L’éditeur français Jean Plantin s’apprête à publier le livre de Josef Ginsberg, Culpabilité et Destin. Ginsberg était un homme célèbre en son temps ; il a inspiré le malheureux Ernst Zundel et l’a accompagné à son procès au Canada. Culpabilité et Destin a été publié en Allemagne en version originale allemande et n’a jamais été traduit. Ginsberg craignait d’être persécuté par les sionistes et leurs partisans et, de son vivant, il n’a accordé qu’une seule interview, publiée en 2019.
Ce livre arrive à point nommé, car les racines de l’actuelle guerre pour Gaza remontent aux années 1930, et les mémoires de Josef Ginsberg nous éclairent sur les circonstances de cette guerre.
Josef Ginsberg (connu sous le nom de plume Jospeh G. Burg) était un homme sincère, modeste et humble qui a vécu les temps difficiles de la Seconde Guerre mondiale et de ses conséquences. Il a été témoin d’exils et de déportations en Pologne et en Roumanie, a subi l’occupation soviétique et, après la guerre, s’est rendu en Allemagne, puis en Israël au cours des toutes premières années de la création de l’État, avant de retourner en Allemagne. Il n’a jamais surestimé ses capacités et ses connaissances, et se décrivait ainsi :
« Il ne m’appartient pas de rechercher les causes de la dernière guerre. Car je ne suis pas un historien. Je ne suis qu’un petit juif qui a été emporté par le courant du temps et qui a été contraint de vivre et de subir une partie de la tragédie. »
Nous pouvons l’accepter comme un témoin de l’époque, en comprenant qu’il était un homme de son temps et de son peuple. Originaire de Jytomyr, en Ukraine, il avait été élevé dans la partie fortement juive de l’Europe de l’Est qui est tombée, de son vivant, sous la domination des Russes, des Roumains, des Polonais, des Allemands et des Ukrainiens.
Les juifs étaient un phénomène social étrange : ils se déplaçaient d’un pays à l’autre, formant une Église alternative et créant un mécanisme capitaliste. En conséquence, les gens ordinaires se sont retrouvés appauvris spirituellement et matériellement, tandis que l’esprit et le capital étaient concentrés entre les mains des juifs. Les juifs agissaient avec le consentement du roi ou de son équivalent, à qui ils offraient les moyens de régner.
Le résultat a toujours été catastrophique pour les deux parties : pour les juifs et pour la société d’accueil. Sans argent et sans Dieu, une société ne peut survivre longtemps. C’est quand la société se rend compte qu’elle a été escroquée qu’elle décide d’agir contre les juifs. Cette évolution s’est produite dans l’Espagne et la France médiévales ; elle s’est produite dans l’Allemagne du XXe siècle, et nous assistons aujourd’hui au même processus aux États-Unis, en Russie et en France.
À partir de ce moment, les juifs doivent se déplacer vers un nouveau territoire, pour rejouer tout ce processus. À la base, l’hostilité à l’égard des non-juifs était intégrée au judaïsme. Le soi-disant antisémitisme n’est qu’une inversion des sentiments négatifs des juifs à l’égard des voisins non juifs. Finalement, le monde devient trop petit pour une telle entité. C’est pourquoi, au début du XXe siècle, la quasi-totalité des juifs du monde étaient concentrés dans la partie la plus éloignée de l’Europe de l’Est, à la frontière de la Russie proprement dite, qui n’a autorisé les juifs à y entrer qu’en 1917. C’est là que notre auteur a vécu et prospéré.
