Les géants du numérique ont pris le contrôle du monde. Personne n’a jamais amassé autant de pouvoir. Hitler en crèverait d’envie si on lui montrait la grandeur de Google. Les protagonistes de Huxley et d’Orwell ne pouvaient qu’en rêve, Bezos et Gates font le boulot. Ces derniers ont renversé le président américain pour en installer un plus à leur goût, et pour cause. La valeur nette combinée des 100 premiers ultra-riches américains a grimpé en flèche de 195 milliards de dollars depuis l’entrée en fonction de Biden, selon les calculs de Bloomberg. Ces géants contrôlent l’esprit de milliards de personnes. Les nations mettent en gage leurs terres et leurs industries pour acheter leurs médicaments brevetés. Ces géants connaissent nos visages, nos noms, ils savent tout de nous, jusqu’aux cellules dont nous sommes faits, jusqu’à la dernière protéine. Les dieux ont été vaincus, le doux Christ et le puissant Sabaoth, sans oublier le colérique Allah. Est-ce là une chose dont on dit : « Voici, c’est nouveau » ? (Eccl 1:10) Non, mon ancêtre à l’esprit blasé avait raison – cela avait déjà été fait dans les âges qui nous ont précédés.
Il était une fois des géants qui avaient presque réussi à chasser les dieux hors de l’Olympe. Apollodore nous raconte que les dieux ne pouvaient pas gagner, jusqu’à ce qu’ils se souviennent de l’oracle selon lequel les géants ne seraient vaincus que si un homme mortel aidait les dieux. Seul l’homme peut faciliter la victoire des dieux sur les géants, devinaient les Grecs dans leur Gigantomachie, tout comme les chrétiens savaient que seul un Fils de l’Homme pouvait vaincre la Mort. Alors que les géants avaient presque vaincu les dieux, un homme mortel, Héraclès, avait franchi le pas, et c’est lui qui avait arraché la victoire des mâchoires de la défaite. Aujourd’hui, nous avons grand besoin d’un mortel courageux pour s’attaquer aux géants. S’il n’y a pas d’Héraclès, n’importe qui fera l’affaire ; mais les géants doivent être vaincus. Et voilà que justement, des tueurs de géants improbables se manifestent.
Le soulèvement a commencé dans la ville rebelle de Moscou, où le tribunal d’arbitrage de la ville a exigé que Google restaure un compte YouTube supprimé, sous peine d’avoir à payer des milliards de dollars d’amendes. Impossible, me direz-vous, Google est libre de faire ce qu’il veut. Google a banni Unz.com ; son géant de frère Twitter a banni Trump ; il n’y a aucun moyen d’annuler leurs décisions, car ces entreprises sont privées, et la propriété privée est sacrée – sinon c’est le communisme et le goulag ; ils peuvent faire ce qu’ils veulent, et leurs avocats très malins ont déjà inclus leur droit de vous débrancher dans chaque « acceptation des termes du contrat », d’un simple clic.
Pourtant, la Russie n’est pas si différente de toute autre nation occidentale. Jusqu’à ce que cela se produise, le système juridique russe avait refusé d’examiner les plaintes contre les géants de la technologie. La loi russe ne le permettait pas. Il suffisait que les géants stipulent que toutes les plaintes devaient être déposées à Londres ou devant un autre tribunal de leur choix pour que les Russes se soumettent docilement. Cependant, les géants sont allés trop loin en bloquant pour de nombreux Russes cette possibilité de les poursuivre devant une juridiction occidentale. Les Russes ont réagi en créant une nouvelle loi établissant la priorité de leur droit national et exigeant des tribunaux qu’ils traitent et jugent de leurs différends s’il n’existe aucun moyen de les poursuivre devant la juridiction occidentale convenue.
Cette nouvelle loi a été appliquée par le tribunal d’arbitrage de Moscou après que Google, en juillet 2020, a supprimé le compte de Tsargrad, une chaîne de télévision et une agence de presse chrétienne conservatrice appartenant à Konstantin Malofeev, un baron russe des médias numériques peu ordinaire. Le magazine Slate a dressé le portrait de cet homme il y a quelques années, alors qu’il en était encore à projeter de créer Tsargrad. Slate exagérait grossièrement la proximité et l’importance de Malofeev par rapport à Poutine, car il s’agit d’un outsider, mais pour le reste il vous en donne bien l’idée générale. Malofeev avait été sanctionné par les autorités américaines et européennes en 2014, puis le compte de la société de médias dont il est le principal propriétaire a été bloqué six ans plus tard, à l’été 2020. Tsargrad comptait plus d’un million d’abonnés lorsque soudainement, et sans avertissement, YouTube a supprimé son compte. Au début, ils ont expliqué leur action en affirmant que Tsargrad « enfreignait les clauses », comme toujours. Plus tard, Google s’est défendu en disant avoir bloqué Tsargrad parce que son propriétaire avait été sanctionné.
