Si la sauvegarde de l’économie et la défense de l’environnement peuvent être liées, les députés devaient cette fois arbitrer entre les deux. Entre « souveraineté » agroalimentaire et défense de la biodiversité, l’Assemblée nationale a finalement voté dans la nuit de lundi à mardi, la disposition clé du projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière betterave. Le vote solennel sur l’ensemble du projet de loi, aura lieu ce mardi, après les questions au gouvernement.
« Yves Jadot, quand l’incantation rejoint l’incompétence... En tant que député depuis 11 ans, vous devriez savoir qu’indemniser à 100% les betteraviers n’est pas possible. Donc si vous étiez betteravier, que feriez-vous ? Se mettre à la place des autres est souvent de bon conseil » (Julien Denormandie)
« C’est un texte difficile, important, qui ne veut pas opposer économie et écologie », a toutefois affirmé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. En raison de la prolifération d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes, les betteraves sont atteintes de « jaunisse ».
La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers. Le problème est que ce type de pesticide, réputé tueurs d’abeilles, a été interdit en 2018. Et voilà le gouvernement obligé de rétropédaler, en s’appuyant sur le règlement européen sur les phytosanitaires permettant de déroger à l’interdiction, potentiellement jusqu’en 2023.
« On est tous contre »
De LFI au RN, « on est tous contre » ces insecticides tueurs d’abeilles, a convenu Julien Denormandie. Mais « aujourd’hui il n’existe pas d’alternative » chimique ou agronomique suffisamment efficace, a-t-il relevé. La baisse des rendements induite menace la pérennité de la filière sucrière française, qui emploie 46.000 personnes.
Or, pour le gouvernement, « tuer une filière française pour importer des sucres polonais, allemands ou belges », n’est pas une option. « Il ne faut pas être dans le dogme et faire en sorte que la France reste un grand pays agriculteur », a pour sa part souligné Christian Jacob, chef de file des députés LR qui soutiennent le texte du gouvernement.
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