De la guerre à la Maison-Blanche
Michael Wolff, journaliste au Hollywood Reporter, a publié un livre – paru le 5 janvier 2018 aux États-Unis – dans lequel il narre les coulisses de la Maison-Blanche sous l’ère Trump. Il y rapporte, entre autres choses, les propos de Henri Kissinger qui confirme tous nos écrits sur la politique américaine :
« À la Maison-Blanche, c’est la guerre entre juifs et non-juifs. » [1]
Le représentant de l’aile juive sioniste à la Maison-Blanche n’est autre que le gendre de Donald Trump, Jared Kushner ; quant à l’aile non-juive, elle était représentée par Steve Bannon – d’origine irlandaise et de confession catholique – qui a été écarté du Conseil à la sécurité nationale (en avril 2017) par le président, suite aux pressions du Parti républicain et du Parti démocrate [2]. Quelques mois plus tard, en août 2017, Bannon a été poussé à la démission de son poste de conseiller en chef du Président [3], au profit de Jared Kushner, qui devint l’homme le plus influent à la Maison-Blanche : le bras droit et le principal conseiller de Donald Trump. Pour les partisans de Steve Bannon, « les kushneriens sont une espèce invasive de démocrates au sein du gouvernement républicain, qui empêchent le Président de concrétiser ses promesses aux classes populaires ». [4]
D’après la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Huckabee Sanders, la présence de Michael Wolff – auteur du brûlot anti-Trump – était du fait de Steve [5]. Le New York Magazine a expliqué que le livre de Wolff Fire and Fury : Inside the Trump White House (« Feu et furie : à l’intérieur de la Maison-Blanche de Trump ») est le résultat de dix-huit mois d’entretiens avec des membres du staff de Donald Trump et avec le Président lui-même. Pour les besoins de son enquête, Michael Wolff aurait pris ses quartiers dans la Maison-Blanche rapidement après l’investiture de Donald Trump et aurait conduit plus de 200 interviews. L’auteur affirme avoir occupé « quelque chose comme une place semi-permanente sur un canapé de l’aile ouest de la Maison-Blanche » [6].
En bannissant Steve Bannon de la Maison-Blanche, Donald Trump a contenté son aile juive sioniste et a perdu un conseiller de poids – après avoir été délesté de Michael Flynn qui a été neutralisé et contraint de collaborer avec le procureur Mueller dans le cadre de l’enquête sur la collusion avec les Russes. À propos de l’affaire russe, Bannon s’était exprimé en ces termes dans le livre de Michael Wolff :
« Les trois personnes les plus importantes de la campagne ont pensé que c’était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger dans la Trump Tower, dans la salle de conférence du 25e étage, sans avocats. » [7]
En réaction, Donald Trump a déclaré que Bannon avait « perdu la raison » et a immédiatement entamé une procédure judiciaire, et lui a adressé une mise en demeure écrite, l’accusant d’avoir rompu un accord de confidentialité et d’avoir tenu des propos diffamatoires « à l’encontre de Monsieur Trump et de membres de sa famille ».
Jared Kushner, représentant de l’aile juive sioniste à la Maison-Blanche
Jared est le fils de Charles Kushner, fils de juifs de Biélorussie immigrés aux États-Unis en 1949, né en 1954. Charles Kushner est un promoteur immobilier véreux qui sévit dans le New Jersey, reconnu coupable à plusieurs reprises de fraude fiscale et de manipulation de témoins ; ce qui l’a mené en prison. Parmi ses faits d’arme figure cette affaire où il engagea une prostituée pour séduire son beau-frère et fit filmer leurs ébats avant d’envoyer la cassette à sa sœur [8]. Charles Kushner est le fondateur de Kushner Companies, groupe immobilier dont Jared est actionnaire. Le père Kushner est en outre un multimillionnaire et un des plus importants donateurs au Parti démocrate aux États-Unis.
Jared Kushner est une des courroies de transmission entre les milieux judéo-sionistes, Israël et la Maison-Blanche. C’est lui qui, par ailleurs, avait écrit le discours (bien accueilli par l’auditoire) que Donald Trump a prononcé en mars 2016 devant le lobby pro-israélien AIPAC.
