Ici tout va bien.
La prison pour moi, ce sont des vacances aux frais de l’État. Je suis très occupé par toutes mes activités : lecture, écriture et dessin notamment. Je dessine pour mes correspondants, pour moi et pour des détenus qui me le demandent (cartes d’anniversaire, dessins de la prison, bouquets de fleurs…) Je pratique également le sport tous les jours (course à pied, vélo d’intérieur)
La nourriture est bonne. Mais comme que je suis végétalien, je donne mes repas à un prisonnier pauvre qui n’a rien (je lui procure aussi du tabac) et je mange des fruits accompagnés de céréales que j’achète à la cantine. De la prison, je mange uniquement la soupe du midi qui, la plupart du temps, est excellente.
L’aile dans laquelle je me trouve (Glenesk 3) est très calme, sauf exceptions. Les détenus sont posés, gentils, aimables même. Je m’entends bien avec tout le monde, malgré la barrière de la langue qui limite mes contacts : je ne suis pas très fort en anglais, et l’anglais avec un accent écossais m’apparaît comme une langue totalement étrangère. Quand on me parle, je comprends en moyenne 20 % de ce qu’on me dit. Je dois deviner le reste avec le contexte et les intonations des voix…
Les gardiens sont gentils et aidants. Ce sont des rapports quasiment amicaux. Je n’avais pas connu cela en France où les rapports étaient certes cordiaux, mais avec une hiérarchie davantage respectée. Ici, on peut appeler les gardiens par leur prénom, ce qui était inimaginable en France.
Si rien ne change, la justice écossaise rendra sa décision le 8 juin prochain : je serai alors libéré ou extradé vers la France. On verra. Sachant que ne puis rien faire de plus, j’attends calmement cette date, sans y penser.
Je vis au jour le jour, plongé dans mes activités, sans me soucier du lendemain. Pour moi, c’est la recette du bonheur : accepter la situation et s’y installer au mieux, sans attentes, avec ce que l’on a. La Providence vous répond alors en vous apportant ce qu’il vous faut.
Dernier exemple en date : à partir du moment où j’ai donné mes repas à un pauvre, j’ai reçu de la part des détenus des céréales : le matin en effet, la prison donne à chacun un petit paquet de céréales (l’équivalent d’un bol) pour son petit-déjeuner. Mais beaucoup préfèrent le pain et le beurre… que la prison fournit aussi gratuitement à chaque repas (au self-service, des pains entiers sont à la disposition… ainsi que des boîtes de margarine : on peut prendre ce que l’on veut, en quantité voulue, c’est incroyable !) Par conséquent, les paquets de céréales non ouverts sont nombreux. Ces derniers jours, on m’en a donné. J’en ai donc une cinquantaine dans ma cellule, de quoi tenir au moins 10 jours. Si je ne mange que cela, sans toucher aux weetabix que j’achète. Il en va de même avec les fruits : j’en ai l’équivalent de 5 par jour pendant 1 semaine. El les dons se répètent.
Je remercie donc la Providence. et suis heureux ici dans la prison d’Édimbourg.
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Vincent Reynouard
HMP Edinburg
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EH113LN EDINBURGH
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