Egalité et Réconciliation
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Charlie Hebdo va mal, nous non plus

Relayons confraternellement l’appel à l’aide, et prenons la blanche main tendue de nos prestigieux confrères de Charlie Hebdo, qui ne vont pas très bien. Leur absence de publicité les oblige, soit à augmenter le prix de leur hebdo, soit à augmenter leurs ventes. Mais les ventes étant quelque peu incompressibles, et le tarif déjà élevé (3 €, soit le prix d’un mensuel), il ne reste que le don, ce vieux truc chrétien, de la religion du même nom, sur laquelle ils ont tant chié. Et sur laquelle ils chient toujours : « Aujourd’hui, vous pouvez soutenir la résistance aux deux premières religions du monde : l’Intolérance et la Bêtise. Rejoignez le djihad pacifique contre la connerie ! »

 

 

Ah, la connerie, s’il suffisait de la dénoncer pour l’éloigner de soi… Et puis on dirait que Charlie a oublié la troisième religion en nombre, mais la première en influence. Courage éditorial, quand tu nous tiens (par les couilles)… Les complotistes y verront un message subliminal en direction du lobby : sauvez-nous du désastre financier, et on tapera à mort sur les deux religions qui vous contrarient, les chrétiens et les musulmans ! Remarquez, c’est un peu ce que Charlie fait déjà depuis 20 ans, avec les résultats que l’on sait. Tout ça pour finir avec les félicitations de Sarkozy…

En effet, le premier jour du procès de Charlie Hebdo, Me Kiejman, avocat de la défense, lit la lettre de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et des Cultes :

« Je tiens à apporter clairement mon soutien à votre journal, qui exprime une vieille tradition française , celle de la satire (...) Je puis tout à fait comprendre que certains des dessins incriminés aient pu heurter les convictions religieuses de nos concitoyens musulmans (...), pour autant, je préfère l’excès de caricatures à l’absence de caricature. » (7 février 2007)

20 ans de subversion, pulvérisés en 30 secondes.

 

Des antichrétiens qui en appellent à la charité chrétienne !

 

L’appel au don permettra de conserver un des derniers titres non-vendu au libéralisme (et au public). Ce qui est paradoxal, c’est que Charlie possède toutes les caractéristiques du titre bienpensant qui pourrait faire un bon attrape-pub (prosioniste, antifrançais, écolo-socialiste, antifasciste, populoraciste, homosexualiste) mais qu’il se veut malpensant. Car sinon, adios lectorat lycéen. De la malpensance d’autrefois ne reste plus que le cul, la bite, et parfois, la bite dans le cul. Mais aussi la merde. D’où peut-être le merdier actuel. Quand on soutient Val, le protégé de BHL (vous saurez un jour pourquoi), on limite ses chances d’être populaire. C’est peut-être un peu démagogique de notre part, mais on ne pourra jamais soutenir ces deux grands atlanto-sionistes proaméricains – rayez les mentions inutiles – étonnamment protégés par notre système médiatico-politique, malgré un rejet populaire quasi-total.

Courageusement, Charlie continue la lutte, sa lutte, contre « les flics et les curés », dans une inquiétante solitude pathologique (parce la majorité des gens raisonnables a besoin de ceux qui protègent les corps et de ceux qui apaisent les âmes), flics et curés qui représentent encore les piliers d’un peuple que le journal ne connaît plus, ne veut plus connaître, ou n’a jamais connu. Sinon, il s’arracherait dans les kiosques, malgré la crise de la distribution de la presse, la crise du papier, et la crise économique. Ce sont justement ces trois arguments que la direction du titre avance dans cet édito particulier pour expliquer ses difficultés financières actuelles. Et si elle rappelait Val, ce compagnon de route qui a gagné des centaines de milliers d’euros grâce à son actionnariat, en chiant opportunément sur les musulmans, les fascistes, et les islamo-fascistes ?

 

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Quand Charlie était vraiment subversif

 

Jamais le positionnement éditorial n’est remis en question, qui a dérouté pourtant plus d’un gauchiste authentique. Et un gauchiste authentique, c’est quoi ? Quelqu’un de cohérent, qui défend les intérêts du peuple, pas ceux des exploiteurs. Parce qu’on en revient toujours à ça. Exploiteurs ? On pense aux exploiteurs en masse d’immigrés mal payés, aux journalistes alignés exploiteurs de la confiance publique, à ceux qui tirent profit de la démolition de la France et des Français, tous ces ennemis du genre français (pas le gender hein) dont les intérêts convergent curieusement. On ne va pas refaire le livre de Zemmour, qui flirte avec le marxisme, et dit cela très bien. Mais on s’étonne du manque d’autocritique d’une bande de « repreneurs » qui ont au cours d’un procès piqué son titre au vrai Charlie Hebdo, pour en faire un instrument de propagande à la fois désuet, démago, et inefficace. Car l’image du titre est sinon négative, du moins extrêmement brouillée. La gauche intelligente et ouverte, elle n’est pas là. La dénonciation calomnieuse, l’emmerdement – au sens littéral du terme – de l’ennemi idéologique, ça finit par faire fuir tout le monde, et l’essence démocratique : le débat, et la crédibilité.

