À l’instar de Voltaire, les thuriféraires autorisés de Pierre-Joseph Proudhon redoublent généralement de stratégies pour éviter le traitement radical de la question juive effectué par le révolutionnaire socialiste dont ils osent se revendiquer avec toupet.
Il y a ceux qui tronquent, tendance Michel Onfray : il s’agit pour eux de cacher, de déconsidérer, de faire sans, d’ôter ces « indéfendables » accents antisémites pour ne conserver que l’esprit de révolte libertaire.
Il y a ceux qui excusent par arrogance, tendance étudiants en sociologie qui découvrent l’anarchisme : il faut « contextualiser », à l’époque tout le monde était antisémite (sous-entendu la Vérité progressiste de l’antiracisme philosémite n’avait pas encore été révélée à la masse).
Il y a ceux qui expliquent par la psychologie, tendance intellectuels de gauche : le penseur bisontin a effectivement une « humeur antijuive » mais elle tire son origine du contentieux personnel avec Karl Marx.
La remise en avant de l’affrontement Proudhon/Marx à travers la réédition Kontre Kulture de Philosophie de la misère-Misère de la philosophie nous offre l’occasion d’étudier la question. Il est vrai que, après avoir été tourné en ridicule par le prophète du communisme (héritier d’une famille de rabbins), Pierre-Joseph Proudhon déclara sans vergogne :
« Marx est le ténia du socialisme. »
Puis, suite à l’expulsion de France de son ami Karl Grün, expulsion dont il soupçonne deux proches de Karl Marx (H.Heine et A.Weill) d’être à l’origine par dénonciation à la police, il commettra :
« H. Heine, A. Weil et autres ne sont que des espions secrets ; Rothschild, Crémieux, Marx, Fould : êtres méchants, bilieux, envieux, âcres, etc. etc. qui nous haïssent... »
Grün professait les idées de Proudhon dans les milieux des intellectuels allemands réfugiés à Paris ; cela déplaisait fortement à Marx qui avait déjà tenté de monter les deux hommes l’un contre l’autre, en vain...
Pour autant, réduire la vision de Proudhon et son traitement de la question juive à la colère, c’est mettre un peu rapidement de côté les propos de ce grand socialiste qui, au gré de sa plume, oscille entre des atours de polémiste virulent et une rigueur de spécialiste de l’histoire des religions.
Voici quelques extraits qui devraient faire réfléchir :
Juifs. Faire un article contre cette race, qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens les ont appelés déicides. Le juif est l’ennemi du genre humain.
Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer... Par le fer ou par le feu, ou par l’expulsion, il faut que le juif disparaisse... Tolérer les vieillards qui n’engendrent plus. Travail à faire. Ce que les peuples du Moyen Âge haïssaient d’instinct, je le hais avec réflexion et irrévocablement. La haine du juif comme de l’Anglais doit être notre premier article de foi politique. Au reste, l’abolition du judaïsme viendra avec l’abolition des autres cultes. Commencer par ne plus allouer de traitement au clergé et laisser ce soin au Casuel. Puis un peu plus tard, abolir le culte.
Les juifs, race insociable, obstinée, infernale. Premiers auteurs de cette superstition malfaisante, appelée catholicisme ; dans laquelle l’élément juif furieux, intolérant, l’emporta toujours sur les autres éléments grecs, latins, barbares, et fit si longtemps le supplice du genre humain. Martyrs, confesseurs, fanatiques, sortis de cette tendance. (Inquisition, ascétisme, haines religieuses, pouvoir temporel de l’Église, etc., etc., etc.) Ainsi l’influence de l’élément juif dans le christianisme est expliquée par le caractère de cette nation ; beau morceau d’histoire à traiter.
Le juif est par tempérament antiproducteur, ni agriculteur, ni industriel, pas même vraiment commerçant. C’est un entremetteur, toujours frauduleux et parasite, qui opère, en affaires, comme en philosophie, par la fabrication, la contrefaçon, le maquignonnage. Il ne sait que la hausse et la baisse, les risques de transport, les incertitudes de la récolte, les hasards de l’offre et la demande. Sa politique en économie est toute négative ; c’est le mauvais principe. Satan, Ahriman, incarné dans la race de Sem.
