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Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

Emmanuel Macron s’était présenté comme le candidat du « parti du mouvement ». Moins de deux ans après son élection, il est devenu le président du Parti de l’ordre. Les interpellations d’Éric Drouet et de ses camarades dans la nuit du 2 au 3 janvier, mais aussi les 219 incarcérations qui ont eu lieu depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, et les nombreux blessés graves que l’on a au à déplorer lors des manifestations le prouvent.

 

Ce n’est pas par hasard si l’on utilise ici les termes de « parti du mouvement » de « parti de l’ordre ». Ils servaient à analyser la polarisation politique en France au XIXème siècle, et ils furent repris dans de nombreux ouvrages de science politique. Il y a aujourd’hui une certaine ironie à ce que le fondateur d’un mouvement appelé En Marche, ait finalement choisi le parti de l’immobilité, et en réalité – car ce fut le cas du « parti de l’ordre » au XIXème et au XXème siècle – de la réaction.

 

La mutation d’Emmanuel Macron

Cette mutation n’est ni étonnante, ni accidentelle. Elle était même prévisible. Au début de l’année 2017 j’avais, à la télévision russe (RT en anglais), expliqué en quoi tant Emmanuel Macron que François Fillon représentaient des candidats du passé, ou si l’on préfère de la réaction. J’avais même retraduit le texte en français et installé cette traduction sur mon blog [1], ce qui me fut d’ailleurs reproché, au point que ce fut l’un des prétextes utilisés pour me censurer. Emmanuel Macron est un parfait représentant des élites métropolisées et mondialisées face au soulèvement de la « France périphérique » [2].

Or, c’est le soulèvement de cette « France périphérique » qui a dévoilé la nature réelle du projet politique et économique d’Emmanuel Macron. C’est le choc engendré par le soulèvement de ces couches sociales qui a provoqué le raidissement conservateur ultime de son pouvoir et qui l’a fait basculer, au vu et au su de tous, du « parti du mouvement » au « parti de l’ordre ». Ce basculement a d’abord eu comme effet la répression extrêmement violente des diverses manifestations qui ont eu lieux depuis la fin du mois de novembre. Non que toutes ces manifestations aient été pacifiques. Tout le monde a pu voir que des groupes ultra-violents, ou uniquement motivés par le pillage, s’étaient infiltrés dans ces manifestations. Mais, tout le monde a pu AUSSI constater que les brutalités policières ont bien souvent commencé avant l’irruption de ces groupes ultra-violents, et que les pilleurs ont parfois bénéficié d’une bien étrange immunité. L’emploi d’armes de tir (ce que l’on appelle les « Flash Ball ») pour viser les parties hautes du corps des manifestants ainsi que la tête doit être dénoncé. Un certain nombre de manifestants ont été éborgnés ou défigurés par ces armes [3]. On ne compte plus, hélas, les cas de pertes de mains, d’œil, de traumatismes crâniens ou de fractures du crâne. Tout cela sans compter le cas de cette femme de Marseille tuée par une grenade alors qu’elle fermait ses volets au quatrième étage, un cas qui a manifestement peu ému les éditorialistes des grands médias…

L’Inspection générale de la police, l’IGPN a d’ailleurs ouvert au moins 48 dossiers sur ces violences. L’association Amnesty International a dénoncé les violences policières dans le cours de ces manifestations [4]. Au-delà, ces violences posent la question suivante : le gouvernement, car nul ne peut croire qu’il puisse s’agir seulement de « bavures » individuelles même si elles existent incontestablement, le gouvernement donc a-t-il délibérément décidé de provoquer un sentiment de terreur afin de décourager les manifestants ? La mise en scène de ces violences par le gouvernement est un élément qui incite à le penser. On peut ici opposer l’attitude du ministre de l’Intérieur et celle du préfet de police à celle de l’homme qui fut préfet de police en mai 1968, M. Maurice Grimaud [5], et dont les consignes et ordres permirent d’éviter le pire lors de manifestations qui étaient en réalité bien plus violentes que celles des différents « actes » des Gilets Jaunes.