Le tribunal de Moscou a rejeté les deux allégations [1]. Il a déclaré que Google n’avait nullement prouvé que Tsargrad enfreignait la moindre clause ; même si cela avait été le cas, Google aurait dû donner un préavis de six mois avant de rompre le contrat. En ce qui concerne les sanctions, le Tribunal a statué que les sanctions américaines et européennes relèvent du droit public de ces pays particuliers et ne sauraient être appliquées en Russie ; Google doit rétablir son compte ou subir des conséquences juridiques.
Les conséquences sont financières, et exponentielles. Pour la première semaine de non-conformité, Google devrait payer un peu plus de mille dollars, rien à dire de ce côté-là. Mais par la suite, les amendes doublent chaque semaine, et au bout de six mois, Google devrait payer plus de 70 milliards de dollars ! Les amendes exponentielles peuvent être des menaces très sérieuses. En effet, les Russes peuvent-ils faire payer Google ? Oui ! Car Google (google.ru) a quelques milliards sur ses comptes en Russie, tous éminemment susceptibles d’être saisis. En revanche, si Google rétablit le compte bloqué, ils n’auront pas à payer un centime. [2]
Quoi qu’il en soit, M. Malofeev avait été sanctionné par les États-Unis et l’Union européenne il y a plus de six ans, sous prétexte qu’il soutenait prétendument les rebelles russes dans le Donbass (il dit avoir dirigé une mission humanitaire). Pourquoi, tout d’un coup, Google a-t-il gelé son compte en 2020 ?
Il existe une réponse honnête à cette question, mais les avocats méfiants de Google ne l’admettront jamais. En 2020, encouragés par leur ascension fulgurante au sommet d’un monde en proie à une pandémie, Google et les autres géants ont déchaîné leur puissance pour rayer de la carte les médias idéologiquement inacceptables (pour eux). Ils ont procédé à un nettoyage idéologique à grande échelle des sites et comptes pro-famille, favorables à Trump, conservateurs, chrétiens, et des sites qui ne soutenaient pas le paradigme de la propagande woke gay et trans, anti-mâles et anti-blancs. Les sites qui doutaient du récit covidique officiel ont également été bannis ou privés de visibilité. Ils interdisent à leurs clients de confier en Dieu, comme l’a résumé un observateur russe. Le calendrier du nettoyage était ajusté aux élections présidentielles américaines de novembre 2020. Les géants prévoyaient de destituer Trump et d’installer Biden à sa place, de gré ou de force. Les comptes qui étaient susceptibles d’être en désaccord avec cette fraude massive planifiée par les géants ont été supprimés. Ne s’agissait-il pas d’une ingérence dans des élections importantes ? Certes, mais ce sont les géants, et non les Russes, qui s’y employaient, et ils avaient même le FBI dans leurs rangs.
Les comptes américains n’ont pas été les seuls à souffrir de cette purge ; les géants ont également nettoyé les comptes russes. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup d’électeurs qui lisent le russe aux États-Unis, les géants n’ont pas voulu prendre de risques. Ils ont planifié et exécuté probablement la première prise de contrôle mondiale complète du discours dans l’histoire de l’humanité. Tsargrad était l’une des voix médiatiques à étouffer.
Konstantin Malofeev, le propriétaire de Tsargrad, correspond parfaitement au profil à proscrire. Il est conservateur, voire radicalement conservateur, c’est un père de famille, qui va à l’église, et père de trois enfants, et il refuse de soutenir les LGBTQ+. Il a la quarantaine ; c’est un fervent admirateur de Donald Trump ; il a marché dans les pas de ce dernier jusqu’à marier sa fille au fils d’un oligarque juif (lui aussi est un magnat, de plein droit). Malofeev a modelé ses médias sur Fox News, le média préféré de Trump, et a même engagé Jack Hanick, un producteur fondateur de Fox News. Son média de Tsargrad a été décrit comme le « Fox News russe » ; c’est donc un Donald Trump russe en puissance. Malofeev n’est pas une personnalité extrêmement populaire, mais Navalny ne l’est pas non plus. Il est politiquement radical-conservateur, mais il est en même temps partisan d’un État-providence social et d’une aide aux familles. Il pense que le Covid est une création de Fort Detrick, tout comme le dit notre ami Ron Unz. (Cette opinion est largement partagée en Russie ; la semaine dernière, elle a été exprimée par M. Volodine, le président du Parlement, qui a déclaré que le nouveau coronavirus pourrait être le produit d’une fuite d’un laboratoire américain). Malofeev soutient Vladimir Poutine, bien que ce dernier soit trop libéral et modéré à son goût. Il travaille avec Alexandre Douguine, l’éminent philosophe russe qui pense également que Poutine ne fait pas assez... du Poutine. Douguine était présent à la conférence de presse concernant la victoire de Tsargrad sur Google, et il a prononcé un bref discours fervent appelant l’humanité à se débarrasser du géant usurpateur et à retrouver la liberté. Je pouvais entendre les pas de l’Histoire résonner lors de cet événement ; la Russie se rebellait à nouveau contre l’ordre établi, comme elle l’avait fait en 1917, il y a plus de cent ans !
