La situation humanitaire est devenue effroyable au Yémen, où 80 % de la population a besoin d’aide humanitaire un an après le début de la campagne militaire de la coalition menée par l’Arabie saoudite, a averti jeudi une des rares ONG encore présentes dans le pays.
« La situation humanitaire s’aggrave, les ONG n’arrivent plus à couvrir les besoins de la population », a souligné Cristina Thevenot, une responsable d’Action contre la Faim de retour de Sanaa, lors d’une conférence à Paris où est basée l’organisation.
En un an, la situation « s’est beaucoup dégradée : alors qu’en mars 2015, 16 millions de personnes avaient besoin d’assistance humanitaire, on estime aujourd’hui à 21 millions, soit 80 % de la population, les Yéménites qui ont besoin d’une telle aide », selon elle.
Dans dix gouvernorats sur 21, « le niveau d’urgence humanitaire a été élevé à la phase 4, juste avant la famine », a-t-elle expliqué.
La responsable a souligné les obstacles qui entravent l’action des ONG, dont les limitations à leur liberté de mouvement, « les menaces et les arrestations du personnel » dans le pays en guerre.
Deux millions d’enfants souffrent en outre de malnutrition aiguë, a-t-elle expliqué. À Hodeida (ouest), où Action contre la Faim est présente, « un enfant sur trois » est dans cette situation.
« Nous constatons une aggravation des cas de malnutrition qui arrivent dans les centres d’Action contre la Faim, et les enfants sont plus âgés », a précisé à l’AFP Isabelle Moussard Carlsen, directrice régionale pour le Moyen-Orient d’ACF.
Si la guerre au Yémen n’a pas provoqué de crise des réfugiés, comme dans d’autres pays de la région, la situation des déplacés, qui sont passés de 334 000 en mars 2015 à 2,5 millions en mars 2016, est extrêmement précaire. « Ils ne sont pas regroupés dans des camps mais fuient vers des zones plus sûres, et se retrouvent sans aucune ressource et sans accès aux services de base », a-t-elle indiqué.
Depuis l’intervention de la coalition menée par l’Arabie saoudite en mars 2015 contre les rebelles houthis, le conflit a fait plus de 6100 morts, dont environ la moitié de civils, selon les dernières estimations de l’ONU.