Une certaine incompréhension et une confusion demeurent dans les esprits quant à la nature et l’évolution des relations entre la Russie et Israël. Raison pour laquelle je m’efforce, depuis 2015 (à travers des articles et conférences), d’en faire un décryptage et des analyses prospectivistes. Les événements des deux années écoulées ont confirmé mes prévisions concernant les rapports entre ces deux pays. Le présent texte offre une mise en perspective et un éclairage sur les événements clés qui ont élargi la fracture entre la Russie et Israël.
Février 2018 : les Russes perdent patience
Depuis le début de la guerre contre la Syrie, Israël frappe à intervalles plus ou moins réguliers le pays d’Assad (plus de 200 frappes depuis 2011 [1]), en soutien, notamment, des groupes terroristes. Ces derniers ayant été quasiment éradiqués par la Russie, l’Iran et l’armée syrienne – au grand dam d’Israël.
Le samedi 10 février 2018, la DCA syrienne a répliqué en abattant un F-16 de l’armée israélienne. Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Shamkhani, avait à cette occasion déclaré :
« La nation syrienne a prouvé cette fois-ci qu’elle contrerait tout acte d’agression et que l’époque du hit and run (frapper et courir) était révolue. »
Et il en a profité pour démentir les rapports israéliens sur des dommages infligés aux bases iraniennes en territoire syrien. Selon Tsahal, un drone iranien a pénétré dans l’espace aérien israélien où il a été abattu. En représailles à cette « violation très sévère de la souveraineté », l’aviation israélienne a attaqué la base « iranienne » en Syrie d’où était parti le drone, selon le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus [2].
D’après le journal libanais L’Orient-Le Jour, les Syriens voulaient depuis longtemps riposter aux raids répétés des Israéliens, mais jusque-là les Russes leur conseillaient la retenue. Mais suite à ce raid israélien de février 2018, les Russes, les Iraniens et les Syriens se sont mis d’accord pour mener une action contre l’aviation israélienne afin d’établir de nouvelles règles à la confrontation qui se déroule sur le sol syrien. En outre, ajoute le journal levantin :
« C’est les Russes qui ont poussé, après l’incident du F-16, à la retenue, évitant que les développements n’aillent trop loin. Pour eux, il n’est pas question de déclencher une nouvelle guerre, mais plutôt d’en fixer les limites selon leur vision géopolitique, qui coïncide dans certains cas avec celle des Iraniens. » [3]
L’alliance russo-iranienne maintenue face à Israël
La contagion terroriste et l’affaiblissement de l’État syrien sous la poussée daechienne ont contraint la Russie à s’impliquer directement sur le terrain à partir d’octobre/novembre 2015.
L’aggravation de la guerre contre le terrorisme et la pression occidentaliste contre la Russie ont affermi la diplomatie de la fédération de Russie vis-à-vis de l’Occident ; parallèlement, la nouvelle donne géopolitique a renforcé l’alliance stratégique entre la Russie et l’Iran.
Comme je l’annonçais dans un article du 4 septembre 2015 [4], la situation géopolitique proche-orientale et les priorités stratégiques des Russes, ont fait échouer la stratégie de Henry Kissinger consistant à découpler la Russie et l’Iran en proposant aux Russes de les intégrer au système international. De même que j’anticipais, pour les mêmes raisons, dans un article du 11 mars 2017 [5], que Benyamin Netanyahou ne parviendrait pas à convaincre Vladimir Poutine de chasser l’Iran de Syrie (le 9 mars 2017 le Premier ministre israélien s’est rendu à Moscou pour demander au président russe d’empêcher une présence militaire iranienne permanente en Syrie [6]). Depuis, les développements sur le terrain témoignent plutôt d’un refroidissement des rapports entre le Kremlin et l’État hébreu.
Fin janvier 2018, Netanyahou s’est entretenu avec le président Vladimir Poutine, s’inquiétant à nouveau de l’influence grandissante de l’Iran en Syrie et appelant encore Moscou à en limiter la présence près des frontières israéliennes.
Si les intérêts géopolitiques russes et iraniens convergent pour maintenir leur alliance, les intérêts des Israéliens et des Russes au Proche-Orient sont diamétralement opposés. En témoigne d’ailleurs la déclaration officielle de la Russie, via son ministère des Affaires étrangères, qui a appelé, suite aux frappes israéliennes de février 2018 en Syrie, à la « retenue », et a considéré comme « absolument inacceptable de créer des menaces contre la vie et la sécurité des soldats russes » qui se trouvent en Syrie [7].
