Il y’a 57 ans, le 5 juillet 1962
Mon grand père, soldat révolutionnaire de l’armée de libération nationale. Qui était enfermé et condamné à mort par la France coloniale, a été libéré de prison avec la victoire du peuple algérien.
Longue vie à toi Djeddi et vive l’Algérie pic.twitter.com/yk2UlsPIyl
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) 5 juillet 2019
Tous ceux qui s’intéressent à la politique et au social connaissent Taha Bouhafs, ce jeune journaliste de 25 ans qui cristallise actuellement la fracture droite/gauche à lui tout seul. Il faut dire qu’il se situe sur une faille tectonique, là où deux grandes forces se rencontrent et s’entrechoquent : celle du sionisme, qui vilipende les prétendus islamistes de la représentation électorale (alors que les sionistes sont majoritaires dans le même champ), et celle de l’électorat des quartiers, qui autrefois élisait des socialistes – aujourd’hui des mélenchonistes – presque les yeux fermés. Les impuristes diront que c’est la même salade ; oui et non. On a encore une fois la confrontation entre une majorité politiquement faible et une minorité politiquement puissante.
Comme notre titre l’indique, avec Bouhafs, Mélenchon est déchiré : il fait le grand écart entre CRIF et banlieues, et la bonne place du curseur n’est pas facile à trouver : trop vers les banlieues, c’est le CRIF qui hurle, trop vers le CRIF, ce sont les banlieues qui hurlent. Par banlieues on entend le vote massif acquis à la gauche dans les quartiers (80 % en moyenne). C’est un fait de sociologie électorale.
Le jeune Bouhafs a défrayé la chronique à plusieurs reprises. On va revenir un peu en arrière, et comprendre comment ce représentant plus ou moins officiel des quartiers et des universités a pu jeter l’éponge, à l’aube de législatives importantissimes pour la gauche, mais peut-être pas autant pour les Français, tant le programme de la NUPES semble éloigné de l’impératif social et national qui nous sortirait du macronisme, c’est-à-dire de la merde.
Mais commençons par la lettre de démission du jeune homme, et les pressions qu’il a subies.
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) May 9, 2022
Les communistes ne lui ont pas fait de cadeau : normal, Bouhafs mordait sur la circonscription d’un candidat PCF.
« Je ne comprends pas que #LFI puisse présenter quelqu’un qui a été condamné pour injure raciale. »
@Fabien_Roussel Secrétaire national du @PCF à propos de la candidature de #TahaBouhafs▶ #Les4V @Caroline_Roux #Nupes #Venissieux pic.twitter.com/QjUvyKM3S4
— Info France 2 (@infofrance2) May 9, 2022
Tout le monde n’est pas Bouhafs, c’est le moins qu’on puisse dire. La dureté de ses prises de position, parfois (socialement) justes, parfois (racialement) injustes, lui reviennent en pleine face.
Taha Bouhafs : "Ouin, ouin, les gens sont méchants, ils rappellent mes posts racistes-antisémites-sexistes, insultes, cyberharcèlement contre "maghrébines" affranchies de la religion, soutiens aux islamistes Hamas-Hezbollah-CCIF-Barakacity... C'est trop dur !" #TahaBouhafs pic.twitter.com/JwAkNGrl3S
— Polémique-Victor (@FredericLefevre) May 6, 2022
Question : pourquoi Bouhafs est-il attaqué ? Parce que c’est un Maghrébin (et donc un « racisé » pour reprendre la terminologie woke), un musulman français mais qui n’aime pas la France (voir le tweet en haut de l’article) ? Pas vraiment, et pas seulement.
D’abord, Bouhafs n’aime pas les flics. Que ce soit parce qu’il est gauchiste, journaliste-militant improvisé en manif (de Gilets jaunes ou d’étudiants) ou issu des quartiers, on ne connaît pas la composition exacte de son logiciel politique, mais c’est une évidence.
Bon, nouveau tract du syndicat de police Alliance sur ma pomme, ça commence à faire beaucoup là.
