Débat Première partie
Ahmed Bihmiden – Vous êtes sur
radio Al Manar – 106.8 à Bruxelles et 105.4 à Liège – à votre
émission hebdomadaire du dimanche Regards
critiques. Aujourd’hui nous recevons Alain Soral. Alors,
on ne le présente plus, évidemment. Il est très connu sur Internet
notamment. Et ses multiples apparitions sur les chaînes françaises
et bien sont légion, même si elles le sont beaucoup moins en ce
moment. Vous êtes, Monsieur Soral... Bonjour d’abord.
Alain Soral – Bonjour à
vous.
Ahmed Bihmiden – Bonjour. Vous êtes essayiste, pamphlétaire. Vous êtes l’auteur de nombreux ouvrages qui traitent des faits de société, comme vos ouvrages Abécédaire de la bêtise ambiante, Misères du désir, Sociologie du dragueur, pour ne citer que ceux-là. Et votre dernier ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui, qui traite de l’actualité internationale, les conflits qui bordent notre chère planète : Comprendre l’Empire. Tout ceci, évidemment, aux Éditions Blanche.
Voilà, alors votre bouquin, on l’a lu. On a vu aussi vos vidéos. En tout cas, on peut dire qu’elles consistent en une exégèse de votre bouquin parce que vous vous étalez beaucoup sur votre livre. On sait aussi que votre livre se vend assez bien. J’ai pu d’ailleurs le voir dans de nombreuses grandes librairies ici à Bruxelles. Et aussi dans une librairie, paradoxalement, dans une grande librairie tenue par des membres de la communauté juive. Ça, je pense qu’il faudrait le souligner. Évidemment, je ne dirai pas le nom.
Déjà, pour commencer, Monsieur
Soral, votre livre, comment expliquez-vous son succès actuel ?
Alain Soral – Je l’explique sans doute de plusieurs façons. D’abord parce qu’il parle du processus mondialiste de manière assez complète, et qu’il y a très peu de gens qui osent s’attaquer à ce sujet de manière aussi complète.
Et puis aussi, parce que j’ai une grosse présence sur Internet du fait que j’ai été banni des médias traditionnels à partir de 2004, pour diverses raisons dont on pourra parler. Et qu’ayant compris que je n’aurais plus accès aux médias traditionnels, et n’étant pas défaitiste de nature, je me suis organisé sur Internet pour pouvoir assurer moi-même ma promotion, à travers notamment le site Égalité et Réconciliation qui est un gros site qui fonctionne bien. Et grâce à Internet et à la qualité du livre, eh ben ce livre fonctionne, se vend, par le bouche à oreille.
Et il faut savoir deux choses. C’est
que un : il a été totalement boycotté par les médias
traditionnels qui n’en ont jamais parlé ; ce qui est
d’ailleurs plus intéressant, parce qu’ils auraient pu
l’attaquer, mais ils ont préféré ne pas en parler du tout ;
et deux : il se trouve quand même que j’ai le même éditeur
depuis plus de quinze ans, 1994.
Ahmed Bihmiden – Les Éditions
Blanche.
Alain Soral – Il faudrait
compter, oui, ça fait beaucoup plus de quinze ans même, vingt-cinq
ans, je ne sais pas. Et que je suis resté fidèle à cet éditeur
qui m’est resté fidèle aussi malgré toutes les vicissitudes, et
que cet éditeur est distribué par Interforum.
C’est-à-dire que nous avons encore accès, au niveau de la
distribution, aux librairies traditionnelles. Et que comme je suis
quelqu’un qui vend des livres, même si je suis controversé. Mes
livres ont toujours rencontré un public. Mes livres se vendent
autour de 20 000 exemplaires chacun, quoi qu’il arrive.
Ahmed Bihmiden – Et quel genre de
public vous arrivez à charrier, Monsieur Soral ?
Alain Soral – Comment ?
Ahmed Bihmiden – Quel genre de
public ?
Alain Soral – Ça je n’en
sais rien. Mais ce qui est sûr, c’est que mes bouquins se vendent.
Ahmed Bihmiden – Y’a pas
d’échos ?
Alain Soral – Se sont
toujours vendus. Et que comme j’ai eu accès aux librairies, malgré
le boycott des médias traditionnels, et par mon travail sur
Internet, Internet plus l’accès aux librairies, fait que ce
livre, par le bouche à oreille et ça mise en place, s’est vendu,
d’abord petit à petit, mais sur la longue durée, puisque là ça
fait plus d’un an qu’il est sorti, et nous en sommes à la
huitième réimpression, et nous avons passé allègrement les trente
mille exemplaires. Ce qui pour un essai un peu difficile – parce
que ce n’est pas un livre très, très grand public – est un gros
succès, surtout quand on connaît les ventes d’essais actuelles.
Je m’enorgueillis aujourd’hui de vendre six fois plus de livre
que Bernard-Henri Lévy, voyez.
Ahmed Bihmiden – Ce qui est sans doute un exploit vu la proportion médiatique. Très bien.
Alors Comprendre l’Empire, on va directement aller au titre avant d’aller au contenu du bouquin. Monsieur Abdellah Boudami qui est ici présent, que je présente, ici, qui est coauteur du livre avec Michel Collon, Israël, parlons-en ! a lu votre bouquin. Il l’a encore lu ce matin d’ailleurs, parce que ce livre l’a énormément interpelé. Et il aurait souhaité évidemment pouvoir en discuter avec vous. Et nous aussi, on aurait évidemment souhaité en parler.
Alors, Comprendre l’Empire.
Ce titre « L’Empire », déjà, qu’est-ce que ça
signifie ? Pourquoi avoir choisi ce mot et qu’est-ce qu’il
contient ?
Alain Soral – C’est déjà un peu éclairé par le sous-titre qui est Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations. Donc déjà, « Empire » ça s’oppose à « Nation ». Les organisations humaines de grande échelle, y’en a pas trente-six formes : y’a les nations et puis les empires. Les empires en général sont une nation qui règne, à partir d’une nation, sur d’autres nations en les soumettant. Donc il y a cette définition-là.
Il y a la définition de l’impérialisme tel que le définit le marxiste qui est une domination due en partie à la logique de fuite en avant du Capital. Et en fait, ça correspond aujourd’hui à ce dont les gens entendent parler à travers l’idée de « nouvel ordre mondial » et de « gouvernement mondial ».
« Comprendre l’Empire », c’est comprendre ce processus de domination supra-étatique dont un des moteurs, mais pas le seul, est la logique du profit, et qui tend aujourd’hui à asservir et à détruire les nations, qui est ce processus auquel on assiste en ce moment.
Et une des raisons d’ailleurs pour
lesquelles le livre se vend, c’est que ce livre qui est sorti il y
a un an, parle d’un processus de destruction accéléré, de
domination accélérée, qui depuis tend à se vérifier par ce qui
se passe en politique internationale et même intérieure un peu
partout dans le monde occidental et le monde arabe.
Ahmed Bihmiden – Abdellah Boudami.
Abdellah Boudami – Oui, je suis très intéressé par ce bouquin parce qu’effectivement, et on l’a souligné ici, il a fait pas mal de succès malgré le black-out médiatique. Black-out qui n’est pas étonnant. Et je me suis intéressé à ce bouquin parce que l’Empire, c’est un sujet qui nous concerne tous dans la mesure où les actions de l’Empire, de l’impérialisme, ont des conséquences immédiates sur la vie de tous les jours de plusieurs milliards d’individus. Alors effectivement, la question de l’Empire est une question très intéressante.
Et lorsque j’ai lu le livre Comprendre l’Empire, je me suis dit : ben tiens, quelle autre vision pouvons-nous avoir de l’Empire ?
Et je suis au regret de dire que je n’ai pas très bien compris l’Empire selon l’optique de monsieur Alain Soral. Et alors, moi, je pense qu’il est important de débattre de ce livre parce que, justement, il a du succès auprès notamment des jeunes. Et je dois le souligner autour de moi, par exemple les jeunes de la communauté issue de l’immigration postcoloniale du Maghreb.
Alors moi, je pense, justement, que ce livre-là séduit toute une large couche de la population alors même qu’il n’explique pas très bien l’Empire, et il n’explique pas très bien l’Empire selon l’optique que l’on devrait avoir, à savoir, le colonialisme.
Alors j’entends maintenant que l’Empire, c’est une opération de domination d’une nation sur les autres. Or, dans ce livre-là, je n’ai pas retrouvé, ou pas retrouvé assez bien, cette optique-là.
Et je voudrais aussi dire, par
rapport au sous-titre qui est Demain la gouvernance globale ou
la révolte des Nations que je n’ai pas retrouvé beaucoup
le thème de demain mais beaucoup le thème d’hier, par une
réactivation nostalgique de l’Ancien Régime, du catholicisme
versus le protestantisme, avec cette nostalgie qui est typique de
certains auteurs que l’on classerait aujourd’hui, et que l’on
classe d’ailleurs, depuis longtemps, d’extrême droite.
Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur
Soral, sans doute, vous avez la nostalgie, eh bien de l’Ancien
Régime, parce qu’évidemment, peut-être que le système,
actuellement, ne vous plaît pas.
Alain Soral – Non. Alors, je vous réponds tout de suite, non. Quand on a bien lu le livre, ce n’est pas vrai. Je détricote l’histoire officielle notamment qui est l’histoire de la France.
Parce que la France a produit ce qu’on appelle l’universalisme français qui est au cœur de l’idéologie de domination mondialiste qu’on appelle « les droits de l’homme » puisque c’est nous qui avons pondu d’abord « les droits de l’homme et du citoyen » qui ont été élargis et rendus encore plus abstraits à travers ce qu’on appelle « les droits de l’homme universels ». Et ça s’est fait d’abord par les penseurs de la Révolution française, puis par trois Français qui sont Cassin, Schuman et Monnet.
Donc, nous sommes très, très impliqués, nous, Français, au niveau de cette production idéologique qui est le socle idéologique de l’impérialisme mondialiste.
Donc, je me suis intéressé à
détricoter toute cette histoire qui est l’histoire du
progressisme. C’est pour ça que le monsieur-là ne comprend pas
très bien mon livre. Parce qu’en partant de l’anticolonialisme,
on ne part pas de la matrice. On part déjà d’un épiphénomène.
Abdellah Boudami – Intéressant !
Alain Soral – Le colonialisme est une conséquence du mensonge des droits de l’homme, c’est-à-dire via la logique de Jules Ferry. Et donc, il faut remonter bien avant. Ce que ce monsieur n’a pas fait, visiblement. Mais moi je l’ai fait.
C’est-à-dire le mensonge des Lumières qui nous présentait l’Ancien Régime comme une obscurité absolue et un totalitarisme, et la Révolution française comme la Liberté et l’Égalité, etc.
Donc moi, je ne suis pas du tout dans la « nostalgie » de l’Ancien Régime. Je montre qu’on a procédé à une diabolisation de l’Ancien Régime pour nous faire passer le nouveau régime, qu’on appelle démocratique, pour l’« empire du bien ». Et qu’en réalité, sur des tas de plans, c’est équivalent, ou même une aggravation, en termes de domination d’un groupe humain sur l’autre.
Donc je ne suis absolument pas ni un nostalgique de l’Ancien Régime, parce que je pense que le retour en arrière n’a pas de sens. Mais je dis simplement, que si on ne fait pas ce détricotage de l’histoire du progressisme français selon Michelet, et ce détricotage nous oblige aussi à revenir sur ce qu’était réellement l’Ancien Régime et sur finalement sa complexité. Et donc de revenir sur le mensonge sur ce qu’on appelle l’« absolutisme royal » qui n’a pratiquement existé.
Si on ne fait pas ce travail préalable, on ne peut rien comprendre à tout le processus de domination mondialisme par la démocratie et les droits de l’homme.
C’est pour ça que quand on part du colonialisme, on ne remonte pas assez moi. On part d’un phénomène qui est déjà tardif et épiphénoménal. Et surtout, on part de présupposés qui sont totalement dans la main de l’Empire, puisque, finalement, l’anticolonialisme se fait au nom des mêmes valeurs que le colonialisme, c’est-à-dire des Lumières, des droits de l’homme. Il suffit pour ça de lire les interventions de Jules Ferry à la Chambre, dès 1830, pour justifier la pacification de l’Algérie. Ça s’est fait au nom des idées de gauche, au nom des idées de démocratie, au nom des idées de laïcité, et au nom des idées d’universalisme.
Et donc, je ne réhabilite pas
l’Ancien Régime. J’explique qu’il faut, si on veut comprendre
la domination impériale, faire un travail de remise à plat
intégral, qui consiste aussi, non pas à réhabiliter la monarchie,
mais à revenir sur une vision réaliste sur ce qu’était la
monarchie, sur le plan politique et sociologique.
Mahadi – Oui, tout à fait. Mais
je suis assez, en fait, d’accord sur ce plan-là, avec Alain. Oui,
en fait, j’ai compris le livre de la même manière qu’il est en
train de l’expliquer.
Alain Soral – Tant mieux !
Ahmed Bihmiden – Non pas comme Abdellah Boudami l’a développé.
Mais est-ce qu’ici, Monsieur Soral, est-ce que vous ne pensez pas qu’on tombe un peu dans la philosophie ? C’est une question philosophique en fait l’idée des droits de l’homme, l’idée de placer l’individu au centre de la réflexion, qui a été un processus qui s’est développé dans une sphère civilisationnelle donnée. Alors après, c’est lié ou relié à une certaine vision politique.
Et c’est peut-être là que les
gens n’arrivent pas à faire le lien entre philosophie et
philosophie politique.
Alain Soral – De toute façon, toute philosophie est politique, et vice versa, vous le savez. Tout ça est une totalité dialectique. Mais le danger, c’est de ne pas comprendre justement ces présupposés, qui sont d’ailleurs toujours relatifs et discutables, et surtout qui sont toujours historiques.
Et fait, moi, j’explique bien que la vision du progressisme universaliste individualiste est la vision objective d’une classe sociale. Et ce n’est pas moi qui l’ai inventé. C’est du marxisme, mais du marxisme, je dirais, fin.
C’est la vision d’une classe sociale qui s’appellera la bourgeoisie, qui est une classe essentiellement commerçante, qui s’appuie sur une idéologie en apparence totalement abstraite et je dirais métapolitique et même au-delà de l’humain qui s’appelle la « Raison ». Et qu’en fait, cette « Raison » est une religion dont le premier vecteur est de s’opposer à la vision du monde qui l’a précédée, qui était la vision de la monarchie théocratique, et notamment en France, du catholicisme.
Car je pense que la Réforme... C’est-à-dire que le protestantisme est déjà une demi-destruction du catholicisme pour aller vers l’idéologie de la Raison. En réalité, le protestantisme est déjà un pas vers l’idéologie de la Raison et déjà une demi-destruction du christianisme, tel que moi, je le comprends : c’est-à-dire que le christianisme est catholique ou il n’est pas. Mais ça, c’est une analyse. Je ne suis pas catholique pratiquant.
Et donc effectivement, il faut faire de la philosophie. Il faut faire de la philosophie et de la sociologie et de la politique fine et profonde pour comprendre les enjeux. Parce que sinon, on prend des concepts qui sont relatifs et qui sont historiques, pour des aprioris transcendantaux.
Et c’est le gros problème souvent
de mes adversaires, qu’ils soient d’ailleurs de gauche ou de
droite – car je suis attaqué et de gauche et de droite –, parce
qu’ils fonctionnent sur des certitudes qui pour moi, n’en sont
pas. Et j’essaye moi, effectivement, de faire un travail de
relativisation de tout ça.
Abdellah Boudami – Sur l’Ancien
Régime, je ne pense pas asséner ici des certitudes. Je pense même
que dédiaboliser une histoire parce qu’effectivement, la France,
comme toute autre nation, s’établie sur des mythes, sur une
histoire dans laquelle on réactive des aspects plutôt que d’autres.
Ahmed Bihmiden – Le roman
national.
