À ce jour, et à ma connaissance, aucune révélation bouleversante, aucune preuve accablante, n’est sortie des 64 000 documents rendus publics depuis le 18 mars sur l’assassinat de John Kennedy. Néanmoins, la piste israélienne se trouve plutôt renforcée, notamment par une clarification de la proximité de James Jesus Angleton avec le Mossad. Le mot Israel qui était caviardé sur un document préalablement déclassifié, apparaît maintenant en clair sur la nouvelle version. Cela indique que, si la CIA estimait que les liens entre Angleton et Israël devaient être occultés il y a quelques années encore, ces liens sont si connus aujourd’hui que le caviardage du mot Israel était devenu ridiculement contre-productif.
The only words request to be removed were "Israel"
You're a smart guy I'm sure you can figure it out. pic.twitter.com/Fcz560Er2w
— Gentile News Network™ (@Gentilenewsnet) March 19, 2025
Sur un autre document, mentionnant qu’Angleton gérait « plusieurs services de renseignement, beaucoup d’entre eux avec [le Service du Renseignement israélien] », les mots entre crochets ont également été décaviardés. Le compte X de Wikileaks, suivi par 5,8 millions d’abonnés, fait remarquer :
La CIA a censuré les liens entre l’officier supérieur James Jesus Angleton et les services de renseignement israéliens, comme le montre ce nouveau dossier non expurgé sur l’assassinat de JFK. Angleton avait détourné la politique de JFK visant à empêcher Israël de se doter d’armes nucléaires et avait été salué par le chef du Mossad, Meir Amit, comme « le plus grand sioniste d’entre tous ».
CIA suppressed top officer James Jesus Angleton's connection to Israeli intelligence as shown by this newly unredacted JFK assassination records file.
Angleton had subverted JFK's policy of preventing Israel from acquiring nuclear weapons and was praised by Mossad head Meir… pic.twitter.com/68La055aZY
— WikiLeaks (@wikileaks) March 19, 2025
Une page nouvellement déclassifiée rapporte les propos de John McCone, le directeur de la CIA nommé par Kennedy, au sujet de la crise diplomatique secrète entre la Maison-Blanche et l’État juif sur l’armement nucléaire. Notant que les Israéliens « refusent de se soumettre aux garanties internationales prescrites par l’Agence internationale de l’énergie atomique », McCone craint que le projet israélien ne « déclenche de graves troubles dans le Moyen Orient », et recommande au président Kennedy, comme il l’avait fait à son prédécesseur Eisenhower, de prendre des sanctions économiques contre Israël. McCone, rappelons-le, avait été placé à la tête de la CIA par Kennedy précisément en raison de sa bonne connaissance et de son opposition au projet Dimona.
⚡️NEW JFK FILES CONFIRM :
The 1963 Kennedy White House suspected ISRAEL WAS WITHHOLDING INFORMATION ON ITS NUCLEAR PROGRAM and was considering economic sanctions against Israel unless they joined international safeguards
JFK famously wanted to inspect Israel’s nuclear facilities… pic.twitter.com/xsmkQbZdbJ
— ĐⱤØ₲Ø ???????? (@KAGdrogo) March 21, 2025
Cet aspect de l’histoire nous rappelle qu’incriminer « la CIA » dans l’assassinat de Kennedy n’a guère de sens, puisque le directeur de la CIA est totalement hors de cause. Ce qu’il faut faire, c’est identifier les agents de la CIA qui ont pu être impliqués, à l’insu de leur directeur. Le nom sur lequel se sont concentrés tous les soupçons, depuis les années 70, est celui de James Jesus Angleton, chef du contre-espionnage. La piste de la CIA mène tout droit au seuil de son bureau. Or depuis la parution en 2017 de sa biographie par Jefferson Morley (The Ghost), on sait que son bureau menait au Mossad par une porte de service. Ainsi, à travers Angleton, la piste de la CIA mène tout droit au Mossad, de la même manière qu’à travers Jack Ruby, la piste de la mafia mène tout droit à l’Irgoun.