(Pour l’instant) la loi nous permet toujours de filmer les forces de l’ordre. à fortiori quand elle commettent des violences.
Cette énième tentative d’intimidation est scandaleuse. pic.twitter.com/eJWaoMSYMP
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) February 28, 2020
Vous vous souvenez de cette vidéo glaçante que je révélais en avril 2020.
Où l’on entend des policiers dire d’un exilé égyptien que « un bicot ça ne nage pas ça coule » et ensuite le rouer de coups ?
Eh bien la sanction des policier vient de tomber : 5 jours d’exclusion. https://t.co/EeQdm1MwAQ
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) October 15, 2021
Malheureusement, le journaliste-militant antiraciste a lui-même été condamné pour... racisme :
Même si c'est trop exceptionnel, le sieur #TahaBouhafs, si "proche" de l'honnête famille #Traore, est condamné pour #RACISME !!
La gôôôche n'en parle pas !...
Dans l'espoir qu'il rejoigne son Algérie natale ?...https://t.co/P73Gisf6XU— Ch.LECHEVALIER (@ChLECHEVALIER) September 28, 2021
Sa bête noire, c’est Zemmour, et il ne le dit pas par quatre chemins :
Zemmour : « Mélenchon veut sauver la planète, moi je veux uniquement sauver la france »
Il se rend compte de la débilité de ce qu’il dit ? #DebatBFMTV
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) September 23, 2021
Logiquement, la droite identitaire en a fait sa bête noire :
Depuis mes révélations sur le site Fdesouche, je subis un harcèlement très violent de la part de l’extrême-droite, insultes racistes, menaces.
Ce soir ils ont carrément fait monter le hashtag #BouhafsRemigration en TT.
Des plaintes seront évidemment déposées @AA_Avocats pic.twitter.com/frEcnIB7YM
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) September 18, 2021
Quand le militant indigéniste franco-algérien @T_bouhafs brandit une tête decapitée de @MLP_officiel. C’était un clin d’œil à l’état islamique ? pic.twitter.com/qLTgmhBPFS
— Damien Rieu (@DamienRieu) December 29, 2019
Pour les représentants (jamais officiels) du lobby sioniste, Bouhafs est la fusion entre l’islamisme et le gauchisme, soit l’islamo-gauchisme, qui serait un nouvel antisémitisme sous couvert d’antisionisme. C’est la terminologie BHLienne.
Voilà les ardents défenseurs de Taha Bouhafs : leur poulain est blanc comme neige en revanche ils se donnent le mot pour me jeter à la vindicte populaire pour avoir jugé dégueulasse l'association juif/bourgeois. Vous pensez vraiment que vous allez réussir à me faire taire ? https://t.co/uGefDf2pQP
— Noémie Halioua (@NaomiHalll) April 30, 2022
À gauche, on essaye de défendre Bouhafs de cette accusation-scotch :
J’en vois oser encore accuser @T_Bouhafs d’antisémitisme alors qu’il a toujours viré -même physiquement- les antisémites des manifestations
Puisque les haineux se déchaînent encore contre lui, faites tourner cette vidéo. Chacun saura qui est sincère. Et qui ne l’est pas pic.twitter.com/wVpb7YCrGs
— David Guiraud (@GuiraudInd) May 2, 2022
Mais la rancœur sioniste est tenace : quand on tient un antisioniste, on ne le lâche pas !
Cher @BernardCarayon , ton étonnement m’étonne . Pourquoi veux- tu qu’un islamo- gauchiste radical ait un autre champ lexical que les racistes , antisémites, communistes radicaux ? Quand bien même penserait il qu’un lexique soit un calmant à prendre en comprimé ? https://t.co/HrqEuaPNpA
— G-William Goldnadel (@GWGoldnadel) August 8, 2020
En 2019 pourtant, Bouhafs est plus journaliste que politique, il suit les Gilets jaunes :
11h30, Place Félix Éboué à Paris. #Acte12 Déja beaucoup de monde sur place. L’apparition de Jérôme Rodrigues fait monter l’ambiance. @T_Bouhafs pic.twitter.com/19JXoGEBjL
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) 2 février 2019
La presse sioniste commence à s’intéresser à cet islamo-gauchiste qui monte. Valeurs actuelles dénonce ses vacances avec Assa Traoré, dans le mode « qui se ressemble s’assemble ».
