Rachel Khan, c’est le triple déterminisme femme, noire et juive : normalement, dans un pays antiraciste comme le nôtre, elle est intouchable, incritiquable, invannable (il faudrait que l’Académie se dépêche de valider ce gargarisme). Seulement, la jurisprudence Charlie dit qu’on a le droit de blasphémer. On a le droit de se moquer de tout et de tout le monde, mais sans haine. Il faut donc rappeler, si on fait une blague sur les Noirs ou les juifs, ou les femmes, ou les homos, ou les Blancs, que c’est de l’humour et pas de la haine. Il suffit de le dire et c’est gagné. Enfin, presque.

En théorie, la France défend la liberté d’expression puisque nous sommes le pays de la liberté, des libertés. Mieux, à l’ONU, on défend non seulement la liberté d’expression mais aussi la « dissidence culturelle ». Mais c’est pour nous, ça ! La preuve en mots, c’est même Charlie Hebdo qui le relaie :

Tous les États et la communauté internationale doivent faire davantage pour assurer la sécurité de ceux et celles qui exercent et défendent les droits culturels et les valeurs démocratiques, notamment par l’expression artistique, l’éducation et la dissidence culturelle.

Les gouvernements doivent veiller à ce que les auteurs des crimes contre les défenseur(e)s de ces droits soient traduits en justice, conformément au droit international. Il est également essentiel de commémorer ces victimes et de lutter efficacement contre les idéologies fondamentalistes et extrémistes telles que celles qui ont motivé leurs meurtres, conformément aux normes internationales. Les États doivent reconnaître et soutenir le rôle positif du débat et de la dissidence à travers les expressions culturelles et créatives, et protéger ceux qui s’y adonnent.

Il est indéniable que Dieudonné, dans un genre qui est le sien et qui n’appartient qu’à lui – et c’est peut-être ça le problème, mais vu la lâcheté ambiante... – pratique ce qu’on appelle désormais officiellement une dissidence culturelle. Autrement dit, en langage plus clair, on ne le verra pas chez Drucker, qui n’est toujours pas viré de la télé alors que c’est un vieux Blanc patriarcal. Il doit bien y avoir une explication, mais elle nous échappe.

Le polémiste Dieudonné M’bala M’bala a été condamné à 10 000 euros d’amende pour injure raciste envers l’écrivaine et actrice Rachel Khan, vendredi 30 septembre. L’amende peut se transformer en prison en cas de non-paiement. Ce dernier avait déclaré, dans une vidéo du 6 octobre 2020 en « réponse » à Rachel Khan : « tu resteras une pauvre négresse à la fin de l’histoire. » (France Info)

L’avocat de l’humoriste numéro 1 – même Jean-Marie téchouva Bigard le reconnaît, – fait appel du jugement, en plus son client affirme avoir été victime d’un deepfake. Qu’est-ce ?

Dans la séquence suivante, il s’agit bien de Rachel, qui passe sur Akadem, le campus numérique juif. On y parle de « l’héritage afro-yiddish ». C’était en 2016, avant que Rachel (qui a un DESS de « droits de l’homme et droit humanitaire » !) ne soit hissée en haut de l’affiche par le Système.

On espère, pour ses adversaires idéologiques (les hommes blancs de confession non juive), qu’elle va pas nous sortir la carte agression sexuelle, l’as des as, car là, elle finit présidente de la République [1] !

Au-delà de sa confortable triangulation qui lui donne droit à plein de postes et protections, Rachel a des idées. Par exemple, pour elle, la liberté c’est :

Et puis avec RachKhan il y a des mots interdits. C’est elle qui décide toute seule, comme 100 Akadémiciens, si on peut prononcer tel ou tel mot. C’est elle qui décide du blasphème, quoi.