Jérôme Pernoo, qui enseigne au CNSMD de Paris, a été suspendu mi-mars, selon les informations de Mediapart qui publie une longue enquête. Plusieurs accusations similaires ont émaillé l’actualité dernièrement, interrogeant une nouvelle fois les méthodes d’enseignement au sein des conservatoires.
Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris a suspendu mi-mars le professeur de violoncelle Jérôme Pernoo à la suite d’accusations de violences sexuelles, révèle Mediapart dans une longue enquête sur laquelle son auteur, Antoine Pecqueur, reviendra sur France Musique ce jeudi 10 juin dans Musique Matin.
Dans le cadre d’une enquête interne, consultée par Mediapart, sont décrits des attouchements envers de jeunes garçons mineurs. Le parquet de Paris confirme au média d’investigation qu’une enquête préliminaire a été ouverte le 20 avril 2021 du chef d’« agression sexuelle sur mineur », enquête menée par la Brigade de protection des mineurs. Les faits présumés auraient eu lieu en dehors du conservatoire et se seraient déroulés sur plus d’une dizaine d’années. Jérôme Pernoo enseigne au CNSMD de Paris depuis 2005. Nous avons essayé de le joindre, sans succès.
Interrogé par Mediapart, le violoncelliste Bruno Philippe, élève de Jérôme Pernoo entre ses 14 et 21 ans, prend la défense de son professeur. « Des prises de bec entre prof et élève pour des questions d’ordre purement technique, oui. Mais tout ce qui est dit dans l’article, non, jamais il n’y a eu ce genre de dérives ».
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Si les deux hommes sont présumés innocents, cette affaire rappelle d’autres accusations et condamnations. France Musique détaillait le mois dernier le cas du trompettiste Guy Touvron, professeur au Conservatoire à rayonnement régional de Paris jusqu’en 2015, visé par une enquête préliminaire pour « viol » à la suite d’une plainte déposée par une musicienne de 25 ans. Guy Touvron avait déjà été accusé d’agression sexuelle par une autre femme, et avait été condamné en septembre à six mois de prison avec sursis, constatait France Musique dans une copie détaillée du jugement correctionnel. Les faits s’étaient produits en 2017 dans un appartement, en marge des rencontres musicales des Monts Dore à côté de Clermont-Ferrand. Pour étayer sa décision, le tribunal correctionnel évoquait les « déclarations constantes et très circonstanciées » de la plaignante, « tant dans la plainte que dans ses récits aux différents témoins ».
À Rouen, une ancienne élève flûtiste accuse aujourd’hui son professeur de l’avoir harcelée sexuellement courant 2019. Elle a déposé une plainte, à la suite de laquelle le parquet de Rouen a ouvert une enquête. À Tours, le chef de chœur du conservatoire Francis Poulenc, Pierre-Marie Dizier, avait été poursuivi pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, notamment dénoncé par des élèves à qui il aurait tenté de faire ingérer des pilules d’anxiolytiques. Pierre-Marie Dizier s’était suicidé en prison il y a trois ans.