Le 8 avril 2009, le Club de la Cité recevait le Commandant Pierre-Henri Bunel à l’occasion d’une conférence portant sur l’américanisation et la globalisation. Ancien officier de renseignement, artilleur de formation, américaniste et arabisant, observateur de l’ONU en Israël-Palestine, ayant participé à la Guerre du Golfe (1990-1991) et à la Guerre de Bosnie (1995), il fut médiatisé un temps après été condamné à la prison ferme pour avoir transmis à un officier serbe les plans de frappe de l’OTAN sur la Serbie en 1998. Depuis sa libération il publia une série d’ouvrages et d’articles consacrés aux "Crimes de guerre de l’OTAN" ou aux "Menaces islamistes". Depuis le 11 septembre 2001, il s’est rapproché de Thierry Meyssan et rédigea un des chapitres du "Pentagate". E&R Nice-Nissa était présent.
Avant de commencer la conférence à proprement parler, P.H. Bunel présenta son parcours professionnel et son positionnement politique. "Je ne suis ni de droite, ni de gauche. Je me sers de mes deux jambes, la droite et la gauche, pour avancer et je ne vais jamais là où l’on me force à aller" précisa-t-il. Puis ajouta : "Actuellement, le courant dont je me sens le plus proche est Debout la République et son président Nicolas Dupont-Aignan, mouvement dont je suis adhérent".
Attaché à une tradition d’analyse géopolitique associant Histoire, Economie et Géostratégie, il remonta à la fondation des Etats-Unis et à la guerre d’Indépéndance, puis fit un long développement sur la politique étrangère américaine depuis le 19ème siècle jusqu’au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Ce rappel historique très didactique, fut agrémenté de nombreuses anecdotes sur son parcours de militaire et de diplomate français tant au Prôche-Orient que dans les Balkans. Il évoqua l’existence de véritables camps de concentration sur le territoire israélien, dont celui de Qeziost, dont les détenus palestiniens sont capturés lors de rafles clandestines - rappelant les tristement célèbres opérations "Nuit et brouillard"... Il interpella également le public attentif et curieux - de nombreuses questions furent posées tout au long de la conférence - au sujet de la livraison aux Emirats Arabes Unis par la France de missiles de croisière de dernière génération, de type Black Shahin, dérivés des missiles français Apache. Selon P.H. Bunel, ces missiles ont pu être livrés depuis au Pakistan, voire à l’Iran, ce qui permettrait au "Pays des Purs" de disposer de vecteurs à haute performance capables de frapper tant les Saouds, que les intérêts américains dans le Golfe ou bien encore... Israël...
Il rappella également son amitié sincère envers le peuple américain "chaleureux et attachant", au sein duquel il a conservé de nombreux contacts, notamment des militaires. Mais il ne se fait aucune illusion vis à vis des élites de Washington, oeuvrant contre leur peuple et contre l’Humanité, et dont il faut toujours se méfier, l’Histoire l’ayant maintes fois démontrée... ! Pour lui, la subversion états-unienne en Europe n’est pas incarnée par la Perfide Albion comme le pensent souvent les Nationalistes et les Gaullistes, mais par l’Allemagne, véritable cheval de Troie de l’Euratlantisme. La fin du couple franco-allemand initié par De Gaulle - dont le dernier avatar était la position courageuse du gouvernement Schröeder en 2003 aux côtés de Paris et de Moscou, est une nouvelle avancée de l’hégémonie états-unienne en Europe.
Son réseau d’amitié s’étend également au monde arabe, depuis son détachement en Jordanie et ses missions en Palestine ou dans le Golfe, mais aussi en Serbie, pays fier et courageux, dont il prit la défense avec honneur... engagement qui lui coûta cher comme nous le savons.
Une question du public porta sur la récente "affaire Chauprade" et son lien avec l’"affaire Bunel", dix ans plus tôt. Réponse du conférencier : "Je ne peux pas parler à la place de Chauprade".