Abdellah Boudami – Effectivement, on sait très bien que par rapport à la Révolution française, beaucoup d’historiens, beaucoup d’intellectuels, ont privilégié des visions qui faisaient de cette épisode de l’histoire quelque chose de toute à fait glorieux versus un Ancien Régime sombre et chaotique.
Mais, moi, je dirais que la façon dont vous le présentez dans votre livre n’est pas une dédiabolisation, mais juste l’envers de la pièce par rapport à ceux qui diabolisent justement l’Ancien Régime. Lorsqu’on lit l’Ancien Régime tel que vous, eh bien alors il y a toute l’époque de l’Inquisition qui disparait, toute l’époque de l’esclavage.
Pourquoi on appelle le Moyen-Âge ? Parce que la science n’occupe pas le devant de la scène. L’épisode de Copernic, de Galilée, etc.
Tout ceci, vous l’effacez pour
privilégier une vision de l’Ancien Régime où lorsqu’on vous
lit, c’est 1000 années de pacifisme où l’Église, avec sa
morale chrétienne de la défense de la veuve et de l’orphelin, a
défendu les pauvres. Ce qui est une vision tout à fait absolument
fausse lorsqu’on se penche un tant soit peu sur l’histoire, par
pour dire que l’Ancien Régime, c’est le monstre de l’histoire
de l’humanité, mais en tout cas, qu’il y avait beaucoup de
problèmes dont les contradictions, comme vous le dites vous-même,
vont amener à la Révolution.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
là-dessus ?
Alain Soral – Ce monsieur n’est pas dans l’analyse, il est dans la polémique.
Moi, je montre les mensonges qui ont été dits sur l’Ancien Régime pour dire que ce n’était pas tout à fait ce qu’on nous a dit. J’ai dit qu’en gros, c’était un pouvoir, c’est-à-dire un pouvoir d’un groupe humain qui en domine d’autres, qui étaient. Je m’appuie sur Dumézil, sur ce qu’on appelle le « monde tripartite ».
C’est-à-dire c’était la coalition des bellatores et des oratores contre les laboratores qui s’est toujours faite. C’est-à-dire le Clergé et la monarchie, c’est-à-dire les gendarmes au départ qui vivent sur le dos d’une classe travailleuse qui a toujours été finalement le cas. Et que cette coalition de la noblesse et du Clergé est progressivement minée de l’intérieur, notamment par ce que j’appelle l’édit de la Paulette, c’est-à-dire la vénalité des charges, c’est-à-dire la monté de la bourgeoisie à travers la noblesse de robe, la bourgeoisie de robe, etc.
Donc, moi, je ne suis pas dans la
polémique : oui, non, pour. C’est toujours pareil.
C’est-à-dire que ces visions binaires : sioniste-antisioniste,
colonialiste-anticolonialiste n’ont aucun sens pour moi.
Abdellah Boudami – Mais vous êtes,
effectivement, dans une vision binaire puisque vous opposez un Ancien
Régime idéalisé versus une Révolution française.
Alain Soral – Ce n’est
pas intéressant, et surtout ce n’est pas mon livre. Il suffit que
les gens le lisent.
Abdellah Boudami – Ah ! mais
je les invite à le lire. Ils le verront de manière très, très
évidente.
Alain Soral – Les gens qui
l’ont lu voient très bien qu’il n’y a pas de réhabilitation…
Si vous pouviez éviter de parler en même temps que moi !
Ahmed Bihmiden – Allez-y, je vous
en prie. Il reste cinquante secondes avant la publicité.
Alain Soral – Comment ?
Ahmed Bihmiden – Il reste
cinquante secondes avant la publicité. Terminez.
Alain Soral – Oui, donc,
voilà. Je ne vais pas répéter vingt fois que je ne fais pas une
réhabilitation de l’Ancien Régime.
Ahmed Bihmiden – Très bien.
Alain Soral – Je dis : le progressisme des Lumières accompli par la Révolution française, qui est en fait la prise du pouvoir par la bourgeoisie d’argent, a besoin de diaboliser l’Ancien Régime. Si on croit à cette diabolisation et qu’on croit que c’est la monarchie catholique qui a inventé le colonialisme, qui a inventé l’esclavage, on croit à des bêtises.
Alors qu’il y ait quelqu’une qui
ait envie de professer ces bêtises, ici.
Abdellah Boudami – Pourtant, on
voit bien que dès 1492, l’Église espagnole légitime l’esclavage.
Ça, c’est un fait historique que vous ne pouvez pas nier.
Alain Soral – Mais
l’esclavage existait, mon petit monsieur, du temps de l’Empire
romain et chez les Grecs.
Abdellah Boudami – Eh bien, les
catholiques, aussi, l’ont utilisé. Alors ça fait partie de
l’Ancien Régime en tant que tel. Et vous n’en parlez pas. Et je
comprends pourquoi vous n’en parlez pas.
Ahmed Bihmiden – La publicité arrive. On continuera sur ce sujet, juste après une courte page de publicités.
Débat Deuxième
partie
Ahmed Bihmiden – Voilà, de retour
dans notre émission Regards Critiques
avec Alain Soral. Alors, on a abordé cette question de l’Ancien
Régime. On ne va pas s’éterniser là-dessus, évidemment. On va
parler de la question des réseaux, Monsieur Soral. Alors pour vous,
les réseaux, notamment – je vais les citer – les réseaux
maçonniques et sionistes sont à l’origine des déséquilibres
socioéconomiques dans le monde.
Alain Soral – Oui, je
voulais finir quand même sur la partie d’avant. La colonisation
est vielle comme le monde. Elle n’est pas consubstantielle à la
monarchie catholique.
Ahmed Bihmiden – Rapidement.
Alain Soral – Les Grecs,
les Romains colonisaient. Tout le monde a colonisé.
Abdellah Boudami – Bien sûr !
Alain Soral – Donc voilà.
Abdellah Boudami – Ben alors, il
ne faut pas occulter cette partie de l’histoire de l’Ancien Régime
ou de l’Empire romain.
Alain Soral – Et ce qui est
intéressant, c’est de voir quelle est la colonisation en acte,
aujourd’hui. Ne pas se faire une espèce de rente de confort morale
sur une colonisation qui n’est plus effective. Donc la séquence
1830-1960 a existé. Ce n’était pas la monarchie, c’était la
IIIème République. Et simplement, les processus coloniaux ont
toujours existé. Ils sont vieux, ils sont consubstantiels au groupe
humain et à l’humanité. C’est ça que je voulais dire.
Abdellah Boudami – Donc il ne faut
pas les éluder dans l’analyse.
Alain Soral – Et il n’est
question de n’en justifier d’ailleurs aucune, de colonisation.
Abdellah Boudami – Encore heureux !
Alain Soral – Mais ce
n’est pas consubstantiel à l’Ancien Régime et à la monarchie
théocratique catholique. C’est ça que je voulais dire. C’est
tout.
Ahmed Bihmiden – Très bien. Par
rapport donc à cette question des réseaux, la question que j’ai
lancée, donc les réseaux qui seraient responsables des
déséquilibres au niveau économique, au niveau social, dans le
monde. Dites-nous tout.
Alain Soral – Alors moi, je dis que tout le monde analyse les déséquilibres sociaux en termes de rapports de classes. Ça, on l’a toujours fait. Donc je ne reviens pas là-dessus.
Moi, ce qui m’intéresse, c’est de parler de ce dont on ne parle pas beaucoup. Et notamment de ce qui correspond d’ailleurs sous l’Ancien Régime aux « corps intermédiaires », c’est-à-dire ces réseaux d’influence qui existent entre l’individu et la Nation et qui, normalement, en théorie, ne devraient pas exister.
Puisque dans la théorie moderne, rien ne doit exister entre l’individu citoyen et l’État qui est son représentant. C’est-à-dire que rien ne devrait exister en termes de communautés, de corps intermédiaires, de réseaux, etc.
Et en réalité, je me rends compte, en étudiant, en faisant de la sociologie pratique, que le pouvoir est tout sauf l’État, est tout sauf l’individu, mais en fait est partout dans les corps intermédiaires modernes, c’est-à-dire les maçonneries, les réseaux, les solidarités plus ou moins occultes, les solidarités communautaires, etc., etc. Donc j’ai voulu, une fois de plus, faire un travail de détricotage, et mettre le doigt là où ça faisait mal.
Ce qui ne veut pas dire d’ailleurs qu’il n’y a que ça. C’est comme quand je parle de l’Ancien Régime, je mets le doigt sur les mensonges qui sont l’idéologie dominante actuelle. Et là, je dis : voilà on ne parle jamais des réseaux, et notamment les réseaux les plus profondément institués et qui sont consubstantiels au processus démocratique, qui sont les réseaux maçonniques.
Si l’université de Bruxelles s’appelle « université Libre », Libre, ça veut dire maçonniques par opposition à catholique, il faut le savoir. Donc ça veut dire libéré de la tutelle catholique pour passer sous une autre tutelle qui est un autre réseau, et qui s’appelle le réseau maçonnique, dont je dis d’ailleurs, dans mon livre, que c’est aussi une Église, que c’est une contre-Église, que c’est une Église sans révélation, mais c’est une Église parce qu’elle a un clergé et une liturgie.
Et donc moi, je fais ce travail que peu de gens font parce qu’il est dangereux. Parce qu’en fait, ces réseaux sont les réseaux de pouvoir actuel. Et il est très dangereux de faire de la sociologie sur le pouvoir existant. C’est très facile de faire de la sociologie sur les pouvoirs morts.
C’est pour ça que l’anticolonialisme, c’est une rente de confort, parce qu’on s’attaque à des dominants qui n’en sont plus.
Mais oser s’attaquer à la puissance des réseaux, et notamment des réseaux maçonniques et des réseaux de puissance mondialistes – car la religion maçonnique est la religion du mondialisme, il faut le savoir –, ça devient beaucoup plus dangereux. Et très vite, on se fait traiter par exemple d’extrême droite.
Et c’est intéressant de voir que
les sociologues qui font de la sociologie aujourd’hui étudient
beaucoup, beaucoup de sujets, notamment si on prend le travail qu’a
fait Bourdieu, mais jamais sur le processus de domination par
les réseaux et notamment les réseaux de solidarité maçonnique. Et
donc moi, j’ai fait ce petit travail d’éclairage en disant :
prenons conscience que, finalement, le nouvel ordre mondial et ce
processus mondialiste est un projet je dirais presque eschatologique.
C’est un projet religieux qui ne dit pas son nom, et c’est le
projet maçonnique.
Ahmed Bihmiden – Hatibi, on ne t’a
pas encore entendu ?
Hatibi – Oui, Monsieur Soral,
bonjour d’abord. En fait, quand vous parlez de l’anticolonialisme
comme un processus de confort et que c’est une posture pour ne pas
s’attaquer aux vrais problèmes contemporains, moi, je trouve quand
même que ce colonialisme existe toujours. Ce que vous avez
l’impression de.
Alain Soral – Oui, mais il
faut parler de celui d’aujourd’hui.
Hatibi – Oui, ben justement, en
parlant de celui d’hier, on parle des systèmes colonialistes qui
pourraient exister sous d’autres formes maintenant.
Alain Soral – Oui. Par
exemple, il y a une colonisation aujourd’hui du peuple français
par la logique anglo-saxonne et par la domination du Capital et de
l’idéologie anglo-saxonne, qui est très violente. Par exemple, le
peuple français sous le règne de Nicolas Sarközy est un
peuple de colonisés, au niveau économique et au niveau idéologique.
Et moi, ce qui m’intéresse, c’est de lutter conte les processus
colonialistes actuels, et pas sur ceux d’hier. C’est pour ça que
je parle de « confort », voyez.
Abdellah Boudami – Vous avez
raison, je vous rejoins tout à fait là-dessus. Et je pourrais même
dire que, par exemple, aujourd’hui, une bonne partie de l’Afrique
occidentale vit encore sous les logiques néocoloniales qui sont les
relents de l’Empire français. Et que donc, dans ce cadre-là,
s’attaquer à la question coloniale, aussi bien dans leur
représentation que l’ont s’est faite du barbare, que du
musulman, aussi bien dans l’Ancien-Régime que lors de la IIIème
République, étudier ces aspects-là, ne pas les éluder, permet
aujourd’hui de se pencher sur la question des colonialismes et des
relents néocoloniaux aujourd’hui.
Alain Soral – Oui, mais
c’est dans mon livre. Déconstruire les mensonges de la
colonisation et déconstruire les mensonges de la décolonisation.
Abdellah Boudami – Au même titre
que la France subit une colonisation de l’impérialisme
anglo-saxon.
Ahmed Bihmiden – Pas en même
temps, s’il vous plait.
Abdellah Boudami – Moi, mes parents viennent du Maroc. La langue nationale là-bas, c’est le français. Et pour une bonne partie de l’Afrique occidentale, ça l’est aussi. Le système bureaucratique est d’obédience française. D’ailleurs la franc-maçonnerie est aussi là-bas. Il y a la France. Et je voudrais dire que donc, la lutte et la problématique anticoloniale n’est pas une question du passé. C’est une question même qui est cruelle, du présent.
Vous, vous étudiez le passé pour comprendre l’avenir. Effectivement, la question coloniale est de prime abord, très importante.
Et je voudrais aussi rajouter par
rapport à la question de la sociologie. Moi, je suis étudiant
en sciences politiques à l’université Libre de Bruxelles,
université Libre de Bruxelles dont le directeur franc-maçon n’est
plus à démontrer.
Alain Soral – Oui, il faut
le faire remarquer. « Libre » ça veut dire
« franc-maçon ».
Abdellah Boudami – Et d’ailleurs,
effectivement, je dénonce cette logique-là. Mais moi, je considère
là que vous parlez à des gens de la sociologie comme si vous étiez
le seul à faire de la sociologie des réseaux. La sociologie
réticulaire est une sociologie qui est très vieille avec aussi bien
avec [Luc] Boltanski, que [Michel] Callon. Et donc de dire que la
sociologie ne s’attaque pas aux formes de dominations, c’est tout
à fait faux. Plusieurs sociologues ont été mis au ban de la
communauté, et plusieurs sociologues ne sont pas médiatisés parce
que, justement, ils s’attaquent aux formes de domination. Alors
effectivement, il y a d’autres formes de domination que la
franc-maçonnerie. Il y a des cercles de pouvoir qui sont attaqués
par les sociologues. Et vous ériger en seul sociologue qui a compris
quels sont les réseaux de pouvoir, c’est assez mégalomane
Alain Soral – Je n’ai
jamais dit ça, monsieur. Je veux bien discuter mais.
Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur
Soral.
Alain Soral – Vous me vomissez votre haine anticoloniale. Moi, je suis Français, je vis en France, je suis d’origine savoyarde. J’ai été rattaché à la France par une votation en 1860. Donc, de ce point de vue-là, je n’ai aucun compte à vous rendre. Et deuxièmement, il ne me semble pas que vous viviez ni au Maroc ni en Afrique du Nord. Mais vous vivez en Belgique et à Bruxelles.
Abdellah Boudami – L’Empire
est mondial, Monsieur Soral.
Alain Soral – Ce qui est
pénible, c’est que j’aimerais comprendre contre quoi vous
luttez, monsieur. Je n’ai pas très bien compris.
Abdellah Boudami – Contre vos
idées, monsieur Soral.
Alain Soral – En quoi je
suis votre ennemi ? Qu’est-ce que je vous dois ? Combien
je vous dois ? C’est la question que je voudrais vous poser.
Abdellah Boudami – Je suis un
polémiste et je l’assume, monsieur Soral.
Alain Soral – Moi je
voudrais parler de choses intéressantes et de mon livre.
Ahmed Bihmiden – Oui, voilà.
Alain Soral – Je n’ai pas
de compte à vous rendre et votre agressivité m’emmerde, voyez. Je
vais être très clair.
Abdellah Boudami – On voit bien
qui est agressif.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami,
on va laisser Monsieur Soral sur cette question.