Comme le rapportait le spécialiste de la politique américaine, Jean-Éric Branaa, Donald Trump a, à partir de ce moment, prêté une oreille de plus en plus attentive à ce jeune juif proche de la communauté orthodoxe loubavitch. Après la victoire de Trump il fut nommé haut conseiller.
Il serait, d’après Jean-Éric Branaa, à l’origine du renvoi de deux importants proches conseillers de Trump : Paul Manafort et Corey Lewandowsky. Il aurait aussi conseillé à son beau-père de prendre Mike Pence comme colistier à la place de certains fidèles de la première heure. Et il fut à la manœuvre pour évincer Steve Bannon. D’ailleurs, Steve Bannon – ainsi que je l’ai rapporté dans mon article « L’Europe face à son destin » [9] (25/09/18) – a, depuis son éviction, tenté de se recycler politiquement en Europe en tentant de ramener dans le giron israélien la vague populiste européenne.
À partir du 8 novembre 2016 le clan de Jared Kushner s’est fortement renforcé avec l’arrivée dans l’entourage du Président de l’avocat David Friedman qui a été nommé ambassadeur en Israël ; de Jason Greenblatt qui a pris la direction des Affaires juridiques ; de Steven Mnuchin qui a hérité du portefeuille du Trésor ; de Steven Miller ; de Carl Icahn (régulation) ; de Gary Cohn (affaires économiques) ou encore de Reed Cordish (grand ami de Kushner qui a été nommé à l’innovation technologique).
Jean-Éric Branaa expliquait que :
« Jared Kushner, qui a grandi à Livingstone, dans le New Jersey, dans une famille aisée et démocrate (proche de plusieurs responsables politiques à qui sa famille a fait de larges dons financiers), a œuvré pour que Donald Trump s’apaise et tende davantage vers le centre politique. Les événements lui sont venus en aide, puisque les plus radicaux au Parti républicain sont entrés en conflit avec le Président, lui reprochant de ne pas aller assez vite et, surtout de ne pas allez assez loin… Bannon a été incapable de calmer ce groupe de radicaux et Jared Kushner a conseillé un recentrage, qui seul permettra de tendre la main aux démocrates avec l’espoir que certains d’entre eux suivront la tradition républicaine américaine et accepteront de travailler avec la nouvelle administration… » [10]
Contre-offensive pour réduire l’influence de Jared Kushner et ses réseaux
Mais durant le premier trimestre 2018, Jared Kushner a perdu ses accréditations pour accéder aux informations confidentielles de la Maison-Blanche, et n’est plus autorisé à assister aux réunions les plus sensibles. Le Président l’a purement et simplement rétrogradé [11]. Suite à cela, rapporte la lettre d’information Faits & Documents [12], deux des proches de Jared Kushner, Reed Cordish et Josh Raffel, ont été renvoyés.
La décision de rétrograder Kushner aurait été prise alors que des membres de l’administration Trump s’inquiétaient de la possible manipulation du gendre de Donald Trump par des puissances étrangères (ont été notamment cités Israël et les Émirats arabes unis). Décision intervenue quelques jours avant la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou (proche de Jared Kushner [13]) et du congrès du lobby pro-israélien AIPAC au cours duquel le vice-président Mike Pence s’est exprimé (le 25 mars 2018).
Par ailleurs, le Department of Financial Services (Département des services financiers) a demandé à plusieurs banques des précisions à propos d’arrangements financiers accordés ou demandés par la Kushner Companies (la société fondée par le père de Jared, Charles Kushner), notamment des prêts pour plusieurs centaines de millions de dollars du fonds Apollo Global Management, dont l’un des fondateurs, Joshua Harris, avait espéré en vain une nomination à la Maison-Blanche [14].
C’est dans ce contexte que le National Economic Council (Conseil économique national) – structure réactivée par Donald Trump pour mener sa politique économique – a vu, le 6 mars 2018, la démission de son directeur Gary Cohn, ancien numéro 2 de la banque judéo-américaine Goldman Sachs. Il a été remplacé par Larry Kudlow.
