Ben Laden et puis s’en va ? Le président américain Barack Obama a annoncé mercredi le retrait de 33 000 soldats d’Afghanistan pour fin 2012. Une coupe budgétaire qui ne dit pas son nom, alors que républicains et démocrates s’étripent sur les économies à réaliser avant de relever le plafond de la dette.

10 000 hommes vont quitter le terrain afghan dès cette année et 33 000 d’ici à fin 2012, soit un tiers des troupes engagées sur place (100 000). Cela correspond aux renforts envoyés à partir de décembre 2009 par le président Obama, qui avait justement promis à l’époque de commencer à les retirer en juillet 2011.

En 10 ans, les Etats-Unis ont dépensé près de 500 milliards de dollars pour mettre fin au régime des talibans et combattre le terrorisme en Afghanistan. Si Al Qaïda est affaiblie, aucun expert n’estime pourtant que l’organisation terroriste ait été décapitée avec la mort de Ben Laden. Ce repli prouve surtout que la situation budgétaire américaine est dans le rouge. En 2011, les Américains devraient dépenser pas moins de 120 milliards de dollars en Afghanistan. Soit pratiquement un dixième du déficit budgétaire annuel prévu pour 2011 : environ 1400 milliards de dollars, d’après les dernières estimations du Bureau du budget du Congrès américain (CBO).

Sur le long terme, cela pourrait permettre à l’Etat fédéral de respirer un peu. Le retrait de 45 000 hommes d’ici à 2015 permettrait d’économiser 1 400 milliards de dollars sur 10 ans, toujours d’après le CBO. C’est loin d’être anodin alors que le plafond de la dette fixé par le Congrès (14 294 milliards de dollars) a été atteint. Les parlementaires américains ont jusqu’au 2 août pour le relever, sous peine de voir les Etats-Unis ne plus pouvoir rembourser leurs dettes.

Pour l’instant, les membres du Congrès ne parviennent pas à s’entendre. Non pas pour savoir comment ils vont réduire la dette publique mais pour essayer de limiter les déficits, autrement dit la vitesse à laquelle la dette gonfle.

Qu’en retenir ? Que la situation budgétaire de la première puissance mondiale ne lui permet plus actuellement d’assumer seul le rôle de gendarme du monde. Une prise de conscience qui est encore loin d’avoir effleuré le gouvernement français. Car nous avons aussi notre propre guerre « à nous ». L’intervention française en Libye a déjà coûté 87 millions d’euros à l’Etat, d’après les données divulguées mercredi par le ministre de la Défense.

« A ce rythme, la facture de l’opération Harmattan pourrait atteindre 200 millions, si la guerre devait durer six mois, ou 400 millions si elle n’était pas finie en mars 2012″, précisent Les Echos du 22 juin.

Encore une goutte d’eau qui va s’ajouter à notre océan de dettes : 1591,2 milliards d’euros au quatrième trimestre 2010 selon l’Insee, soit 82,3% du PIB.