 

Emmanuel Macron et le « débat national »

Le président de la République a annoncé, dans son allocution du 10 décembre, un grand « débat national ». Pourtant, les revendications du mouvement des Gilets jaunes sont bien connues : elles portent sur la justice fiscale, le pouvoir d’achat, et la nécessité de renforcer les mécanismes démocratiques dans notre pays. Sur ce dernier point, ces revendications se concentrent sur le référendum d’initiative citoyenne, qui pourrait être un remède à l’inachèvement démocratique des institutions de la France [6]. Dans son allocution du 31 décembre, allocution dite des « Vœux », le président a pourtant réaffirmé sa volonté de mener à bien des réformes, dans l’assurance chômage, l’organisation des services publics ou sur les retraites. Soumettra-t-il ces réformes au « débat national », ce qui serait dans la logique de ce dernier ? Car, ces « réformes » ont toutes un très fort impact potentiel avec les questions qui ont émergé du mouvement des Gilets jaunes. Ainsi, la soi-disant réforme de l’assurance chômage, dont on peut penser que le décret pris au début de l’année est une anticipation, entend stigmatiser au moins 4,5 millions de personnes (et en réalité au dessus de 6 millions), du fait de l’existence de 300 000 postes de travail non pourvus, soit dans un rapport d’1 sur 20. De même, la réforme des services publics, si elle est menée dans l’esprit des réformes antérieures, et en particulier de la SNCF, aboutira à sacrifier toujours plus la « France périphérique » au profit des grandes métropoles et de la partie boboïsée de leur population. Enfin, ce que l’on annonce de la réforme des retraites, et en particulier l’adoption d’un système par points et d’une forte réduction des pensions de réversion aura des conséquences négatives considérables sur la partie la plus fragile des retraités.

Lire l’article entier sur les-crises.fr

Notes

[1] https://russeurope.hypotheses.org/5888

[2] Guilluy C., La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014

[3] Diverses sources permettent de faire le recensement (partiel) de ces incidents : https://www.liberation.fr/checknews... , http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2..., https://www.lepoint.fr/societe/mani.... , https://www.streetpress.com/sujet/1....

[4] https://www.liberation.fr/direct/el...

[5] https://www.lci.fr/societe/commemor...

[6] Bertrand Renouvin a publié sur son blog un entretien avec Pierre Rosenvallon sur cette notion d’inachèvement démocratique réalisé à l’origine pour le numéro 36 de la revue « Cité » – Deuxième trimestre 2001. : http://www.bertrand-renouvin.fr/

Pourquoi Macron trahit le peuple,
lire sur Kontre Kulture

 

La Macronie en charpie, sur E&R :

 
 






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28 Commentaires

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  • #2117517
    Le 7 janvier 2019 à 11:52 par anonyme
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Ce matin, sur ’’france’’ inter son porte-parole s’est exprimé. Comme à l’habitude les intentions ont été au centre de l’entretien. Mais les faits dispensent de sonder les intentions, identifient essentiellement pleinement les protagonistes et déterminent clairement leurs responsabilités (on sait qui ils sont, qui les agit et pourquoi). L’analyse objective permet de conclure, par anticipation pour ceux qui présentent des lacunes dans la faculté de prévision mais en son temps pour ceux qui l’ont, l’analyse objective des faits démontrent que pour les protagonistes responsables la partie est déjà terminée.

     

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  • #2117574
    Le 7 janvier 2019 à 13:19 par Rêveur
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente...
    mourrons de faim plutôt que sous les coups de matraques et de balles fulgurantes !
    grève générale illimitée, désobéissance civile... On sort plus de chez soi. Tous en dépression. Plus d’alimentation électrique, plus de télé, plus d’info, plus de bouffe, plus de tablette, plus de journaux... Leur pognon est factice, inventons le notre. Des gens qui s’entraident, à pied à vélo, à l’échelle des quartiers.
    Ah pardon, je rêve encore... Tant pis

     

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    • #2117649
      Le Janvier 2019 à 14:39 par Lémovice
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      Freinons nos achats dans les grandes enseignes. Différons nos achats non urgents.
      Toute dépense dans une grande enseigne qui n’est pas indispensable ou qui peut être repoussée à plus tard doit être ajournée.
      Nous porterons ainsi un coup :
      - à l’état via ses rentrées fiscales
      - aux sponsors privés du p’tit con, qui l’ont mis en place pour gagner de l’argent, pas pour en perdre...
      Non, ce n’est pas utopique, ce n’est pas du rêve, c’est faisable.
      Objectif : chute de 3% de la consommation.
      Que les GJ lancent ce mot d’ordre, et vous allez voir, ca va s’agiter à Paris !