Très claniques, les juifs pratiquaient l’exclusion des autochtones. Ils les empêchaient de commercer et c’est pourquoi la Pologne et la Roumanie n’ont pas développé le capitalisme. Ils considéraient la gestion capitaliste comme un art juif unique. En tant que peuple relativement riche, ils avaient beaucoup d’enfants et les enfants ont survécu. Cela a créé un problème démographique : les juifs se sont multipliés par dix au cours des cent dernières années, beaucoup plus rapidement que les autochtones dans la même région. Leur niche professionnelle ne permettait pas une telle croissance. On n’avait pas besoin d’autant de rabbins et de clercs, ni d’intermédiaires et de petits commerçants dans une société essentiellement agraire. Il y avait une surabondance d’hommes quelque peu éduqués, avec beaucoup de dynamisme et d’énergie, mais très peu d’intérêt pour l’industrie ou l’agriculture. Trop de juifs voulaient écrire dans les journaux, faire la révolution, diriger des banques et trop peu voulaient cultiver la terre.
L’émigration a permis de relâcher la pression, mais a eu tendance à irriter les voisins. Les juifs s’installent alors en Allemagne, en France, aux États-Unis et, plus tard, en Russie et en Palestine. Partout, ils ont été confrontés à un manque d’emploi, à des obstacles destinés à les empêcher de gagner leur vie et à un effondrement de leur mode de vie traditionnel. Le sionisme était une réponse à cela : s’installer en Palestine et se mettre à cultiver la terre. Comme nous l’apprend l’histoire réelle, ce n’est pas ce qui s’est passé dans les faits. Les sionistes se sont installés en Palestine, se sont emparés des terres et ont fait venir des agriculteurs thaïlandais et chinois pour cultiver le sol à leur place. Le problème juif ne pouvait être résolu sans détricoter la haine envers les autochtones. Burg a écrit : « Les temps les plus tristes du régime tsariste, lorsque nous, jeunes juifs, étions également élevés dans la haine de tout ce qui n’était pas juif », mais il s’est avéré que cette haine de l’autochtone est une qualité inhérente à l’existence juive. Burg l’a apparemment ressenti et il a été l’un des premiers antisionistes.
Le livre commence au début de la Seconde Guerre mondiale. L’auteur et d’autres juifs réfléchissent à ce qu’ils doivent faire. L’idée de se battre ne leur vient même pas à l’esprit. Il s’agit de fuir, et de fuir leurs voisins ukrainiens pour se réfugier chez les Allemands. Ils ont de beaux souvenirs des Allemands pendant la Première Guerre mondiale, alors que les Ukrainiens étaient et sont toujours l’ennemi. « Ce ne sont pas les Allemands qui me font le plus peur, mais les Ukrainiens », écrit Burg. En effet, les Ukrainiens ont répondu par des pogroms aux stratagèmes astucieux des juifs. Certains juifs sont également tués par des voleurs ukrainiens au cours d’un vol. Or un européen contemporain pense généralement que les juifs étaient pour les Ukrainiens et contre les Allemands, et ce livre risque de surprendre et de choquer.
Mais le grand choix auquel ils sont confrontés à l’époque, c’est entre l’Armée rouge et la Wehrmacht, et les juifs choisissent l’Armée allemande :« Un ordre a été donné aux juifs de fuir l’Armée rouge pour se réfugier dans la partie de la Pologne que les Allemands ont envahie », annonce le représentant sioniste. L’ordre de qui ? Sur ordre des sionistes, explique le représentant. En conséquence, « environ 200 000 juifs ont quitté l’est de la Pologne et ont fui les Russes pour se réfugier chez les Allemands, conformément aux slogans sionistes », explique Burg.
Il ne s’agit pas seulement de bons souvenirs des Allemands, mais l’Armée rouge est socialiste, et les juifs ne veulent pas du socialisme – ils veulent devenir riches, et le socialisme ne le permet pas.
Les Allemands ont changé leurs habitudes entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, non seulement à cause du national-socialisme, mais aussi à cause de l’immigration juive massive et de l’enrichissement des juifs dans les années 1920.
Burg se rend aux frontières de la Roumanie et de la Russie et remarque : « L’agitation est l’essence même du tempérament juif. C’est pourquoi les marchands juifs et les négociants juifs se sont toujours fait un nom dans le monde et ont automatiquement suscité l’envie et la haine. »
Je ne sais pas pourquoi Burg pensait que son sort était enviable. Il semble que les juifs européens partent généralement du principe que la plupart des non-juifs les envient.
