Parmi les formations les plus délirantes des volontaires ultranationalistes ukrainiens, voici une unité formée exclusivement de juifs de la région de Dniepropetrovsk, d’Ukraine et d’Israël. Rappelons que dans cette ville, l’oligarque mafieux et millionnaire ukrainien, chypriote et israélien Igor Kolomoïsky eut un immense pouvoir au moment de la formation des premiers bataillons de représailles.
Dniepropetrovsk a été et est la base d’attaque de l’essentiel des forces ukrainiennes qui convergèrent vers l’Est du pays, pour attaquer les insurgés républicains du Donbass, ainsi que les populations de Russes ethniques. Kolomoïsky fut nommé chef de l’administration de toute la région par Porochenko, avec un grand pouvoir politique. Il en profita pour mettre en coupe réglée tout l’oblast et bien au-delà, s’attaquant aux membres du Parti communiste ou des formations, associations ou organisations favorables à la Russie, à la culture russe et à son influence, mais surtout s’emparant de biens, éliminant des concurrents, pillant jusque dans le Donbass via des groupes de bandits, ayant le nom de volontaires, mais chargés de s’emparer de ressources et de biens mobiliers ou immobiliers.
Avant le Maïdan, la très forte communauté de Russes ethniques avait voté Ianoukovitch (2010), et comprenait une majorité avoisinant les 70 % de la population locale. Kolomoïsky et son bras droit Korban financèrent les premiers bataillons d’ultranationalistes et néonazis, en particuliers les plus célèbres et sanglants, tels Azov, Aïdar, Donbass, Tornado ou encore Dniepr-1 et 2. Une partie de ces forces furent utilisées pour le pillage des zones insurgées du Donbass, le rapt de ressources et le vol de particuliers réputés pro-russes.
Dans cette alliance du gangstérisme et des ultranationalistes et néonazis, les intérêts convergents furent le ciment de cette association très étrange. Après le combat politique acharné que se livrèrent Kolomoïsky et Porochenko, le premier fut contraint à l’exil temporaire en Suisse (2017), tandis que Korban, longtemps protégé par son patron, député dans le Conseil régional de Dniepropetrovsk (2014-2015), était finalement neutralisé politiquement à la même époque (2016). Mais la compagnie Ouda révèle bien plus de choses, comme vous le verrez dans l’historique d’un autre juif, Nathan Khazin, qui bien qu’étranger à cette unité ne peut en être dissocié. Nous partirons avec lui sur d’autres traces menant à l’OTAN, au Canada, à Israël et surtout aux États-Unis.
Les juifs utiles du Pravy Sektor ou comment se rouler dans la fange
Si « ces juifs » de peu de foi, et par ailleurs de simples truands furent en partie écartés, l’idée vînt d’anciens participants aux exactions dans le Donbass, de former une unité d’ultranationalistes ukrainiens typiquement juive, pour servir contre les Républicains de Donetsk et Lougansk. Ces rares volontaires juifs, par ailleurs membre du parti… antisémite et radical du Pravy Sektor, furent avalisés par Iaroch depuis le début, afin notamment de recruter le maximum de gros bras, d’attirer des fonds financiers importants (notamment de la communauté juive mais surtout d’Israël), et enfin de créer un écran de fumée pour camoufler l’essentiel de l’idéologie du parti, et d’une frange très large de l’Ukraine. Elle fut créée toutefois très tardivement, après la fin des bataillons indépendants du début des répressions dans le Donbass (2014-2015), en avril 2016.
La compagnie eut bien du mal à se recruter, comptant seulement une vingtaine d’illuminés de la communauté juive des alentours de Dniepropetrovsk, et de toute l’Ukraine. Parmi eux se trouvaient un couple de juifs, dont une soldate militante du Pravy Sektor, par ailleurs administratrice de leur page communautaire Facebook, sous le pseudonyme Simona Simona. Elle fut d’abord commandée par Maxime Khorev (1978-), né dans le Donbass dans la ville de Enakievo, non loin de Debaltsevo, il est à noter qu’il ne parle pas l’ukrainien. Il changea ensuite de domicile et s’engagea très jeune dans des activités ultranationalistes défendant l’idéologie bandériste de l’UPA, voici ce qu’il déclarait aux médias alors qu’il se trouvait candidat aux élections législatives de la Rada (24 juin 2019) :
« J’ai travaillé pendant de nombreuses années à Ostroh, créant un centre de recherches, nous étions engagés dans l’inhumation des victimes de la guerre et des répressions politiques, nous avons beaucoup cherché dans la région de Rivne, trouvé des combattants de l’UPA, de l’Armée soviétique et nous avons réalisé cela à nos frais. Avec le Musée d’Ostroh, nous avons organisé des expositions. J’ai eu une pause car entre 2014 et 2017, j’étais au front dans le cadre du détachement de Rivne du Pravy Sektor, puis dans l’OUDA. Maintenant je suis de retour et je veux réaliser mon objectif, développer le tourisme en Ukraine. Je suis actif sur la restauration des châteaux, synagogues, églises et pour construire des infrastructures, j’ai l’expérience de la coopération avec des amis étrangers ».
