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Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

Fiodor Dostoïevski a écrit que le catholicisme romain « a proclamé un Christ nouveau bien différent de l’ancien, un Christ qui se laisse séduire par la troisième tentation du démon : les royaumes de la terre ! » [1] C’est le principal reproche de l’orthodoxie au catholicisme romain. Il est légitime et on ne peut le contester sans mauvaise foi.

 

Contrairement au patriarche de Constantinople ou plus tard à celui de Moscou, qui ne revendiquent que le « glaive spirituel », le pape revendique également, durant le Moyen Âge, le « glaive temporel ». C’est pourquoi, non seulement il possède l’une des principautés les plus riches d’Italie, mais il prétend régner sur les rois et les empereurs (lire « Les racines médiévales de la désunion européenne »), et mobiliser leur classe militaire pour les envoyer coloniser la Palestine et, en 1204, conquérir et saccager Constantinople (lire « La Croisade est terminée »).

 

La fausse donation, péché originel de la papauté

Pour justifier leur projet de monarchie universelle, les papes ont employé une armée de légistes qui ont élaboré un nouveau droit canonique pour prévaloir sur le droit féodal et coutumier, tout en faisant apparaître leur nouveau système comme le plus ancien grâce à des contrefaçons.

La contrefaçon médiévale la plus célèbre est la « donation de Constantin ». Ce faux célèbre, fabriqué dans un scriptorium du pape entre 750 et 850, est inclus dans un recueil d’une centaine d’autres faux décrets et actes synodaux connus aujourd’hui sous le nom de décrétales pseudo-isidoriennes. Le but principal de ces faux décrets était d’inventer des précédents pour l’exercice de l’autorité souveraine de l’évêque de Rome sur l’Église universelle d’une part, et sur tous les souverains d’Europe d’autre part. Ces faux furent incorporés au XIIe siècle dans le Decretum de Gratien qui deviendra la base de tout le droit canonique.

La donation de Constantin est la pièce maîtresse de cette entreprise de falsification massive de l’histoire. Elle peut être considérée comme la Constitution qu’a donnée l’Église romaine à l’Europe pour en faire l’instrument du nouvel ordre mondial qu’elle ambitionnait. Ce mensonge d’une audace inouïe est, en quelque sorte, le péché originel d’un Occident qui se transformera, au fil des siècles, en un « Empire du mensonge » aux ambitions impériales sans limites.

Rappelons le contenu. Par ce document, l’empereur Constantin le Grand, reconnaissant d’avoir été guéri de la lèpre par l’eau du baptême, cède « à Sylvestre le pontife universel et à tous ses successeurs jusqu’à la fin du monde » tous les insignes impériaux – pallium, sceptre, diadème, tiare, manteau de pourpre, tunique écarlate –, c’est-à-dire la totalité de « la grandeur impériale et la gloire de notre puissance ». Constantin lui cède aussi « tant notre palais [du Latran] que la ville de Rome et toutes les provinces, localités et cités de l’Italie ou des régions occidentales ». Et pour bien manifester son renoncement à tout droit sur l’Occident, Constantin décide de se retirer en Orient. Sur cette base, les papes vont prétendre avoir reçu l’autorité impériale et le droit de la conférer à l’empereur de leur choix, ou de la lui retirer s’il s’en montre indigne. C’est en vertu de ce principe que Grégoire VII force l’empereur germanique Henri IV à s’humilier devant lui et reconnaître sa suzeraineté à Canossa en janvier 1077.

Ayant reçu de Constantin le pouvoir temporel sur tout l’Occident, les papes s’efforceront également de transformer tous les royaumes en fiefs, et leurs rois en vassaux. Alexandre II (1061-1073) accorde ainsi l’Angleterre à Guillaume de Normandie, qui, sous bannière papale, défait les Saxons rebelles à Rome. Plus tard Adrien IV (1154-1159) concède l’Irlande (également indomptée par Rome) comme « possession héréditaire » au petit-fils de Guillaume, le roi Henri II Plantagenêt, car « toutes les îles sont censées appartenir à l’Église romaine de droit ancien, selon la donation de Constantin, qui les a richement dotées » [2]. Lentement mais sûrement, de coup d’État en coup d’État, et grâce au rayon paralysant de l’excommunication, le pape est devenu le souverain le plus puissant d’Europe, damant le pion à l’Empereur en titre. Tout cela grâce à la fausse donation de Constantin.

Le faussaire ne s’est pas contenté d’affirmer que le pape détient la suprématie temporelle sur tout l’Occident. Il lui confère également la suprématie spirituelle sur le monde entier, c’est-à-dire, en pratique, sur toute la chrétienté orientale. Constantin le Grand aurait en effet décrété que l’évêque de Rome « gouvernera les quatre patriarcats, Alexandrie, Antioche, Jérusalem et Constantinople, ainsi que toutes les Églises de Dieu dans le monde entier. Et le pontife qui présidera actuellement aux destinées de la très sainte Église romaine sera le plus haut, le chef de tous les prêtres dans le monde entier, et toutes choses seront réglées selon ses décisions ». Là réside la grande trahison que dénoncent les orthodoxes, attachés au principe de la collégialité de l’Église (sobornost pour les Russes). La donation est, bien évidemment, la cause première de ce que nous appelons le schisme d’Orient, mais que les orthodoxes appellent le schisme d’Occident.