Dans la fournée des départs, se trouve également Dina Powell, membre du CFR (Council on Foreign Relations) et ancienne de Goldman Sachs, faucon de l’administration de George W. Bush, qui occupait jusque-là un poste de conseillère en politique étrangère.
La mise à l’écart de ceux qui ont fait limoger Steve Bannon renforce, comme l’a souligné Faits & Documents, la position des militaires, principalement le chef de cabinet de Donald Trump, le général catholique d’origine irlandaise John Kelly, ainsi que le conseiller à la sécurité nationale Herbert Raymond McMaster, régulièrement accusé d’être « secrètement anti-israélien ».
Renforcement des réseaux israéliens avec la nomination de John Bolton au poste de conseiller à la sécurité nationale
Mais l’administration Trump ne s’est pas subitement transformée en gouvernement antisioniste. Ce nettoyage, qui pourrait apparaître suspect aux yeux du lobby pro-israélien, a été équilibré par la nomination, le 22 mars 2018, de John Bolton, au poste de conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. John Bolton fut un des faucons au sein de l’Administration de George W. Bush et son ambassadeur aux Nations unies.
Le journal libanais L’Orient-Le Jour [15] a rapporté que plusieurs ministres israéliens ont salué la nomination de Bolton, un « ami », tandis qu’une dirigeante palestinienne s’est alarmée du choix d’un vieil adversaire de la cause palestinienne pour ce poste influent.
Ayelet Shaked (ministre de la Justice israélienne de 2015 à 2019) – qui s’est distinguée en juillet 2014, durant le bombardement de Gaza, en appelant à « tuer toutes les mères palestiniennes » [16] – a indiqué dans un communiqué que « le président Trump continue de nommer de véritab]les amis d’Israël aux postes les plus hauts placés. John Bolton fait partie des plus éminents d’entre eux », et d’ajouter « l’administration Trump s’avère être la plus amicale qu’Israël ait jamais connue ».
Naftali Bennet, ministre israélien de l’Éducation (de 2015 à 2019) et chef du parti Le Foyer juif, a qualifié sur Twitter de « formidable » la nomination de John Bolton, « un spécialiste extraordinaire des questions de sécurité, un diplomate expérimenté et un ami fidèle d’Israël ». Le ministre de l’Environnement Zeev Elkin (membre du Likoud) n’a pas non plus tari d’éloges : « Il est sans conteste possible l’ami d’Israël depuis des années, il l’a montré au poste d’ambassadeur américain auprès des Nations unies ».
Pour John Bolton, la solution dite de deux États, un État palestinien coexistant avec Israël, était « morte » ou « plus viable ». Mais il ne propose pas la solution de la création d’un seul État où vivraient les Palestiniens et les Israéliens. Cela irait à l’encontre du séparatisme juif… [17]
Bolton affirma en 2014 que « la seule logique sous-tendant la demande d’un État palestinien, c’est l’impératif politique des adversaires d’Israël d’affaiblir et d’encercler l’État juif », préconisant une « solution à trois États » dans laquelle la Cisjordanie serait rattachée à la Jordanie et la bande de Gaza à l’Égypte.
Les commentateurs israéliens mettent en exergue les positions intransigeantes de Bolton vis-à-vis de l’Iran, et en particulier son opposition farouche à l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 par l’administration Obama.
Et Bolton, l’homme des Israéliens à ce poste important, pousse aujourd’hui à la guerre contre l’Iran.
Le rôle de John Bolton et des Israéliens dans la nouvelle crise iranienne
En réponse à la dénonciation américaine de l’accord sur le nucléaire iranien, Téhéran a décidé, en mai 2019, de ne plus respecter certaines restrictions de l’accord sur le stockage d’uranium enrichi. Toutefois, l’Iran ne se retire pas totalement de l’accord sur le nucléaire, signé en 2015 avec les puissances occidentales.
Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien a déclaré :
« La République islamique ne se considère pas à ce stade engagée à respecter les restrictions concernant le stockage d’uranium enrichi et d’eau lourde. » [18]
L’Iran est dans son droit (les articles 26 et 36 prévoient cette mesure prise par Téhéran), puisqu’il n’a eu aucune contrepartie ; les sanctions n’ont pas été levées, le pays se trouve toujours soumis à un embargo qui le fait suffoquer. Par ailleurs, la Russie et la Chine ont apporté leur soutien à l’Iran dans sa décision.
Comme l’a souligné l’analyste Pepe Escobar :
« L’administration Trump a unilatéralement triché sur la résolution de l’ONU sur le nucléaire iranien (2015). Imposant un blocus financier mondial illégal empêchant toutes formes de commerce avec l’Iran – du pétrole et du gaz à l’export au fer, acier, aluminium et cuivre. Dans n’importe quel scénario géopolitique, c’est une déclaration de guerre. » [19]
Cette pression exercée sur l’Iran a pour objectif de pousser Téhéran à la faute. Bien que les Iraniens ne soient pas sortis de l’accord (contrairement aux États-Unis) et que leur décision de ne plus respecter certaines clauses soit légale, les Américains, John Bolton au premier chef, ont sauté sur l’occasion pour battre les tambours de la guerre.
Les États-Unis ont, sans tarder, positionné le porte-avions Abraham Lincoln dans le golfe Persique, et, lors d’une réunion, le secrétaire à la Défense, Patrick Shanahan, a présenté un plan militaire actualisé prévoyant l’envoi de 120 000 soldats au Proche-Orient au cas où l’Iran attaquerait les forces américaines ou accélérerait le développement d’armes nucléaires, ont déclaré des responsables de l’administration américaine.
Un plan militaire ordonné par le conseiller à la sécurité nationale John Bolton [20], l’homme des Israéliens.
Les Israéliens et leur lobby ont toujours été derrière la politique anti-iranienne des États-Unis, y compris sous l’administration Trump [21].
C’est d’ailleurs devant le lobby pro-israélien, l’AIPAC, le 21 mars 2016, en pleine campagne présidentielle, que Donald Trump avait tenu les propos les plus agressifs envers l’Iran et qu’il avait promis de jeter à la poubelle l’accord sur le nucléaire iranien [22].
Et aujourd’hui encore, derrière la nouvelle crise américano-iranienne, on retrouve les Israéliens à la manœuvre.
Pour justifier une éventuelle guerre contre l’Iran, un des prétextes avancés est que Téhéran préparerait une attaque contre les intérêts américains dans le Golfe. Une « information » transmise au conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, par le Mossad, lors d’une rencontre à la Maison-Blanche, entre Bolton et le conseiller à la sécurité nationale israélien Meir Ben Shabbat [23].
Un officiel israélien a déclaré à propos de cette « menace » iranienne :
« Ce qu’essayent de faire les Iraniens et comment ils planifient de le faire n’est pas encore clair pour nous, mais il est clair pour nous que la température iranienne augmente et qu’elle résulte de la campagne de pression américaine contre eux, et ils envisagent des représailles contre les intérêts américains dans le Golfe. » [24]
Or, nous avons toute la documentation prouvant que les Israéliens et leur lobby sont, depuis de nombreuses années, derrière la campagne de pression américaine sur l’Iran [25].
Des officiels américains opposés aux fauteurs de guerres israéliens
Plus d’une demi-douzaine d’officiels de la sécurité nationale américaine se sont exprimés (sous couvert d’anonymat) en mai 2019 à la demande du New York Times. Commentant la taille des forces impliquées dans le déploiement dans le Golfe, ils se sont dits choqués. Le nombre de 120 000 soldats approche celui des forces américaines qui ont envahit l’Irak en 2003 (une guerre déclenchée à la suite des pressions exercées par les Israéliens et leur lobby sur l’administration américaine [26]). Les hauts fonctionnaires américains ont ajouté :
« Déployer autant de forces aériennes, navales et terrestres, donnerait plus de cibles à frapper à Téhéran, et potentiellement plus de raisons de le faire, risquant d’entraîner les États-Unis dans un conflit de longue haleine. Cela inverserait également des années de retranchement par l’armée américaine au Proche-Orient, qui a commencé avec le retrait des troupes d’Irak en 2011 sous le président Barack Obama. » [27]
Trois responsables gouvernementaux américains ont rapporté au Daily Beast que des chefs de plusieurs agences de renseignement américaines avaient estimé que « la nouvelle activité menaçante de l’Iran », évoquée par l’administration Trump pour justifier sa présence militaire dans le golfe Persique, « répondait au comportement agressif adopté par l’administration américaine au cours des deux derniers mois ».