M. Malofeev a offert à M. Trump son soutien pour retrouver l’accès au discours qui lui a été brutalement arraché par les Géants. Dans sa lettre émouvante à Trump [3], il écrit :
Monsieur le Président, il est clair pour moi que les élections américaines vous ont été volées à vous et à vos électeurs, et que les efforts de Big Tech pour étouffer ces informations sont à la fois un outrage moral et un crime passible de poursuites. La mort de la démocratie en Amérique fait mal à tous les pays du monde, y compris la Russie. Moi, et beaucoup d’autres Russes avec moi, sommes prêts à vous aider dans votre combat pour la liberté d’expression de toutes les manières possibles. Servez-vous de notre système judiciaire, et considérez sérieusement mon offre de partenariat pour la construction de futures plateformes. Joignons nos forces et passons résolument à l’offensive contre les ennemis de la liberté d’expression de Big Tech. Construisons des plateformes de liberté d’expression de qualité supérieure pour les gens de tous les pays.
Lors de la conférence de presse, il a demandé à Trump d’accepter son aide dans sa lutte contre les géants. M. Malofeev est un marginal, selon les critères russes et les autres, mais Trump l’était aussi. De toute façon, qui d’autre qu’un franc-tireur excentrique se lancerait dans une mêlée contre les redoutables géants ? Seuls les vrais hommes en sont capables. Bien que mes opinions soient très éloignées de celles de M. Malofeev, je dirais que Dieu bénisse quiconque sauve la liberté d’expression d’un étouffement par les géants.
Révélation sur l’Iran
Depuis longtemps, nos lecteurs se demandent pourquoi le président Poutine est si ami avec Israël. Une explication possible nous a été fournie la semaine dernière par le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Son enregistrement de sept heures (censé avoir été réalisé pour le projet Histoire orale) avait été divulgué par un site d’émigrés, en farsi, et basé à Londres. Dans cette fuite (M. Zarif a reconnu avoir été cité hors contexte, mais ses opposants affirment que c’est lui-même qui l’a divulgué), Zarif révèle que, selon lui, la Russie ne veut pas que l’Iran normalise ses relations avec l’Occident, ce pourquoi elle tente de saper les négociations de Vienne. Tant que les États-Unis restent en dehors de l’accord sur le nucléaire et que l’Iran continuera à être sanctionné, Téhéran restera dans la sphère d’influence russe, a-t-il déclaré. Dans le reportage d’Al-Jazeera, la Russie a activement tenté de saper l’accord nucléaire, le Plan d’action global conjoint (JCPOA), parce qu’elle ne tirerait aucun avantage du fait que l’Iran jouisse de liens normalisés avec l’Occident, selon le diplomate. « La Russie ne tirera aucun profit de la normalisation de nos liens avec l’Occident », a-t-il déclaré.
Zarif a également offert une version très différente de l’entrée de la Russie dans la guerre en Syrie. Le défunt général Soleimani, qui a été assassiné par les Américains l’année dernière, s’était rendu en Russie en 2015 et avait rencontré le président Vladimir Poutine pour discuter d’une intervention dans la guerre civile en Syrie en soutien au président Bachar el-Assad. Il était jusqu’à présent admis que Poutine avait été convaincu de participer à la guerre par Soleimani. Zarif fournit un compte rendu complètement différent, affirmant que c’est Poutine qui avait convaincu Soleimani d’amener des troupes iraniennes en Syrie, plutôt que Soleimani qui aurait convaincu Poutine d’intervenir. « Poutine est entré dans la guerre avec la puissance aérienne, mais il a également fait entrer l’Iran dans la guerre avec des forces terrestres. Jusque-là, nous n’avions pas de forces terrestres là-bas », a déclaré Zarif.