Le 12 février 2018, le New York Times rapportait qu’immédiatement après le bombardement israélien, le président russe Vladimir Poutine, furieux, a appelé par téléphone le Premier ministre Benyamin Netanyahou, ce qui a mis un arrêt net aux plans d’attaque de l’armée israélienne. Un haut gradé israélien a en outre révélé au journal américain que :
« Même publiquement, les Russes ont pris partie pour l’autre camp, contre nous, et pas seulement en privé… Ils auraient pu empêcher le lancement du drone (iranien), mais ils n’ont rien fait. Nous avons entendu le message russe, très fortement et clairement. » [8]
La Russie a toujours fait tout son possible pour ne pas apparaître partisane dans le conflit opposant Israël d’un côté et la Syrie et l’Iran de l’autre – en autorisant l’armée israélienne à frapper des cibles du Hezbollah et de l’Iran sur le territoire syrien, et en permettant au drone iranien de traverser la Syrie pour entrer dans l’espace aérien israélien [9]. Mais son intérêt est de contenir les velléités expansionnistes et le bellicisme de l’État hébreu pour préserver l’intégrité de l’État syrien.
Les États-Unis, alliés historiques d’Israël, étaient restés quant à eux à l’écart. Lorsque, en août 2017, une délégation israélienne – composée notamment du directeur du Mossad, Yossi Cohen, et du chef du renseignement militaire israélien, Herzl Halevi – s’est rendu à Washington pour demander que l’accord de paix en Syrie inclue l’expulsion du Hezbollah et des troupes des gardiens de la révolution iranienne du pays, les Américains ont refusé. Un des participants israéliens à la réunion rapporte :
« Nous ne comprenons pas les objectifs de cette administration… Et pour dire la vérité, nous ne sommes pas sûrs que nos interlocuteurs américains savent ce qu’ils veulent ou ce que le Président leur a demandé de faire. Le ressenti général est la confusion et le chaos. » [10]
Deux jours avant l’incident du F-16, le 7 février 2018, l’organisation internationale de prévention et de résolution de conflits Crisis Group a publié un rapport dans lequel elle annonçait un conflit à venir. Le rapport explique :
« La guerre syrienne est entrée dans un nouveau stade avec le régime de Bashar el-Assad ayant la haute main. Israël ne se contente plus de rester spectateur tandis que les positions de Damas se raffermissent, mais entre en mouvement pour mettre fin à la détérioration de ses positions stratégiques. Dans cette entreprise, Israël a de formidables obstacles à surmonter : le régime (syrien) dépend plus que jamais de l’Iran, qu’Israël considère comme son ennemi le plus implacable ; d’autres ennemis, en particulier le Hezbollah et les milices chiites soutenues par l’Iran, sont retranchés en Syrie avec la bénédiction de la Russie ; et les États-Unis, malgré la rhétorique stridente de l’administration Trump, ont peu fait pour repousser les positions acquises par l’Iran… La préoccupation initiale d’Israël était le sud-ouest de la Syrie, où il est déterminé à empêcher le Hezbollah ou les milices chiites d’approcher de la ligne d’armistice de 1974 et de mettre en place une infrastructure offensive dans ses environs. Le faire, selon Israël, pourrait signifier un nouveau front contre lui et mettre le Hezbollah en position de lancer des attaques dans une zone où ses circonscriptions civiles libanaises n’auraient pas à subir les contre-attaques israéliennes. Les stratèges de l’armée israélienne craignent que celle-ci soit laissée à la portée du Liban, de Damas et de Téhéran, avec le risque de provoquer une guerre régionale. » [11]
La réalité, que ne souligne pas le rapport, est qu’Israël est l’agresseur et le fauteur de guerre dans la région depuis la création du foyer national juif [12]. Dès le début de la guerre contre la Syrie en 2011, Israël a soutenu les groupes terroristes par des soins et par un appui aérien quand ceux-là étaient en difficulté. Or, le rapport, nous présente un Israël dans une position défensive, qui ne fait que répliquer à une violation de son espace aérien par un drone – violation dont l’État hébreu est coutumier.
Stratégiquement, Israël est perdant sur toute la ligne. Les groupes terroristes, idiots utiles du sionisme, ayant été mis en pièces, il ne reste plus aucune force s’interposant entre Israël et ses ennemis. La destruction de l’Irak et la guerre déclenchée contre la Syrie ont ouvert la voie aux forces armées iraniennes et au Hezbollah, qui sont désormais plus proches que jamais de l’État hébreu. Les Israéliens sont tombés dans leur propre piège et il ne leur reste entre les mains qu’une carte à jouer : entraîner les États-Unis et leurs alliés dans une guerre contre l’Iran (ce que j’ai démontré dans la partie I de cette série d’articles). La politique anti-iranienne des Américains, guidée par les Israéliens, n’aura eu pour conséquence que de renforcer les gardiens de la révolution, ainsi que l’unité nationale iranienne, et de lui permettre d’avancer plus encore ses pions dans la région.