Lorsque cette Donation commença à être utilisée intensivement comme arme juridique, au XIe siècle, il y eut des contestations. En 1001, en réponse à une demande du pape Sylvestre II de « restituer » au Saint-Siège huit comtés d’Italie, l’empereur Otton III dénonce « l’incurie et l’incapacité » des pontifes, ainsi que « les mensonges forgés par eux-mêmes » rédigés « en lettres d’or » et placés « sous le nom du grand Constantin [3]. Au début du XIIIe siècle, Walther von der Vogelweide, un poète proche de Frédéric II, n’en conteste pas l’origine mais y voit un grand malheur, qui a inversé l’ordre naturel du monde et causé des souffrances infinies à l’Europe [4]. Frédéric II s’entoure de légistes pour la déclarer invalide. Mais Innocent IV répond que, tout pouvoir appartenant au Christ représenté sur terre par le pape, la donation n’est, de toute manière, qu’une « restitution ». Dans la seconde partie du XIVe siècle, tandis que les contestations se font plus nombreuses, le clerc Pierre Jame d’Aurillac déclare que la question de l’authenticité de la donation ne se pose pas, parce qu’à l’évidence elle est conforme à la volonté de Dieu [5].

Il fallut attendre le XVe siècle pour que commence à être reconnu le caractère frauduleux de la donation de Constantin, par une analyse critique assez simple qui aujourd’hui n’est plus remise en question (par exemple, comment Constantin peut-il évoquer le patriarcat de Constantinople qui n’existe pas encore ?). Et cependant, aucune excuse officielle ne fut jamais présentée par le Vatican pour cette ruse diabolique. En fait, rien ne changea en profondeur dans le discours et l’attitude de la papauté. Bien au contraire, dans une fuite en avant qui ressemble à l’acte désespéré d’un menteur démasqué, on verra Pie IX proclamer au concile de Vatican (1870) le dogme (rétroactif) de l’infaillibilité papale. On ne demande pas aux catholiques de reconnaître l’infaillibilité de Dieu, mais ils doivent reconnaître l’infaillibilité du pape.

 

Constantin le Grand Mystère

Constantin le Grand a servi de caution au projet théocratique des papes. Mais dans quelle mesure ? Ont-ils seulement fabriqué sa fausse donation, ou bien d’autres choses encore ? Quel crédit, en fait, doit-on accorder à sa biographie supposément écrite par Eusèbe de Césarée ? Les récents éditeurs académiques de cette Vita Constantini admettent qu’ « elle s’est avérée extrêmement controversée », certains chercheurs étant « très sceptiques ».

« En effet, l’intégrité d’Eusebius en tant qu’écrivain a souvent été attaquée et sa paternité de la VC [Vita Constantini] niée par des chercheurs questionnant la valeur des informations qu’elle fournit, la discussion se concentrant particulièrement sur les nombreux documents impériaux qui sont cités textuellement. » [6]

La Vita Constantini est censée avoir été écrite en grec, mais elle n’était connue jusqu’au XIIIe siècle que dans la traduction latine attribuée au légendaire saint Jérôme, tout comme l’Histoire ecclésiastique du même auteur (l’autobiographie de l’Église, en quelque sorte). En vérité, rien ne permet de garantir qu’elle a été écrite en Orient, et avant le VIIIe siècle. Il se peut qu’elle soit aussi fausse que la donation de Constantin.

Hors Eusèbe, il n’y a pas le moindre indice que Constantin était chrétien ou même favorable au christianisme. Deux panégyriques de Constantin ont été conservés et ils ne font aucune mention du christianisme. Au lieu de cela, l’un contient le récit d’une vision reçue par Constantin du dieu-soleil Apollon, « avec la victoire qui l’accompagnait », après quoi Constantin se plaça sous la protection de Sol Invictus.

Ce que (Pseudo)-Eusèbe rapporte dans sa Vie de Constantin est à l’évidence une réécriture chrétienne de cette légende païenne : en marchant sur Rome pour renverser Maxence, Constantin vit de ses propres yeux dans le ciel, en plein midi, une croix surgissant de la lumière du soleil, portant le message, « par ce signe, tu vaincras ». La nuit suivante, le Christ lui apparut en rêve pour confirmer la vision. Constantin fit peindre le signe sur les boucliers de tous ses soldats et remporta la bataille du pont Milvius. C’est ainsi que, si l’on en croit cette histoire, le Christ serait devenu un dieu militaire.

L’auteur nous jure ses grands dieux qu’il a entendu cette histoire de la bouche même de Constantin :

« Pendant qu’il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, et qui paraîtrait peut-être incroyable, si elle était rapportée par un autre. Mais personne ne doit faire difficulté de la croire, puisque ce Prince me l’a racontée lui-même longtemps depuis, lorsque j’ai eu l’honneur d’entrer dans ses bonnes grâces, et que l’événement en a confirmé la vérité. » (I,28)

Sont-ce là les paroles d’un bon biographe, ou d’un mauvais menteur ? Le mensonge, en l’occurrence, est prouvé. L’arc de triomphe que Constantin fit bâtir à Rome pour commémorer sa victoire sur Maxence contient de nombreux représentations de divinités païennes, en particulier du dieu solaire Apollon, mais pas une seule petite référence au Christ qui, nous dit Eusèbe, lui aurait procuré la victoire.