D’autre part, plusieurs législateurs de Capitol Hill ont déclaré au Daily Beast (qui a rapporté leurs propos le 22 mai 2019) que :
« Les décisions agressives prises par Téhéran… semblent être une réponse aux actions de Washington, qui fait pression sur la République islamique et sur ses dirigeants. » [28]
Les décisions de l’administration Trump de renforcer les sanctions pétrolières et de désigner le corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme un groupe terroriste ont été particulièrement provocantes, ont ainsi souligné les législateurs américains.
« Sans vouloir révéler d’informations confidentielles, je dois dire qu’il n’y a rien qui nous montre que nous devons envoyer nos bombardiers B-52 et nos Marines dans la région. Nos positions ne sont pas fondées sur des données provenant des agences de renseignement », a indiqué au Daily Beast un membre du Congrès américain qui a souhaité garder l’anonymat. Ce sont effectivement des manœuvres fondées sur des données provenant, non des agences de renseignement états-uniennes, mais du Mossad.
De même que l’argument sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, a été fourni aux Américains par des sources israéliennes ; le 3 mai 2002 (un an avant la guerre d’Irak), le porte-parole d’Ariel Sharon (alors Premier ministre), Ra’anan Gissen, disait à un journaliste : « Si on n’arrête pas Saddam Hussein maintenant, nous devrons faire face, dans cinq ou six ans, à un Irak disposant d’armes nucléaires, à un Irak disposant de systèmes de lancement pour des armes de destruction massive » [29].
Israël alimentait Washington en rapports alarmistes concernant les pseudo-programmes irakiens d’armes de destruction massive à un moment où, selon les termes mêmes d’Ariel Sharon « la coordination stratégique entre Israël et les États-Unis avait atteint un niveau sans précédent » [30]. Une coordination qui n’est pas sans faille… Après la guerre du printemps 2003 et après qu’on eut appris qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive, le comité du Sénat en charge des relations avec les services de renseignement (Senate Intelligence Committee) et la Knesset (parlement israélien), ont publié des rapports séparés révélant que l’essentiel des informations transmises à l’administration Bush par Israël sur les armes de destructions massives étaient fausses [31].
En 2003, lorsque l’administration Bush commençait à préparer son offensive contre Bagdad, les dirigeants israéliens essayaient déjà d’entraîner les États-Unis dans une guerre contre l’Iran, expliquant aux officiers américains que l’Iran était une menace plus importante que l’Irak [32].
Incident des pétroliers dans le golfe d’Oman : provocation des fauteurs de guerre ?
Il y a un an, en juin 2018, j’expliquais lors de l’émission Chroniques de la paix universelle (épisode 6) [33], que, compte tenu du désengagement des États-Unis au Proche-Orient et du refroidissement des relations russo-israéliennes (et ce trois mois avant l’incident aérien ayant conduit à la mort de 15 militaires russes causée par une manœuvre de la chasse israélienne), il y avait un risque d’attaque sous faux drapeau pour débloquer la situation dans laquelle se trouvaient les Israéliens, et ainsi relancer le projet sioniste.
C’est sous cette perspective qu’il faut analyser l’incident des pétroliers frappés dans le golfe d’Oman.
Le jeudi 13 juin 2019, deux pétroliers, le Front Altair et le Kokula Courageous, respectivement sous pavillon des Îles Marshall et du Panama, ont été attaqués en mer d’Oman, près du détroit d’Ormuz. 44 membres d’équipage ont été repêchés par des secouristes iraniens puis débarqués dans un port de la République islamique d’Iran, selon l’agence de presse officielle Irna.