Sam Parker, ancien candidat au Sénat, résume les principaux actes de trahison d’Angleton en faveur d’Israël :
???????????????? JFK FILES : THE "CIA DID IT"—Starring James Angleton, top Mossad man at the CIA.
Whenever you read or hear, "the CIA killed JFK," think 'James Angleton, top israel man in the CIA.'
From 1951-1974, Angleton was the CIA's head of the israel desk. For that entire time, he… https://t.co/EqYqyjoZVr pic.twitter.com/OCfXyPktd3
— Sam Parker ???????????? (@BasedSamParker) March 19, 2025
Comme le précise un article du Washington Post sur les hommages reçus par Angleton en Israël à sa mort, « Angleton est réputé avoir aidé Israël à obtenir des données techniques nucléaires ». C’est un euphémisme : Angleton a en fait couvert le vol et la contrebande de matériaux destinés au réacteur nucléaire Dimona.
So if you track down who in the CIA was involved in the JFK assassination, you end up at the door of Angleton's office, whose backdoor led directly to Mossad. He was the exclusive CIA-Mossad liaison and was celebrated at his death as a great asset for Israel's nuclear program. pic.twitter.com/oTfE0N6B8A
— Laurent Guyénot (@Laurent_Guyenot) March 24, 2025
Angleton sabotait ainsi la politique de Kennedy, dans un dossier hypersensible de sécurité nationale et même mondiale.
Jefferson Morley, qui dans The Ghost a documenté la proximité d’Angleton avec le Mossad mais se gardait de faire le lien avec l’assassinat de Kennedy – et, dans les années 90, traitait Michael Piper de nazi – se risque maintenant à évoquer l’implication possible d’Israël dans l’assassinat.
Tucker Carlson talks to Jefferson Morley about lsraeI’s involvement in the assassination of JFK.
So close to “crossing that line !” In fact, Tucker is basically ON the line, and leaning over as far as he can, without actually “crossing it” ????
George pic.twitter.com/bhzzAiFJeb— Amber Lynn (@amber_tx) January 30, 2025
J’en profite pour signaler un détail évoqué par Morley dans son livre, dont l’importance m’avait échappé. Angleton a rendu visite à Ben Gourion, peu après sa démission en juin 1963. The Ghost, p. 171 :
Angleton n’a pas manqué ses voyages réguliers en Israël. « Il avait l’habitude de venir de temps en temps pour rencontrer le chef du Mossad et obtenir des informations », se souvient Efraïm Halevy, qui était l’agent de liaison du Mossad auprès de la station de la CIA à Tel-Aviv au début des années 1960. Halevy escortait Angleton lors de ses tournées et enregistrait ses rencontres avec des responsables israéliens. « Il avait l’habitude de rencontrer David Ben Gourion, qu’il connaissait depuis de nombreuses années », se souvient Halevy. « Ben Gourion a fini par quitter le pouvoir [en 1963] et Angleton s’est rendu à Sde Boker [la maison de Ben Gourion dans le Néguev] pour le rencontrer. Je n’ai pas assisté à ces réunions. Ils n’étaient que tous les deux. Il avait des affaires à régler.