Eusèbe décrit ainsi l’étendard militaire que fit faire Constantin (aujourd’hui appelé le labarum) :

« J’ai vu l’étendard que les orfèvres firent par l’ordre de ce Prince, et il m’est aisé d’en décrire ici la figure. C’est comme une lance, couverte de lames d’or, qui a un travers qui fait la croix. Il y a en haut de la pique une couronne enrichie d’or et de pierreries. Le nom de notre Sauveur est marqué sur cette couronne par les deux premières lettres ; dont la seconde est un peu coupée. Les empereurs ont porté depuis ces deux mêmes lettres sur leur casque. » (I,31)

Ce « chrisme » ou « christogramme », constitué par les lettres grecques Chi (X) et Rho (P) entrecroisées, est aujourd’hui le blason de la papauté. Or l’archéologie et la numismatique ont prouvé qu’il est beaucoup plus ancien que le christianisme. On le trouve par exemple sur un drachme de Ptolémée III Évergète (246-222 av. J.-C.). Il apparaît même sur une monnaie de Maxence, que Constantin aurait vaincu précisément par ce signe [7]. Il est clair que le Chi-Rho était un symbole impérial pré-chrétien.

Mais sa signification originelle reste mystérieuse. Constatant qu’il est généralement entouré d’une tresse végétale, on a supposé que le symbole faisait référence à un principe cosmique associé à la résurrection (anastasis) de la Nature. Certains y voient un talisman emprunté au culte de Mithra, qui s’était généralisé dans la noblesse romaine. Les analogies entre Mithra et Jésus sont si nombreuses que Justin et Tertullien accusaient Mithra d’imitatio diabolica. On sait aussi que plusieurs églises italiennes, dont la basilique Saint-Pierre, ont été construites sur des cryptes mithriaques [8]. Notez sur ce frontispices de la basilique Saint-Pierre, que le P se trouve devant sur le X, suggérant un mot commençant par P. Se pourrait-il que ce soit en fait une contraction du mot latin PAX ? L’hypothèse n’est pas très satisfaisante, parce que le chrisme est souvent accompagné des lettres α et ω.

L’important est ceci : nous n’avons par la moindre confirmation archéologique d’un quelconque intérêt de Constantin pour le christianisme. Et nous avons de sérieuses raisons de croire qu’Eusèbe ment. On sait que Constantin se fit représenter en dieu solaire Apollon à Rome aussi bien qu’à Constantinople, où se tenait une colonne de porphyre de trente mètres surmontée par une statue du dieu avec le visage de Constantin portant une couronne solaire irradiante [9]. On note que la fête de Sol Invictus était célébrée le 25 décembre et que la première référence au 25 décembre comme date de naissance du Christ se trouve dans la Depositio Martyrum datée de 354, soit longtemps après la mort de Constantin. Ce n’est qu’en 380 que l’empereur Théodose Ier interdit définitivement le culte de Sol Invictus, pour faire du 25 décembre une fête exclusivement chrétienne. C’est un indice fort que le christianisme a détourné des rites et des symboles du culte de Sol Invictus dont Constantin avait voulu faire la religion de l’Empire.

On admet qu’il y eut un changement de politique religieuse entre Constantin et Théodose. Mais le changement était peut-être beaucoup plus profond qu’on ne le croit. Le culte de Sol Invictus a été remplacé par le culte du messie Jésus. Le remplacement n’a pu se faire qu’en réécrivant l’histoire. Théodose devait affirmer sa continuité avec Constantin, tout en rompant avec son héritage ; il a chargé pseudo-Eusèbe (qui est aussi probablement pseudo-Jérôme) d’écrire l’histoire officielle de l’Église.

Signalons encore un autre aspect problématique de la foi chrétienne de Constantin. On nous a appris que Constantin aurait convoqué et présidé le premier concile de Nicée en 325, et obligé tous les évêques présents à signer la profession de foi élaborée à l’occasion contre la doctrine d’Arius. Mais Constantin aurait par la suite favorisé l’arianisme et aurait été baptisé dans cette « hérésie » par son parent Eusèbe de Nicomédie, alors patriarche de Constantinople. Son fils Constance II aurait suivi la même voie. Est-il concevable qu’un empereur désavoue ainsi sa propre politique religieuse, détruisant du même coup l’unité de l’Église qu’il venait péniblement d’obtenir ? L’arianisme est lui-même un grand mystère ; il n’a laissé aucun vestige matériel, même en Espagne où il est supposé avoir été la religion de la classe dominante pendant trois siècles. C’est une source de perplexité pour des chercheurs comme Ralf Bockmann (« The Non-Archaeology of Arianism », 2014) ou Alexandra Chavarria Arnau (« Finding invisible Arians », 2017) [10].