Mahadi – Non mais par rapport à
ça, je veux dire, je suis désolé. Moi, personnellement, je ne joue
peut-être pas mon rôle, mais je suis tout à fait en accord avec
Alain Soral, ici. C’est-à-dire que je pense que le colonialisme du
passé est un épiphénomène par rapport aux forces qui aujourd’hui
sont en train autour d’une certaine idéologie de réseaux.
Abdellah Boudami – C’est
scandaleux de dire ça.
Mahadi – Sont en train de dominer.
C’est-à-dire que pour moi, le colonialisme est réellement un
épiphénomène.
Abdellah Boudami – C’est une
abomination que de dire ça.
Alain Soral – Votre
discours est un discours religieux. Vous faites de la sociologie ou
de la théologie ?
Mahadi – C’est peut-être une
abomination mais pour moi, les idées marxistes, les idées de
gauche, enfin je veux dire je ne suis pas vraiment un marxiste, et je
ne supporte pas les idées marxistes.
Abdellah Boudami – Je ne le suis
pas non plus.
Mahadi – J’essaye de m’écarter
on va dire de toutes ces thèses qui placent l’être avant
l’essence. Et je place l’essence avant l’être. Donc je suis un
peu dans la lignée d’Heidegger.
Abdellah Boudami – Quel rapport
avec la question coloniale ?
Mahadi – C’est que justement. Ça
a un rapport.
Ahmed Bihmiden – S’il vous
plait, laissez s’exprimer monsieur Soral par rapport à ce qui a
été dit, s’il veut bien.
Alain Soral – Moi, je
rebondis sur ce que dis ce monsieur qui est beaucoup plus calme.
C’est que de toute façon.
Abdellah Boudami – Beaucoup plus
calme que vous en fait.
Abdellah Boudami – Monsieur
Boudami, s’il vous plait.
Alain Soral – Moi, mon bouquin, il y a une partie qui dit le mensonge de la colonisation. C’est-à-dire qu’on prétend toujours coloniser pour faire le bien des peuples alors que ce sont des processus de domination et d’exploitation. Et après je dis, le mensonge de la décolonisation, c’est qu’en réalité, la décolonisation a été une manière plus rentable et plus économique qu’idéologique et somptuaire de faire de la colonisation. C’est-à-dire que si on a décolonisé à un moment donné, c’est qu’on s’est rendu compte que, finalement, la colonisation à la française ou à la belge coûtait plus cher que la décolonisation, qui consiste à laisser les multinationales, à faire semblant que les peuples se dirigent eux-mêmes à travers des élites maçonniques cooptées qui partagent aussi le capital. Et je peux vous faire de manière très, très subversive et très violente toute l’histoire de la domination postcoloniale. Je peux le faire aussi bien que vous.
Mais d’autres le font très bien.
Monsieur Collon le fait très bien, tout ça. Moi, je fais le travail
que monsieur Collon ne fait pas. Mais je ne critique pas le travail
de monsieur Collon.
Ahmed Bihmiden – C’est-à-dire ?
Alain Soral – La différence
d’ailleurs, c’est que moi, je suis critiqué par les laïcards
postcoloniaux, mais moi, je ne les critique pas. Je valide leur
travail et je le relaie systématiquement. Mais mon travail ne
s’oppose pas à celui du jeune homme énervé-là qui visiblement
est le porte-parole de Michel Collon.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami.
Alain Soral – Mon travail ne s’oppose pas au sien. Ces travaux s’additionnent, et d’additionnent pour mener une lutte efficace contre l’impérialisme et le colonialisme actuel, qui a muté encore, et qualitativement, et quantitativement, par rapport à celui sur lequel il reste bloqué, parce que c’est une rente de confort à mon avis et puis un problème je dirais presque de psychopathologie, qui est celui 1830-1960.
Donc, nous sommes en 2012
aujourd’hui. Il y a un processus mondialiste qui d’ailleurs a
joué en Afrique du Nord en faisant croire qu’il permettait aux
peuples de s’émanciper de petits potentats locaux. Et on se rend
compte que c’est une manipulation, on s’en rend compte sur le
long terme. Et qu’en fait, on a mis à la place de potentats
locaux, des cadres du FMI et de la banque Goldman Sachs
ou Lehman Brothers. Et c’est ça qui m’intéresse.
Hatibi – Monsieur Soral,
permettez-moi, j’aimerais intervenir.
Alain Soral – Quel est le
processus actuel ? Comment s’effectue-t-il ? Comment
peut-on lutter contre ? J’estime que ces luttes de règlement
de compte anticolonialiste où on agresse un fils d’ouvrier ou un
fils de paysan français en le rendant responsable d’un processus
colonial fait par les élites du Capital et les élites maçonniques
de il y a un siècle, est une saloperie, une rente de confort, et une
injustice totale. Je suis fils de dix-sept générations de paysans
savoyards, et je n’ai aucun compte à rendre sur la colonisation du
Maghreb de l’Afrique du Nord.
Abdellah Boudami – Mais je ne vous
demande pas de compte à rendre à vous.
Alain Soral – Et la
critique de l’État français, je la fait intégralement
Abdellah Boudami – Mais vous
prenez tout pour vous, monsieur Soral !
Alain Soral – Et j’aimerais
que ce chapitre-là soit intégré à notre corpus de combat, mais ne
soit pas un sujet de lutte horizontale entre gens qui, en réalité,
ont le même combat anticolonial bien compris à mener, le même
combat antimondialiste à mener.
Hatibi – Monsieur Soral, juste une
petite question par rapport au fait que vous ne voulez pas assumer,
en fait, l’histoire de votre propre peuple, si on peut appeler ça
comme ça.
Alain Soral – Ce ne sont
pas les peuples qui ont fait cette histoire. Ce sont les élites
politiques. Vous le savez très bien.
Hatibi – D’accord. Ce sont des
individus, d’accord. Vous dites que vous êtes descendant de
dix-sept générations de Français. Je veux bien vous l’accorder,
quoi qu’à l’époque il n’y avait pas de purs Français.
Ahmed Bihmiden – Pas de Français,
de Savoyards, Monsieur.
Hatibi – D’accord.
Alain Soral – La Savoie a
été rattachée à la France en 1860, trente ans après les
Antilles. Donc déjà.
Hatibi – Oui, mais avant 1860 vous
ne remontez pas dix-sept générations.
Alain Soral – Et nous
étions des colonisés, nous, les Savoyards.
Hatibi – Mais Monsieur Soral, la
question n’a rien à voir avec ça. C’est-à-dire vous demandez
aussi aux immigrés marocains d’assumer l’histoire qui date de
quatorze siècles aussi.
Alain Soral – Oui bien sûr, oui.
Hatibi – On pourrait aussi leur
dire qu’ils ne doivent pas assumer leur histoire, et la question
sera posée pendant cent ans, à ce moment-là. Ma question est
autre, maintenant.
Alain Soral – C’est pour
ça qu’il faut dépasser ce genre de problématique.
Hatibi – C’est par rapport à ce que vous dites par rapport aux autres auteurs qui écrivent sur le même sujet ou d’autres sujets qui étaient au départ des acolytes, et que maintenant vous dénoncez, en fait, dans tous les médias. On peut citer.
Alain Soral – Non, non.
Je les dénonce sur une question précise qui est la question du
sionisme, du judaïsme et du combat à mener contre notamment un
processus que ces gens-là appellent « colonial », alors
que moi, je pense, avec Gilad Atzmon, qu’il est bien au-delà
du colonialisme. Et que c’est une analogie qui n’est pas tout à
fait valable. Et effectivement, là nous parlons de la question
israélo-palestinienne. Mais cette question est une question parmi
d’autres. Et elle ne recouvre pas tout le champ. Et elle ne
justifie pas de se jeter des anathèmes à la tête sur tous les
autres sujets. Monsieur Collon vient du marxisme-léninisme comme
moi. C’est un stalinien même si maintenant ses réseaux sont les
réseaux trotskystes. Je peux le démontrer. Ça ne me gène pas.
J’ai été au Parti communiste français, moi, jusqu’en 1997. Et
j’ai interviewé monsieur Collon quand je travaillais pour monsieur
Ardisson. Je suis un des seuls, en France, à avoir relayé son
travail quand je travaillais pour monsieur Ardisson. Ça, il l’a
oublié.
Abdellah Boudami – Je ne suis pas
Michel Collon, enfin, juste pour préciser.
Alain Soral – Donc, moi, je
ne mène pas un combat à mort contre des gens avec qui je suis
d’accord sur 80 % de leur travail.
Hatibi – Il n’y a pas que Michel
Collon dans l’histoire. Même Marc-Édouard Nabe y est passé, avec
vous, monsieur Soral. Qu’est-ce que vous en dites ?
Alain Soral – Mais par
contre, je subis ce genre d’agression.
Mahadi – Une petite question
rapide Monsieur Soral. Le propre justement des réseaux est de faire
en sorte d’exister sans prouver qu’ils existent. Comment
pourriez-vous, aujourd’hui, on va dire dans un travail à caractère
académique, essayer de démontrer de l’existence de ces réseaux
tout en restant crédible un tant soit peu sur le plan académique ?
Alain Soral – Je ne sais
pas ce que ça veux dire « académique ».
Hatibi – Comment faire, puisque le
propre des ces réseaux, c’est d’exister sans montrer qu’ils
existent ?
Alain Soral – D’abord, je
ne sais pas ce que veut dire « académique ». Moi, je
fais un travail qui se juge par son efficacité. Et un travail qui se
juge par sa valeur de vérité. Moi, je montre qu’il y a des
réseaux, des collusions. D’ailleurs, il y a un consensus
là-dessus.
Hatibi – En fait, ce que je
voulais vous dire, Monsieur Soral, c’est qu’à un moment donné
ou à un autre, vos thèses, enfin selon moi, sont extrêmement
importantes et extrêmement intéressantes. Mais l’idée, c’est
d’essayer de les faire passer non pas uniquement chez des gens qui
sont trop marginaux mais également auprès de gens qui se posent des
questions et qui ne sont pas encore dans cette logique de comprendre
justement l’existence de ces réseaux.
Ahmed Bihmiden – Ils sont encore
dans le « ventre mou ».
Alain Soral – Les gens dont vous parlez sont les clercs. Alors on ne va pas parler de la trahison des clercs. En général, ce sont des fonctionnaires d’État. Ils sont payés par l’État, par différents relais.
Donc en fait, moi, je pars du principe qu’on travaille pour qui vous paye. Et moi, vous savez, je suis indépendant comme l’est Dieudonné pour les mêmes les raisons, car je n’ai de compte à rendre à personne. Ce qui fait que je peux parler comme je parle aujourd’hui. Car j’ai organisé mon système de survie. Et je suis libre. Et le monde académique ne m’intéresse pas car c’est le monde par exemple de monsieur Bricmont, qui en privé pense à peu près tout comme moi, mais ne peut pas le dire parce qu’il est salarié d’une université qui est traversée par des réseaux de forces et des réseaux hiérarchiques, et qu’il sait que s’il va au-delà d’une certaine critique qui est cantonnée à une critique rationaliste, laïcarde, etc., etc., il aura des ennuis. Et à un moment donné, y’a un concept qu’il faut intégrer dans la sociologie, c’est le concept de peur et le concept de peur physique.
Moi, contrairement aux gens dont on
parle, j’ai été agressé physiquement, menacé, condamné par le
tribunal. J’ai subi des violences réelles.
Abdellah Boudami – Oui, oui. Et
donc pour revenir, parce que beaucoup de choses sont dites sur
lesquelles je voudrais rebondir.
Alain Soral – C’est çà aussi
qui est la preuve que mon raisonnement est valable. Les réseaux que
je montre du doigt m’attaquent, voyez.
Abdellah Boudami – Donc, plusieurs
choses se sont dites sur lesquelles je voudrais rebondir. D’une
part, effectivement, j’ai coédité un livre avec Michel Collon.
Mais je considère que mon travail se fait tout à fait
indépendamment de lui. Et d’ailleurs, nous avons plusieurs sujets
de désaccord. Et d’ailleurs, à mon avis, Monsieur Soral, vous
vous retrouverez sur des idées avec Michel Collon sur lesquelles je
ne serais, moi, je ne serai pas d’accord.
Alain Soral – C’est
possible, oui.
Abdellah Boudami – Oui, mais par
rapport. Comme ça, c’est une chose qui est dite. Par rapport
maintenant, sur ce que vous disiez.
Ahmed Bihmiden – Rapidement.
Abdellah Boudami – Que votre travail était complémentaire au mien, ou au nôtre, etc., là par contre, je suis en désaccord. Je considère d’une part, que votre façon d’articuler les questions de l’Empire ne sont pas tout à fait constructives pour certaines couches de la population même si pas pour la plus large couche de la population. Et je voudrais aussi par ailleurs ajouter que.
Alain Soral – Vous le
décomptez comment, ça ?
Abdellah Boudami – Laissez-moi
finir ! Lorsque effectivement je pose la question coloniale, et
je peux comprendre que vous n’êtes d’accord, je ne demande pas à
vous des comptes, comme lorsque, vous, vous vous en prenez à
l’idéologie néolibérale américaine, vous ne vous en prenez pas
au quidam américain.
Ahmed Bihmiden – Ce n’est pas ad
hominem, évidemment.
Abdellah Boudami – Par contre je
m’en prends à vos idées parce que je considère que vos idées
ont une large part de responsabilité dans le fait qu’aujourd’hui,
on n’arrive pas à saisir la logique de l’Empire.
Alain Soral – Pour pouvoir
dire ça, monsieur, il faudrait que vous aillez produit une
contre-théorie et que vous ayez démontré son efficacité.
Abdellah Boudami – Je suis là
aujourd’hui pour ça, monsieur Soral.
Alain Soral – Or moi, je suis invité à participer à une émission parce que je m’appelle Alain Soral et que les gens m’écoutent. Et les gens du peuple m’écoutent. Pas les lettrés et les universitaires de bac+7 qui seront tous des socio-traitres pour des raisons de fatalité sociologique et qu’ils font de la sociologie à la Bourdieu. C’est que moi, je fais ce travail, et je démontre mon efficacité par ma notoriété et le fait que mes textes circulent, mes analyses circulent, et qu’elles sont accessibles au plus grand nombre.
Après, vous pouvez me dire que je
ne respecte pas les normes académiques. Je m’en vente. Car les
normes académiques ont pour but de confiner un discours critique à
l’intérieur d’un petit cénacle de gens qui finalement en
dernière instance, sont des ressortissants des dominants.
Ahmed Bihmiden – On se retrouve
juste après une courte page de publicités, Monsieur Soral. OK, à
tout de suite.
Questions des auditeurs Première partie
Ahmed Bihmiden – Voilà, de
retour. Alors un auditeur. Bonjour, as-salâm ‘aleïkoum.
Auditeur 1 – Malikoum salam.
Ahmed Bihmiden – Votre question à
monsieur Soral, je vous en prie.
Auditeur 1 – Donc j’essaye
d’être concis parce qu’il faudrait toute une émission pour
soulever toutes les questions qui devraient être posées. Donc je
salue Monsieur Soral que j’estime être parmi les intellectuels de
notre époque. Mais, ce que je déplore, c’est que sur certains
points, il y a une inconséquence ou des manquements qui soit sont
conscients, ou inconscientes, que je voudrais soulever.
Ahmed Bihmiden – Rapidement.
Auditeur 1 – Le premier, c’est quand on parle de l’Empire. Monsieur Soral a toujours l’air de le décrire qu’il y a qu’un seul Empire. Et donc qu’est-ce qu’on voit ?
C’est qu’il s’aligne avec des personnages comme Dieudonné, Thierry Meyssan, etc., à défendre un autre empire qui est en fait l’empire russo-chino-iranien qui a également des visés mondialiste, qui a également des objectifs, etc. Et je ne comprends pas comment un intellectuel comme monsieur Soral peut s’aligner, les yeux fermés, derrière ce contre-Empire qui n’est pas plus reluisant, pour d’autres raisons, que l’Empire dont il parle.