« Lorsque le ministère polonais de l’Éducation a voulu confier la chaire de chimie organique de Lvov au professeur Fayans, qui avait émigré d’Allemagne, à la fin de l’année 1935, les étudiants ukrainiens et polonais ont jeté des œufs pourris sur le professeur et ont rendu les cours impossibles. »
Burg pensait que les autochtones ne pouvaient pas préférer un professeur local et que toute préférence pour un non-Juif était un signe d’esprit de clocher borné. Cette attitude est tout à fait typique de la perception juive à d’autres époques.
Les années 1930 sont celles de la montée du mouvement sioniste. Burg, cependant, était un adversaire du sionisme ; il était suffisamment perspicace pour voir que les sionistes semaient les graines de leur propre autodestruction :
« Le sionisme n’est pas seulement spirituellement lié à l’antisémitisme, il ne peut pas vivre sans lui. Ce qui est terrible, c’est que ce sont précisément les sionistes qui ont le plus intérêt à l’antisémitisme. »
Les sionistes ont certainement créé l’antisémitisme (ou du moins l’ont encouragé) lorsqu’ils ont publié Germany Must Perish ! », l’appel à l’extermination des Allemands par la stérilisation. Une autre organisation sioniste, la Fédération économique juive internationale pour combattre l’oppression hitlérienne des juifs, avait déclaré la guerre à Hitler depuis la sécurité dont ils jouissaient, à New York, bien sûr, écrit Burg.
L’événement le plus triste pour Burg a été la conférence d’Évian, où l’on a discuté de la meilleure façon d’organiser l’émigration juive d’Allemagne. Il s’est avéré que les Allemands étaient prêts à approuver et à encourager l’émigration juive, mais que peu de pays étaient disposés à accueillir les juifs allemands et qu’il n’y avait pas de capitaux importants pour encourager l’émigration. Nous savons aujourd’hui que les sionistes ne voulaient faire venir les juifs qu’en Palestine et qu’ils bloquaient toutes les autres possibilités. La Palestine était un pays de Palestiniens, sous domination britannique, et les Britanniques ne pouvaient pas faire venir des millions de Juifs en Palestine.
Burg a prononcé une phrase qui illustre bien son époque :
« Nous, les juifs, sommes impuissants entre les bourreaux et les hypocrites. »
Burg pense que la voie à suivre passe par l’amitié avec les Allemands, mais les sionistes s’y opposent catégoriquement :
« Yehudi Menuhin voulait venir à Berlin pour donner un concert à la population allemande, dont les recettes devaient servir à aider les enfants allemands affamés. Yehudi Menuhin a été sauvagement insulté, notamment par les sionistes, et traité de traître. »
Le socialiste Henrik Ehrlich a fait part de son opinion sur le sionisme dans la Volkszeitung juive de Varsovie en mai 1933 :
« Le nationalisme juif est tout aussi laid et dégoûtant que le nationalisme des autres peuples. Si le nationalisme juif en général n’est pas sanguinaire, c’est par nécessité et non par vertu. Si l’occasion se présentait, il le prouverait avec les dents et les griffes, tout comme se donne à voir le nationalisme des autres peuples. »
Au lendemain de la guerre, les Allemands ont été massivement expulsés de Breslau, la ville devenant Wrocław. Les enfants allemands restés sur place confondaient souvent le yiddish avec l’allemand et s’approchaient des juifs en fuite. Burg raconte qu’il les nourrissait, au grand mécontentement des autres juifs.
Burg et de nombreux autres juifs finirent par se rendre en Allemagne, où il assista au procès de Nuremberg. Il y apprend que les juifs sont empêchés d’émigrer où bon leur semble. De nombreux juifs ont rejeté la faute sur les Américains et les Britanniques : pourquoi n’ont-ils pas dépensé plus d’argent et n’ont-ils pas déplacé les juifs en Palestine, ou ailleurs ? C’est la ligne de la Hasbara israélienne, sinon il faudrait condamner les sionistes, qui ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher l’émigration des juifs ailleurs qu’en Palestine.
