxes déposa sur-le-champ le patriarche Damianos en lui reprochant de n’avoir reçu le haut commissaire que pour essuyer cet affront.
Un tel incident mérite une attention sérieuse. Il montre à quelles rivalités confessionnelles, susceptibles de dégénérer en luttes plus graves, le sionisme doit conduire. On regrette déjà les Turcs, "le seul peuple tolérant", disait Lamartine qui, dans son Voyage en Orient, se demandait, avec son génie divinatoire, ce que deviendraient les lieux saints lorsque leurs gardiens flegmatiques n’y seraient plus. » [9]
Le rabbin israélien d’origine française Shlomo Aviner, s’étant exprimé à propos de l’incendie de Notre-Dame [10], des chrétiens et des églises, a expliqué à ses ouailles qu’il était, d’après le Talmud, du devoir des juifs de détruire et brûler les églises en Terre sainte :
« Il n’y a pas de mitzvah (commandement) de se réjouir des incendies des églises chrétiennes à l’étranger. Dans notre terre sainte, le sujet est plus compliqué. En effet, le Satmar Rebbe a écrit une de ses raisons pour ne pas immigrer en Israël, car ici [en Israël] c’est une mitzvah (commandement) de brûler des églises, et comme ils ne le font pas, ils violent également l’interdiction. » [11]
Les destructions d’églises sont effectivement fréquentes en Palestine occupée. Une église incendiée le 18 juin 2015 ; une maison du patriarcat délibérément détruite en novembre 2013 à Jérusalem [12] ; l’église Saint-Étienne de Bet Gemal, à 30 kilomètres de Jérusalem, a été saccagée le 20 septembre 2017…
Les attaques ciblant directement les chrétiens défraient souvent la chronique. En juin 2019, une agression est survenue contre des séminaristes et un prêtre arménien :
« Alors qu’une vingtaine de séminaristes, accompagnés par leur prêtre doyen, quittaient le Séminaire théologique arménien pour se rendre, comme chaque semaine au Saint-Sépulcre, trois juifs extrémistes accompagnés d’un chien muselé, leur ont craché dessus et les ont verbalement insultés en hurlant "Que meurent les chrétiens !" et "Nous vous chasserons hors du pays !".
Ils ont ensuite enlevé la muselière de leur chien et l’ont lancé à l’attaque du doyen. Les séminaristes ont alors ôté leurs soutanes pour protéger le doyen des morsures et les ont agitées pour distraire l’attention du chien. Les trois extrémistes sont alors passés à l’attaque contre les séminaristes dont un a eu la main cassée, puis ils ont pris la fuite pour se rendre au commissariat de police de la vieille ville afin… de porter plainte contre les Arméniens qui auraient tenté de les lyncher ! Le Patriarcat arménien a porté plainte contre ces agresseurs et appelle à leur condamnation.
Ce type d’incidents antichrétiens est malheureusement très fréquent à Jérusalem. » [13]
Et le site du Patriarcat arménien de préciser :
« L’article de la presse juive sur l’attaque est un pur mensonge et une calomnie malveillante, qui porte atteinte à notre réputation et porte atteinte à la réputation exceptionnelle du patriarcat arménien. Les réactions dans la presse juive et leur page Facebook sur cet article diffamatoire et véhiculent la haine. » [14]
L’association SOS Chrétiens d’Orient a fait état de nombreux incidents en Terre sainte [15].
« Dans les cinq premières semaines de l’année 2023, cinq actes de vandalisme ou d’agression perpétrés par des juifs ont visé des lieux, sanctuaires ou membres de la communauté chrétienne de Jérusalem.
L’année s’est ainsi ouverte sur la profanation, le 1er janvier, d’une trentaine de tombes dans un cimetière chrétien du mont Sion par deux jeunes juifs radicaux (15 ans et 18 ans).
Un centre communautaire maronite a également été saccagé à Ma’alot, dans le nord d’Israël, le 12 janvier. Le même jour, une série de graffitis a été écrite en hébreu sur les murs du monastère Saint-Jacques, le siège du patriarcat arménien : "Mort aux chrétiens", "mort aux Arméniens", "vengeance". »
Des passants arméniens ont également été pris au moins deux fois à partie par de jeunes juifs, le 28 janvier.