Ensuite, il présente la chose suivante. Soit on est avec l’Empire : Jacques Attali, Bernard-Henri Lévy et tutti quanti, ou soit on est avec le retour aux nations : Marine Le Pen, Soral, « retrouvons nos racines ».
Mais par exemple, comme on est sur radio Al Manar , il faut quand même savoir que dans le cadre des musulmans, les musulmans ont une doctrine, ont une vision de la vie, ont également une vision universaliste des choses. Et je ne comprends pas non plus comment monsieur Soral se permet de toujours décrire ce qu’il appelle les islamistes comme des jeunes excités, désœuvrés, perdus, alors que tout le monde sait, s’il va un petit peu sur Internet par exemple, sur mon blog en tapant Abourayan sur Google, il existe des islamistes intellectuels qui ont un vrai projet de société alternatif, et qui sont contre l’Empire comme lui, mais qui ne sont pas du tout désireux de revenir à la vieille France et aux vieux repères, qui ont eux aussi des propositions tout à fait crédibles, sans être des barbus haineux, baveux et salivant qui veulent égorger tout ce qui bouge. Donc, il met un petit peu ça de côté, je ne comprends pas.
Et également, en poussant les
thèses conspirationnistes, évidemment, sans s’en rendre compte,
c’est une forme de domination coloniale, parce une ça pousse à
laisser penser aux jeunes maghrébins que.
Ahmed Bihmiden – Rapidement, parce
que monsieur Soral veut répondre. Je vous remercie. Monsieur Soral,
là-dessus.
Alain Soral – Vous prenez l’émission. D’abord, première réponse. Le contre-Empire dont vous parlez n’est pas un empire. C’est une coalition de gens contre un Empire.
Ce qui fonde un empire, c’est l’unité doctrinale. L’Empire, je l’ai dit, il est judéo-protestant, thalassocratique et capitaliste. Donc en fait, il a une unité, qui l’unité anglo-saxonne, globalement : Angleterre, les États-Unis et tout l’Occident colonisé et soumis à cette vision du monde.
L’alliance momentanée de la Chine, de la Russie et de l’Iran ne s’appelle pas un Empire. Ça s’appelle la lutte contre l’Empire, pour un monde multipolaire. Car en fait, l’Iran, la Chine et la Russie ne peuvent pas marcher ensemble très longtemps car ils n’on pas de corpus idéologique commun. C’est facile à comprendre. Donc, on ne peut pas faire un Empire avec des orthodoxes chrétiens, des chiites et des gens qui sont sur Lao Tseu, voyez. Donc déjà, votre première remarque prouve que vous n’avez pas compris.
Le contre-Empire n’est pas un empire. C’est une lutte, une coalition au mieux de nations, de résistants à l’Empire contre un Empire. Donc je ne choisis pas un empire contre un autre. Chavez a parfaitement compris ce que je dis quand il travaille avec l’Iran. Ce n’est pas parce qu’il est chiite. Donc première question.
Deuxièmement, je n’ai jamais diabolisé les musulmans. Et je trouve injurieux malhonnête que vous disiez ça. Je suis le premier dès 2001-2002 à avoir dit qu’on diabolisait les musulmans en les associant à des voyous systématiquement, et que c’était une saloperie qui leur était faite. Et c’est ce qui fait que je suis un peu respecté par certains musulmans, car ce travail, je l’ai fait bien avant que vous vous convertissiez et que vous apparaissiez sur la scène, monsieur. Je l’ai fait dès 2001-2002 et notamment dans des émissions chez Ardisson. Et c’est ce qui m’a valu mes plus grands ennuis quand j’ai dit qu’on ne pouvait pas à la fois passer de la cave à tournante à la mosquée, et qu’on ne pouvait pas associer la délinquance à l’islam car on était soit délinquant, soit musulman. Je suis le premier à l’avoir dit haut et fort en étant un non-musulman, et c’est ce qui m’a valu le plus d’ennuis.
Donc votre première remarque est une remarque qui prouve que vous n’avez pas compris ce que c’est que la résistance à l’Empire. Et votre deuxième remarque est un mensonge et une injure qui m’est faite.
Troisièmement, effectivement, il y a une alternative qui est l’empire islamique qui est sans doute votre proposition. Ce n’est pas tout à fait la mienne car je ne suis pas musulman. Et surtout car je vois que le monde musulman est traversé par des oppositions internes très, très violentes, et qui font qu’en réalité, les musulmans passent leur temps à se battre contre d’autres musulmans. C’est ce qu’on constate en ce moment, partout. C’est ce qu’on a constaté en Iraq. C’est ce qu’on constate en ce moment en Syrie. C’est ce qu’on a vu en Libye. Et donc je crois, malheureusement, que la Oumma est pour l’instant un vœu pieu. Et que pour que ça devienne une réalité, de toute façon, il faudrait faire un travail d’autocritique et d’honnêteté politique sur les courants de manipulation, de déstabilisation, de trahison, qui traversent le monde musulman.
Et je peux notamment parler
actuellement du rôle que joue le Qatar. Et donc voilà. Et donc là,
je réponds en trois points à votre question qui n’en était pas
une, pour vous dire que, monsieur, malheureusement, je trouve que vos
remarques ne sont pas au niveau de ma proposition.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami,
rapidement là-dessus.
Abdellah Boudami – Moi, je
considère que l’auditeur qui vient de s’exprimer a dit des
choses très intéressantes. Alors effectivement, cette vision d’un
Empire qui serait la Russie, la Chine et l’Iran, c’est peut-être
quelque peu, un peu caricatural. Mais on pourrait imaginer que ce
soit un. Enfin, aujourd’hui, par exemple, l’Empire tel qu’on le
décrit judéo-protestant, eh bien, c’est une essentialisation
aussi.
Alain Soral – Non, non, ce
n’est pas une essentialisation.
Abdellah Boudami – Mais
laissez-moi m’exprimer.
Ahmed Bihmiden – Rapidement
Monsieur Boudami.
Abdellah Boudami – Je veux dire,
dans cet Empire-là, on retrouve aussi bien les États-Unis
protestants que l’Europe chrétienne. Et dans l’Europe
chrétienne, on trouve aussi bien des catholiques, que des
orthodoxes.
Alain Soral – Non, non, il
n’y a pas d’orthodoxes. Vous dites n’importe quoi, je suis
désolé !
Abdellah Boudami – Dans les élites, on trouve aussi bien des élites au Japon ou bien des Qataris et des Saoudiens qui font des milliards grâce à cet Empire-là.
Sur la question, est-ce que vous êtes insultant ?
Effectivement, vous n’êtes pas
insultant envers les musulmans qui sont de bons patriotes, qui
travaillent bien, qui payent leurs impôts. Par contre, les autres,
vous les traitez d’islamo-racailles. Aujourd’hui, quand je vois
qui vous traitez d’islamo-racailles, je suis bien en peine de dire
que je serais sans doute traité d’islamo-racaille.
Alain Soral – Ça n’existe
pas les islamo-racailles ?
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral, là-dessus ?
Alain Soral – Ça
n’existe pas des gens qui se réclament de l’islam pour faire du
rap purement délinquant et qui donnent une image détestable du
musulman ?!
Abdellah Boudami – Mais quelle
caricature !
Alain Soral – Et qui sont
subventionnés par Skyrock pour le faire. Vous
voulez que je creuse le sujet, savoir qui finance ces gens-là, qui
les poussent sur cette voie-là.
Ahmed Bihmiden – Allez-y,
dites-nous tout !
Abdellah Boudami – Allez-y !
Alain Soral – De l’effet
désastreux que ça a sur l’image des musulmans en Occident.
Abdellah Boudami – Y’a les
patriotes et y’a les rappeurs, c’est ça, monsieur !?
Alain Soral – Comment ?
Abdellah Boudami – Vous avez les
« bons patriotes » musulmans qui payent les impôts.
Alain Soral – Non, non, il
n’y a pas que ces deux catégories-là.
Abdellah Boudami – Et qui écoutent
du Chopin. Et vous avez ensuite les rappeurs qui sont les
islamo-racailles. Et ceux-là alors, il faudrait les renvoyez chez
eux comme vous le dites dans votre livre.
Alain Soral – Non, non, pas
les renvoyer chez eux, mais dire qu’ils font un tort terrible à la
vision qu’ont les Occidentaux chrétiens de l’islam, et qu’ils
sont payés pour ça par les forces de l’Empire. C’est ça que je
dis, et c’est parfaitement compréhensible et compris. Mais moi je
ne suis pas dans les dualismes faux. Il n’y a pas le musulman
soumis qui travaille pour le pouvoir – qui d’ailleurs peut passe
par des relais, notamment par les relais du régime chérifien – et
puis de l’autre côté, les racailles. Mais par contre, c’est
vrai qu’il y a.
Abdellah Boudami – Musulmans
patriotes contre islamo-racailles, c’est dans votre livre. C’est
le titre d’un des chapitres.
Alain Soral – Non, il n’y a pas que ces deux catégories. C’est vous qui voulez réduire la problématique à ces deux catégories, pour essayer de caricaturer une situation qui n’est pas. Moi, j’essaye d’être la réalité.
Dans la réalité, il y a toute une série de musulmans différents. Mais il y a effectivement, deux catégories un peu extrêmes sur lesquelles vous vous polarisez, vous, qui sont : le musulman patriote que moi, effectivement, j’aime bien entre autres ; et puis il y a aussi l’islamo-racaille qui fait terriblement de tort actuellement aux musulmans pour l’image qu’en ont les autres. Je dis que je préfère l’une des catégories à l’autre, mais je ne dis pas qu’il y a ces deux catégories et qu’il faut choisir entre les deux. Ce n’est pas vrai.
Je dis que, moi, en tant que
patriote français et nationaliste, je tends la main à un certain
type de musulmans. Et ça, c’est une démarche d’honnêteté.
C’est-à-dire que je suis ni antimusulmans, ni promusulmans. Je dis
qu’il y a des musulmans avec qui je peux avoir un projet de vie
commun, en tant que patriote français. C’est tout. Mais moi je
suis dans une transparence qu’apparemment vous avez du mal à
comprendre.
Ahmed Bihmiden – Un musulman
justement, bonjour, as-salâm ‘aleïkoum
Auditeur 2 – Oui, as-salâm
‘aleïkoum. Je m’appelle Soufian.
Ahmed Bihmiden – Je vous en prie,
dites-nous votre avis.
Auditeur 2 – Et donc, à la
lecture du livre d’Alain Soral, je conclus une chose. C’est que
le meilleur moyen de contrer l’Empire, c’est justement de contrer
les idées d’Alain Soral, parce que ce sont les idées d’Alain
Soral qui nous empêchent de comprendre correctement l’Empire, et
qui nous devons affronter, et qui sont les véritables résistants.
Ahmed Bihmiden – Sur quels points
exactement ?
Auditeur 2 – Attendez, je termine.
Ensuite, Alain Soral présente dans son livre Comprendre
l’Empire, l’Iran, le Hezbollah, comme étant des
résistants à l’Empire. Ce qui bien entendu est ridicule. Ces gens
ne sont aucunement des résistants.
Ahmed Bihmiden – Pour quelle
raison, Monsieur ?
Auditeur 2 – L’Iran par exemple
a aidé à l’invasion de l’Iraq. L’Iran a aidé à l’invasion
de l’Afghanistan. Et l’ancien président iranien Rafsandjani a
affirmé que sans l’Iran, le sang des Américains aurait coulé.
Ahmed Bihmiden – Donc, ils sont de
mèche avec les Américains, c’est bien ça.
Auditeur 2 – Bien entendu. Les
Iraniens sont des faux résistants, des faux résistants.
Alain Soral – Donc ça fait
du Qatar et de l’Arabie Saoudite des résistants ?!
Ahmed Bihmiden – Un petit moment,
Monsieur Alain Soral.
Auditeur 2 – Et monsieur Alain
Soral, étant donné qu’il a l’incapacité de reconnaître les
véritables résistants, il se trompe, il se met derrière les faux
résistants.
Ahmed Bihmiden – D’accord, je
vous remercie. Monsieur Soral, là-dessus ?
Alain Soral – Vous pouvez
nommer les véritables résistants, alors ?
Ahmed Bihmiden – Monsieur n’est
plus en ligne.
Alain Soral – Oui, ben
d’accord. Mais qu’il nous dise qui sont les véritables
résistants. D’ailleurs moi, je ne parle pas. Ce monsieur fait une
petite focalisation d’extrémiste sunnite sur la question de
l’Iran. Moi, je parle du Venezuela d’Hugo Chavez.
Ahmed Bihmiden – Oui.
Alain Soral – Je parle
effectivement de gens qui ont intérêt à ne pas se soumettre à
l’Empire mondialiste parce qu’on voit très bien d’ailleurs
qu’ils y résistent. Même ça pouvait être à un moment donné
Monsieur Kadhafi. Je ne suis pas polarisé sur la question
sunnite-chiite, là-dessus.
Ahmed Bihmiden – Je peux peut-être
vous proposer des résistants.
Alain Soral – Alors si l’émission consiste à faire intervenir systématiquement des militants sunnites qui viennent m’emmerder parce que je ne suis pas anti-Hezbollah, ça va tourner très court ce débat. Ce n’est pas mes positionnements. Je ne suis pas bipolaire comme ça, moi. Ce n’est pas soit pour la colonisation soit contre, soit pour les racailles, soit pour les soumis, ni soit pour les sunnites, soit pour les chiites.
Je m’appuie beaucoup, aujourd’hui, sur le travail de Sheikh Imran Hosein qui est, je vous le signale, un sunnite, et qui dit bien que c’est injurier la réalité géopolitique de faire des chiites des collabos à l’Empire.
Par contre les histoires sont
complexes, la politique est complexe, la géopolitique est complexe.
Et ce qu’on peut dire de l’ambigüité de l’Iran, on pourrait
le dire encore dix fois plus de l’ambigüité de la Turquie.
Ahmed Bihmiden – Je peux vous
faire une proposition, Monsieur, par rapport à ces résistants,
parce que je reçois évidemment des SMS. Al-Qaïda est sans doute
dans la résistance.
Alain Soral – C’est pas
chiite Al-Qaïda !
Ahmed Bihmiden – Pardon ?
Alain Soral – C’est pas
chiite Al-Qaïda.
Ahmed Bihmiden – Non évidemment.
Mais par rapport à cette contre-proposition que vous souhaitiez, par
rapport aux chiites justement, il y a Al-Qaïda et les moudjahidines
sunnites.
Alain Soral – Alors
Al-Qaïda, pour vous, c’est la résistance !?
Ahmed Bihmiden – C’est une
proposition.
Alain Soral – Ben, celui
qui dit ça est un imbécile, mais alors un imbécile profond.
Al-Qaïda travaille entièrement pour les États-Unis depuis
toujours. On le sait par le 11 Septembre, on le sait par ce qui s’est
passé récemment en Libye. On le sait parce qu’Al-Qaïda vient
d’ouvrir un bureau au Qatar. On le sait par tout le travail sérieux
qu’on peut faire, qu’Al-Qaïda qui s’appelait « la Base »
a été au départ instrumentalisée et fabriquée pour lutter contre
les Russes et leur domination sur l’Afghanistan.
Abdellah Boudami – C’est faux !
Les moudjahidines afghans, ce n’est pas Al-Qaïda.
Alain Soral – Prétendre
qu’Al-Qaïda est une organisation de la résistance est en
imbécilité ignoble.
Mahadi – Ils ont été financés
par qui ?
Hatibi – Mais, vous, vous
reprenez, Monsieur Soral, tout ce qui a été relayé par les médias
de l’Empire. Cette histoire comme quoi Al-Qaïda a été préparée
par la CIA et tout ça, ça a été, pendant toute une décennie, mis
en avant par les médias de l’Empire que vous contestez.