A l’issue de son intervention, il se livra à une séance de dédicace. Nos amis de la Librairie du Paillon installèrent pour l’occasion un stand à l’entrée de la salle sur lequel on pouvait retrouver le livre "black-listé" d’A. Chauprade consacrée au 11-9, le dernier Emmanuel Todd ("Après la Démocratie") ou encore les ouvrages de Pierre Hillard.
Bref, vous l’aurez compris, ce personnage brillant, sympathique et attachant, s’inscrit dans l’Axe du Bien, celui de la Résistance au Système aux côtés d’Alain Soral, de Dieudonné, de Thierry Meyssan, de Pierre Hillard, d’Aymeric Chauprade, d’Emmanuel Todd, de Nabe, de Michel Collon ou encore de Johan Livernette. A l’Honneur et l’Insoumission !
Tristan - E&R Nice-Nissa
En complément, nous reproduisons ci-dessous un récent discours de Pierre-Henri Bunel prononcé en Serbie le 24 mars 2009 et la vidéo d’une conférence donnée en 2003, dont de nombreux passages ont été repris lors de la conférence à laquelle dont venons de vous exposer le compte-rendu.
Dix ans déjà !
Il y a dix ans commençait une opération d’agression de l’Otan contre un peuple fier et libre, le peuple Serbe. Ce drame intervenait avec la complicité d’une partie des opinions publiques abusées par la propagande de l’Otan et de ses satellites.
Pour avoir pris part à une action qui visait à empêcher une telle forfaiture, c’est de l’intérieur d’une prison française que j’ai suivi tous les épisodes de cet événement qui frappera d’opprobre ses coupables pour une longue période de l’histoire. J’ai ressenti devant ce crime annoncé un double sentiment de honte et de fierté.
D’abord la honte : celle de voir mon pays s’engager volontairement dans cette trahison. Une trahison envers lui-même d’abord parce que les raisons invoquées ne reposaient sur rien, parce que participer à cette infamie ne pouvait pas servir le peuple français et enfin, et c’est peut-être le plus grave de l’affaire, parce que nos dirigeants trahissaient ainsi une amitié traditionnelle fondée sur l’héritage de l’histoire.
En bombardant Belgrade comme l’avaient fait les nazi pendant la seconde guerre mondiale, les « alliés » ne pouvaient que ternir fortement leur image pour les temps à venir.
Mais j’ai aussi ressenti un sentiment de fierté.
J’avais appris à connaître le Peuple Serbe pendant mon déploiement en Bosnie-Herzégovine. Certes, la situation des Serbes de Bosnie-Herzégovine était difficile, mais ils ont toujours fait montre de loyauté à leur parole dans tout ce que les forces d’occupation leur demandaient.
Il ne s’agissait pas de basse « collaboration » mais de respect de la parole donnée, entérinée par la signature du diktat de Dayton. Ils sont les seuls à avoir fait preuve de tant de courage et de loyauté en cette période qui était déjà fort peu glorieuse pour les complices de l’Otan.
Et dans ma prison parisienne, je ne pouvais que ressentir un sentiment d’amitié envers les Serbes injustement frappés pour avoir voulu défendre leur existence, leur culture et leur liberté. Pour avoir défendu leurs droits les plus élémentaires, en somme. J’ai été fier de voir ces patriotes se masser sur les ponts sous les bombardements pour servir de boucliers humains à leur patrie bien aimée.
Au cours de ma détention, j’ai reçu de nombreux témoignages de sympathie venant des Serbes de France mais aussi de Serbie. J’ai dans mon bureau une carte postale représentant des militaires serbes et français lors de la campagne des Balkans en 1918. Sur cette carte postale, il est écrit, en serbe : Srpski i francuski oficiri u I svetla skom ratu et, en français dans un cartouche « Merci mon commandant Pierre-Henri BUNEL ! La Serbie prie le Dieu pour Toi en ce mars 1999. Il s’agit de la carte n° 188 des Éditions Francophiles 1999. et porte la signature Branko Vasilijević, prof. Cette carte ne me quitte pas, d’une maison à l’autre.