Quand Crémieux parle à la tribune, sur une question où le christianisme est engagé, directement ou indirectement, il a soin de dire : votre foi, qui n’est pas la mienne ; votre dieu, votre Christ, votre évangile, vos frères du Liban. Ainsi font tous les juifs ; ils sont d’accord sur tout avec nous sur tous les points, à tant qu’ils peuvent en tirer parti ; mais ils ont toujours soin de s’exclure - ils se réservent ! Je hais cette nation.
C’est la passion du trafic, bien plus que les armes de Titus et d’Adrien, qui amena la dispersion des juifs, qu’on dirait voués dès leur naissance au parasitisme mercantile et usuraire. On sait quelles précautions prit Moïse pour les retenir sur le territoire qu’il leur avait donné ; quelle peine eut Esdras, 800 ans plus tard, à les y faire revenir. Depuis Jésus-Christ jusqu’à la Révolution française ils ont vécu, malgré les persécutions les plus abominables, aux dépens des autres nations, observant entre eux le précepte de charité ou de prestation gratuite, mais rançonnant impitoyablement l’étranger, selon le précepte de Moïse, Non fœneraberis proximo tuo, sed alieno. On disait autrefois, pour leur justification, qu’ils n’avaient pas le choix des moyens d’existence : mais depuis 70 ans que la Révolution française les a rendus libres, qu’ont-ils fait pour changer de régime ? Le juif est resté juif, race parasite, ennemie du travail, adonnée à toutes les pratiques du trafic anarchique et menteur, de la spéculation agioteuse et de la banque usuraire. Toute la circulation est entre les mains des juifs ; plus que les rois et les empereurs, ils sont les souverains de l’époque, aussi indifférents du reste au progrès et à la liberté des peuples qu’ils pressurent qu’à la reconstitution de leur propre nationalité. Ce qu’il y a de plus triste, c’est qu’ils ont rendu, par toute l’Europe, la bourgeoisie, haute et basse, semblable à eux, et qu’il ne servirait absolument de rien aujourd’hui de les expulser. À Paris, le nombre des trafiquants et boutiquiers est égal, sinon supérieur, à celui des industrieux. Tout le monde veut vendre, faire du commerce, spéculer sur le change, sur les marchandises et les fonds publics. Le travail productif est de moins en moins offert, réputé œuvre servile.
Ç’a été de tout temps la grande affaire des gouvernements hébreux de retenir le peuple en place. D’abord venus en Égypte, 15 siècles avant J.-C., en grand nombre. À cette époque, l’Égypte pays peuplé, civilisé, attirait cette race de brocanteurs et de vagabonds, de bédouins. – Les rois du pays mécontents d’eux, comme plus tard les rois d’Europe au Moyen Âge. Efforts de Moïse pour les nationaliser, en leur donnant un territoire et une patrie. Recommandations contre les Gentils. – Encouragements à l’Agriculture. – Conseils de rester chez eux. Sous Cyrus, efforts de Néhémie pour les ramener. Très peu reviennent. Incapables de rester en place et de former une centralisation : discordes, révoltes, schismes (royaumes d’Israël et de Juda), trahisons. – Appellent les Romains, puis les veulent rejeter. Partis, sectes haineuses, irréconciliables, insociables. – L’état naturel des juifs est de vivre sur les autres peuples, dispersés : leur réunion en corps de nation serait pour eux un état insupportable, contraire à leur nature. Tous les chefs juifs ont connu cette disposition, et en ont prévu les effets, qu’ils ont toujours présentés comme une calamité, desolatio.