Alain Soral – Le 11
Septembre, ça a été fait par Al-Qaïda. Et les médias de l’Empire
nous disent donc que ce sont les Américains qui ont fait le 11
Septembre ! Donc la version officielle, c’est que le 11
Septembre a été fait par les Américains !
Hatibi – Non, mais cette version
comme quoi Al-Qaïda a été mise en place pour contrer la Russie, ça
a été développé pendant une décennie.
Mahadi – Oui, mais c’est une
fait historique, Hatibi.
Alain Soral – Parce que ça
avait un sens à l’époque. Parce que les Américains luttaient en
s’appuyant sur un certain islamiste pour lutter contre l’hégémonie
russo-soviétique sur la région. Les alliances ont toujours existé,
elles ont toujours été complexes. Et le monde musulman est traversé
par des alliances complexes qui peuvent se retourner.
Ahmed Bihmiden – Tout à fait.
Alain Soral – On voit
actuellement la position très ambiguë et très étrange de la
Turquie sur la question syrienne.
Hatibi – Mais justement, c’est
ce que vous reprochent certaines personnalités qui ne sont pas des
moindres. C’est que cette complexité, à un certain moment, vous
la balayez quand ça vous arrange.
Alain Soral – Pas du tout,
jamais. Je ne la balaye jamais.
Hatibi – Par exemple, quand
quelqu’un intervient et qu’il n’est pas dans le sens de vos
arguments, vous le traitez d’extrémiste sunnite.
Abdellah Boudami – On a pu s’en
rendre compte.
Mahadi – Monsieur Soral, est ce
que finalement on pourrait conclure, on va dire à partir de tout ce
que vous avez dit, qu’aujourd’hui, le monde se divise entre
justement l’axe atlantiste, en l’occurrence les États-Unis,
l’Arabie Saoudite, le Qatar, la France, la Grande-Bretagne et
éventuellement les pays qui suivent cette ligne, contre l’Iran, le
Venezuela, la Chine, et éventuellement.
Alain Soral – Et la Russie.
Mahadi – Et la Russie, bien sûr,
qui sont en train de se battre.
Alain Soral – C’est une
réalité géopolitique Monsieur.
Mahadi – Non, non, non. Moi, je
suis d’accord avec vous, mais j’essaye de vous poser la question
en fait.
Alain Soral – Bien sûr,
mais je ne fais que le constater.
Abdellah Boudami – Mais c’est
affreusement binaire.
Alain Soral – Et moi, en tant que Français, je dis que nous avons intérêt, nous Français, à un monde multipolaire pour ne pas être écrasé et exister. Donc moi, mon point de vue, c’est ce qu’on appelle en sociologie l’identité du sujet et de l’objet. C’est-à-dire que je parle en tant que Français. Je le sais et je l’assume. Je ne prétends pas parler au nom de l’universel, ce qui est le plus dangereux. Je parle au nom d’un petit Français moyen qui essaye de résister à l’écrasement impérial de son pays et des conséquences que ça a sur ma vie quotidienne, sur ma vie de personne. Et je me dis moi, là je citerai plutôt Carl Schmitt : qui sont mes ennemis principaux, qui sont mes ennemis secondaires ? Qui sont mes ennemis immédiats, mes amis immédiats ? Et qui sont mes amis sur le long terme ?
Et mon discours est très relativiste d’une certaine manière. Je dis aujourd’hui, j’ai intérêt à ce que Poutine tienne la dragée haute aux Américains, parce que si Poutine laisse tomber et s’effondre, nous passons à un monde totalement impérial unifié de domination totale, à un monde orwellien, dans lequel les gens comme moi et sans doute comme vous – vous le réaliserez – ont à perdre.
Donc je passe des alliances qui sont
des alliances circonstancielles qui sont des alliances de combat avec
certains révolutionnaires sud-américains, avec certains sunnites,
avec certains chiites, avec certains Russes orthodoxes, avec certains
néomarxistes, avec certains nationalistes. Mais parce qu’en
réalité, tout ça est surdéterminé par l’agresseur qui nous
oblige à nous défendre. Et l’agresseur, c’est cet Empire
mondialiste, thalassocratique, judéo-protestant, néocapitaliste
financier. Et c’est cette agression qui nous oblige à nous
défendre, et à parfois à nous battre côte à côte. Et cette
fraternité de combat nous est imposée par la toute-puissance de
l’agresseur. C’est ça que je veux dire. Et c’est comme ça que
je détermine qui est mon ami, et qui ne l’est pas.
Abdellah Boudami – Et donc cette
fraternité de combat vous pousse à soutenir des gens comme monsieur
Poutine ou Bachar el-Assad, parce que vous considérez que se battre
contre l’Empire judéo-maçonnique – on peut rajouter
quarante-huit qualificatifs –, vous pousse à vous mettre à côté
par exemple de gens comme Poutine, avec les boucheries qu’il a
commises en Tchétchénie.
Alain Soral – Oui. Je vous
réponds oui.
Abdellah Boudami – Les boucheries qu’il aurait commises en Tchétchénie sont moins horribles que les boucheries commises par l’Empire judéo-maçonnique protestant que vous essentialisez toujours.
Vous dites que vous n’êtes pas
dans le simplisme ni dans la binarité, mais cet Empire que vous
définissez comme complexe, vous le définissez toujours comme
judéo-maçonnique avec votre obsession à toujours définir une
essence juive à la base de ce projet-là.
Ahmed Bihmiden – Le temps évidemment nous est imparti. Il reste dix secondes. Il y a des appels, énormément d’appels au standard. On se retrouve juste après cette courte page de publicités avec Alain Soral. À tout de suite.
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Questions des auditeurs Deuxième partie
Ahmed Bihmiden – Voilà, de retour
à notre émission Regards Critiques avec l’intellectuel
français Alain Soral. Alors, un auditeur. Bonjour, as-salâm
‘aleïkoum Abou Safiya.
Auditeur 3 – Oui, Abou Safiya.
As-salâm ‘aleïkoum. Bonjour à Alain Soral. Je voudrais
lui dire que je suis converti à l’islam et je suis beaucoup ses
interventions sur Internet. Je le trouve très intéressant. Mais je
voudrais simplement lui poser une question par rapport à ce qu’il
a dit sur Al-Qaïda alliée avec les Américains, etc.
Ahmed Bihmiden – Oui.
Auditeur 3 – Simplement, moi je
pense que le fait de dire que l’attentat du 11 Septembre, c’était
une invention des Américains, peut-être les Américains veulent
dire ça pour montrer que l’Empire puissant américain est un peu
rêvé, qu’Al-Qaïda n’est pas puissant, n’est pas capable de
faire ce genre d’attentat. Voilà je ne sais pas si ma question a
été très bien comprise.
Ahmed Bihmiden – Oui, oui,
monsieur Soral va répondre. Je vous remercie en tout cas.
Alain Soral – C’est ce
qu’on appelle du super-complotisme au nième degré. C’est-à-dire
oui, c’est le complot dans le complot dans le complot. Moi, je
démontre qu’Al-Qaïda travaille pour les Américains avec la
récente pacification et la récente destruction de la Libye, voyez.
C’est-à-dire qu’à un moment donné, il faut s’appuyer sur des
faits, sur la durée. C’est qu’Al-Qaïda fait à chaque fois le
sale boulot dans l’intérêt objectif de la puissance impériale.
Mahadi – Mais consciemment ou
inconsciemment, Monsieur Soral ?
Alain Soral – Donc c’est
comme ça que j’en déduis. Si Al-Qaïda travaille réellement
contre l’Empire, ils sont très mauvais, il faut qu’ils arrêtent
parce que tout ce qu’ils font, fait le jeu de l’Empire de façon
absolument concrète.
Mahadi – Mais consciemment ou
inconsciemment, Monsieur Soral ?
Alain Soral – Mais bien sûr
que c’est consciemment et volontaire. On sait très bien quels sont
les recrutements, les financements, les réseaux.
Abdellah Boudami – Vous dites
qu’Al-Qaïda est financée par les États-Unis. C’est ça que
vous dites ?
Alain Soral – Oui, c’est
quelque chose au départ qui a été financé par les États-Unis
pour lutter contre l’hégémonie soviétique sur l’Afghanistan.
Et petit à petit, ils en ont d’ailleurs. C’est une histoire
complexe.
Abdellah Boudami – Oui, oui,
beaucoup plus complexe que ce que vous dites là. Parce que les
moudjahidines d’Afghanistan, notamment, qui étaient un groupe
beaucoup plus hétérogène, notamment avec le commandant Massoud
d’une part et puis les alliances qui se sont faites, Al-Qaïda est
une logique qui vient bien après, qui ne répond pas tout à fait
aux logiques qui se réfèrent en Afghanistan.
Alain Soral – Oui.
Abdellah Boudami – Et d’ailleurs
aujourd’hui, on sait très bien que des drones bombardent les
groupes qui s’affilient à Al-Qaïda, aussi bien en Somalie qu’au
Yémen, qu’en Afghanistan, etc. Et que par exemple le résistant
yéménite Anouar al
Aoulaki a été
tué au Yémen parce que justement, il y a une contre-idéologie. On
peut être contre, on peut être pour. On peut juger qu’elle soit
constructive ou pas, mais en tout cas, il y a un contre-pouvoir qui
s’est crée de manière internationaliste contre l’impérialisme
américain. L’impérialisme américain est le premier à le
reconnaître. Il a une fameuse épine dans le pied avec ces groupes
qui essaiment un peu partout et qui construisent une alliance.
Alain Soral – C’est à la fois
vrai et faux parce que d’abord, Al-Qaïda, c’est un label
incontrôlable. C’est comme les Anonymous, je sais pas quoi.
Ahmed Bihmiden – Anonymous.
Abdellah Boudami – Non, non, ce
n’est pas du tout la même chose, mais bon. Il y a des alliances
qui se font avec des serments d’allégeance, etc.
Alain Soral – Il n’y a pas de maison-mère d’Al-Qaïda, et de pouvoir centralisé d’Al-Qaïda. Ce qui fait qu’il y a des groupes qui se revendiquent « de » qui sont plus ou moins autonomes. Ce que je veux dire moi, c’est qu’on s’appuie sur un certain extrémisme salafisme qui s’appelle Al-Qaïda, souvent pour faire un jeu pro-impérial assez habile. Et ce qui compte c’est de juger sur les résultats.
Les attentats du 11 Septembre ont permis à l’Empire américain de mener des guerres néocoloniales sous prétexte de lutter contre le terrorisme international, et de détruire, de soumettre, l’Iraq, de porter l’armée américaine au Moyen-Orient. Et donc, le résultat objectif, il est quand même là.
Après moi, je ne veux pas rentrer
dans des débats qui touchent à l’orgueil souvent de certaines
personnes. Parce que ça, c’est la thèse que je connais qui est la
thèse de Nabe. Prétendre qu’Al-Qaïda a été faite
par certains Américains et pas par certains musulmans, ça semble
vouloir dire que les musulmans n’ont pas le niveau pour faire ce
genre d’attentats. Ben, malheureusement.
Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur
Soral, rapidement, un auditeur. Bonjour, As-salâm ‘aleïkoum
Aissam Ait-Yahya. Vous êtes l’auteur
du livre De l’idéologie islamique
française. C’est bien ça ?
Aissam
Ait-Yahya – Oui, c’est ça.
Ahmed Bihmiden
– Je vous en pris, votre question.
Aissam
Ait-Yahya – Alors, rapidement, il y
aurait
beaucoup de choses à dire.
Ahmed Bihmiden
– Rapidement, soyez synthétique.
Aissam
Ait-Yahya – Très
rapidement, sur l’analyse soralienne géopolitique. Et
c’est très bien d’ailleurs
qu’il vienne
de parler de Nabe. Parce
que moi, je me souviens de la première
intervention de Soral sur Oussama Ben Laden. Il avait vraiment une
posture qui
était déjà nabienne. Et il disait avec son comparse
Dieudonné, qu’entre Bush et Ben Laden, c’était tout de suite,
ils avaient beaucoup plus de respect pour la figure de Ben Landen. Et
moi, ce que
je ne comprends pas, c’est que tout d’un coup, il y a eu un
changement. Alors,
est-ce que ce changement a été.
Ahmed Bihmiden
– Vous voulez comprendre l’origine du changement, c’est bien
ça.
Aissam
Ait-Yahya – C’est-à-dire que,
excusez-moi, Soral a très bien compris l’idéologie d’Oussama
Ben Laden et de ceux qui se revendiquent de cette
espèce de
salafisme,
comme il veut le dire. Qu’en
fait leur but,
c’est de
créer, récréer,
un califat. Et comme Soral, lui,
défend un universalisme français…
Alors que
paradoxalement,
des fois dans son livre,
il est pro-universalisme français, et
des fois,
il le combat. Là,
il y a une espèce de paradoxe qu’il faudrait qu’il nous explique.
Il défend le
régime le régime de Bachar el-Assad
qui est laïque. Et à un moment donné, lorsqu’il
est en France, dans son combat pro-français, il combat la laïcité.
C’est-à-dire qu’il combat la laïcité
en France. Mais la laïcité pour les Arabes,
elle est bonne. Donc, c’est exactement
la même.
Ahmed Bihmiden
– D’accord. Je
vous remercie.
Il va vous répondre là-dessus.
Monsieur Soral.
Alain Soral
– Vous êtes toujours en train de
projeter votre dualisme
primaire sur
mes analyses qui sont plus complexes. J’ai été très impressionné
par le 11 Septembre au départ.
Ahmed Bihmiden
– Le
monsieur qui vient d’appeler est Aissam Ait-Yahya,
donc, auteur du livre De l’idéologie islamique
française.
Abdellah Boudami – Mais tout le
monde est binaire pour Monsieur Soral.
Ahmed Bihmiden – Oui.
Alain Soral – Oui, oui, d’accord. Donc j’ai été très admiratif d’Oussama Ben Laden, le lendemain du 11 Septembre parce que j’étais très impressionné. C’était fait pour ça.
Et puis avec le recul et l’analyse, je me suis rendu compte que c’était plus ambigüe, plus complexe. Donc mon évolution sur le personnage d’Oussama Ben Laden est liée à un recul et une analyse.
Justement je ne suis pas essentialiste. C’est qu’effectivement, il s’est passé dix ans entre ce que je dis aujourd’hui et ce que je disais le lendemain du 11 Septembre. Et j’ai eu dix ans pour voir les ambigüités, effectivement, d’Al-Qaïda, etc., etc. Donc mon changement vient du fait que j’ai plus de recul pour réfléchir.
De même que j’ai été communiste et puis aujourd’hui, je le suis beaucoup moins. Entre temps, il y a soixante-dix ans d’expérience de l’URSS. Et qu’aujourd’hui prétendre que Staline, c’était le bonheur des peuples, il faudrait être malhonnête. Et pourtant, à un moment donné, effectivement, j’ai collé à l’idéologie communiste parce que je manquais de recul. Et ça sert à ça le recul.
Deuxième chose, je ne défends pas
le régime de Bachar el-Assad au nom de la laïcité. Vous n’avez
rien compris. Je dis que si jamais ce régime qui correspond à un
consensus multiconfessionnel de la Syrie tombe, ça va être une
catastrophe pour le peuple syrien bien pire que leur situation
actuelle. Donc, c’est au nom d’un certain relativisme et d’un
certain réalisme politique.
Abdellah Boudami – Vous voulez
donc dire aux Syriens ce qui est mieux pour eux, en fait.
Alain Soral – Je ne défends
pas le régime alaouite au nom de la laïcité. Je dis que compte
tenu de la complexité de la situation syrienne qui s’explique
d’ailleurs par l’histoire de la colonisation française et
anglaise, aujourd’hui, le régime de Bachar el-Assad, pour le
peuple syrien est un moindre mal. Et tous les Syriens honnêtes qui
vivent en Syrie savent que si jamais le régime tombe, ça va
correspondre à ce que se passe en Iraq depuis des années, ou ce qui
se passe en Libye depuis un an. C’est-à-dire du sang et des larmes
sur toute la ligne.