« Aujourd’hui, des groupes viennent exprès à Jérusalem pour s’en prendre aux chrétiens. Ce sont toujours des jeunes avec un look de colons. Ils viennent prier pendant le Shabbat puis, le samedi soir, ils cherchent des problèmes », a expliqué Setrag Balian, un Arménien du quartier.
Le 26, c’est un restaurant de la porte Neuve, l’entrée du quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem, qui a été la cible de violences. Quelques touristes boivent un verre à la terrasse du restaurant Taboon and Wine. Miran Krikorian, le propriétaire, est alerté par les serveurs et accourt. « Nous étions le seul commerce de la rue encore ouvert. C’est tombé sur nous, raconte la gérante, qui décrit des scènes d’une grande violence. Ils étaient 40 contre 5. Ils criaient : "Les musulmans en Syrie, les chrétiens au Vatican, morts aux Arabes !" »
Le 2 février, un touriste juif américain a brisé une statue du Christ au couvent franciscain de la Flagellation, deuxième étape du chemin de croix en vieille ville de Jérusalem. « Il a décroché la statue du Christ flagellé, qui s’est brisée sur le sol au niveau des pieds, avant de commencer à lui marteler le visage. »
« Ce n’est nullement une coïncidence si la légitimation de la discrimination et de la violence dans l’opinion publique et l’environnement politique israélien actuel se traduit aussi par des actes de haine et de violence contre la communauté chrétienne », a affirmé le custode de Terre sainte, frère Francesco Patton dans un communiqué condamnant le dernier incident et appelant le gouvernement israélien à garantir la sécurité des différentes communautés et minorités religieuses.
« Bienvenue dans le nouvel Israël qui hait les chrétiens, encouragé et soutenu par l’actuel gouvernement ! », a écrit sur Twitter le père Nikodemus Schnabel de l’abbaye de la Dormition, située juste en dehors des remparts de Jérusalem.
Durant le massacre à Gaza, les Israéliens ont évidemment visé les églises. Dans la nuit du 19 octobre 2023, la paroisse grecque orthodoxe de Gaza, qui accueillait des réfugiés, s’est effondrée suite à une frappe israélienne qui a provoqué au moins 18 morts, dont 9 enfants [16].
Début novembre 2023, les Israéliens avaient détruits 3 églises et 54 mosquées [17]. Dans un article du Figaro en date du 29 décembre 2023, il est rapporté que « selon l’ONG, Euro-Med Human Rigths Monitor, plus de 150 lieux de cultes endommagés sont dénombrés à ce jour » [18] à Gaza.
Le père Jean-Baptiste Humbert, chargé de l’archéologie au sein de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem qui travaille en Palestine depuis des décennies, a confié, auprès du Daily Mail, qu’il redoutait « une destruction totale du patrimoine culturel de Gaza » [19].
Le 16 novembre 2023, le patriarcat arménien de Jérusalem a publié un communiqué urgent alertant sur la « menace existentielle du Patriarcat arménien qui est désormais une réalité physique. Les évêques, les prêtres, les diacres, les séminaristes ainsi que les Arméniens de Jérusalem luttent leur vie même sur leur terre. Nous appelons les autorités du monde entier et les médias internationaux à nous aider à sauver le quartier arménien d’une disparition violente soutenue localement par des entités anonymes. »
Des promoteurs juifs tentent d’expulser la communauté arménienne de son quartier, et ce illégalement.
« Plus de 30 provocateurs armés portant des casques de ski et équipés d’armes mortelles et non létales, y compris de puissants agents neurotoxiques qui ont neutralisé des dizaines de membres de notre clergé, ont fait irruption dans l’enceinte du Jardin des vaches et ont commencé leur assaut brutal. Nous soulignons encore une fois que plusieurs prêtres, diacres et étudiants de l’Académie théologique arménienne ainsi que des Arméniens autochtones ont été grièvement blessés. Les ecclésiastiques arméniens de Jérusalem se battent pour leur vie contre les provocateurs impurs.
C’est la réponse criminelle que nous avons reçu pour le dépôt d’une plainte auprès du tribunal de district de Jérusalem concernant le Jardin des vaches il y a moins de 24 heures. C’est ainsi que réagissent les hommes d’affaires australo-israélien Dany Rothman (Rubenstein) et George Warwar (Hadad) face aux procédures judiciaires. » [20]
Voilà la réalité du judéo-christianisme.