René Guénon a rappelé « l’obscurité presque impénétrable qui entoure tout ce qui se rapporte aux origines et aux premiers temps du Christianisme, obscurité telle que, si l’on y réfléchit bien, elle paraît ne pas pouvoir être simplement accidentelle et avoir été expressément voulue » [11]. Il y a tant d’incohérences dans les cinq premiers siècles de l’histoire du christianisme. Certaines sont occasionnellement reconnues par des universitaires peu soupçonneux. Voici, par exemple, une remarque de l’éditeur de la Consolation de la philosophie de Boèce (vers 524) :

« Ce qu’on remarque surtout dans les ouvrages de Boèce, dans ceux, du moins, qui sont authentiques, c’est l’absence de toute allusion, si lointaine qu’on la suppose, à la religion chrétienne. À n’en juger que par ses écrits, on pourrait croire que cette religion était de la veille seulement apparue sur la terre et que l’enseignement de sa morale et de ses dogmes était encore confiné au fond des ergastules et des catacombes. » [12]

Boèce a écrit la Consolatio en attendant la mort en prison. Il est considéré comme un saint et un martyr chrétien. Est-ce crédible ?

 

Comment déplace-t-on un empire ?

La Vita Constantini est probablement contemporaine de la déclaration de Constantin, et aussi fausse qu’elle. Elle reproduit et élabore les grands thèmes de la donation de Constantin, à commencer par le déplacement de la capitale de l’Empire romain de Rome à Byzance, pour laisser au pape l’imperium sur tout l’Occident.

Cette notion de translatio imperii est saturée de contradictions. Premièrement, Constantin n’a pas déplacé sa capitale vers l’Est, puisqu’il était lui-même originaire de Moésie, dans les Balkans. On admet que Constantin n’avait jamais mis les pieds à Rome avant de la conquérir sur Maxence. Constantin n’était pas un Italien accidentellement né en Moésie : son père Constance était également originaire de Moésie, tout comme son collègue et rival Licinius, et tout comme son prédécesseur Dioclétien, dont le palais se situe à Split, aujourd’hui en Croatie, et qui vécut principalement plus à l’est encore, à Nicomédie, sur la rive orientale du Bosphore. Et l’origine orientale des empereurs n’était pas nouvelle. Comme l’écrit Warwick Ball dans Rome in the East : « À l’époque de l’expansion maximale de Rome, des empereurs originaires d’Orient commençaient à la gouverner : les empereurs Caracalla et Geta étaient à moitié puniques et à moitié syriens, tandis qu’Elagabalus, Sévère Alexandre et Philippe l’Arabe étaient entièrement syriens. » [13] Dans ces conditions, que reste-t-il de « romain » à Rome ?

Deuxièmement, Constantin n’a pas pu déplacer la capitale impériale de Rome à Byzance, car Rome avait déjà cessé d’être la capitale impériale, ayant été remplacée par Milan en 286. Sous Dioclétien, toute l’Italie était tombée dans l’anarchie pendant la « crise du troisième siècle » (235-284), et Rome était déjà « une ville morte » [14].

Peut-on vraiment, d’ailleurs, croire au transfert d’une capitale impériale à plus de mille kilomètres de distance, avec sa noblesse sénatoriale et son administration, entraînant la métamorphose d’un empire romain en un autre empire romain ayant une structure politique, une langue, une culture et une religion totalement différentes ? Et dans quel but ? Ferdinand Lot, grand spécialiste de l’Antiquité tardive, s’est longuement posé la question et conclut que « la fondation de Constantinople est une énigme politique ». Dans un effort désespéré pour lui donner sens, il conclut que « Constantinople est née du caprice d’un despote en proie à une intense exaltation religieuse », et que, par cette « folie politique », « Constantin a cru régénérer l’Empire romain, [mais que], sans s’en douter, il a fondé l’Empire si justement appelé “byzantin” » [15].

Voilà qui est tiré par les cheveux. Il faut constater ici l’échec de l’historiographie académique de rendre crédible un récit qui doit plutôt être analysé comme un élément de propagande produit par les mêmes cerveaux que la donation de Constantin. Ce paradigme de la translatio imperii n’est peut-être qu’une légende inventée pour masquer le mouvement opposé et bien réel de la translatio studii, le transfert vers l’Occident de la culture grecque préservée et enrichie par Byzance, qui commence avant les croisades et culmine en pillage systématique au XIIIe siècle (lire « Le révisionnisme byzantin d’Anthony Kaldellis »).

 

Bizarreries spatio-temporelles

Lorsqu’on commence à se poser des questions sur Constantin et sur la relation entre les deux empires romains, des étrangetés chronologiques apparaissent, et elles finissent par atteindre une masse critique qui fait s’effondrer sous vos pieds tout ce que vous avez cru savoir sur Rome.

Ce narratif est fondé sur des sources dont la traçabilité avant le XIe siècle est impossible, et dont un bon nombre n’apparaît pas avant le XIVe ou le XVe siècle. Plusieurs savants philologues prétendent par exemple avoir démontré que les œuvres de Tacite, découvertes au XVe siècle par Poggio Bracciolini (1380-1459), « trahissent la plume d’un humaniste du XVe siècle » (Polydor Hochart) [16].

Le narratif est contredit par l’architecture. « Où est la Rome du Moyen Âge, demandait l’historien James Bryce, la Rome où les pèlerins affluaient, d’où venaient les commandements qui faisaient s’incliner les rois ? [...] À cette question, il n’y a pas de réponse. Rome, la mère des arts, n’a guère de bâtiment pour commémorer cette époque. » [17] En vérité, il y a peut-être une réponse : ce trou noir du Moyen Âge est une illusion. Ce que nous prenons pour les constructions antiques de Rome sont des constructions médiévales, et parfois même de la fin du Moyen Âge.