Abdellah Boudami – Il y a une grande différence entre la Syrie et l’Iraq. C’est qu’en Syrie, il y a objectivement une large couche de la population qui se soulève.
Mais moi, je voudrais un peu rebondir là-dessus pour pouvoir aussi placer ce que j’ai à dire. C’est qu’effectivement, pas mal d’auditeurs appellent et relèvent des contradictions chez monsieur Soral. On a pu entendre plusieurs fois : « J’aime vos thèses mais sur ça, je trouve que ça ne va pas. »
Et pour moi, effectivement, il y a une cohérence entre les contradictions dans le livre d’Alain Soral et le fait qu’il ait des conclusions qui puissent paraitre a priori comme étant contraires à ses thèses. Mais pour moi, elles sont dans la continuité. Pourquoi ?
Parce que sa sociologie du réseau, sa sociologie de la domination, est une sociologie qui met en avant certains forces plutôt que d’autres, parfois confond causes et effets, insiste très fort sur la franc-maçonnerie, et essentialise les questions. Et parmi les contradictions d’ailleurs, il y a cette volonté de montrer par exemple, qu’en France, il y a une racialisation des problèmes, qu’on ethno-confessionnalise des choses, alors que son Empire est toujours analysé à l’aune du judaïsme protestantisme, ce qui est en-soi un essentialisme.
Il y a une autre contradiction avec
le pouvoir de la Banque comme étant présenté comme un pouvoir
capitaliste financier qui est déconnecté de la réalité
entrepreneuriale. Et cette volonté de monter Henry Ford comme étant
l’entrepreneur lié à la réalité. Mais en même temps, montrer
que le fordisme a fait des ravages après. Donc il y a une
contradiction.
Ahmed Bihmiden – Rapidement
Monsieur Boudami.
Abdellah Boudami – Et il y a aussi
une contradiction dans le fait de prendre des auteurs qui sont
totalement à l’encontre de ses propres thèses et de les
récupérer, comme Orwell, comme Bakounine, de façon à ratisser
très large et à pouvoir contenter le plus de personnes.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
là-dessus. Allez-y.
Alain Soral – Non, mais
d’accord, mais là, ce petit monsieur, qui a un CV à mon avis
court comme mon petit doigt et qui sent l’adolescent.
Abdellah Boudami – On sent que je
suis maudit dans votre cœur.
Alain Soral – Non, non,
non, c’est le premier de la classe universitaire. Ça m’emmerde !
Moi, j’ai cinquante-trois ans et j’ai un gros vécu.
Abdellah Boudami – C’est le
cadet de mes soucis.
Alain Soral – Et là, ce débitage de trucs qu’il le démontre par un livre qui viendrait contrer le mien point par point. Que j’usurpe la parole d’Orwell, il faudrait qu’il me le démontre. Que j’usurpe la parole de Bakounine, il faudrait qu’il me le démontre. Parce que moi, je prends les citations des auteurs et j’ai étudié leur vie et leur long parcours qui est un parcours complexe.
Orwell il a compris des choses parce qu’il a été clochard à Paris, parce qu’il a cru participer à la guerre d’Espagne, et qu’il a vu que c’était plus compliqué sur le terrain que ce qu’il croyait avec ce côté binaire du progrès et de la réaction.
Et moi, excusez-moi, mais les gamins
qui ont encore du lait derrière les oreilles et qui sont de purs
universitaires, de purs produits d’ailleurs de l’Occident
laïcard, qui se prétendent musulmans, mais tout leur corpus, toute
leur épistémologie est laïcarde franc-maçonne, ça me fait
doucement rigoler.
Abdellah Boudami – Vous avez une
attitude universitaire à vous réfugier dans votre tour d’ivoire à
considérer que n’importe qui qui vient d’ailleurs.
Alain Soral – Le pouvoir de la Banque a progressé à travers un processus qui s’appelle le néocapitalisme financier. Et j’aimerais bien qu’il me démontre que cette démonstration est fausse. Et notamment, je démontre que c’est vrai, parce que c’est théoriquement correctement articulé, et que c’est historiquement vérifié, et que ça se vérifie terriblement aujourd’hui. J’aimerai qu’on en vienne à la réalité d’aujourd’hui.
Qu’est-ce qu’il se passe en ce moment en Grèce ? Qu’est-ce qui se passe au niveau des élections françaises en ce moment ? Qu’est-ce qui se passe au niveau de l’éclatement programmé de la Belgique ? Qu’est-ce qui se passe au niveau des conflits ethnico-religieux artificiellement poussés ? Qu’est-ce qui se passe au niveau de la récupération par les forces sionistes d’une certaine extrême droite racialiste notamment belge et hollandaise ?
Parlons un peu de la réalité
plutôt que d’essayer de m’attaquer systématiquement, qui sont
des petits combats d’arrière-garde dont d’ailleurs, je ne
comprends pas très bien l’objet. Je ne sais pas pourquoi cette
personne m’agresse à ce point-là.
Mahadi – Monsieur Soral, je peux
vous poser une question. J’ai comme l’impression, en fait –
détrompez-moi si je vais dans une mauvaise direction –, j’ai
comme l’impression. Moi, je n’ai pas vu de contradictions. J’ai
plus vu une évolution de votre pensée, assez intéressante en fait.
Donc, j’ai pu percevoir dans mon analyse plutôt une évolution de
votre pensée.
Alain Soral – Oui, bien sûr, oui.
Mahadi – Ne pensez-vous pas
finalement que vous êtes en train d’aller vers une certaine vision
mystique de ce qui est en train de se passer. C’est-à-dire que je
ressens un peu que vous êtes en train d’aller vers des analyses
qui transcendent un tout petit peu cette vision un peu horizontale
des choses, pour faire intervenir des dimensions verticales. Est-ce
que, je me trompe ?
Alain Soral – Vous avez parfaitement raison, et je suis content que vous ayez lu mon livre correctement plutôt. Parce que je n’aime pas les combats de destruction systématique. Je fais un travail qui est difficile. Je prends des coups de partout et je défends un point de vue. Il faut bien le comprendre. Je ne prétends pas parler au nom de l’universel. Y’a que Dieu qui peut parler au nom de l’universel.
Et je n’aime pas que des petits
merdeux en s’appuyant sur des concepts, prétendent, eux, parler au
nom de l’universel, alors qu’ils ne font que défendre un point de
vue. Et moi, leur point de vue, je l’identifie en cinq minutes.
Mahadi – Vous êtes croyant,
Monsieur Soral ?
Alain Soral – Donc moi, effectivement, je suis un ancien marxiste. J’ai toujours été patriote parce que le peuple d’ailleurs est patriote, je n’en ai pas honte.
Et effectivement, je tends, dans une période que j’appelle de fin des temps, où des choses sont en train de se passer qui sont la résultante de longs processus qui sont en train de s’accélérer et de monter en température, et je me rends compte que finalement convergent des analyses matérialistes et des analyses spiritualistes.
Quand je vois ce que disent les trios religions abrahamiques qui sont le judaïsme, le catholicisme et l’islam sur ce qu’on appelle « la fin des temps », qui pour moi, en tant que laïque, serait la fin d’un cycle. Et je vois que les analyses convergent. Et je suis très touché, même si je ne peux pas le justifier rationnellement, par le fait que ce que j’ai déduit moi, par l’outil rationnel, correspond totalement à ce qu’écrit le Sheikh Imran Hosein.
Et donc, effectivement, je suis de
ce point de vue-là, un mystique, ce qui ne veut pas dire un
religieux. Je deviens mystique parce que l’époque est mystique.
Nous vivons une époque mystique.
Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur
Soral, un dernier auditeur sur cette question-là. Bonjour, as-salâm
‘aleïkoum.
Auditeur 5 – Oui, wa aleykoum
salâm.
Ahmed Bihmiden – Oui, rapidement.
Auditeur 5 – Nous pouvons encore
constater que monsieur Soral n’a aucune méthode et est extrêmement
mal informé. Par exemple, pour la Libye, il affirme qu’Al-Qaïda a
été mise au pouvoir. Mais Monsieur Soral, Al-Qaïda elle-même, les
leaders d’Al-Qaïda ont dénoncé l’alliance avec l’OTAN et ont
expliqué qu’il ne fallait pas se mettre sous une autre forme
d’oppression, alors que les résistants venaient de se libérer de
l’oppression Kadhafi, de Kadhafi que vous soutenez.
Alain Soral – Les
résistants se sont libérés de l’oppression de Kadhafi. C’est
l’armée française.
Auditeur 5 – Ensuite, Monsieur
Soral, les seuls résistants aujourd’hui sont les résistants
sunnites. Quant à vous, vous êtes une victime de la propagande de
gauche, d’extrême gauche et chiite.
Alain Soral – Bien sûr !
Je suis d’extrême gauche maintenant. Ben, ça va faire plaisir à
Michel Collon.
Auditeur 5 – Vos êtes encore
victime de vos anciens modes de raisonnement communistes.
Alain Soral – Bien
sûr, oui.
Auditeur 5 – Ce qui fait que vous
êtes une victime de l’Iran, du Hezbollah et de leurs alliés.
Ensuite Monsieur Soral.
Alain Soral – Bon écoutez,
ça ne m’intéresse pas d’entendre ce genre de conneries.
Abdellah Boudami – Non, mais
acceptez la critique, à un moment, je veux dire. On comprend bien
que vous êtes un grand intellectuel.
Ahmed Bihmiden – Alors rapidement.
Auditeur 5 – Vous nous affirmez
dans votre livre que vivre en Syrie est parfois meilleur que vivre en
France.
Alain Soral – Jamais je
ne dis ça une seule seconde. Jamais !
Auditeur 5 – Excusez-nous d’être
révoltés par tant de médiocrité.
Alain Soral – Vous mentez
monsieur, vous êtes un menteur. Trouvez-moi cette phrase et on en
reparlera. [inaudible] Ça m’insupporte.
Auditeur 5 – Vous vous prétendez
un résistant à l’Empire.
Ahmed Bihmiden – Alors rapidement.
Les réponses là-dessus Monsieur Soral, rapidement.
Alain Soral – Je suis un
Français qui mène un combat anti-impérial d’un point de vue
français, et qui essaye de voir qui sont ses amis et qui sont ses
ennemis. Vos petites histoires sunnito-chiites ne m’intéressent
pas. C’est votre problème de lutte interne au monde de l’Islam
ce qui fait d’ailleurs que vous passez votre temps à vous détruire
les uns les autres. Ça ne me regarde pas. Je ne veux pas rentrer
dans un règlement de compte sunnito-chiite sur cette radio, sinon je
rentre chez moi.
Ahmed Bihmiden – OK, je pense
qu’on a répondu à cette question.
Alain Soral – Je veux bien
parler de mon livre. Mon livre ne fait pas une apologie du chiisme
contre le sunnisme. Absolument jamais.
Ahmed Bihmiden – Très bien, le
message est passé.
Alain Soral
– Il y a des tas de résistants sunnites qui sont des résistants à
l’Empire, je l’ai toujours dit. Je dis simplement qu’Al-Qaïda,
on ne peut pas vraiment en parler, car on ne sait pas ce que c’est.
Car en fait, c’est une nébuleuse. C’est exactement comme les
Anonymous.
Hatibi – Monsieur Soral, on va
passer à un autre point qui n’a rien à voir et qui est justement
quelque chose qui vous intéresse et qui vous tient à cœur, qui est
la France, ce qui se passe en France.
Alain Soral – La fraction
belge d’Al-Qaïda ne m’intéresse pas.
Hatibi – On passe à autre chose
maintenant. Justement, le gens quand ils disent que vous avez évolué
dans votre manière de voir les choses,
Alain Soral – Bien sûr,
oui.
Hatibi – Aussi ne comprennent pas maintenant votre passage aussi d’une extrême gauche à une extrême droite. Maintenant, est-ce que vous pouvez nous expliquer justement.
Lors de la dernière émission quand
nous vous avions invité, ici, vous nous aviez reproché de vous
mettre systématiquement comme un allié du Front national alors que
maintenant, on voit que vous êtes un fervent allié.
Ahmed Bihmiden – De Marine Le Pen.
Hatibi – De Marine Le Pen, bien
sûr.
Alain Soral – Alors déjà, je ne crois pas à ces divisions extrême gauche-extrême droite. Ce sont des divisions produites essentiellement par nos dominants pour diviser les forces de résistance et les opposer les unes aux autres au lieu de les faire s’allier. En réalité, je ne valide pas ces catégories. D’ailleurs je ne sais pas au nom de quoi, il faut les valider. Il faudrait se poser la question.
Je pense que quand on se sert des catégories de l’adversaire pour fonctionner, on est déjà vaincu d’avance. Il faut déjà remettre en question ces outils.
Donc je suis quelqu’un qui vient
plutôt du marxisme et qui a été membre pendant sept ans du Parti
communiste français – je peux exhiber mes cartes – et qui est
venu petit à petit au néonationalisme, comme l’a fait Georges
Marchais lui-même, au moment du discours de
Montigny-lès-Cormeilles. Ce passage au néonationalisme se justifie
par une critique intelligente du processus capitaliste.
Ahmed Bihmiden – On va se
retrouver juste après une courte page de publicités, Monsieur
Soral, qui se profile à l’horizon. On se retrouve juste après. À
tout de suite
Questions des auditeurs Troisième partie
Ahmed Bihmiden – Voilà. De retour
sur radio Al Manar avec Alain Soral à votre émission hebdomadaire
du dimanche Regards Critiques. Alors Monsieur Soral, je reçois
énormément d’appels de personnes qui estiment que vous ne
soutenez la résistance authentique, d’après eux.
Alain Soral – Oui, bien
sûr, c’est eux la résistance authentique.
Ahmed Bihmiden – Et
qu’évidemment, cette résistance devrait, selon eux toujours,
s’incarner dans les militants sunnites authentiques.
Alain Soral – Alors moi, je vais vous répondre très clairement à cette question. Ma vision des choses est totalement celle de Sheikh Imran Hosein quand il parle de la guerre de Gog et Magog et de la manière dont l’Empire mondialiste triomphera de ses opposants. Donc, que les gens aillent aux écrits de Sheikh Imran Hosein. Je partage totalement sa vision même si j’arrive à ces conclusions par d’autres moyens.
Je ferai une deuxième citation. Quand Ruth Elkrief demande à Bernard-Henri Lévy si ce n’est pas dangereux ces révolutions arabes sunnites qui se mettent en place, si ce n’est pas dangereux pour Israël et ce qu’Israël représente, il répond : « Je suis un défenseur inconditionnel d’Israël, je connais très bien la question, et je vous dis que ces révolutions arabes, c’est bon pour Israël. »
Donc je di : moi, je crois à
l’intelligence satanique de Bernard-Henri Lévy. Cette citation
pour moi est la réponse. Lisez Sheikh Imran Hosein et réfléchissez
sur la déclaration de Bernard-Henri Lévy. Je pense malheureusement
– c’est mon analyse, et de toute façon, je n’en discute pas,
c’est mon analyse –, je pense que certains sunnites extrémistes
sont en train de tomber dans un piège qui correspond d’ailleurs à
ce qui est écrit sur notamment le combat de la fin des temps, et que
la domination impériale mondialiste totalitaire du Dajjâl
passe quelque part par eux et leurs errances.
Abdellah Boudami – (rires)
Alain Soral – C’est ce qui est écrit sur ce qui va se passer à la fin des temps.
Moi, je suis pour une alliance de
certains musulmans avec certains catholiques, car il est bien écrit
qu’à la fin des temps, nous ne pourrons vaincre le Dajjâl, le
Diable, que si les armées de Issa, de Jésus,
se joignent aux armées du Mahdi. C’est ma
vision des choses, c’est ma vision à moi qui est une vision
politique et géopolitique. Et elle rejoint une certaine vision
religieuse qui est dans l’Apocalypse de Jean, qui est dans
les écrits prophétiques musulmans commentés par le Shaikh Imran
Hosein et d’autres, et qui est aussi, inversement, dans les écrits
prophétiques que j’appelle talmudo-sionistes, à travers l’idée
de l’Armageddon et de la venue du nouveau Messie qui pour nous est
l’Antéchrist.
