La prestation de jeudi 6 octobre au soir sur France2 d’Alain Juppé a confirmé que ce dernier est en passe de devenir le candidat n°1 du système politique en France. Assurément, il a encore de la concurrence, que ce soit sur sa « gauche » avec Emmanuel Macron ou sur sa droite avec Nicolas Sarkozy. Mais, on peut s’attendre à ce qu’il triomphe de ces adversaires et émerge comme le candidat de la continuité du pouvoir des banquiers et de la Commission européenne. Le ralliement d’Alain Juppé à l’Union européenne est ancien : il date du débat sur le traité de Maastricht en 1992. Mais, ce ralliement l’entraine vers des solutions qui sont désormais contradictoires avec ses propres objectifs, du moins ceux qu’il affiche.
L’ignorance d’Alain Juppé quant aux effets des mesures fiscales
Alain Juppé a affirmé à plusieurs reprises dans L’Emission Politique sur France2 que « son ennemi était le chômage ». Dont acte. Il faut le prendre au mot. Pour combattre le chômage la première mesure proposée par Alain Juppé consiste en une suppression de l’ISF et un relèvement de la TVA. Il espère ainsi attirer les capitaux français, tenté de s’investir à l’étranger, en France. Le souci est louable mais la méthode quelque peu curieuse. Les études de l’INSEE depuis maintenant une bonne vingtaine d’années, montrent que les mesures fiscales n’ont pas d’effet durable sur l’investissement ni sur la production [1]. Cela peut, d’ailleurs, se comprendre : on investit en fonction des opportunités d’investissement et ce n’est qu’à égalité de ces opportunités que les mesures d’allègement fiscal peuvent avoir un effet. Dans la réalité, les écarts quant aux opportunités d’investissement, que ce soit à court ou à long terme, pèsent bien plus que tous les allègements fiscaux. Il est curieux, pour ne pas dire plus, qu’un homme qui se dit avoir une longue expérience du pouvoir, ignore ceci, et les études qui le démontrent. À croire qu’il n’a jamais eu dans son équipe un jeune économiste capable de lui faire une note d’une page sur ce sujet. Ou bien, qu’il n’a jamais voulu lire cette note, car elle contredisait trop ses dogmes et ses intérêts.
Les mesures de Juppé sur le coût du travail
Deuxième axe de la lutte contre le chômage selon Alain Juppé, une baisse de 10 % des charges sur les entreprises. Cela aura certainement un effet, mais de quelle durée ? Car, que représentent les charges pour la comptabilité des entreprises ? Elles sont importantes, on le sait, dans la construction et dans la restauration, mais d’un effet plus faible dans l’industrie. De plus, les « charges » sont, en réalité des cotisations. Ce que l’on supprime aux uns, il faudra le demander aux autres. On sait qu’Alain Juppé veut allonger la durée du travail et retarder l’âge de départ à la retraite. Ce qui se traduira par un accroissement de la pression sur les travailleurs et donc une plus grande fréquence des maladies induites par le stress au travail. Les effets de cette baisse des cotisations patronales risquent donc d’être dans la réalité bien plus faibles que ce que prévoient les calculs de coin de table des soi-disant experts.