Qui sont les « nazis » aujourd’hui dans le conflit russo-ukrainien ? La réponse est d’importance puisqu’elle détermine le positionnement moral de la presse occidentale (qui a déjà choisi son camp) mais surtout de l’opinion publique, qui n’aime pas les nazis, fondamentalement. Qui est jugé comme nazi est donc condamné et moralement et médiatiquement.
Deux écoles s’affrontent : l’école russe qui, forte de sa guerre gagnée en 1945 contre les nazis, se pose en dénazificatrice de l’Ukraine, dont les nationalistes ont en 1941 soutenu l’invasion allemande, et l’école sioniste, qui soutient que les Ukrainiens sont des judéophiles victimes des néonazis russes de Poutine.
Voici les arguments du président de la Douma – l’Assemblée russe – en réponse à un député écologiste aligné sur la doxa européiste :
@ph_lamberts Coprésident @GreensEFA, Député @Ecolo, membre commission ECON.
..."Ma réponse aux menaces d'un dirigeant russe (Piotr Tolstoi, Vice Président de la Douma)"...https://t.co/kAOFm9F6vD via @FacebookWatch— Patrick CAPET (@patrick_capet) June 27, 2022
Face à Piotr, à 2 834 km de là, la distance entre Moscou et Paris, le philosophe sioniste BHL est interrogé par Frédéric Haziza – écarté de LCP, une chaîne du service public audiovisuel, pour des agressions sexuelles – sur Radio J. Naturellement, le discours est inverse. Antirusse au possible, le multimillionnaire pousse à une guerre sans merci entre l’OTAN et la Russie, soit un conflit mondial sur le sol européen. On rappelle que cet héritier dispose d’un palais au Maroc, à Marrakech, celui de Tanger ayant été vendu ou étant en vente pour 6 millions (d’euros).
« L’antisémitisme en Russie est un courant très puissant dans l’opinion. Tous les hommes qui entourent Poutine, j’en connais certains qui sont des antisémites affichés. L’un des idéologues de Poutine qui s’appelle Alexandre Douguine, avec lequel il se trouve que j’ai débattu – le débat est en ligne sur le site de La Règle du jeu, vous pouvez facilement sur YouTube vous le retrouverez en deux secondes –, c’est un antisémite version Soral ou version Dieudonné. En plus intelligent, parce que eux sont des nouilles. Douguine c’est un type articulé. L’antisémitisme fait organiquement partie de son système conceptuel. Donc quand j’entends Poutine parler de dénazifier l’Ukraine, je me dis que c’est quand même beaucoup d’audace. Le même Poutine qui d’ailleurs ne se prive pas quand il vise une antenne de télévision d’envoyer ses missiles sur Babi Yar, je montre cela dans le film, on voit l’impact, on voit où est tombé exactement l’obus, en un acte de profanation par conséquent maximal. »
« L’#antisémitisme en Russie est un courant très puissant dans l’opinion. Tous les hommes qui entourent Poutine sont des antisémites affichés » : @BHL #Poutine #Ukraine #LEDLR @RadioJFrance pic.twitter.com/GVC3WHk2ZC
— Haziza Frédéric (@frhaz) June 26, 2022
Non, rien.
Bonus : le débat BHL/Douguine
Il a été présenté, en toute modestie, comme « le débat du siècle » sur le site de La Règle du Jeu. Naturellement, c’est BHL qui a gagné. Le site Nexus a diffusé l’entretien en anglais.
Ce débat Douguine-Lévy, présenté par Nexus comme « le débat du siècle » ouvrait la conférence annuelle de l’Institut à laquelle devaient participer, dans la suite de la journée, des personnalités aussi différentes que Pamela Paul, patronne du New York Times Book Review, Leon Wieseltier, qui venait annoncer le lancement d’une revue trimestrielle aux États-Unis ou Nadine Labaki, auréolée par le succès, à Cannes et ailleurs, de son film Capharnaüm.
C’est Alexandre Douguine qui a ouvert le débat en citant longuement le dernier livre de Bernard-Henri Lévy, L’Empire et les Cinq Rois, dans lequel il prétendait voir une glorification de l’impérialisme américain.
Bernard-Henri Lévy répondit en le priant de distinguer entre l’impérialisme et la promotion de ses valeurs universelles, valables pour tous les humains, que sont, par exemple, la liberté, la laïcité, l’égalité des femmes et les hommes, le droit pour un corps de ne pas être torturé ou pour une âme de ne pas être tourmentée.
Mais la discussion se porta très vite vers d’autres sujets comme l’annexion de la Crimée, les violations des droits de l’homme en Russie, le néofascisme incarné, selon Bernard-Henri Lévy, par Vladimir Poutine ou le révisionnisme historique auquel le Kremlin procède aujourd’hui.
Bernard-Henri Lévy remporta haut la main le débat. Il fut offensif, précis, moqueur. Alexandre Douguine, lui, apparut le plus souvent sur la défensive.
Pour l’instant, le débat est en anglais non sous-titré en français.