On a toujours su que l’Antiquité romaine était, dans une certaine mesure, un fantôme conjuré par les hommes qui ont produit sa « Renaissance ». Mais dans quelle mesure, exactement ? Considérons le fait qu’en 1144 fut fondée la « Commune de Rome », avec celle de Pise en 1085, Milan en 1097, Gène en 1099, Florence en 1100. Rome utilisait l’acronyme SPQR sur ses bâtiments et ses pièces. Quarante-deux autres villes médiévales italiennes utilisaient l’acronyme SPQ suivi de l’initiale du nom de la ville, comme SPQP pour Pise, SPQT pour Tusculum ou SPQL pour Lucera, etc. [18] En 1362, le poète romain Antonio Pucci expliquait dans son Livre d’histoires diverses, que SPQR signifiait, en italien : Sanato Popolo Qumune Romano, soit « Le Sénat et le peuple de la commune de Rome » [19]. Comment concilier ces faits avec la théorie que SPQR remonte à la République romaine fondée en 509 avant notre ère et veut dire Senatus Populusque Romanus ? Certes, on doit tenir compte du fait que SPQR apparaît sur l’arc de Septime Sévère, sur l’arc de Trajan, et sur l’arc de Titus. Mais comment être sûr de la date de construction de ces arcs de triomphe [20] ? On peut donc lire avec une certaine perplexité ce qu’écrit Robert Folz sur la Commune de Rome :

« Dans un milieu où le passé était l’objet d’un engouement aussi grand qu’à Rome, une tentative de création nouvelle devait prendre forcément l’aspect d’une restauration du passé : le conseil de la commune s’appela sénat, l’ère sénatoriale fut employée dans la datation des actes, tandis que reparaissait aussi le signe SPQR. Tout se passa donc comme si l’on revenait à la tradition de la Rome républicaine. » [21]

Ou, selon une autre manière de voir les choses : tout se passa comme si ceux qui disaient revenir à la Rome républicaine la faisaient en réalité surgir de leur imagination. C’était une pratique courante, dans un monde ou antiquité signifiait prestige, et prestige signifiait pouvoir. Par exemple, lorsque les villes de Reims et de Trèves se disputaient l’honneur de couronner l’empereur Otton le Grand, Reims prétendit avoir été fondée par Remus après qu’il fut expulsé de Rome par son frère Romulus ; Trèves répondit en affirmant avoir été fondée par Trebeta, fils de Ninus et contemporain d’Abraham. Dans cette rivalité mimétique, chacune de ces deux villes produisit des documents pour soutenir ses prétentions fantaisistes [22]. Certains patriotes romains de la fin du Moyen Âge avaient le mobile et les moyens de fabriquer la Rome républicaine antique. Pétrarque (1304-1374), qui a « découvert » Cicéron et est aussitôt devenu cicéronien dans le fond et dans la forme, était la figure de prou d’un mouvement visant a faire revenir la papauté à Rome ; « son intention, on l’oublie trop volontiers ou on le néglige, était délibérément politique », écrit le médiéviste Jacques Heers. Il était « un des écrivains les plus virulents de son temps, engagé dans une grande querelle contre la papauté d’Avignon, et cet acharnement à combattre commandait ses options tant politiques que culturelles » [23].

Ce sont là des hypothèses hardies. Je les explore dans mon livre Anno Domini. Le bug de l’an mil. J’entends les objections et j’en tiens compte. C’est une recherche inaboutie, et il y a plus de questions que de réponses. Mais s’il y a une chose que nous avons apprise ces dernières années, c’est que l’histoire officielle est, bien souvent, un récit mensonger, et parfois une inversion totale de la vérité.

Une conclusion me semble bien assurée : l’Empire du mensonge ne date pas d’hier. La fausse donation de Constantin et la fausse biographie de Constantin en sont le péché originel.

Laurent Guyénot

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Notes

[1] Fiodor Dostoïevski, Journal d’un écrivain, Paris, 1904, mars 1876, « forces mortes et forces futures »

[2] Selon le chroniqueur Jean de Salisbury, cité dans I. S. Robinson, The Papacy 1073-1198, Cambridge UP, 1993, p. 310-311.

[3] Diplôme n° 389 de l’édition des Monumenta Germaniae, Diplomata regum et imperatorum Germaniae, II, p. 819, cité par Robert Folz, L’idée d’empire en Occident du Ve au XIVe siècle, Aubier, 1953, p. 202 ; Robert Folz, Le Souvenir et la légende de Charlemagne dans l’Empire germanique médiéval, Les Belles Lettres, 1950, p. 85.

[4] Johannes Fried, “Donation of Constantine” and “Constitutum Constantini”, De Gruyter, 2007, p. 7.

[5] Domenico Maffei, “The forged donation of Constantine in medieval and early modern legal thought,” Fundamina (a Journal of Legal History), number 3, 1997, p. 1-23, sur https://archive.org/details/the-for....

[6] Eusebius’s Life of Constantine, translated with introduction and commentary by Averil Cameron and Stuart G. Hall, Clarendon, 1999, on p. 1.