« Charlie Hebdo doit rester cette splendide verrue sur le nez mou du consensus médiatique ! Que deviendrait la meute des curés de la bien-pensance, qui nous traitent alternativement de pédés, d’homophobes, de Juifs, d’Arabes, d’islamophobes, de christianophobes, de laïcards, de féministes, de misogynes, de bougnoules, de racistes, de gauchistes, de socialistes, de végétariens, de mangeurs de cadavres, d’anarchistes, de staliniens, de punks à chien, de centristes à chat (consultez les réseaux sociaux pour avoir la liste complète) ? »

Mais ? Et ? Il manque le pire d’entre tous : antisémites !

C’est vrai que ça n’est jamais arrivé à Charlie, de se faire traiter d’antisémites. La marque d’infamie, la marque des Grands. C’est même le contraire : le vieux Siné, en des temps immémoriaux, servit de repoussoir et de blanchisseur, quand Val y sévissait comme patron. Un patron qui allait même aux universités d’été du MEDEF. Ce qui n’est pas interdit, en soi – nous ne sommes pas contre l’entreprise –, mais quand on est censés bouffer du patron… C’est comme si Charb, qui tartine toujours de la merde – stade anal de l’analyse politique – sur les « fascistes » et les cathos, allait s’agenouiller devant le pape, à Rome. On vit une époque formidable, disait Reiser ; mais là, question retournement, Charblie dépasse tout !

Comment voulez-vous que le public s’y retrouve, quand l’ancien Charlie gueulait sa solidarité avec les Palestiniens, et que le nouveau soutint le bombardement de la Serbie, en chœur avec BHL et l’OTAN ? Sans déconner ? Peut-on être sérieux après ça ?

 

Le journal révolutionnaire qui chie sur les dissidents

 

 

Le plus pénible, ça reste la trahison. La trahison du peuple, on l’a vu, c’est fait ; le peuple a d’ailleurs puni en retour, en arrêtant d’acheter ce tissu de propagande qui a l’impudence de se prendre pour de la dissidence. Mais la trahison des vrais dissidents, ces phares du peuple en colère, n’était pas nécessaire, sauf si c’était pour prendre du fric, mettons, d’un investisseur, ou de l’État socialiste, qui aime bien ceux qui font sa promo, même si les gens les détestent... Pourquoi Xavier Niel ne mettrait-il pas quelques millions dans Charlie, pardon, dans le cul de Charlie – on va essayer de parler « Charlie » – pour que la joie revienne ? Pour que l’humour remplace l’inquisition ? Pour que l’information remplace la dénonciation ?

Une question nous taraude : si Charlie disparaissait, qui le remplacerait ? Et là, on sent poindre la menace So, de la sphère So Foot, le foot vu par les bobos, comme si le foot était de gauche (ou de droite). Oui, la bien-pensance s’est glissée comme une mélasse sur le rectangle vert, et maintenant, elle arrive à grands pas, sous la forme d’un newsmag, d’un « quinzo de société », d’après Libé. Franck Annese, le directeur des rédactions de la So Sphère, communique :

« On veut faire un mag très libre avec des histoires, de l’humain et des choses vraiment absurdes. »

L’humain, ça c’est bien, coco. It is so cool. C’est aussi pour cette coolitude que Le Grand Journal a contacté, dans sa version de Caunes 2013, le même Franck Annese, car il collait visiblement bien avec l’esprit de la quotidienne de Canal+. C’est dire. Sans oublier une proposition du Monde Mag, la pire des décorations de la planète bienpensante ! Le truc qui colle à la peau jusqu’à la mort ! Et puis Annese a souvent été invité pour parler de foot, et faire plein de pronostics foireux (les Bleus peuvent gagner l’Euro 2012, par exemple) mais ça, c’est pas grave : quand on est de gauche, on peut se tromper, on a même le droit, le devoir de se tromper ! De ce côté-ci de la matraque et de la vérité, tous les écarts sont pardonnables.

 

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SOS Foot & So Racisme, même combat

 

Le 12 juillet 2013, BFMTV invite le bobo à casquette pour parler des titres édités par son groupe de presse, So Foot, So Film (on s’attend à un gay-friendly So do)… Le présentateur commence par une vacherie :

« Franck Annese vous êtes un spécialiste de la com, vous avez travaillé notamment pour Culture pub… »

  Annese, vexé par le qualificatif déshonorant :

« Il se trouve que quand on nous a demandé de le définir, il fallait bien trouver une façon de le définir, et on a trouvé cette formule, les trois H, humour-humain-histoire, mais qui cela dit résume assez bien effectivement la façon dont on a de raconter les choses, on prend un peu de distance, on s’intéresse plutôt aux hommes qu’aux, qu’aux, qu’aux footballeurs… Donc on va chercher un peu ce qu’y a d’humain chez les gens… On n’est pas là pour dire c’est bien, c’est pas bien… 

– Le tout donc sans apporter de jugement moral ?