Parallèlement aux Gilets jaunes, nanti de son jeune âge, Bouhafs couvre les « soulèvements » étudiants. L’objectif est toujours de montrer la violence policière de la répression. Pourtant, les étudiants, en majorité gauchistes, ne seront pas (mal)traités comme les Gilets jaunes.
En 2019, il est de tous les combats et dénonciations gauchistes contre les forces de l’ordre :
DIRECT - #greve17decembre #SaintDenis
Images fortes. Pendant près de 5 minutes les policiers tentent de déloger le blocage avec gaz et matraques.
La fanfare continue de jouer, les manifestants résistent et la police... finit par abandonner !
images : @T_Bouhafs pic.twitter.com/8JoZZj2Jxn
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) December 17, 2019
DIRECT - #Lyon2
Intervention policière imminente sur la faculté bloquée de #Lyon2 depuis ce matin.
Des étudiants se rassemblent et scandent des slogans contre la précarité.
Images : @T_Bouhafs pic.twitter.com/zNXleLZuzu
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) November 14, 2019
Le must pour Bouhafs serait une charge mortelle de la police raciste contre des lycéens de couleur en grève dans le 93. Heureusement, cela n’arrivera pas.
DIRECT -#Paris
Des centaines de manifestants se dirigent en direction de La Sorbonne.
En solidarité avec l’étudiant qui s’est immolé pour dénoncer les conditions de vie et d’études difficiles.#LaPrecariteTue
Images : @T_Bouhafs pic.twitter.com/PolcQkzb2W
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) November 12, 2019
Pour la nouvelle gauche, Taha est devenu un symbole : celui de l’oppression capitalisto-raciste.
Nos inquiétudes sur les poursuites contre le journaliste @T_Bouhafs https://t.co/X3M3io6lGo
— Amnesty France (@amnestyfrance) 8 juillet 2019
Emporté par son élan révolutionnaire, il aura du mal à faire la différence entre le réel et le fantasme lors de l’affaire de la résidence universitaire de la Salpêtrière, où un seul étudiant aura été molesté :
BREAKING NEWS - SCANDALE #PitieGateLa police RENTRE et matraque au hasard les HABITANTS de la résidence universitaire de l'hôpital #PitieSalpetriere le #1erMai. @CCastaner : un commentaire, vous qui disiez que les #fdo avaient sauvé l'hôpital ? @davduf
Source : @RevPermanente pic.twitter.com/9WY1Rv3soq— GJ Sciences (@gjsciences) 4 mai 2019
Bouhaf symbolise donc le (re)nouveau gauchiste, tendance Mélenchon, s’appuyant sur les quartiers, un symbole que LFI a abandonné à une vitesse supersonique en rase campagne depuis les accusations d’agressions sexuelles, qui viennent juste de tomber : son retrait (momentané) de la vie politique a-t-il un rapport avec ces révélations, qui ne sont pas encore officiellement confirmées ? S’agit-il d’une attaque sous la ceinture destinée à achever le garçon et briser le lien, ou un lien, entre LFI et les quartiers ?
Le shitstorm
La France insoumise a reçu 4 signalements visant Taha Bouhafs, dont un pour agression sexuelle et un autre pour violences sexuelles qui peuvent être caractérisées de viol selon la militante féministe Caroline de Haas d’après @franceinfo
— Victoria Koussa (@victoriakoussa) May 11, 2022
7 mai : LFI est averti d’une plainte pour agression sexuelle à l’encontre de Taha Bouhafs
10 mai : LFI prétexte le racisme pour justifier l’abandon de sa candidature
Instrumentaliser le racisme pour protéger un agresseur, c’est ça le #Metoo chez LFI ? pic.twitter.com/7QVCKtuuvK
— Damien Rieu (@DamienRieu) May 11, 2022