De quoi Angleton et Ben Gourion ont-ils bien pu discuter secrètement ce jour-là ? Je rappelle que Ben Gourion démissionna (officiellement « pour raisons personnelles ») le jour de sa réception de l’ultime lettre de Kennedy menaçant Israël de sanctions en cas de refus d’une inspection de Dimona. L’hypothèse la plus raisonnable est que Ben Gourion, ayant échoué à faire fléchir Kennedy, a décidé de s’occuper de lui d’une autre manière. Il est probable qu’il fit appel aux anciens de l’Irgoun et du Lehi, spécialistes des assassinats politiques et opérations sous fausse bannière, en particulier Menahem Begin et Yitzhak Shamir, qui allaient par la suite devenir Premiers ministres :
The terrorist Jewish State of Israel was founded and led by blood-soaked vicious murderers including Irgun leader and Prime Minister of Israel Menachem Begin and Stern Gang member and Israeli Prime Minister Yitzhak Shamir. pic.twitter.com/3vR4UIcvzM
— Christopher Jon Bjerknes (@CJBbooks) November 29, 2023
De grands progrès ont été faits depuis une dizaine d’années dans la recherche sur l’assassinat de JFK. La piste d’Israël, ouverte par Michael Collins Piper dans les années 1990, est aujourd’hui évoquées par des personnalités influentes comme l’historien Martin Sandler, éditeur en 2013 d’un recueil de lettres de Kennedy, incluant son échange avec Ben Gourion en juin 1963 :
“Mossad kiIIed Kennedy.”
—Martin W. Sandler, American historian
pic.twitter.com/2kGCKVZqnA— ADAM (@AdameMedia) March 4, 2025
Depuis que Johnson est ouvertement reconnu comme le président américain le plus pro-Israël depuis Truman, les investigateurs qui ciblaient Lyndon Johnson comme le cerveau de l’assassinat ne peuvent plus faire l’impasse sur l’implication d’Israël. Exemple avec Roger Stone, auteur de The Man Who Killed Kennedy : The Case Against LBJ :
Kennedy was also in conflict with the State of Israel.
Israel sought to develop nuclear weapons, but Kennedy opposed the idea.
After JFK’s assassination, President Lyndon Baines Johnson approved Israel’s pursuit of the nuclear bomb.
Another factor in all of this. pic.twitter.com/82ISNOqGuQ
— Roger Stone (@RogerJStoneJr) March 18, 2025
Israël ayant montré son vrai visage avec le génocide de Gaza, les inhibitions cognitives qui empêchaient de concevoir sa culpabilité dans l’assassinat de Kennedy s’effondrent. Des journalistes très influents comme Candace Owens ou Tucker Carlson ont brisé le tabou. Jackson Hinkle, suivi par presque trois millions d’abonnés sur X, relaie le discours de Mouammar Kadhafi à l’Assemblée générale de l’ONU, presque introuvable sur le Net il y a encore un an :
????Gaddafi once said that ISRAEL killed JFK ! pic.twitter.com/Ffb1xQXhbS
— Jackson Hinkle ???????? (@jacksonhinklle) March 20, 2025
Je suis fier d’avoir, avec le soutien d’E&R, contribué à cette évolution. Le film réalisé par ERTV sur la base de mon script, est souvent relayé, en entier ou par morceaux :
Full @RyLiberty and @Laurent_Guyenot vindication https://t.co/iPWOeJjbUC
— ĐⱤØ₲Ø ???????? (@KAGdrogo) March 20, 2025
Dans son dernier article paru ce lundi, « How Israel killed the Kennedys » (cliquez dans la fenêtre Translate en haut à droite pour le lire en français), Ron Unz met notre travail à l’honneur :
Laurent Guyénot, éminent conspirationniste français, fait partie de la petite poignée d’auteurs récents à avoir adopté et promu l’hypothèse Piper. Bien que je ne puisse pas nécessairement approuver chaque élément en particulier, je recommande vivement son livre de 2019, The Unspoken Kennedy Truth, qui constitue le meilleur exposé de l’accusation d’Israël et du Mossad concernant l’assassinat de JFK. Ce livre de poche résume toutes les informations importantes et est suffisamment court pour être lu en un ou deux jours seulement. Son article de 2018 sur le même sujet reprend les mêmes informations sous une forme beaucoup plus concise : « Did Israel Kill the Kennedys ? ». Guyénot a également présenté ce même sujet controversé sous la forme d’un documentaire de 2022 disponible sur YouTube. Bien que peut-être trop hagiographique, Israël et le double assassinat des frères Kennedy constitue également la meilleure introduction vidéo à ce sujet.
Laurent Guyénot fait le point en vidéo dans L’Échiquier international