Le procureur général américain Robert H. Jackson a condamné les Allemands qui, selon lui, voulaient utiliser l’argent des juifs à des fins militaires. Burg cite cependant les propos de Hjalmar Schacht, le patron de l’économie allemande, qui affirmait que si son plan avait été mis en œuvre, « pas un seul juif allemand ne serait mort ».
Une fois la guerre terminée, l’Allemagne est occupée par les Alliés et la situation des juifs s’améliore considérablement. Ils peuvent importer des produits sans taxes ni droits de douane, ils obtiennent des emplois dans le cadre du processus de « l’infâme aryanisation à l’envers ». C’est alors que les réparations de guerre commencent à arriver. Burg raconte les différents stratagèmes par lesquels les juifs ont escroqué l’Allemagne de milliards de dollars.
Auparavant, en 1949, Burg s’était installé dans l’État d’Israël, qui venait d’être créé. L’époque est très difficile et le travail n’est pas facile à trouver. Il a essayé d’ouvrir un atelier de reliure, mais l’État lui a joué un tour : une fois que tout était arrangé, l’État a doublé le loyer. Il a remarqué que seuls les membres du parti au pouvoir, le MAPAI, avaient droit à des postes stables et à des accords. Tous les autres étaient exploités de manière routinière et éhontée.
« À l’époque, les conditions sociales en Israël étaient pires que dans n’importe quel autre pays européen. Presque tous les immigrants venaient de pays où les conditions étaient bien meilleures qu’en Israël. Même les juifs venant d’Afrique et du reste de l’Asie affirmaient qu’ils n’avaient jamais eu à souffrir d’autant de misère dans leur pays d’origine qu’en Israël. Le gouvernement s’est montré incapable de gérer les choses. »
Si la situation était mauvaise pour les immigrants juifs, elle était encore pire pour les autochtones palestiniens. Burg s’est rendu à Nazareth :
« Les bus ont été arrêtés à plusieurs reprises et des policiers militaires israéliens ont contrôlé les cartes d’identité des passagers. J’avais l’impression d’être en guerre… une pauvreté indescriptible. Où que vous marchiez ou que vous vous teniez, des dizaines d’enfants arabes vous suppliaient. Ces enfants arabes étaient tous sous-alimentés… »
Selon Burg, les enfants israéliens ont été élevés dans la haine des non-juifs, tout comme cela avait été le cas dans la Russie prérévolutionnaire.
Burg l’a remarqué :
« Alors que ses frères socialistes du monde entier prônent l’égalité raciale et la protection des minorités nationales, le MAPAI gouverne avec les lois raciales les plus sévères. Il est bien connu que les Arabes, qui subissent les pressions politiques et économiques les plus fortes, ne sont même pas admis dans les syndicats. Il est impensable qu’un Arabe socialiste puisse être accepté dans les rangs du MAPAI socialiste. Et il est tout à fait impensable que, sous ce gouvernement socialiste en Israël, un juif puisse épouser une Arabe, et encore moins qu’un Arabe puisse épouser une juive. »
Finalement, Burg, le cœur brisé, retourne à Munich en Allemagne, avec beaucoup de difficultés, car il est difficile de quitter Israël à cette époque. Il regrette que les juifs n’aient pas tiré autant d’enseignements qu’ils auraient pu le faire de l’histoire difficile de la guerre mondiale ; il regrette qu’ils n’aient pas créé un État d’égalité.
Les espoirs de Burg étaient peut-être irréalistes, mais ils étaient également partagés par une grande partie du monde. En fait, les sionistes se sont appuyés sur ces espoirs et ces rêves. Si la Seconde Guerre mondiale était effectivement une guerre entre les juifs et l’Allemagne, alors l’Amérique s’est battue pour libérer les juifs. La question est la suivante : 80 ans plus tard, les juifs sont-ils libres ? Ou sont-ils devenus des pions impuissants, capturés par les sionistes internationaux qui complotent pour conquérir le monde ?