Le multimillionnaire australien Malcolm Turnbull a remporté lundi le vote du parti conservateur face au Premier ministre Tony Abbott, qui devra lui céder la place à la tête du gouvernement deux ans tout juste après son arrivée au pouvoir.
Malcom Turnbull, 60 ans, ancien avocat et ancien banquier [directeur de Goldman Sachs en Australie de 1997 à 2001, NDLR], a recueilli 54 voix lors d’un vote des parlementaires du Parti libéral, contre 44 au Premier ministre devenu de plus en plus impopulaire, a annoncé un parlementaire conservateur. La ministre des Affaires étrangères Julie Bishop a été élue présidente adjointe du parti.
Tony Abbott avait assuré plus tôt lundi qu’il mettrait en échec la tentative de putsch émanant de son propre camp après l’annonce M. Turnbull de lui ravir la direction du parti au pouvoir.
En abandonnant le portefeuille des Communications, Malcolm Turnbull avait expliqué qu’il avait choisi de croiser le fer avec Tony Abbott, car les conservateurs risquaient de perdre les prochaines élections.
Le chef du gouvernement avait relevé le défi et annoncé qu’une réunion des sénateurs et représentants du Parti libéral, membre de la coalition libérale-nationale au pouvoir, se tiendrait dans la soirée pour se prononcer sur la direction du parti.
« Il y aura un vote sur la présidence et la vice-présidence du parti », avait déclaré M. Abbott aux journalistes. « Je serai candidat et je m’attends à gagner. »
Le chef du gouvernement, arrivé au pouvoir en 2013, était en chute dans les sondages sous l’effet du ralentissement de la croissance économique et de l’effondrement des cours des matières premières dont l’Australie est un gros exportateur.
En prenant la tête du Parti libéral, Malcom Turnbull devient de facto le prochain chef de gouvernement.
« J’ai rencontré le premier ministre et je l’ai informé que j’allais briguer la direction du Parti libéral », avait dit M. Turnbull à la presse. Le gouvernement actuel a été incapable « de fournir au pays la direction économique dont il a besoin ».
L’ancien journaliste de 60 ans, devenu banquier d’affaires ayant beaucoup investi dans les start-ups technologiques, a longtemps été considéré comme le principal rival de Tony Abbott.
Le Premier ministre avait survécu au mois de février à une motion de défiance portée par plusieurs membres du parti. Le texte avait été rejeté par 61 voix contre 39.
Mais depuis, M. Abbott n’a pas réussi à se refaire une santé dans les sondages et à relancer l’économie alors que l’Australie doit trouver de nouveaux moteurs de croissance pour prendre le relais du secteur minier.
Malcolm Turnbull a déclaré que faute de changement à la tête du gouvernement, les prochaines élections seraient remportées par le parti travailliste dirigé par Bill Shorten. Le scrutin doit être organisé avant janvier 2017.
La politique australienne n’est pas étrangère aux putschs, coups de poignard dans le dos et changements d’allégeance soudains.
M. Turnbull lui-même avait été défait par Tony Abbott fin 2009 après avoir dirigé le Parti libéral au moment où celui-ci était dans l’opposition.
Pendant leurs six années de pouvoir avant l’arrivée aux affaires du gouvernement conservateur en septembre 2013, les travaillistes avaient été déchirés par des luttes fratricides, qui s’étaient soldées par des changements de premier ministre.