Si cette interprétation conspirationniste est correcte, elle expliquerait l’attitude positive de la Russie à l’égard d’Israël, car aucun pays ni aucun homme politique n’a fait autant que l’Israélien Netanyahou pour maintenir l’Iran à l’écart des États-Unis. Sans l’opposition d’Israël, l’Iran aurait pu perdre l’Axe de la Résistance sous l’ère Obama. Israël devait donc être chéri par la Russie, en effet ! De même, Israël était très aimé par les industries militaires américaines car sa puissance incitait les Arabes à acheter du matériel américain.
Les juifs simples d’esprit expliquent le virage américain pour se réconcilier avec l’Iran par l’influence de John Kerry. « La fille de Kerry, Vanessa, est mariée à un ressortissant et médecin iranien. Son témoin à la cérémonie était le fils de Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des affaires étrangères. Zarif était également le principal homologue de Kerry dans les négociations pour l’accord nucléaire. Une sympathique équipe ! Ne cherchez pas plus loin les raisons pour lesquelles Kerry déteste Israël », déclare Investment Watch Blog. Ils seraient furieux si on expliquait leurs positions politiques par la présence de leurs proches en Israël ! Il semble que certains patriotes américains (comme notre collègue Philip Giraldi) préféreraient contribuer à dégrader les relations spéciales avec Israël et améliorer les relations avec l’Iran. L’avocat de Washington Reed Rubinstein, dans le Jerusalem Post, suggère que l’administration Biden « autoriserait ou soutiendrait une nouvelle intifada si Israël refuse d’adhérer tranquillement à un nouvel accord avec l’Iran ou prend des mesures "non approuvées" pour se défendre contre la menace iranienne. ». C’est une lecture possible. « Ce serait une erreur catastrophique et un horrible abus de confiance » – se plaint l’avocat. Quelle espèce de « confiance », mon pote ? La politique internationale, c’est une affaire de coupeurs de tête. Peut-être l’Iran passera-t-il du côté des États-Unis, tandis que les juifs déplaceront leurs sympathies vers la Russie.
Cependant, il ne faut pas trop se fier à ce qui a pu fuiter du discours de Zarif. Cela pourrait signifier que Zarif voudrait jouer à la Gorbatchev pour la République islamique et faire entrer Téhéran dans la Pax Americana. Il aurait alors inventé cette histoire impliquant que les Iraniens feraient la paix avec les États-Unis aux conditions de Washington s’il n’y avait le perfide Poutine. Et dans la réalité observée, les Russes ont toujours soutenu publiquement le JCPOA et approuvé le fait que l’Iran fasse la paix avec Israël et les États-Unis.
Juifs et comploteurs
Dans le récent complot contre le président biélorusse Loukachenko, un détail curieux est totalement absent des rapports de presse. La preuve irréfutable de ce complot tient dans une cassette censée être l’enregistrement d’une conversation entre un général biélorusse et le chef du complot, l’avocat Youri Zenkovitch, qui possède les citoyennetés biélorusse et américaine. Au Belarus, Zenkovich était un militant de l’opposition, membre bien connu du Front populaire biélorusse. Il est parti aux États-Unis au milieu des années 2000, où il a commencé à bâtir sa carrière d’avocat, indique l’ambassade des États-Unis. Le général a apparemment été utilisé pour piéger l’avocat, qui recherchait activement des complices potentiels dans l’armée biélorusse. Dans l’enregistrement (5:05), l’avocat tente de convaincre le général de rejoindre les comploteurs en disant :
Je suis soutenu par le capital juif américain. J’ai d’excellentes relations avec l’American Jewish Committee. Il s’agit d’une ONG dirigée par trois cents des familles juives les plus riches d’Amérique. C’est le lobby juif américain.
Sur le site de l’American Jewish Committee, on peut lire :
L’American Jewish Committee est le doyen des organisations juives américaines.
Le New York Times :
Nous ne savons pas si l’AJC ou ses membres ont offert leur soutien à M. Zenkovich.
Le chef du KGB du Belarus nous offre le point de vue réconfortant que les comploteurs complotaient plutôt pour escroquer leurs partisans et donateurs et pour dépenser l’argent en « femmes faciles et vodka ». Peut-être. Mais c’est drôle – la meilleure façon de convaincre un général, un militaire, serait donc de lui dire que de riches juifs américains soutiennent la cause. Je n’ai pas pu trouver de réponse de l’AJC à cette accusation ; le complot n’a jamais été mentionné dans les médias américains.