Il avait servi dans les compagnies d’auto-défense du Maïdan (hiver 2013-2014), membre du Pravy Sektor à sa formation et enfin ancien d’un des plus sinistres bataillons de massacreurs : Dniepr-1. Il participa également à la reprise et au massacre de Marioupol, et des tueries qui se déroulèrent ensuite dans la région, et aux combats dans le Donbass à Shirokino, ou Mariinka (2014-2015). Il quitta ensuite le commandement peu prometteur de cette compagnie (2017), et attira à lui la surveillance de la police politique d’Ukraine, le SBU, qui effectua une perquisition à son domicile pour y découvrir des armes illégales. Il fut défendu à cette occasion par les organisations ultranationalistes qui firent pression sur la police, comme vous le verrez sur cette vidéo [1], avec la convocation de journalistes pour faire éteindre les recherches et fouilles trop indiscrètes (3 octobre 2017). Il réapparut comme président du Centre religieux et culturel juif Yahad à Rivne. Il proposa d’envoyer des prisonniers pour travailler à la restauration des monuments historiques dans la région, mais sa carrière politique s’arrêta ici, car il ne fut pas élu. Il donna une interview à Radio Liberté affiliée au Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda où il déclara :
« Je suis moi-même originaire du Donbass, mais je vis depuis longtemps à Khmelnitskiy, de là je suis allé combattre au Maïdan, puis ensuite dans le Donbass. Quand nous nous tenions près de Shirokino, dans une vieille maison abandonnée, nous avons fait une petite synagogue, pour y passer des heures de prières. Après tout à la guerre, par exemple il est irréaliste d’observer le sabbat, mais il est possible de lire la Torah et d’effectuer des rites religieux. »
Il est probable qu’il soit désormais sur le front, ou même déjà plus de ce monde au vu des pertes énormes subies par l’armée ukrainienne.
Solidarité Européenne et le groupe de vétérans Frères d’armes de Porochenko
Il fut remplacé par la suite par Roman Tanetko, dit Rambo, un ancien des bataillons de représailles, ayant suivi un parcours similaire et que l’on voit ici [2] dans une réunion municipale destinée à apporter de l’aide aux personnes âgées en pleine crise du Covid-19. Il s’enrôla dans l’un des bataillons de représailles, participa aux différentes opérations du front du Donbass (2014-2016), avant de démissionner et de revenir à Dniepropetrovsk. Il prit le commandement de la fantomatique compagnie juive Ouda (2017), qui ne semble pas avoir joué le moindre rôle militaire, au moins jusqu’au déclenchement de l’opération spéciale russe en Ukraine (24 février 2022).
Cependant quelques membres de l’unité continuèrent de servir isolément dans différentes unités de l’armée régulière, ou des bataillons de représailles intégrés dans cette dernière. Il prit sa carte au Parti Solidarité Européenne de Porochenko, puis fut élu au Conseil régional de la ville (2020), siégeant régulièrement et activement. Il se montra à cette occasion en uniforme et couvert de médailles. Il organisa dans le cadre du parti une exposition et une conférence (juillet 2021), sur la reprise du village de Peski (près de l’aéroport de Donetsk), bataille dans laquelle il combattit. Les pages Facebook de la communauté Kiev-2, et de Tanetko montrent qu’au delà de la filiation de ce combattant ultranationaliste au parti Solidarité Européenne, les références au parti Pravy Sektor et à Iaroch sont très nombreuses.
Après l’écartement du chef du parti ultranationaliste, néonazi et antisémite, une bonne partie des vétérans qui étaient sortis de l’armée, ou des bataillons de représailles, entrèrent en opposition avec le régime, tandis que d’autres préférèrent comme Tanetko de suivre les partis de la droite libérale ou dure, afin de pouvoir poursuivre leurs actions politiques, ou même par pur carriérisme. Roman Tanetko fut ainsi recruté par Solidarité Européenne alors que Porochenko avait financé la création du mouvement Frères d’Armes, association patriotique devant se composer de vétérans de l’opération ATO. Cette fondation fut une tentative de l’ex-président Porochenko d’attirer à lui des vétérans, très utiles pour aller chercher des soutiens dans l’armée, alors que l’Ukraine s’était fortement militarisée depuis 2014. La trace de Tanetko se perd ensuite, mais il est assuré qu’il est retourné au front dès le commencement de l’opération spéciale russe (24 février 2022).
Nathan Khazin, rabbin, fondateur d’Azov et chef du renseignement aérien ukrainien
Pour tenter de gommer « les événements malheureux » des pogroms de Petlioura et de la Shoah par balles des nationalistes de Bandera, ces « juifs » ukrainiens tentèrent même de réécrire l’histoire en mettant en avant d’autres transfuges du temps passé dans cet article révisionniste [3] frisant le ridicule. Rappelons qu’il y a peu Arno Klarsfeld, avocat et fils des fameux chasseurs de nazis Serge et Beate, déclarait à la presse qu’il n’était pas possible d’accepter l’Ukraine dans l’Union Européenne si elle continuait de glorifier des « héros » collaborationnistes et ayant baigné dans le sang des juifs durant la Shoah par balles sur le front de l’Est durant la Seconde Guerre mondiale.