Vladimir Poutine déclaré antisémite
Les événements décrits plus haut se sont déroulés en février 2018, et il n’a pas fallu attendre plus d’un mois pour que Vladimir Poutine soit accusé d’antisémitisme par des organisations juives aux États-Unis et en Israël.
Dans une interview accordée à NBC News le 10 mars 2018, le président russe a été interrogé sur les Russes arrêtés pour ingérence électorale américaine. M. Poutine a répondu :
« Je m’en fiche, car ils ne représentent pas le gouvernement… Peut-être qu’ils ne sont même pas Russes, mais Ukrainiens, Tatars, ou juifs, mais avec la citoyenneté russe, ce qui devrait aussi être vérifié ; peut-être qu’ils ont une double citoyenneté ou une carte verte ; peut-être que les États-Unis les ont payés pour cela… »
Vladimir Poutine, qui choisit toujours méticuleusement les mots qu’il emploie, n’a certainement pas parlé de « juifs » par hasard ; il sous-entend peut-être par là que des agents juifs, liés à Israël (des sayanim), auraient, durant la campagne présidentielle américaine, agit dans le but de nuire aux intérêts de la Russie en lui faisant porter le chapeau.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Un des principaux organismes juifs américains a affirmé que les remarques de Poutine « rappelaient étrangement les Protocoles des Sages de Sion ». Le Comité juif américain (AJC) a demandé au président russe de « clarifier ses propos au plus vite ».
La députée de l’Union sioniste Ksenia Svetlova, qui a émigré en Israël depuis la Russie, a tweeté :
« Nous connaissons assez bien ces vieilles rengaines : "Peut-être que les juifs dirigent le monde, peut-être que les juifs utilisent du sang pour leurs rituels, peut-être que les juifs ont massacré des juifs en Pologne (NdA : référence aux déclarations du président polonais)". Maintenant voici le dernier tube "Peut-être que les juifs se sont mêlés des élections américaines". » [13]
Elle a aussi appelé le gouvernement israélien à condamner fermement les propos de Vladimir Poutine, et son confrère de l’Union sioniste, le député Nahman Shai, a également condamné les propos du maître du Kremlin comme étant « de l’antisémitisme classique », et d’ajouter « ses déclarations montrent que rien n’a changé dans le fait de considérer les juifs comme responsables de tout le mal du monde… Nous avons besoin d’une réaction forte de la part du gouvernement israélien ».
Israël arme et finance des groupes terroristes contre la Syrie
Le journal israélien Haaretz a rapporté le 21 février 2018 [14], une enquête (publiée le 14 février 2018) [15] menée sur le terrain par Elizabeth Tsurkov, universitaire et membre du think tank Israeli Forum for Regional Thinking, et qui a révélé le soutien apporté par l’État hébreu à sept groupes terroristes affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL), qui est une émanation des Frères musulmans.
Après avoir mené dans le sud de la Syrie des dizaines d’interviews de combattants, d’activistes et de civils, Elizabeth Tsurkov rapporte :
« Certains de ces groupes qui ont commencé à recevoir de l’aide d’Israël fin 2017 étaient jusque-là financés par le Military Operations Command, un centre opérationnel géré par la CIA… Jusqu’en 2018, ce centre a versé les salaires de dizaines de milliers de membres du ‘‘front sud’’ de l’ASL en leur fournissant armes et munitions », et elle précise que la décision de Donald Trump en juillet 2017 de mettre un terme à ces aides les avaient laissés dans un état de « besoin désespéré de sources de financement alternatives ».
En outre, en janvier 2018, l’administration Trump a mis fin aux opérations du centre de la CIA basé à Amman, dans la capitale jordanienne. Ce centre coordonnait l’aide aux organisations rebelles au sud de la Syrie. En conséquence, les dizaines de milliers de terroristes qui recevaient une aide financière de façon régulière de la part des États-Unis, ont été privés de ces ressources du jour au lendemain [16].
Les Israéliens se sont retrouvés par conséquent contraints de financer eux-mêmes les groupes terroristes. Et c’est ce que rapporte Elizabeth Tsurkov :
« Toutes mes sources ont confirmé l’identité d’au moins sept groupes (rebelles syriens) qui perçoivent un soutien israélien, à la condition que les groupes ne soient pas nommés. »
Mais elle précise tout de même qu’il s’agit de formations affiliées à l’Armée syrienne libre. Son enquête prouve que ces organisations terroristes opérant en Syrie reçoivent de la part d’Israël des armes, des munitions et de l’argent pour acheter des armes supplémentaires.