       
    • #2118279
      Le Janvier 2019 à 02:00 par Rêveur
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      Boycott des autoroutes et rouler à 60 sur les routes... 1) on apprend â reprendre notre temps
      2) économie perso non négligeable (conso divisée par 2
      3) on les assèche fiscalement... Si en plus on arrête de boire et de fumer...
      dire qu’il suffirait de faire (collectivement) ce qu’ils disent pour les faire sauter.

       
    • #2118333
      Le Janvier 2019 à 05:35 par Sherlock
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      La méthode Gandhi a du bon et a fait ses preuves face à un empire. Après c’est une question de proportion entre les forces en présence. C’est vrai que les Indiens sont nombreux. D’un autre côté, Macron est le président des 6% au premier tour et représente moins de 20% des électeurs au second, dont les anti-LePen, sans mentionner la baisse rapide de popularité dans son propre camp. Il suffirait de grouper les grains de sable épars pour former une dune, puis une colline et enfin une montagne.

      Plutôt que de rêver, je recommande le somnambulisme. Lorsque quelques millions de somnambules à gilet jaune manifesteront pacifiquement sous ses fenêtres, en rêvant s’ils veulent, Macron fera ses valises.

       
  • #2117580
    Le 7 janvier 2019 à 13:23 par Or dur
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    L’ordre, c’est le désordre moins le pouvoir
    Léo Ferré (je crois)

     

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  • #2117592
    Le 7 janvier 2019 à 13:34 par Fati gay
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Le veau vote alors Veau thon

     

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    • #2117682
      Le Janvier 2019 à 15:17 par France occupée
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      Excellent jeu de mot.. Il faut juste que çà ait un sens, on n’est pas chez Nagui.

       
    • #2118259
      Le Janvier 2019 à 01:08 par Fati gay
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      Vous attendez que ce soit Dieudo qui fassent des blagues pour qu’elles aient un sens ou quand vous ne saisissez pas, ça n’en a pas ?
      Bah, allez donc veauter pour (ou contre) la prochaine prévue par Attali et ainsi la légitimiser.
      ...Pour ceux qui défendent encore le vote et la démocratie, imaginez le poids d’un politique et celui de la matraque qui le représente s’il est issu d’un vote avec 90/100 des voix et 10/100 de participation...
      Plus il y aura d’abstention et plus les matraques seront légères... Même plus lourdes ça aurait au moins l’avantage d’être clair dans la tête de ceux qui servent encore de bonne foi (il y en a)
      Ça a du sens là ??
      paix,amour, réconciliation.

       
    • #2118292
      Le Janvier 2019 à 03:27 par Fait Gay
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      La vache rit
      le veau vote
      l’Ane anone
      le Mouton s’tond
      ... Toujours pas de sens ?

       
  • #2117593
    Le 7 janvier 2019 à 13:37 par Sherlock
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Bien sûr on peut voir dans cet immobilisme un retour à l’ordre, tel que lapsusé par le Monde et ses références à la sauce Blitzkrieg, mais je ne puis m’empêcher de penser plutôt à un lapin pris dans les phares d’un semi-remorque lui arrivant dessus. C’est le même immobilisme au départ et le même pâté de lapin à l’arrivée mais les motivations sont très différentes.

     

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  • #2117629
    Le 7 janvier 2019 à 14:10 par Vautrin
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Comme Napoléon a créé l’Ordre de la Légion d’honneur, Castaner a demandé à Macron de créer un nouvel Ordre : " l’Ordre des Eborgneurs", destiné à récompenser les policiers et CRS méritants .