– Non.

– Est-ce que mine de rien, y a pas tout de même un jugement moral dans le simple fait de faire un choix rédactionnel…

– Non, c’est un choix éditorial, pas un choix moral. Par exemple on pourrait très bien faire un portrait aujourd’hui de Serge Ayoub. J’ai un jugement moral personnel, assez euh, assez négatif envers Serge Ayoub, mais par contre le mec pourrait être intéressant, on pourrait faire un choix éditorial de faire un portrait de ce mec-là et on raconterait l’histoire de ce gars-là et ce serait sûrement un très bon papier par ailleurs, ça veut pas dire qu’on fait un choix moral, euh, en mettant Serge Ayoub dans, dans le magazine. »

Hou la la, c’est pas clair ! Le pied d’Annese bute dans la grosse pierre Ayoub… Attention, c’est peut-être vendeur, à la différence des portraits gauchement lourdingues de son pote Dhorasoo, mais c’est pas un ballon qu’on peut envoyer où on veut, sans risque…

 

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Ancienne tribune VIP du PSG

 

Il faut dire qu’il y a plusieurs morales, qui ne collent pas toujours : la morale personnelle (par exemple celle du hors-la-loi), et la morale spirituelle (celle de ceux qui croient en Dieu), qui peuvent toutes deux différer de la morale publique (basée sur les lois tenant la communauté). Les journalistes de gauche sont très faciles à coincer sur leur morale, qui est une ligne de partage du bien et du mal : ils ont toujours eu des difficultés à cacher leur fonction intrinsèque de juge, basée sur un fond de racisme social, politique ou intellectuel. Qui semble plus fin mais qui ne vaut pas mieux que l’autre racisme, celui de la peau.

On peut mesurer le niveau de puissance intellectuelle des responsables du magazine en entendant Stéphane Régy, rédacteur en chef de So Foot, invité dans la même émission :

« Nous en tant que lecteur, chais pas moi j’aimais beaucoup Les Inrocks dans les années 90, voilà je lisais ça et j’avais l’impression, quand je le lisais, que j’apprenais plus de choses que savoir si tel ou tel disque était bien, on apprenait des choses sur la vie… »

C’est un peu vache et facile, on vous le concède. Au fait, pourquoi cette digression ? Pour dire que la presse véritablement populaire, côté peuple et pas côté élite corrompue (on parle de l’élite artificielle ou imposée, pas de l’élite naturelle), c’est pas encore pour demain en France.

Un an plus tôt, le 22 juin 2012, Annese est, au côté de Jérôme Jessel, à qui l’on doit des enquêtes poussées sur les Bleus, l’invité de Patrick Cohen dans Interactiv’, sur France Inter. Interrogé sur le comportement des joueurs de l’équipe de France, qu’il fréquente, Annese donne son point de vue :

« Je pense pas qu’il y ait tant que ça un problème de respect, je pense qu’il y a deux choses : je pense qu’il y a un problème de médiatisation en France, accru depuis que certains journaux deviennent un peu, des journaux on va dire, tabloïdaux, euh, plutôt que des vrais journaux de presse… »

 

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Franck, c’est le mec cool à casquette, pas les salauds de droite en costard

 

Quelle différence avec Charlie ? C’est le même, non pas esprit, ce serait un peu présomptueux, mais logiciel, le logiciel au pouvoir actuellement, avec sa version « jeunes » (par exemple Néon), sa version « foot » (So Foot), sa version « politique » (Inrocks), sa version « info » (Libé, qui aime la galaxie So), sa version « cool » (Le Grand Journal), déclinaisons marketing du puissant arsenal de lignes de forces imposées par les décideurs médiatico-politiques. Des tables de lois jamais écrites, mais bien comprises par les petits malins, les petits enfants du Diable, qui ont toujours l’air de ne pas y toucher. Déguisés en amis des gens, avec quand même une petite pince à linge sur le nez, ils n’ont en général même pas conscience de leur trahison, puisque le divertissement, ça ne peut pas être grave.

Mais c’est la même Bête qui produit les mêmes petits, la véritable Bête Immonde qui a su évoluer, et pondre des rejetons adaptés à leur époque, leurs contemporains, leurs victimes. La Bête a muté, à travers ses enfants, qui sont tous aux postes de commande, et qui sont convaincus de faire le bien… de leurs victimes. Même le Diable, leur père, semble plus con, moins adapté, moins malin que ça. Va t’y retrouver, après, au milieu de tous ces pièges souriants, rassurants, excitants ! Il reste heureusement un moyen, un seul, de déterminer les vrais, ceux qui se battent pour les autres, et qui perdent souvent : ils sont l’objet non pas de toutes les propositions, de tous les dithyrambes, mais de toutes les insultes, de toutes les calomnies. Vous les reconnaîtrez à leurs crachats, aurait pu dire le Christ. D’ailleurs, il l’a peut-être dit.

Voir aussi, sur E&R :

Décrypter le logiciel de la « gauche » avec Kontre Kulture :

 
 






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