[7] https://www.reddit.com/r/AncientCoi... et https://www.cointalk.com/threads/th...

[8] Flavio Barbiero, The Secret Society of Moses : The Mosaic Bloodline and a Conspiracy Spanning Three Millennia, Inner Traditions, 2010, pp. 156-165.

[9] Voir https://www.youtube.com/watch?v=Bk4...

[10] Ralf Bockmann, “The Non-Archaeology of Arianism - What Comparing Cases in Carthage, Haidra and Ravenna can tell us about ‘Arian’ Churches” in Arianism : Roman Heresy and Barbarian Creed, ed. Gudo M. Berndt and Roland Steinacher, Ashgate, 2014 ; Alexandra Chavarria Arnau, “Finding invisible Arians : An archaeological perspective on churches, baptism and religious competition in 6th century Spain”, 2017, also available on the Internet.

[11] René Guénon, Aperçus sur l’ésotérisme chrétien, 1954, première partie, chapitre II.

[12] Foreword to Louis Judicis de Mirandol’s edition, Boèce, La consolation philosophique (1861), p. xxvi.

[13] Warwick Ball, Rome in the East, p. xxix.

[14] Ferdinand Lot, La Fin du monde antique, op. cit., p. 33.

[15] Ferdinand Lot, La Fin du monde antique, op. cit., pp. 47-52.

[16] Polydor Hochart, De l’authenticité des Annales et des Histoires de Tacite, 1890, sur archive.org, pp. viii-ix.

[17] Viscount James Bryce, The Holy Roman Empire (1864), sur www.gutenberg.org Il existe bien des vestiges médiévaux à Rome (https://italy-sights.info/medieval-rome/), mais ils sont disproportionnés par rapport à la grandeur de la Rome papale.

[18] https://it.wikipedia.org/wiki/SPQR

[19] Antonio Pucci [1362], Libro di varie storie (a cura di Alberto Varvaro, AAPalermo, s. IV, vol. XVI, parte II, fasc. II, 1957) [anno accademico 1955-56], pp. 136-137, mentioned in https://it.wikipedia.org/wiki/SPQR

[20] De plus, il s’est passé des choses étranges durant leurs restaurations. Comparez par exemple la photo de l’arc de Septime Sévère sur Wikipédia avec cette peinture du XVIIIe siècle.

[21] Robert Folz, L’Idée d’Empire en Occident du Ve au XIVe siècle, Aubier, 1953, p. 107.

[22] Heinrich Fichtenau, Living in the Tenth Century : Mentalities and Social Orders (German edition 1984), trans. Patrick Geary, University of Chicago Press, 1991, p. 9.

[23] Jacques Heers, Le Moyen Âge, une imposture, Perrin, 1992, pp. 55-58.

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47 Commentaires

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  • #3339399
    Le 23 mars à 06:11 par anonyme
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    Pour les gens pas au parfum de l’invective, l’"antisémite" pour les historiens c’est de dire "récentiste" :)

    Merci Mr Guyénot. L’idée qu’on nous dit est qu’à la chute de Rome, Rome a déplacé son pôle vers Constantinople, mais, apparamment, y’a pas eu "Constantinople".

     

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  • #3339406
    Le 23 mars à 06:32 par Michou
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    C’est l’Eglise elle-même qui est la plus prompte à affirmer que le Livre des Conciles d’Isidore est un faux. On ne trouve pourtant pas de contradiction entre le décret de Nicée et ce qu’écrivent par ailleurs Bède, Augustin, Jérôme, ou même Roger Bacon. Mais il contredit beaucoup les affirmations des historiens contemporains.
    On y apprend par exemple que le calendrier de Nicée emprunte le cycle de 19 ans du calendrier juif par exemple, qui est toujours celui qu’imposent les Jésuites à la Chine au 18ème siècle. Et en aucun cas le calendrier julien dont l’imprécision supposée mena aux dérives de l’équinoxe que nous connaissons.
    Quant à la Donation de Constantin, vous devrez imaginer à la place une armée du pape assez puissante pour exproprier la noblesse et s’installer au coeur de l’Italie sans que personne n’y trouve à redire.

     

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  • #3339532
    Le 23 mars à 09:54 par Philousof
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    Bon, admettons que Rome n’ait pas existé, qu’elle date en fait du moyen-âge, comme construction d’une falsification.
    Quel intérêt par exemple d’écrire un faux tel que "Guerre des Gaules" par un "Jules César" qui n’aurait jamais existé ? Certes on a du mal a situer Alésia, ce qui a engendré d’âpres combats régionaux....

    Mais "Guerre des Gaules" : quel travail pour produire un faux ! Pour quel résultat politique en fait ???

    Et les armures romaines ? Totalement différentes des armes du moyen-âge, quel armée du moyen-âge les aurait portées ?

    Et donc "Massada", à l’époque du Moyen-Age aussi ? (notamment la construction de la rampe, véritable défi humain, pour créer les artefacts d’un faux empire romain ?)