Lorsque je suis enfin sorti de prison le 29 août 1999, vous aviez gagné. Les coups sauvages de vos ennemis n’avaient pas réduit votre résistance, on n’entendait plus parler ni la Secrétaire d’État des États-Unis, ni le verbeux Richard Holbrooke. Tous ces « courageux » bavards avaient laissé la place à… un négociateur finnois.
Certes, les dégâts contre la Chère Serbie avaient été énormes, mais vous n’aviez pas cédé, et vous aviez gardé votre président.
Lorsqu’en 2003, invité par les Éditions Guntenberg Galaksija et sont directeur M. Mile Bverlic, qui a bien voulu éditer en serbe mon livre « Crimes de Guerre à l’Otan », j’ai enfin pu venir rendre visite à ce pays que j’aime tant et rencontrer les héros qui avaient tenu sous les bombes assassines. J’ai aussi pu franchir l’Ibar à Kosovska Mitrovica, sous les regards haineux d’Albanais suffisants mais sous la protection des Serbes restés sur la rive nord. J’ai alors mieux compris combien mon pays d’Ariège, dans les montagnes du sud de la France, est proche de cette province du sud de la Serbie. Proche par ses montagnes, proche par ses habitants qui sont eux aussi habitués au dur travail de l’agriculture de montagne, aux hivers rudes. Les gens de mon pays ont eu eux aussi à lutter contre des envahisseurs venus du nord et le haut lieu de Montségur est pour nous autres pyrénéens comme Kosovo Poljé pour la Nation Serbe.
Mais la forfaiture a continué avec l’acceptation par des satellites de Washington de l’indépendance de la province Serbe de Kosovo i Metohija.
La France aussi a connu des périodes sombres de son histoire. Elle aussi s’est trouvée amputée de l’Alsace et de la Moselle par les hordes germaniques. De 1940 à 1945, elle aussi a été envahie. Et nous en sommes sortis.
Certes, on peut penser qu’elle est à nouveau sur une pente dangereuse. Mais, à elle comme à la Serbie, il reste un espoir. Les mêmes forces qui ont conduit à la mutilation de la Serbie et qui conduisent à la mutilation de la France, conduiront aussi à la résurrection de nos deux peuples.
Mais il faut pour cela que la jeunesse serbe et la jeunesse française ne se laissent pas aveugler par les mirages de la société de consommation.
Les peuples qui n’ont pas d’histoire n’ont pas d’avenir. En revanche, ceux qui savent conserver leurs traditions, tout en prenant dans le modernisme des éléments positifs, ceux qui savent garder la conscience de ce qu’ils sont, de ce que les ont faits leurs pères, ceux-là ont de l’avenir.
L’évolution du monde prouve que les modèles que prônent nos ennemis sont éminemment fragiles parce qu’ils reposent sur la mollesse et la paresse. Dans le monde qui se dessine, l’avenir sera à ceux qui sont durs à la tâche et rustiques dans leurs aspirations. C’est notre devoir, à nous adultes de montrer le droit chemin à nos enfants. Guidés par nos popes, mais à la force de notre énergie, il nous appartient de reprendre les rênes de nos destins.
Les Serbes sont courageux, ils l’ont montré au cours de leur histoire et au moins depuis la Bataille du Champ des Merles – Kosovo poljé – de plus, ils ne sont pas seuls même si leurs frères des combats futurs sont encore contraints au silence. La foi en Dieu, en son pays et en ses traditions est la source de l’avenir glorieux.
En ce dixième anniversaire d’un malheur qui aura une fin, je voulais vous dire à tous mon amitié et l’amour que je vous porte.
Gloire et longue vie au Peuple Serbe ! Votre ami, votre frère :
Pierre-Henri BUNEL