Cette initiative des Israéliens – qui préfèrent habituellement faire accomplir ces basses besognes par les puissances occidentales, et tout particulièrement les États-Unis – s’explique par la situation extrêmement difficile dans laquelle s’est mis l’État hébreu. À ce propos, le journal israélien The Times of Israel a, en décembre 2017, bien résumé le point de vue de l’État hébreu :
« Israël, qui s’inquiète de voir l’Iran augmenter sa portée en Syrie via ses milices et le puissant mouvement terroriste chiite libanais du Hezbollah en particulier, a entrepris des démarches diplomatiques et, selon certaines informations, des initiatives militaires. » [17]
Israël a désormais à sa porte, dans le Golan, le Hezbollah, les forces iraniennes et l’armée syrienne. La Syrie est d’ailleurs en droit de récupérer ce qui lui a été volé par l’État hébreu en 1967 : le Golan. Et c’est bien ce que craignent les Israéliens, comme l’a écrit Haaretz (en date du 21/02/2018) :
« Il y a environ un mois, le régime syrien a repris aux rebelles l’enclave de Beit Jin au nord du Golan qui est localisée à moins de 15 kilomètres de la frontière israélienne. Les officiers des Forces de défense israéliennes croient que, tôt ou tard, Assad tentera de reprendre le contrôle du reste du Golan syrien, en partie pour l’importance symbolique de la souveraineté au-delà de la frontière israélienne. Les membres du cabinet de sécurité, qui ont visité le Golan avec des officiers de Tsahal il y a près de deux semaines, pensent la même chose. » [18]
D’où l’intérêt pour les Israéliens d’armer et de financer les groupes terroristes installés dans le Golan. Ces groupes, que l’establishment de la défense israélienne appelle des « locaux », se répartissent en deux zones : au nord du Golan, près de la zone qui est contrôlée par l’armée de l’État syrien, et le sud du Golan contrôlé par une branche de Daech, appelée Jaysh Khalid ibn al-Walid. D’après Tsurkov, Israël soutiendrait les groupes affiliés à l’Armée syrienne libre contre cette branche de Daech. Les « rebelles » ont affirmé à Elizabeth Tsurkov qu’Israël les avait aidés à lancer des attaques de drones et des missiles antichars contre les positions de Daech durant ces batailles. Mais il faudrait aussi se questionner sur la source d’approvisionnement de cette branche de Daech. D’autant plus que l’ennemi commun de l’ASL, de Daech et d’Israël est et a toujours été l’État syrien.
Un remake géopolitique
Depuis 2013 se répète l’histoire des armes chimiques prétendument utilisées par le gouvernement syrien contre sa population, prétexte à des bombardements contre le pays d’Assad pour le destituer.
J’analyserai ici le rôle d’Israël dans chacun des trois épisodes – en 2013, 2017 et 2018 – où on nous a joué et rejoué le scénario des armes chimiques dans ce remake géopolitique.
Épisode 1 : août 2013
Israël, via son lobby aux États-Unis [19], utilise, en particulier depuis le tournant du 11 septembre 2001, l’armée américaine et l’OTAN comme un outil de destruction des alliés historiques de la Russie au Proche-Orient et au Maghreb, opposant toujours plus Russes et Américains. Dans le contexte de la guerre contre la Syrie, les dirigeants sionistes ont tenté, via des intermédiaires, de négocier avec la Russie afin qu’elle abandonne ses alliés syriens et iraniens. En juillet 2013, le prince Bandar ben Sultan (responsable des services de renseignements saoudiens de 2012 à 2014), en qualité de représentant de l’Arabie saoudite (alliée d’Israël), a rencontré Vladimir Poutine. Bandar aurait, au cours de l’entretien, proposé un accord économique, pétrolier et gazier au président russe, en échange de quoi, celui-ci devrait lâcher l’Iran, abandonner le président syrien et livrer la Syrie aux terroristes [20]. Proposition qu’a repoussée Vladimir Poutine. Un mois après cette tentative de négociation avec la Russie, les médias et les gouvernements occidentaux nous racontaient que le 21 août 2013 l’armée syrienne a utilisé des armes chimiques contre sa population dans les faubourgs de Damas [21] . Dans la foulée, fin août 2013, des navires de guerre américains et français se sont dirigés vers les côtes syriennes ; les navires russes (et chinois) s’interposent alors, et Barak Obama est contraint, le 31 août 2013, de faire volte-face, prétextant, qu’il lui fallait l’accord du Congrès. Obama dira au président François Hollande (qui a envoyé la France en première ligne) au téléphone :
« Il n’y a pas de coalition internationale pour une intervention en Syrie, pas de majorité au Conseil de sécurité, pas de soutien dans l’opinion, il faut au moins que j’ai l’aval du Congrès, car je ne suis pas George W. Bush. » [22]
C’est évidemment la force de dissuasion russe qui a fait avorter ce projet de bombardement. Et comme nous le verrons plus bas, aux épisodes 2 et 3, les Israéliens tenteront, avant chacune des fausses attaques chimiques précédant les mouvements militaires contre la Syrie, de rallier à leur cause Vladimir Poutine.