     

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    • #3339833

      Renseigne toi sur la série Vikings. Les scénaristes ont créé de toutes pièces, à partir de leur propre imagination, toute une époque méconnue, avec ses rites et ses mœurs. Alors, pour l’antiquité, c’est la même chose. Tu reprends des batailles ou des noms de personnes illustres du moyen-Age et tu les transposes 500 ans plus tôt, en modifiant les lieux, les noms des personnes etc,

       
    • #3341593
      Le 27 mars à 08:57 par paramesh
      Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

      c’est comme pour Tacite : on connait ses écrits depuis les mérovigiens. donc si c’est un faux il daterait d’avant l’accession au pouvoir de la papauté qui ne prend de la puissance qu’à partir du IXème siècle, avant le pape ne possède rien, pas d’état et aucun pouvoir politique : même la donation de Constantin est rédigée sous les carolingiens donc au début de la naissance de la papauté (vers 800) et au moment où on passe du papyrus (40 ans de conservation maximum) au parchemin bien plus fiable

       
    • #3341598
      Le 27 mars à 09:12 par paramesh
      Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

      sauf qu’hollywood n’existait pas à l’époque et puis ce n’est pas parce qu’il y a quelques anomalies que l’immense majorité du reste de nos connaissances est à négliger
      Si on fait sauter l’histoire romaine il faut faire sauter toute l’histoire de l’Europe de l’Afrique du nord et du moyen orient (jusqu’à l’Inde) : c’est vraiment prendre les gens pour des cons.
      et bravo pour les linguistes qui ont inventé une langue (le latin) qui fait semblant d’évoluer tout le long des siècles factices (voir les différence entre le latin primitif , classique, celui de l’empire du bas empire des mérovingiens puis celui des carolingiens qui marque une renaissance du latin savant par un retour à la grammaire mais en fait des facto une langue morte car inparlable par le petit peuple

       
  • #3339844
    Le 23 mars à 18:58 par Telecaster
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    Le catholicisme réussit à rassembler contre lui la pensée unique mondialiste et la dissidence. Je suis très heureux d’être devenu catholique et de connaitre l’Eucharistie qui a changé ma vie.

     

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    • #3340369
      Le 24 mars à 18:46 par Miville
      Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

      Le catholicisme rassemble contre lui la pensée mondialiste et la dissidence parce que depuis le Concile Vatican II il s’est rangé du côté du mondialisme par son aggiornamento ("ouverture au monde", "mise à jour") : le salaire de la trahison c’est la haine plus méritée de la part des résistants qui ont été sacrifiés et le mépris plus écrasant que jamais de la part de ceux-là mêmes devant qui on s’est couché pour s’assurer une bonne table, une bonne cave et une retraite dorée. Regardez ce qu’a subi le socialisme grec depuis Tsipras : un rejet conjoint et de la part du peuple ouvrier sacrifié sur l’autel de l’Europe et de la part de l’Establishment d’armateurs de bateaux interlopes qui gouverne ce pays. Regardez ce que subit la France pour avoir charmé tant de belles âmes dans le monde entier pour toujours en fin de compte toujours se vendre au plus donnant : un rejet conjoint et de la part des peuples qui luttent toujours en Afrique ou ailleurs, et de la part du bloc sioniste devant lequel elle s’est couchée, par sa politique du "en même temps". Il y a belle lurette que la France n’est plus fille aînée de l’Église mais bien plutôt de la maçonnerie et que l’Église romaine elle-même est une multinationale de la religion et de l’immobilier.

       
  • #3340340

    Merci Laurent, y a du boulot !
    Rétablir l’histoire de la réunification de l’Empire Romain par Constantin partant de sa capitale occidentale Trèves(près des barbares, le Luxembourg actuel). D’abord par la reprise de Rome décadente, puis la reprise de l’Orient. Avant çà, la création de l’orthodoxie des textes Chrétiens, pour faire l’unification des Chrétiens dans une église à son service et sans contradiction avec son Dieu, celui de Rome "Sol Invictus" !

     

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  • #3340684
    Le 25 mars à 10:54 par ProtégeonslaPalestine
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    - Cet article constitue une avancée salutaire dans l’archéologie historiographique et dans l’investigation philologique, puisque monsieur Guyénot propose une révision mytho-critique de la donation de Constantin, qui ne peut que profiter au savoir et à l’intelligence.

    - Sa prémisse postule l’idée d’un détournement des pleins pouvoirs du politique par l’instance théologique, au moyen d’un faux en écriture, la donation de Constantin, et de faux en réécritures biographiques. Ainsi, la construction d’un mythe impérial fondateur de la chrétienté politique serait la vanité inaugurale du Vatican, « le péché originel » au fondement de « l’empire du mensonge » : assertion gratuite. L’empire du mensonge terrestre remonte au murmure de Lucifer dans l’oreille d’Ève, et l’empire du mensonge géopolitique date du travestissement de la notion de terre promise.

    - Si le reproche est valide dans une perspective de restauration de l’exactitude historiographique, instrumentaliser cette falsification en vue de prôner la suprématie canonique de l’orthodoxie, semble difficilement tenable, au plan épistémologique. Cette indignation rappelle, en effet, les semonces protestantes qui, sous prétexte de moraliser la vie publique en stigmatisant le mensonge, débouchent sur un exhibitionnisme pornographique de la transparence. Au nom de quel angélisme interdit-on au pouvoir ecclésiastique de briguer une investiture séculière, de concourir dans l’arène politique ? Qu’il y a t-il de rédhibitoire à ce que l’Église recoure aux mêmes méthodes frauduleuses que le politique, pour lui confisquer la régence suprême et incontestée des affaires terrestres ?

