Egalité et Réconciliation
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Hold up sur le livret A

Le Livret A fut créé le 22 mai 1818 en collaboration avec la Caisse d’épargne de Paris. L’un n’allait pas sans l’autre. La direction de cette nouvelle institution qui symbolisait le catholicisme social fut confiée au Duc François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt.

Le Livret A fut longtemps l’épargne favorite des Français. Il y a aujourd’hui près de 46 millions de livrets, soit trois pour quatre Français. Le taux de ces livrets n’est jamais descendu en dessous de 2 %. Encore à 4 % en août 2008, il fut abaissé à 2,5 % en février 2009.

Or, la sinistre Christine Lagarde (celle des coffres-forts) a annoncé le vendredi 10 avril une nouvelle baisse de ce taux qui sera de 1,75% à partir du 1er mai 2009 et atteindra alors son plus bas niveau historique.

Qui sont les quarante-six millions de petits épargnants qui seront floués par cette baisse ? Les petits et les humbles, ceux qui ne peuvent vivre que du fruit de leur travail. Plus des deux tiers ont moins de 750 euros sur leur livret.

L’explication officielle avance le résultat d’un calcul automatique. On nous dit que la Banque centrale européenne a aligné les taux à court terme sur l’inflation qui avait baissé. Le taux de 1,75% est d’ailleurs jugé « trop généreux » par certains ; on se fout du monde !
Quelqu’un dans "c’pays" a-t-il constaté une amélioration de son pouvoir d’achat ? Certainement pas la majorité de la population qui subit la crise et se serre de plus en plus la ceinture.

Ce n’est rien de moins qu’un dépeçage de l’épargne populaire au profit des "fonds communs de placement" et au détriment du livret A et du logement social qu’il a pour objet de financer. Quand le Livret A ne rapportera plus que 1,75 %, les requins de la finance pourront facilement proposer des placements à risque qui rapporteront davantage. Les spéculateurs aux doigts crochus mettront ainsi la main sur l’épargne des livrets dont le capital même ne sera plus garanti.

Derrière cette infâme mesure se cache une fois de plus l’état-major du Capital qui a condamné le "monopole" du livret A comme "une entrave à la libre concurrence" et a imposé la libéralisation de la distribution et de la gestion de cette épargne. Les banques qui le réclamaient depuis longtemps furent donc autorisées le 1 janvier 2009 à ouvrir des Livrets A. Les opérateurs historiques, c’est a dire la Banque Postale, le Crédit Mutuel et la Caisse d’Épargne, perdirent ainsi le monopole de la gestion de cette épargne.

La manne d’or continue de tomber du ciel sur les riches, tous les jours et même le jour du sabbat. 5000 milliards de dollars ont été donnés aux spéculateurs lors du G20 par l’administration américaine, l’Union européenne et les gouvernements des États membres. Le gouvernement français avait déjà accordé 420 milliards d’euros aux banques.

Les petits épargnants, les millions de travailleurs licenciés, (90.000 suppressions d’emplois en janvier, 80.000 en février), les jeunes sans emploi espèrent-ils encore que les manifestations organisées le premier mai par des partis pourris ouvriront une issue à leur situation catastrophique ?

Se trimbaler en se dandinant derrière des sonos qui beuglent "motivé ! motivé !" ou organiser une action de classe avec deux objectifs :
- La confiscation des milliards donnés aux spéculateurs,
- La rupture avec l’Union "européenne" entièrement soumise aux intérêts de Wall Street et des banques ?

Mais il faudrait au préalable rompre politiquement avec les dirigeants corrompus qui osent encore parler au nom des intérêts ouvriers et populaires. La défense de la petite épargne, ainsi que toutes les autres mesures de survie pour la population laborieuse en dépendent.

Félix Niesche - E&R