Efforts nouveaux des Machabées, trahis par la nation. Dès avant Tite et Adrien, Juifs en grand nombre à Rome, Alexandrie, Corinthe, dans toute l’Asie mineure. Ont des synagogues partout (cf. les voyages de St Paul). Jérusalem n’était pour eux qu’un lieu de pèlerinage, et de dévotion (la Ville sainte), comme la Mecque pour les Arabes. Jérusalem entre leurs mains n’était qu’un tison de fanatisme : ces hommes qui pouvaient vivre parmi les autres peuples sans s’y mêler, ne pouvaient par la même raison être censés citoyens d’une ville et y souffrir d’autorités autre que la leur, de là leur haine infatigable contre le païen ; comme aussi, ne pouvant vivre que contenus par une force supérieure, ils ne pouvaient que se dissoudre, une fois qu’ils se trouvèrent agglomérés et livrés à eux-mêmes. De là la légende que Julien ayant entrepris de rebâtir le temple, il sortit de la terre des flammes qui brûlèrent les ouvriers.
Moïse, s’obstinant à faire une société de déistes d’une peuplade idolâtre à peine sortie des habitudes anthropophages ne réussit qu’à la tourmenter pendant douze siècles. Tous les malheurs d’Israël lui vinrent de son culte. Phénomène unique dans l’histoire, le peuple hébreu présente le spectacle d’une nation constamment infidèle à son dieu national, - parlons plus juste, à son dieu légal, car Jéhovah n’est juif que d’adoption, - et qui commence seulement à s’attacher à lui, lorsque après avoir perdu son territoire, n’ayant pas un rocher où elle puisse dresser un autel, elle arrive à l’idée métaphysique de Dieu par la destruction de l’idole. C’est vers le temps des Macchabées, et surtout à l’apparition du Christ, que les juifs se prennent de cœur pour le culte moïsiaque : il était dans la destinée de cette race d’être toujours en retard sur ses institutions.
La seconde espèce de contre-révolutionnaires se compose de tous les prêteurs d’argent et d’instruments de travail, représentants de la féodalité mercantile, agricole, industrielle, financière ; suppôts de la royauté in utroque jure, politique et économique ; auteurs de toutes les restaurations, fauteurs de toutes les tyrannies, et qui reconnaissent pour chefs les juifs. Quant à nous, nous sommes purement et simplement républicains, sans augmentatif ni diminutif. - Nous ne sommes ni royalistes, ni démocrates, ni juifs ; nous nions le pouvoir et le numéraire ; nous soutenons que le crédit, pour s’exercer, n’a pas plus besoin de la garantie des pièces de cent sous que la liberté n’a besoin, pour faire route, du laisser-passer d’un citoyen monarque ou d’un citoyen-président. Aussi pouvons-nous dire avec vérité que nous sommes de la Révolution, et que nous poursuivons l’œuvre de la Révolution. Nous protestons contre le retour des juifs et la restauration monarchique ; nous sommes en permanence d’insurrection contre le capital et contre le pouvoir.
Comprenez-vous que l’idéologie politique ne sert absolument de rien pour créer l’égalité, même politique ; qu’aussi longtemps qu’on n’aura pas trouvé, par la science économique, la pondération des intérêts, on n’aura pas davantage la pondération des pouvoirs et la pondération des libertés, et qu’on sera forcé d’organiser, au-dessus des libertés et des intérêts en lutte, une autorité toujours plus concentrée, c’est-à-dire toujours plus personnelle, toujours plus arbitraire, pour contenir, réprimer, trancher, pour en finir avec tout intérêt qui réclame et toute liberté qui résiste ? On dit aussi que MM. Rothschild sont en ce moment réunis à Paris pour rétablir et consolider le crédit européen. Remarquez la coïncidence !... Les juifs donc, encore les juifs et toujours les juifs ! Sous la République, comme sous Louis-Philippe, comme sous Louis XIV, nous sommes à la merci des juifs. Or, si les juifs se chargent de rétablir le crédit, il en sera de la question sociale comme de la question politique. Le crédit continuera d’être un mensonge ; le prolétaire continuera d’être exploité par le bourgeois : la prétendue organisation du travail ne sera qu’une restauration du capital. Féodalité politique et féodalité mercantile, voilà, en trois mots, ce que sera devenue la Révolution !
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