Épisode 2 : mars/avril 2017
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui s’apprêtait à se rendre à Moscou le jeudi 9 mars 2017, avait alors déclaré qu’il allait tenter de convaincre Vladimir Poutine d’empêcher une présence militaire iranienne permanente en Syrie :
« L’Iran tente de s’établir de façon permanente en Syrie au travers d’une présence militaire terrestre et maritime et d’ouvrir progressivement un front sur le plateau du Golan », et il ajouta « Je ferai part au président Poutine de l’opposition ferme d’Israël à une telle possibilité. J’espère que nous parviendrons à trouver des arrangements pour éviter des frictions possibles entre nos forces, comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant. » [23]
Lors de sa visite à Moscou le 9 mars 2017, le Premier ministre israélien se lança une nouvelle fois dans une représentation théâtrale. Netanyahou a évoqué devant le président russe, se référant au livre d’Esther, la volonté ancestrale des Perses et de leurs « héritiers » iraniens de « détruire le peuple juif » :
« Il y a 2 500 ans, il y a eu une tentative en Perse de détruire le peuple juif. Cette tentative a échoué et c’est ce que nous célébrons à travers la fête de Pourim… Voilà qu’aujourd’hui l’Iran, héritier de la Perse, poursuit cette tentative de détruire l’État juif. Ils le disent de la façon la plus claire, ils l’écrivent sur leurs missiles. »
Vladimir Poutine rétorqua : « Oui, enfin, c’était au Ve siècle avant notre ère. Aujourd’hui nous vivons dans un monde différent. Alors parlons-en. » [24]
Quelques jours plus tard, le 17 mars 2017, l’armée israélienne a envoyé quatre chasseurs contre une base militaire de l’État syrien dans la périphérie de Palmyre. La DCA syrienne a abattu l’un des appareils, qui s’est écrasé en territoire israélien. Un deuxième chasseur a été atteint et les deux autres ont pris la fuite.
La presse iranienne a rapporté que « le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur israélien en poste à Moscou pour lui signifier la protestation de son pays… La riposte cinglante de la DCA syrienne a provoqué une onde de choc en Israël : alors que Netanyahou s’était rendu la semaine dernière à Moscou pour convaincre le président russe de la nécessité de bouter l’Iran et le Hezbollah de la Syrie ».
Mikhaïl Bougdanov, le vice-ministre russe des Affaire étrangères, s’était entretenu avec l’ambassadeur israélien Gary Koren, exigeant des explications autour des frappes qui ont eu lieu vendredi [25].
La réponse de la DCA syrienne puis la convocation par Moscou de l’ambassadeur israélien, démontraient l’échec total de la mission de Netanyahou.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères syrien a adressé deux lettres séparées à l’ONU et au Conseil de sécurité. Il affirma, ce qui est évident depuis le début de la guerre en Syrie, que :
« Israël cherche à remonter le moral des terroristes aux abois et à endiguer les avancées de l’armée syrienne. Or, les prétextes invoqués par Tel-Aviv ne sont que des manœuvres de diversion destinées à justifier la poursuite de l’occupation du Golan et des territoires libanais et palestiniens. »
Le texte exige que le Conseil de sécurité « contraigne Israël de cesser son soutien aux terroristes takfiristes tout en mettant en application la résolution 2253. » [26]
L’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar al-Jafari, interrogé par la télévision syrienne sur les frappes d’Israël en Syrie, expliqua que :
« Israël s’est directement engagé dans la guerre en Syrie car il a senti que notre combat contre le terrorisme de Daech a porté ses fruits et que l’armée syrienne est à deux pas d’une grande victoire dont les effets se sentent à Palmyre et à Alep. »
Revenant sur le « mécontentement de Moscou » après les raids israéliens, l’ambassadeur syrien avait affirmé :
« Je n’écarte pas la possibilité d’un face-à-face Russie/Israël, si ce dernier tient à reconduire ses frappes aériennes en territoire syrien. » [27]
Il faut donc connecter cette affaire d’armes chimiques et les bombardements américains en réaction avec le refus que Poutine a opposé à Netanyahou lorsque ce dernier lui a grossièrement demandé de lâcher la Syrie et l’Iran. Et peut-être même que l’attentat en Russie (Saint-Petersbourg) du 3 avril 2017 est lié à ce refus…
En 2018, nous avons assisté au déroulement d’événements similaires, suivant exactement le même scénario.