    - La ruse dénoncée contient les ferments de sa propre absolution, car elle est le seul moyen propice à l’instauration de la royauté de Dieu sur terre. Le procès en véridicité et en moralité intenté ici, déboute inutilement le catholicisme de sa légitime prétention à un magistère terrestre.

    - La mytho-critique de monsieur Guyénot occulte le fait anthropologique qu’une religion est un corpus doctrinal (spirituel et rituel) conquérant, qui a vocation à agir sur la praxis : cette velléité de transformation du monde temporel est le dasein, la raison d’être du spirituel. Dès lors, les manœuvres mystificatrices de l’Église catholique ne constituent ni une errance de parcours ni une faute morale, mais une stratégie d’implantation cynique et concertée, une figure imposée de l’espace-temps de la science politique où l’oraison se fait action.

     

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  • #3340728
    Le 25 mars à 12:56 par Guillaume
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    Pourquoi Constantinople ?
    Ben, regardez une carte

     

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  • #3340828
    Le 25 mars à 16:40 par Antoine
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    Excellent article ! En définitive, si le christianisme séparait le spirituel du temporel depuis son origine et bien alors l’idée même d’avoir ce machin qu’on appelle les Etats Pontificaux n’aurait jamais pu être justifié théologiquement car cela aurait contredit ce principe originel.

     

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    • #3341601
      Le 27 mars à 09:28 par paramesh
      Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

      les états pontificaux sont donnés au pape par les carolingiens vers 800 : avant les papes n’ont aucun véritable pouvoir : même Grégoire premier dit le grand (VIème siècle) n’a aucun vrai pouvoir financier, même les revenus des évèchés ( evèques nommés exclusivement par les rois) ne lui rapportent rien ce sont les mérovigiens qui financent ses projets de conversion (Bretagne et saxons).
      la papauté n’est rien avant le IXème siècle car elle ne possède rien : sans pognon, politiquement tu ne peux rien faire.

       
  • #3340910
    Le 25 mars à 19:44 par linguiste
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    Le christianisme a été créé par Paul. Jesus est originaire de Nassirah, en Arabie ... Nazaret est la translittération. Les Nazareens étaient les défenseurs de la Torah véridique que galvaudaient déjà les rabbins. Jesus, Isaac ou Iessous, était le descendant de David, de la maison de Juda, et donc eligible au trône de la dynastie religieuse que les Judeens appliquaient. Lire Who was Jesus de Kamal D’alibi.

     

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  • #3355191
    Le 26 avril à 12:22 par Arudy
    Le faux Constantin et la falsification de l’histoire

    M. Guyenot

    J’espère que ce message vous parviendra.

    1) Les théories "récentistes" relèvent largement du fantasme. Le résultat est que tout discours historique, partant toute généalogie d’un peuple ou d’une civilisation sont présentés comme faux quand cela arrange les auteurs. Au détriment des recherches sérieuses menées par des savants généralement discrets et ignorés du "mouvement des idées" qui agite régulièrement les docteurs je-sais-tout. L’historien ou l’archéologue, entre autres, sont appelés à révision (ainsi, pour prendre un exemple bien connu, pour l’âge des mégalithes atlantiques), ce qui n’est pas toujours harlmess.

    2) Vous ne devez par méconnaître la notion de "tradition", non pas à la sauce de Guénon (dont la doctrine n’est au fond pas autre chose qu’un renouvellement du "noachisme" des rabbins kabbalistes. Ce n’est pas une référence fiable) mais dans le sens technique de transmission de données (conceptions, images, savoirs) sur la (très) longue durée, initialement orale dans nos sociétés européennes. Défiez-vous des "coups" d’illumination et des modes.

    3) Ouvrir la voie vers la prétendue "Terre sainte" était donner au monde un nouveau pôle, Jérusalem. Innovation perverse (avec captation et orientation des énergies). Les futures Eglises chrétiennes s’y sont toutes conformées, fidèles aux donneurs d’ordres.

    4) Le dessin du labarum (un nom issu du celtique, labarum = logos !, rien de chrétien) est d’un plan connu bien avant le bas Empire romain. Les premières formes du "Chrisme" ne montrent qu’un X et un signe qui ne deviendra un R (rho) que bien plus tard : originellement, la boucle n’est pas fermée et flotte comme une oriflamme (ce qui annule la théorie d’une dégénérescence du rho). Le R. P. G. Ludwig (Le monde copte, n° 9, 1980, 3-10) a montré que les formes "en banderolle" sont bien antérieures au rho "fermé" ; le khi lui-même étant analogue au taw qui signifie l’achèvement (remplacé par l’oméga, Apoc. 1.8, etc.). Le linguiste A. J. Raude (L’origine géographique, 1996, 51-52) a constaté que ce graphe est identique au caractère égyptien NTR noutir "dieu", d’où la possible signification fidéiste "Christ-Dieu". Réutilisations d’antiques symboles. Quant aux croix du haut Moyen Âge celtique (St Endellion, South Hill Cornwall, Mangold, Kirkmadrine Galloway), elles montrent la banderolle.

     

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