Abdellah Boudami – C’est très
intéressant.
Alain Soral – À la limite,
je n’en discute pas.
Abdellah Boudami – Mais moi,
j’aimerais par contre en discuter. D’ailleurs votre dernière
intervention montre bien votre faculté tout à fait incroyable pour
pouvoir mélanger tous les domaines et toutes les questions
spécifiques.
Alain Soral – Bien sûr, il
faut toutes les mélanger. La réalité est [inaudible].
Abdellah Boudami – On a une
sociologie, politologie talmudique avec quelques références
théologiques qui, effectivement, ont le don de brouiller les cartes.
Et donc, moi, je répète et je veux le redire qu’effectivement,
lorsqu’on a une sociologie réticulaire aussi vide, et avec
toujours insister sur les mêmes réseaux de pouvoir plutôt que
[inaudible].
Ahmed Bihmiden – Allez sur le fond
Monsieur Boudami.
Abdellah Boudami – Eh bien, effectivement, on en vient à soutenir. Par exemple, vous dites : les opposants sérieux à la démocratie moderne, c’est Charles Maurras, c’est l’Ordre Noir de la SS cher à Heinrich Himmler, c’est la République islamique d’Iran.
Et donc, lorsqu’on a cette vision
de la résistance du passé, effectivement, aujourd’hui on se
rangera du côté de Poutine, de Bachar. On dira que Marine Le Pen
est une alternative politique crédible. Et en prenant comme alliés
de tels personnages, on en vient, par exemple, à la fin de votre
livre, en égrainant pour vous les problèmes mondiaux d’aujourd’hui,
vous avez par exemple : le complot du réchauffement climatique,
vous considérez que c’est un complot.
Alain Soral – Non, ce n’est
pas un complot, c’est [inaudible].
Abdellah Boudami – Et que le CO2
anthropique n’a pas généré de réchauffement climatique, que
l’OMS est une entité supranationale qui a voulu un peu empoisonner
le monde entier par une volonté de réduire la population mondiale
avec son vaccin H1N1. Votre façon de voir le 11 Septembre.
Effectivement, on voit que vous prenez comme alliés des gens tout à
fait antihumanistes.
Alain Soral – Parce que
vous, c’est vos catégories l’humanisme ?!
Abdellah Boudami – Et que d’autre
part, vous prônez comme problème important, aujourd’hui, des
problèmes qui n’en sont pas. Le H1N1 et le CO2 ne sont pas des
problèmes qui concernent le monde aujourd’hui.
Alain Soral – Démontrez ce
que vous dites par un livre dont on pourra parler, monsieur.
Abdellah Boudami – Et que votre
sociologie ne peut qu’amener à regarder de faux problèmes et à
délaisser les vrais problèmes.
Ahmed Bihmiden – D’accord.
Monsieur Soral, là-dessus, s’il vous plait.
Alain Soral – Oui, ça ne m’intéresse pas de parler avec ce monsieur. Qu’est-ce qu’il a comme contre-propositions à faire ?
Rien. Il critique. On dirait un type
qui note le patinage artistique. Moi, je suis un gladiateur, je suis
dans l’arène.
Abdellah Boudami – Quel homme !
Alain Soral – Et lui, il
est dans les tribunes, et il donne des notes. Je l’emmerde, voilà,
vous comprenez. Moi, j’agis, je fais quelque chose.
Ahmed Bihmiden – Rapidement.
Alain Soral – Il ne produit
rien, lui. Au nom de quoi.
Ahmed Bihmiden – Non, non, cette
question-là.
Alain Soral – Et toutes ses
valeurs, je ne sais pas, il parle. Toutes ses valeurs, finalement,
sont maçonniques, c’est ça qui m’insupporte. Tous ses concepts,
il les prend chez l’ennemi. Il prétend lutter contre l’Empire !
Toutes ses valeurs sont des valeurs impériales. Il me parle
d’humanisme. Qu’est-ce que c’est que l’humanisme ? Il
faudrait le définir. Je ne sais pas. Je veux bien discuter avec des
musulmans.
Abdellah Boudami – Des gens qui ne
font pas des boucheries dans leurs populations comme Bachar el-Assad,
par exemple. Ça, ce n’est pas humaniste.
Alain Soral – Ce petit
monsieur prétend lutter contre le colonialisme. Tout son bagage
conceptuel est colonial. Il faudrait qu’il se pose la question de
savoir.
Abdellah Boudami – En quoi il est
colonial, Monsieur Soral ?
Hatibi – Monsieur Soral, c’est
facile.
Alain Soral – Les droits de
l’homme font partie du bagage colonial. Donc, je veux bien à la
limite qu’on lutte contre le colonialisme au nom des valeurs de
l’islam, ça c’est cohérent. Mais pas quand on lutte contre le
colonialisme au nom des valeurs qui ont justifié le colonialisme. Le
colonialisme s’est fait au nom des droits de l’homme et par les
droits de l’homme.
Abdellah Boudami – Eh bien au nom
de l’Islam, je considère qu’il faut s’opposer à de gens comme
Poutine ou Bachar, et qu’ il faut considérer qu’il y a des
problèmes, notamment le néocolonialisme, qui sont plus importants
que de savoir que le virus H1N1 a été fait par un complot
maçonnique pour réduire la population de moitié, comme vous le
soutenez dans votre livre de manière toute à fait absurde.
Alain Soral – Oui, mais
bien sûr. Mais quand vous m’avez dit que j’étais absurde, moi
je vous dis que vous êtes un petit con. C’est plus honnête.
Ahmed Bihmiden – S’il vous
plait, s’il vous plait, la question des insultes. Stop !
Alain Soral – Vous êtes
mon ennemi, et ça ne m’intéresse pas parce que, moi, j’ai des
vrais ennemis qui sont l’Empire.
Abdellah Boudami – Vous êtes
fidèle à vous-même.
Ahmed Bihmiden – Je suis obligé
de couper le micro.
Alain Soral – Et je n’ai
pas de temps à perdre avec vous qui êtes un microbe. Vous
comprenez. Je n’ai pas de temps à perdre avec vous. Vous ne serez
pas mon ennemi, vous ne m’intéressez pas. J’ai des vrais ennemis
puissants.
Ahmed Bihmiden – Mais ne vous
excitez pas alors, monsieur Soral.
Alain Soral – Je n’ai pas
de temps à perdre à être votre ennemi parce que ça vous flatte
narcissiquement. Vous n’existez pas. Et vous n’existez pas
ontologiquement, et vous n’existez pas comme ennemi pour moi. Donc
n’essayez pas de me pousser à être ennemi et à combattre contre
vous. Je n’ai pas de combat contre vous. Pour moi, vous n’existez
pas et vous n’êtes pas mon ennemi. C’est ça que vous n’arrivez
pas à comprendre. Vous essayez de m’obliger à tomber dans des
combats périphériques et déviés.
Ahmed Bihmiden – D’accord,
d’accord, on va sortir de cette polémique stérile.
Alain Soral – J’ai des
vrais combats à mener, moi, Dieudonné, Thierry Meyssan
et d’autres.
Ahmed Bihmiden – La question
suivante portera sur la question.
Abdellah Boudami – Vous vous
énervez beaucoup contre quelqu’un qui n’existe pas.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami,
s’il vous plait !
Alain Soral – Vous êtes
rien. Dégagez !
Ahmed Bihmiden – Je vais devoir
vous censurer si ça continue.
Abdellah Boudami – Mais censurez
monsieur Soral, alors ! Il ne laisse pas la parole aux autres.
Ahmed Bihmiden – S’il vous
plait ! Alors, la question s’il vous plait, Monsieur Soral, du
CO2.
Alain Soral – Si vous
voulez, on arrête l’émission. Je vous emmerde.
Ahmed Bihmiden – Non, non.
Alain Soral – C’est
dimanche après-midi, je veux bien me reposer, je suis chez moi.
Abdellah Boudami – Mais faites ce
que bon vous semble, monsieur Soral !
Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami.
Alain Soral – Je veux bien
discuter avec les gens de Bruxelles qui écoutent cette radio.
Ahmed Bihmiden – S’il vous
plait.
Alain Soral – Mais vous,
vous m’emmerdez, vous ne m’intéressez pas, et vous n’êtes pas
en train de critiquer mon livre. Vous menez un combat à mort contre
moi. Et je vous dis, ce combat ne m’intéresse pas. Pour moi, c’est
déjà une stratégie impériale. Vous n’êtes pas mon ennemi, vous
ne m’intéressez pas.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
je vais vous proposer une question.
Alain Soral – Je mène des
vrais combats. Et vous n’êtes pas dans ce combat.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
j’ai une question à vous poser : la question du sionisme.
Alain Soral – Oui, ça
c’est une vraie question.
Ahmed Bihmiden – On va essayer de
l’aborder. Alors évidemment, ces personnes qui vous critiquent
vont se retrouver avec vous dans ces manifestations contre Israël et
contre le sionisme en général. Donc clairement de gens
propalestiniens. Mais selon vous, le sionisme a certaines origines
qui seraient en dehors des luttes anticoloniales.
Alain Soral – Bien sûr oui. Évidemment, oui. Réduire l’histoire du sionisme et le processus effectivement de colonisation de la Palestine historique à une simple histoire coloniale est un mensonge car derrière, il y a une religion qui s’appelle l’Ancien Testament, il y a le projet biblique, « l’année prochaine à Jérusalem », la notion de Terre promise pour le peuple élue. Et si on élude toute cette dimension effectivement religieuse et très essentialiste, pour reprendre un concept que notre camarade aime bien, eh ben on passe à côté d’une partie de la réalité des choses.
Et je pense qu’aujourd’hui, il y a d’ailleurs un israélien très courageux qui s’appelle Gilad Atzmon, qui a fait tout le travail de critique et d’autocritique sur sa vie même, et qui dit qu’on ne peut pas réduire l’histoire du sionisme à un simple processus colonial qui consiste à ce que des gens dominants aillent prendre possession d’un territoire étranger pour des raisons, en général, de domination économique.
Là, nous sommes sur un projet qui est aussi un projet religieux. Et nous le voyons bien d’ailleurs dans l’évolution de l’histoire d’Israël qui au début se présente comme un État laïque et un État de pionniers contre une oppression européenne, et qui petit à petit avoue, par une coalition qui est théologico-militaire, qu’ils sont en réalité les gens qui accomplissent le projet biblique de la Terre promise pour le peuple élu.
Et c’est pareil. Moi-même, j’ai évolué sur cette situation. Je suis passé de Chomsky à l’anti-Chomsky, parce que les trente ou quarante dernières années me démontrent que cette vision strictement laïcarde et coloniale est insuffisante. Et à force d’être insuffisante devient même fausse.
Et moi, je le dis. Je lutte contre le sionisme en tant que Français. Et je lutte notamment sur la domination sioniste sur la France qui s’appelle le dîner du Crif, et sur les effets pervers qu’a le sionisme sur les pays européens.
Parce que je n’ai pas raison non plus de m’exciter outre mesure sur la Palestine car je ne suis pas Palestinien. Et je n’aime pas les gens qui mènent des combats qui sont toujours loin de leurs problématiques personnelles.
L’honnêteté, c’est d’avouer
qu’on se bat d’abord pour-soi-même et les siens. Et je dis moi,
je combats le sionisme parce que le sionisme a un effet très pervers
en France que je peux démontrer d’ailleurs après.
Ahmed Bihmiden – C’est pour ça
que vous vous êtes investi dans un parti politique.
Alain Soral – Et je dis que l’histoire de l’épopée sionisme n’est pas qu’une histoire coloniale. Elle est bien au-delà. Elle est une histoire profondément religieuse.
Et je dis que quand Michel Collon
notamment n’ose pas aller jusque-là, il ne fait pas le travail
jusqu’au bout. Et qu’aujourd’hui, ne pas admettre que
l’historie d’Israël est un combat religieux et un combat
biblique, eh ben devient, à force d’approximations et d’analyses
incomplètes, devient un mensonge et un mensonge très
contreproductif. C’est ça que je dis aujourd’hui. Et c’est ça
ma fâcherie, ma seule fâcherie avec la bande de Michel Collon. Pour
le reste je suis d’accord avec lui et ses analyses qu’ils
produisent.
Mahadi – Monsieur Soral, je peux
vous poser une question ?
Alain Soral – Et je les
reproduis, sur l’Afrique centrale, etc. Et je diffuse tout leur
matériel critique.
Ahmed Bihmiden – Mahadi.
Mahadi – Monsieur Soral, en fait,
vous avez parlé de la thèse de Walt et Mearsheimer dans votre
ouvrage.
Alain Soral – Oui.
Mahadi – Et on voit aujourd’hui
que même des gens comme Marine Le Pen, on va dire envoient des
émissaires pour essayer un tout petit peu de se rapprocher de ce
lobby sioniste.
Alain Soral – Oui, bien
sûr, oui.
Mahadi – Pour essayer un tant soit
peu pour devenir un peu plus crédible sur la scène politique. Ne
pensez-vous pas que le sionisme, par définition, en essayant de
faire en sorte que le problème israélien devienne un problème
mondial comme par exemple sur le dossier iranien où les Israéliens
font semblant que ce problème est un problème qui est mondial et
non pas un problème qui touche seulement Israël, à force un peu de
tirer sur la corde, les populations en Europe et aux États-Unis vont
se rendre compte, en fait, qu’à un moment donné, la défense de
cet État, on va dire coûte extrêmement cher. Quelle va être
l’évolution des choses selon vous, par rapport justement à ce
sionisme qui tire sur cette corde à un point où elle pourrait se
briser ? Comment voyez-vous les choses pour l’avenir ?
Alain Soral – Vous
rejoignez exactement mon analyse. Je suis content d’ailleurs qu’à
chaque fois, avec vous, le débat peut se passer de façon à peu
près sérieuse.
Abdellah Boudami – Mais le débat
peut toujours se faire avec quelqu’un qui est d’accord avec vous.
C’est idiot ce que vous dites.
Alain Soral – Non, mais
taisez-vous. Laissez-moi parler, s’il vous plait. Ce que je fais
remarquer c’est que la question.
Abdellah Boudami – Non mais vous
aimez les gens qui sont d’accord avec vous. Alors effectivement, là
évidemment que le débat peut se faire alors.
Alain Soral – Je ne suis
pas démocrate, monsieur. Je l’assume, voilà.
Hatibi – On va laisser Monsieur
Soral continuer.
Alain Soral – La question
du sionisme aujourd’hui, on voit que c’est très au-delà de la
défense simplement de l’État israélien. On voir que ça
instrumentalise toutes les politiques occidentales à un point tel
que malheureusement, et je le reconnais à ma plus grande honte,
Marine Le Pen, pour essayer d’avoir le droit d’exister comme
personnage politique français accepté par l’arc républicain –
« arc républicain » d’ailleurs qui veut dire
maçonnique –, elle est obligé de faire des allégeances appuyées
à la question israélienne, alors que c’est une question de
politique étrangère qui ne devrait pas être centrale en France.
Ahmed Bihmiden – Justement un
auditeur, Monsieur Soral.
Alain Soral – La question du sionisme n’est pas simplement la question de la colonisation, ou un thème, d’un territoire qui est le territoire de la Palestine. Mais c’est la question de la domination, au nom d’une vision du monde, d’une communauté dont la puissance vient essentiellement des féodalités financières, et qui finalement détourne de leurs objectifs et de leurs projets, ce qu’on appelle les démocraties occidentales. Et que donc, ça tort toute la réalité des choses.