Épisode 3 : janvier/mars/avril 2018
Je l’ai écrit plus haut, Netanyahou s’est entretenu avec le président Vladimir Poutine en janvier 2018, comme il l’avait fait en mars 2017, s’inquiétant à nouveau de l’influence grandissante de l’Iran en Syrie et appelant encore Moscou à limiter la présence iranienne près des frontières israéliennes. Poutine n’y a pas donné suite, alors le 10 février 2018 Israël a lancé, comme en mars 2017, un raid aérien en Syrie, et la DCA syrienne a répliqué en abattant un F-16 de l’armée israélienne. Le mois suivant, en mars 2018, Vladimir Poutine était accusé d’antisémitisme par des organisations juives en Amérique (le Comité juif américain) et en Israël (l’Union sioniste).
Un mois plus tard, en avril 2018, une nouvelle attaque chimique attribuée au gouvernement syrien survient… Dès le surlendemain de l’attaque chimique présumée, et avant même que les Américains ne décident de bombarder (des bâtiments vides en Syrie), plusieurs missiles ont frappé une importante base syrienne, le lundi 9 avril 2018 au matin. La Russie et la Syrie accusent l’État hébreu.
Selon le communiqué de la Défense russe, des avions israéliens ont frappé la base aérienne de Tiyas (T-4), située entre Homs et Palmyre, le lundi 9 avril 2018.
« Le 9 avril entre 03h25 et 03h53 heure de Syrie (02h25 heure de Paris), deux avions F-15 de l’aviation israélienne, sans entrer dans l’espace aérien syrien, ont attaqué avec huit missiles téléguidés l’aérodrome de Tiyas depuis le territoire libanais. La défense aérienne des forces armées syriennes a détruit cinq missiles téléguidés au cours d’une bataille dans l’air », déclare le communiqué de la Défense russe.
La Russie « a déjà demandé à Israël des explications sur les raisons de la frappe via ses ministères de la Défense et des Affaires étrangères », a déclaré le sénateur Vladimir Jabarov [28].
Selon les experts militaires israéliens, ce site hébergeait une usine où sont fabriqués des missiles de précision. Le 10 février 2018, l’État hébreu y a aussi détruit un poste de commandement d’où des militaires iraniens sont accusés d’avoir piloté le fameux drone entré dans son espace aérien [29].
Et après les frappes théâtrales menées par l’armée américaine le 14 avril 2018, Israël, bien sûr insatisfait, a continué les bombardements. La DCA syrienne a intercepté une dizaine de missiles au-dessus de Homs, visant des avions militaires dans l’aéroport de Shayrat. D’après l’armée syrienne, les missiles (qui ont tous été interceptés) ont été envoyés par Israël [30].
L’erreur impardonnable d’Israël
Le 17 septembre 2018, vers 23h, tout contact a été perdu avec l’équipage de l’avion russe Il-20. L’avion s’est crashé et les 15 membres de l’équipage sont morts. L’appareil se dirigeait vers la base aérienne de Hmeimim, à 35 km des côtes syriennes, avait annoncé le ministère russe de la Défense, et d’ajouter que l’avion a été abattu par des systèmes syriens S-200 en raison des actions « irresponsables » et « provocatrices » d’Israël. Menant des frappes en Syrie, des pilotes israéliens se sont abrités derrière l’avion russe Il-20 qui s’est retrouvé exposé au feu des systèmes de défense aérienne syrien S-200, a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov [31].
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a eu une conversation téléphonique avec Avigdor Lieberman (ministre israélien de la Défense de 2016 à 2018). M. Choïgou a déclaré dans un communiqué :
« La responsabilité du crash d’avion russe et de la mort de l’équipage repose entièrement sur la partie israélienne. »
Et d’ajouter que le ministère russe de la Défense avait déjà à plusieurs reprises appelé la partie israélienne à s’abstenir de mener des frappes sur le territoire syrien créant un danger pour la sécurité des militaires russes. Et le communiqué du ministère russe de la Défense a précisé :
« En dépit des accords existants sur la prévention des incidents dangereux avec Israël, le commandement du groupe des forces russe a été prévenu seulement une minute avant la frappe des F-16 israéliens. »
Après cette manœuvre israélienne qui a causé la mort de 15 russes, V. Poutine avait annoncé que les contre-mesures « viseront avant tout à renforcer la sécurité de nos militaires et de nos sites en Syrie. Ce seront des démarches que tout le monde remarquera. » [32]
Opposition au sein de l’appareil d’État russe : patriotes versus pro-israéliens
Au sommet de l’État russe il y a deux pouvoirs qui s’affrontent, au milieu desquels Vladimir Poutine joue le rôle d’équilibreur. D’un côté, un pouvoir libéral capitaliste pro-américain et pro-israélien, qui joue contre les intérêts de la Russie ; et de l’autre, le pouvoir patriotique, représenté par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, respectivement Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou [33].