Les États-Unis ont immédiatement attribué la responsabilité de l’incident à l’Iran, qui a rejeté ces accusations en les qualifiants de non fondées. La Navy états-unienne a publié, le jeudi 13 juin (le jour même de l’incident), une vidéo très floue, où, selon les responsables américains, on peut voir un équipage iranien retirer après coup une mine « limpet » (mine marine posée sur une cible par des aimants) qui était posée sur la coque mais n’a pas explosé. De son côté, l’Iran a assuré que son équipage était là pour porter secours au pétrolier.
Le vendredi 14 juin 2019, un officiel américain a affirmé sur CNN que l’Iran a tiré un missile sol-air visant un drone américain (qu’il a manqué) quelques heures avant l’attaque contre les pétroliers. L’officiel américain a précisé que le drone américain MQ-9 Reaper aurait identifié des navires iraniens approchant des pétroliers, sans toutefois indiquer si le drone avait repéré les navires en train de mener l’attaque [34].
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, a répondu que « Ces accusations sont alarmantes » et d’ajouter : « Ces attaques [contre les pétroliers] arrangent bien les officiels américains ». Yutaka Katada, PDG de la société japonaise qui exploite le pétrolier Kokuka Gorgeous, touché par l’explosion, a réfuté la version américaine des événements, déclarant que l’équipage du bateau avait vu un tir peu avant l’explosion. Yutaka Katada a ainsi déclaré :
« On nous a signalé que quelque chose a volé vers le navire. L’endroit où le projectile a frappé était nettement au-dessus de la ligne de flottaison, donc nous sommes absolument sûrs qu’il ne s’agissait pas d’une torpille. Je ne pense pas qu’il y avait une bombe à retardement ou un objet posé sur le côté du navire. Une mine n’endommage pas le navire au-dessus du niveau de la mer. Nous ne savons pas exactement ce qui a frappé, mais quelque chose a volé vers le navire. » [35]
Il y a eu des précédents historiques qui nous mènent à déduire qu’il s’agit là d’une attaque sous faux drapeau pour déclencher une guerre contre un ennemi désigné d’Israël.
Quelques exemples historiques d’attaques sous faux drapeau
Alors que les Anglais avaient, à l’issue de la Première Guerre mondiale, créé le foyer national juif au profit des sionistes, l’Irgoun (l’Irgoun, et la Hagana dont il est issu, sont des organisations terroristes du foyer national juif, le Yishouv, qui ont donné naissance à Tsahal, et qui avaient pour rôle de soutenir et d’étendre les colonies en Palestine) mena dans les années 1940 des actions violentes contre l’Empire britannique finissant, pour le chasser de Palestine [36], notamment avec l’attentat à la bombe ayant frappé les bureaux du mandataire britannique dans l’Hôtel King David le 22 juillet 1946. Détail qui a son importance : les terroristes de l’Irgoun s’étaient habillés pour l’occasion en arabes pour faire porter le chapeau aux Palestiniens. [37]
Nous avons là un bel exemple d’attaque sous faux drapeau ; actions déguisées que les Israéliens mèneront à plusieurs reprises contre leurs alliés pour les entraîner dans des conflits armés. Par exemple :
En 1954, des agents israéliens tentaient de faire sauter plusieurs cibles de leur allié américain en Égypte, dans le but de pousser ce dernier contre les Égyptiens.
En 1967, les Américains ont évité de se mêler de la guerre des Six Jours, du fait de la menace de l’Union soviétique alliée de la Syrie et de l’Égypte. Les Israéliens tentèrent alors d’attirer les États-Unis dans la guerre en frappant leur navire de reconnaissance USS Liberty ; attaque que les Israéliens voulurent faire passer pour une agression égyptienne, comme en 1954. [38]
Rappelons qu’un mois seulement avant cet incident dans le golfe d’Oman, les États-Unis affirmaient que les Iraniens préparaient une attaque contre les intérêts américains dans le Golfe ; affirmation fondée sur une « information » transmise au conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, par le Mossad israélien.