     

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  • #2117675
    Le 7 janvier 2019 à 15:08 par Domino
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Le candisat sans vision et sans programme a été élu légalement mais est dépourvu de légitimité. Seul le retour aux urnes (démission, dissolution ou référendum) calmera la situation.

     

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    • #2118335
      Le Janvier 2019 à 05:55 par Sherlock
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      Exact. Ce qui semble étrange, c’est qu’avec tous ses diplômes il n’ait pas compris qu’une majorité abstentionniste n’est pas une majorité silencieuse. Plus de la moitié des Français ne sont pas représentés, donc politiquement muselés. Il n’y a pas de candidat des abstentionnistes mais ça ne veut pas dire que ces derniers n’existent pas. Quelle grossière erreur d’appréciation.

      Avant tout retour aux urnes, il sera nécessaire de modifier les systèmes représentatifs et électoraux. Sinon ce serait commettre la même erreur pour aboutir au même résultat. On ne peut ignorer plus de 50% de la population dans un système démocratique. Ni maintenant, ni plus tard.

       
    • #2118485
      Le Janvier 2019 à 11:19 par Paul
      Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

      @Sherlock
      Macron se fout des abstentionnistes comme des votants
      Il va tout faire pour continuer son travail de sape mondialiste
      Il ira aussi loin qu’on le laissera aller
      Et je suis presque sur qu on va se prendre un attentat bientot
      Je pense que tout est prêt pour justifier le couvre feu et l’union nationale
      Via des terroristes manipules par des services secrets etrangers
      C’est pas Macron qui va donner l’ordre ni Castaniere d’autres s’en chargeront

       
  • #2118060
    Le 7 janvier 2019 à 21:37 par anonyme
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Quel arrogance.. quel mépris, que des qualités...

     

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  • #2118072
    Le 7 janvier 2019 à 21:54 par spirit
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Macron,avec sa feuille de route,n’a aucune solution de repli
    Ne lui reste que la fuite en avant vers plus de répression,censure et désinformation

    Averell prépare de nouveaux textes,Rantanplan de nouveaux matériels et BFM sa routine habituel au service du veau gris de la rue de Grenelle !

    Il ne veut pas démissionner sans un ordre direct de sa hiérarchie de l’ombre....Il peut perdre,comme Hollande,toutes les élections,sans être impacter légalement !
    Il joue la montre et la Benallalisation de la violence policière envers tout et n’importe qui... !!!

    La France est le pays le plus couvert au monde par la fibre et internet....c’est,aussi la plus censuré (devant l’Inde)....Un transpalette peut faire trembler la république,un CRS peut obtenir 15 jours d’ITT pour un pet au casque lourd,les français de l’étranger s’étranglent sur twitter,la police/milice se place hors la loi sauf la leur,la macronite réclame des pelotons pour les communards.....

    La liberté est une femme bafouée qu’on ne ramasse pas mais qu’on prend sous son aile....Et le pseudo débat annoncé n’aura pas lieu !

     

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  • #2118445
    Le 8 janvier 2019 à 10:20 par listener
    Emmanuel Macron, président du "parti de l’ordre"

    Ce qui est frappant dans le macronisme, c’est sa proximité avec l’orléanisme et c’est la réapparition du concept de "Juste Milieu", concept Louis Philipard par excellence. Il a permis à ce régime sans légitimité historique et populaire de se maintenir quelque années. L’idée était : à ma droite les affreux légitimistes qui veulent le retour de la féodalité, à la gauche les "conventionnels" régicides. Je suis donc "nécessaire" disait Louis Philippe. Le problème, c’est qu’il est tombé par la coalition de deux, des légitimistes qui ne disaient pas que des bêtises et des républicains qui avaient l’histoire glorieuse pour eux.

    Mais cela imposait le concept de "roi arbitre", qui paraissait raisonnable mais qui en fait était ridicule. Il marche peuy être en Belgique, mais pas en France. Cela les français n’est ont pas voulu. L’arbitre de la politique, c’est le peuple, pas le roi.

     

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