Les forces libérales et pro-israéliennes en Russie ont contraint Vladimir Poutine a être excessivement conciliant avec les Israéliens, tout particulièrement sur le théâtre d’opérations syrien, où l’armée israélienne a mené plus de 200 raids aériens depuis le début de la guerre. Mais l’avion russe abattu le 17 septembre 2018 à cause des actions d’Israël, a mis un terme à cette extrême indulgence des Russes. Et c’est le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, qui y a mis un terme. Alors que Vladimir Poutine tentait de calmer le jeu, en parlant « d’une série d’événements tragiques », Choïgou, qui a appelé le ministre de la Défense israélienne Avigdor Lieberman pour le menacer, avait déclaré dans un communiqué que « La responsabilité du crash d’avion russe et de la mort de l’équipage repose entièrement sur la partie israélienne » [34]. C’est manifestement à cette occasion que Sergueï Choïgou a repris la main, notamment avec la livraison des missiles S-300 à la Syrie.
Une livraison vertement critiquée par le grand-rabbin de Russie, Berel Lazar, proche de Vladimir Poutine. Le grand-rabbin, qui apparaît ici comme un défenseur d’Israël, a déclaré (au journaliste israélien Eli Mandelbaum) :
« Je pense que c’est une erreur qui ne fera qu’aggraver les problèmes de la région. »
Et Berel Lazar s’est totalement révélé lorsqu’il a rapporté que, lui-même et son organisation :
« Ont parlé du problème des S-300 au président Poutine. Nous avons expliqué, je dirais, notre sensibilité à propos de nos frères en Israël, à Sion, et nous espérons qu’Israël et la Russie pourront continuer à coopérer pour stopper le terrorisme, stopper l’Iran, et qu’Israël va continuer à protéger ses frontières et neutraliser toute menace avant qu’elle n’atteigne le seuil de sa porte. » [35]
Jusqu’à la présente crise, les Russes s’étaient abstenus de livrer les S-300 à la Syrie, en raison du lobbying des Israéliens qui arguaient que cela limiterait la capacité de l’État hébreu à neutraliser les « menaces terroristes », incluant le Hezbollah.
Cette crise a mis en évidence l’existence d’un cabinet de guerre qui aurait désormais les manettes du pouvoir en Russie.
Le 4 mai 2018, Pepe Escobar annonçait : « Le président russe Vladimir Poutine s’apprête a nommer un nouveau gouvernement. Et une bombe est sur le point d’exploser. Le nouveau cabinet devrait être une Stavka, c’est-à-dire un cabinet de guerre. » [36]
Michael J. Glennon (professeur de droit international à la Fletcher School of Law and Diplomacy à la Tufts University, et ancien conseiller du comité des relations étrangères du Sénat des États-Unis), commentant ces nominations qui sont passées inaperçues, explique que les changements de personnes ont été minimes dans le nouveau gouvernement, mais le fait que les premières déclarations officielles durant l’affaire du Il-20 soient venues de Sergueï Choïgou, confirme son rôle accru et la réduction de la marge de manœuvre de Vladimir Poutine. Et Michael J. Glennon d’ajouter :
« La faction militaro-industrielle qui se tient derrière Poutine insistera, dans sa marche en avant, sur moins de parties d’échecs et plus de marteau-pilon. En bref, l’approche de l’homme d’État a cédé du terrain, de gré ou de force, au cabinet de guerre. Nombreux sont ceux qui ont remarqué aussi l’émergence d’un cabinet de guerre dans l’administration Trump, particulièrement depuis l’arrivée du conseiller en sécurité nationale John Bolton, en avril… Poutine vient-il d’accepter un partage du pouvoir ou lui a-t-il été imposé ? Nous ne le saurons probablement jamais. Vient-il d’être relégué à un statut d’adjoint dans les affaires militaires ? Hautement improbable. Appelons cela une réaction collective aux provocations futures. » [37]
Nous avons eu la confirmation de la montée en puissance du ministre de la Défense Sergueï Choïgou. Le 19 octobre 2018, il s’est rendu en Chine pour une rencontre officielle avec le président XI Jinping, dans le cadre du développement des relations militaires entre la Russie et la Chine. Durant cette rencontre avec le président chinois, S. Choïgou a fait une déclaration témoignant de préparatifs avancés pour une guerre à venir :
« La Russie souhaite renforcer le partenariat stratégique et notre niveau de coopération militaire avec la Chine. Elle désire également que l’on puisse faire face ensemble aux différents défis sécuritaires, que l’on protège les intérêts de nos deux pays et que l’on mène aussi des actions positives en vue de ramener la stabilité au niveau de la région ou du monde. » [38]
Dans la même période, en Syrie, la Russie a déployé de nombreux radars de défense antiaériens pour limiter la marge de manœuvre des chasseurs israéliens. Le journal Haaretz a fait état de plusieurs avertissements lancés à l’encontre des chasseurs israéliens durant le mois d’octobre 2018 quand ils se sont rapprochés des frontières syriennes depuis le nord des territoires palestiniens occupés [39].
Le 29 janvier 2019, Benyamin Netanyahou a rencontré à Jérusalem l’émissaire du Kremlin pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, et le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine, afin, d’après le bureau de Netanyahou, de « renforcer la coordination militaire » entre Israël et la Russie en Syrie et « éviter les frictions ». D’après le communiqué du bureau du Premier ministre israélien, Alexandre Lavrentiev et Sergueï Verchinine ont « réaffirmé l’engagement de la Russie pour le maintien de la sécurité nationale d’Israël » [40]
Mais selon l’agence de presse ISNA (Iranian Students News Agency) qui cite le journal The Jerusalem Post, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a évoqué les allégations d’après lesquelles les forces iraniennes seraient présentes au Golan occupé. Il a précisé que la présence iranienne en Syrie s’effectuait à l’appel et à la demande du gouvernement syrien, qui voulait que l’Iran contribue à la lutte contre le terrorisme en Syrie. Il a également qualifié d’illégales les frappes de l’aviation israélienne contre la Syrie, et a précisé :
« La sécurité d’Israël est importante pour la Russie, ce n’est pas pour autant que nous approuvons les frappes d’Israël contre le sol syrien », avant de déplorer des frappes « illégales » et « injustifiables » [41].
Sergueï Riabkov, autre vice-ministre des Affaires étrangères russes, a déclaré :
« Nous considérons que les raids aériens de l’aviation israélienne contre des cibles en Syrie sont illégaux et en aucun cas excusables. Nous les condamnons et Israël devra assumer les conséquences de ses actes. »
Une hostilité grandissante des officiels russes à l’égard d’Israël
Le 6 mai 2019, un proche conseiller de Vladimir Poutine, Sergey Glazyev, a publié un texte dans lequel il expliquait que le président ukrainien nouvellement élu, Volodymyr Zelensky, de confession juive (le premier ministre d’Ukraine, Volodymyr Hroïsman, est également juif), est une marionnette américaine qui fait le travail de la droite israélienne. Le conseiller du président russe publiait ce texte le jour où Zelensky rencontrait les grands-rabbins, chefs de la communauté juive hassidique [42].
« L’Ukraine est le seul pays au monde, à part Israël, où le président et le Premier ministre sont juifs », s’est félicité sur Twitter Eduard Dolinsky, un des leaders de la communauté juive ukrainienne. Sa victoire « est un miracle », s’exclama Moshe Reuven Azman, rabbin en chef de Kiev [43].
Le premier rendez-vous officiel du président élu fut avec un ministre israélien. Le 7 mai 2019, Zelensky a rencontré le ministre israélien de l’Environnement Ze’ev Elkin, d’origine ukrainienne. Les responsables israéliens ont évoqué une rencontre positive et ont affirmé que Zelensky était très bien disposé à l’égard de l’État hébreu [44] .
Dans son texte remarqué, Glazyev explique :
« Je n’exclus pas, par exemple, la possibilité d’un mouvement de masse dans le sud-est de l’Ukraine, une terre "nettoyée" de la population russe par les habitants de la Terre promise fatigués de la guerre permanente au Moyen-Orient. »
Dès le lendemain, les Israéliens ont réagi, qualifiant le conseiller de V. Poutine de « conspirationniste et antisémite ». Le gouvernement israélien a été « consterné » par l’article de Sergey Glazyev, a déclaré Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien à The Times of Israel, et d’ajouter : « L’aspect conspirationniste et antisémite de ces lignes est déplacé, et ne reflète pas la nature positive de la relation entre la Russie et Israël ».
En avril 2019, mois où Zelensky fut élu président de l’Ukraine, Vladimir Poutine accordait des passeports russes aux résidents russes de cette région, tandis que les Américains livraient au gouvernement ukrainien des lance-missiles antichars (Javelin). La fourniture de lance-missiles stimule l’agressivité des autorités ukrainiennes, a déclaré Rouslan Balbek, député à la Douma (chambre basse du parlement russe) :
« La livraison des Javelin stimule l’agressivité ukrainienne. Des armes américaines modernes pourraient involontairement inciter l’Ukraine à des actions agressives absolument imprévisibles contre les républiques du Donbass, ainsi que contre la péninsule (de Crimée) » [45]
La situation conflictuelle entre la Russie et l’Ukraine (conflit notamment alimenté ces dernières années par l’État d’Israël et ses agents, à l’instar de BHL), dont le gouvernement est désormais sous pilotage israélien, n’augure pas une amélioration des relations russo-israéliennes.