Et c’est d’ailleurs ce sur quoi Mearsheimer et Walt ont mis le doigt, aux États-Unis, où un universitaire de haut niveau républicain, allié à universitaire de haut niveau démocrate ont tiré un signal d’alarme en disant aux gens qu’aujourd’hui, contrairement à ce que dit Chomsky, la politique pro-israélienne des États-Unis n’est pas les intérêts bien compris de l’impérialisme américain mais est liée à la domination, via le Congrès et via la puissance d’argent, du lobby judéo-sioniste américain, et à une soumission des intérêts américains bien compris aux intérêts israéliens.
Et ce que veut dire, à un moment donné, qu’on est dans une période où on se demande si l’impérialisme américain ne va pas muter à travers le processus mondialiste, au passage d’une capitale qui serait Washington à une capitale qui serait Jérusalem, capitale du monde unifié. Ce qui se le projet explicite de monsieur Attali, qui ne produit jamais qu’une version laïcisée pour le grand public, du projet bien compris que j’appelle talmudo-sioniste.
Et je pense que là-dessus, vous
avez à peu près compris mon analyse. Elle est risquée.
Ahmed Bihmiden – En effet.
Alain Soral – Et je
dis voilà : la question du sionisme va bien au-delà de la
question israélo-palestinienne. Et c’est pour ça qu’elle
m’intéresse profondément. Car, comme je le dis à chaque fois,
elle touche mon problème à moi, de citoyen français, dans ma
liberté et dans ma possibilité d’exister librement dans ce pays.
Ahmed Bihmiden – Alors justement,
un citoyen français vivant ici en Belgique est en ligne. Bonjour.
Auditeur 6 – Oui, bonjour
Monsieur Soral. Voilà, je suis très content de vous avoir en ligne.
Moi, ce que je voulais vous demander. Je suis français mais ça fait
longtemps que je vis en Belgique. J’ai décidé de ne pas aller
voter parce que je n’étais pas du tout d’accord avec la
politique de la France. Aucun des candidats ne m’intéressait, à
part peut-être Dupont-Aignan. Mais c’est vrai que quand vous
parliez de Marin Le Pen, c’est vrai que bon, c’est quand même
l’extrême droite. Si j’avais pu aller voter, peut-être que je
l’aurais fait, je ne sais pas. Donc ma question, c’est quel
candidat pourrait passer ?
Ahmed Bihmiden – D’accord.
Voilà, la question est posée.
Alain Soral – Ben moi, j’ai répondu vingt fois à cette question. J’ai dit qu’effectivement, moi, j’avais essayé de faire évoluer la ligne du Front national dont je suis certain, à la suite d’une analyse de long terme et concrète, que le mouvement Front national, est le seul mouvement d’opposition justement au mondialisme en France.
Pour des raisons de hasard historique, de boutique familiale, c’est le seul parti qui a encore un petit peu d’indépendance, et qui n’est pas entièrement dans la main des mondialistes.
Alors après, moi, si j’ai essayé de faire évoluer ce petit parti qui idéologiquement était d’ailleurs assez confus et complexe, en parti antilibéral et en parti, je dirais, promusulman, ce qui était assez risqué. J’ai réussi sur le premier plan. C’est-à-dire que Marine Le Pen est passé du libéralisme à l’antilibéralisme et à l’antimondialisme qui est une critique du libéralisme dans ses phases récentes.
Mais par contre, elle est restée sur l’anti-islam. C’est pour ça que je suis parti du Front nation, et que moi, en dehors du Front national, je mène un combat pour essayer – ce que j’appelle la réconciliation nationale – d’infléchir la ligne trop antimusulmane de Marine Le Pen.
Je n’y arrive pas vraiment et je le déplore. Mais après, moi, en tant que citoyen français et patriote français, au premier tout, je le dis en mon âme et conscience, je voterai, si Marine Le Pen a les signatures – parce que le système essaye de faire en sorte qu’elle ne les ait pas –, je voterai en mon âme et conscience malgré tout, parce que je suis un politique – c’est la théorie de la stratégie du moins pire, selon mes intérêts à moi –, je voterai malgré tout au premier tour pour Marine Le Pen.
Je pourrais très bien ne pas le
dire ou le cacher. Mais je ne suis pas un menteur ni un lâche ni un
manipulateur. Et donc je dis bien que je voterai pour Marine Le Pen
au premier tour bien que sur la question de l’islam, elle me
déçoive beaucoup. Mais je vous dis, elle le fait surtout parce
qu’elle sait que si elle ne joue pas cette carte-là, sa
diabolisation, via les très puissants réseaux sionistes qui
contrôlent les médias – je ne vais pas vous faire le [inaudible].
Ahmed Bihmiden – Vous allez perdre
des adhérents à votre association Monsieur Soral.
Alain Soral – C’est la
réalité. Elle ne pourra pas accéder à l’élection.
Abdellah Boudami – Le soutien
d’Alain Soral à Marine Le Pen est tout à fait logique et en
cohérence avec sa manière d’analyser le passé. Moi, je maintiens
et je le redis ici, avec sa nostalgie des régimes anciens.
Ahmed Bihmiden – Rapidement.
Abdellah Boudami – Sa façon de
citer, effectivement, des auteurs réactionnaires et de réactiver
des idéologies qui sont
Alain Soral – Ça n’existe
pas le concept d’ « auteur réactionnaire ». Alors à
ce moment-là, le prophète est un auteur réactionnaire.
Abdellah Boudami – Mais laissez
parler les autres.
Alain Soral – Vous oseriez
dire que le Coran est un écrit réactionnaire ?
Abdellah Boudami – Le but d’un
débat, c’est quand même qu’il y ait des contre-arguments. Alors
je peux comprendre dans votre mégalomanie, maintenant qui est
notoire.
Alain Soral – Mais elle est
justifiable monsieur, elle est justifiée.
Abdellah Boudami – Que vous ne
pouvez pas supporter de contre-argument. Mais un débat où vous ne
laisserez pas parler les autres, effectivement, ça ne sert à rien.
On pourrait faire. Les officines de publicité.
Alain Soral – Mais je ne
fais pas un débat. Je suis invité à une radio pour parler. Je ne
vous ai pas invité, moi. Je ne sais pas qui vous êtes. Et je ne
vous trouve pas légitime pour m’agresser. C’est tout. Y’a un
monsieur qui a envie de discuter avec moi, et qui a l’air d’être
pertinent et calme, et vous, vous êtes dans un combat contre moi,
que je refuse. Je suis un boxeur qui a un certain palmarès et pour
moi, vous ne méritez pas de boxer contre moi. C’est ça que je dis
clairement, voyez. Car vous n’avez pas les qualifications.
Ahmed Bihmiden – Très bien.
Décidément.
Alain Soral – Vous n’êtes
pas sélectionné. Je joue en première division, vous ne jouez pas
en première division. Voyez, je suis un sportif, moi, voilà.
Abdellah Boudami – Vous appelez
les Arabes patriotes à voter Marine Le Pen avec vous.
Mahadi – Monsieur Soral, Dominique
de Villepin n’est-il pas plus intéressant dans ce cas-ci ? Il
a quand même tenu des propos assez, on va dire contre Sarközy et.
Alain Soral – Mais monsieur
de Villepin est à un pour cent dans les sondages. Et il n’ira
pas. Il n’a pas les signatures, il ne les cherche pas. Et il n’ira
pas. Donc je vous fais remarquer qu’on vote pour des candidats qui
sont présents à l’élection. Voter pour des candidats qui n’y
sont pas, ça s’appelle de la métaphysique. Vous voyez.
C’est-à-dire que qui sera présent au premier tour ?
Ahmed Bihmiden – D’accord. On se retrouve juste après une courte page de publicités pour la dernière partie de notre émission. À tout de suite.
(Coupure publicitaire)
Question des auditeurs Quatrième partie
Ahmed Bihmiden – Voilà, de
retour. Dernière partie de notre émission Regards Critiques avec
toujours Alain Soral. Alors, Monsieur Soral, on a parlé de Marine Le
Pen, juste avant. Bon, vous avez dit que vous alliez voter pour elle
en votre âme et conscience.
Alain Soral – Si elle est
candidate ! Ce qui n’est pas sûr, car elle a du mal à avoir
les signatures.
Ahmed Bihmiden – Oui, si jamais
elle les a. Donc dans cette possibilité-là, étant donné que vous
connaissez quand même son discours islamophobe, antimusulmans.
Alain Soral – Oui, oui, je
le déplore.
Abdellah Boudami – J’imagine que
vos allez perdre beaucoup d’adhérents étant donné que beaucoup
de musulmans vous écoutent er qu’ils vont être les premières
victimes, en première ligne.
Alain Soral – Ils vont être
victimes, à mon avis, de pas grand-chose, car je ne pense pas que
Marine Le Pen n’ait ni le projet ni les moyens de nuire aux
musulmans du quotidien si jamais. D’abord, il faut bien comprendre
qu’elle ne sera pas élue. Je pense que vous admettez quand même
puisque.
Ahmed Bihmiden – Si jamais, si
jamais. Vous votez pour une personne que vous espérez voir
présidente.
Alain Soral – Non, elle ne peut pas être élue. Je suis dans le réalisme. Par contre, j’aimerais qu’elle soit présente au deuxième tour face à François Hollande. Je voudrais qu’elle éjecte Sarközy au premier tour, pour toutes les raisons du monde.
Parce que d’abord, Sarközy s’est
fait élire sur les promesses du Front national, en 2007, et qu’il
a trahi toutes ses promesses. Deuxièmement, parce que Sarközy est
un agent de l’Empire – lui il n’y a aucun doute –, un agent
israélo-américain intégral, parce qu’il a détruit tout ce que
de Gaulle avait essayé de faire pour recréer un peu
d’indépendance française après la IVème République.
Ahmed Bihmiden – Pourtant son
slogan, c’est « la France forte » !
Alain Soral – C’est pour ça que je mène un combat sérieux à mort contre Nicolas Sarközy, dans un premier temps, qui est président de mon pays et qui quand même, a le pouvoir dans ce pays, et qui correspond d’ailleurs à la convergence de tas de réseaux dont on pourrait parler.
Donc, j’aimerais, pour des raisons morales et politiques, que Marine Le Pen éjecte Nicolas Sarközy du premier tour. C’est mon souhait, ma volonté de citoyen français de combat, que j’assume.
Après, Marine Le Pen ne pourra pas être élue. C’est certain. Par contre, je pense que l’entre-deux-tour, le débat qu’il y aura entre François Hollande et Marin Le Pen, et qu’on découvrira que la candidate soi-disant d’extrême droite est la candidate antimondialistes et anti-banques, et que le candidat soi-disant du Parti socialiste est le candidat de l’oligarchie bancaire, sera une période très intéressante d’un point de vue pédagogique et d’un point de vue de destruction de tous les présupposés et de toutes les catégories de domination. C’est ça qui m’intéresse. C’est de faire avancer le travail pédagogique.
Tout ce que je fais depuis des années, c’est d’essayer d’aider à la compréhension et donc à la liberté des gens pour qu’au moins ils puissent juger en conscience. Donc, je fais un travail, je dirais, toujours de détricotage du mensonge de la domination. Et quelque part, je n’ai pas grand-chose d’autre à y gagner que le plaisir d’avoir porté des coups à l’ennemi qui effectivement, cet ennemi, qui est l’Empire, et qui domine par une idéologie dominante.
Je pense que Marien Le Pen pourrait
être utile pour faire ce travail, je dirais presque malgré elle, de
déconstruction de l’idéologie dominante gauche-droite, soi-disant
qui est [inaudible] aujourd’hui.
Ahmed Bihmiden – Mahadi
Mahadi – Monsieur Soral,
qu’est-ce que vous pensez des propos de Claude Guéant par rapport
à la supériorité de civilisations sur d’autres. Qu’est-ce que
vous pensez de sa dernière déclaration par rapport à cela ?
Alain Soral – Je pense que c’est une petite phrase qu’il a sortie exprès, qui lui a été proposé par son conseiller Buisson pour bien montrer qu’il visait, par cette petite phrase perfide, l’islam, voyez. Et pour bien envoyer un petit message aux électeurs, je dirais entre guillemets d’« extrême droite », qui eux votent par peur de l’immigration et de l’immigration musulmane puisque maghrébine. Donc, il l’a fait exprès.
Ce qui est tragique, c’est qu’il
lui a été répondu à gauche, par un élu de la Martinique je
crois, qui a tout de suite fait référence au nazisme. Je ne crois
pas, moi, que les nazis soient responsables de l’histoire
coloniale. L’histoire coloniale est une histoire faite par la
démocratie maçonnique et la IIIème République française.
Mahadi – Non, mais je vous pose la
question par rapport à la teneur de ce qu’il a dit, et pas de la
stratégie politique, évidemment.
Alain Soral – C’était
quoi la phrase exacte ?
Mahadi – La phrase exacte, c’était
justement que « toutes les civilisations ne se valent pas »,
en fait.
Ahmed Bihmiden – « Toutes
les civilisations ne se valent pas. »
Alain Soral – C’est une
phrase qui ne veut rien dire. Les civilisations sont différentes.
Donc après, pour les comparer, c’est selon un système de valeurs
et des critères. Les systèmes de valeurs à travers lesquels on
compare les civilisations sont des critères occidentaux, donc les
critères de la civilisation qui domine historiquement, actuellement.
Ahmed Bihmiden – Pourtant vous
soutenez les bienfaits de la colonisation française, Monsieur Soral.
En Algérie.
Abdellah Boudami – Et oui, vous
vous contredisez. Vous êtes le premier à lancer ce genre de petites
phrases assassines, comme lorsque vous avez dit d’Houria Bouteldja,
elle a beau jeu de critiquer la France aujourd’hui, mais que s’il
n’y avait pas eu la colonisation en Algérie, elle serait dans sa
montagne en train de vivre dans des conditions patriarcales.
Alain Soral – Elle ne
serait pas en France en train de parler français. [inaudible] C’est
une évidence.
Abdellah Boudami – Donc, quelque
part vous réactivez vous-même.
Alain Soral – C’est-à-dire que critiquer la colonisation au nom des droits de l’homme, c’est critiquer la colonisation au nom de ce qui a produit la colonisation et ce qui a été importé au Maghreb par la colonisation. Donc je vous renvoie à votre contradiction interne.
Mais donc, là, je répondais – mais de toute façon, vous avez fait qu’abonder dans mon sens – que quand on dit que les civilisations ne se valent pas, on compare ces civilisations, non pas au nom de quelque chose qui serait au dessus de toutes les civilisations, qui ne pourrait être que Dieu, ou peut-être les Martiens qui auraient des centaines de millions d’années d’avance sur nous, mais on compare ces civilisations, horizontalement, au nom des valeurs d’une civilisation. Donc, ça veut dire que ce n’est pas pertinent d’un point de vue épistémologique. Et ce n’est jamais qu’une déclaration de guerre, ou une prétention « à ».
Donc, je comprends tout à fait la
phrase de Guéant. C’est une petite phrase politicienne perfide et
assez dégueulasse qui sur le plan épistémologique et philosophique
ne vaut rien.
Abdellah Boudami – Mais qui
rejoint pas mal vos propres pensées, par contre. Et donc on voit
dans votre réactivation de cette idée que la colonisation a amené,
quand même, quelque chose de bien, dans la mesure aussi,
aujourd’hui, où si les Maghrébins peuvent critiquer l’Empire,
c’est grâce à la colonisation.
Alain Soral – Rien dans
l’histoire du monde ne peut amener que du négatif.
Abdellah Boudami – Et
qu’apparemment, toutes les boucheries ne se valent pas.
Alain Soral – Oui, vous
êtes un pur produit de la colonisation, monsieur.
Abdellah Boudami – Mais il va
falloir couper, parfois, monsieur Soral, parce que.
Ahmed Bihmiden – Non, non,
allez-y, continuez, Monsieur Boudami.
Abdellah Boudami – On me coupe
souvent, mais on le coupe rarement lui. Donc je ne peux pas en
placer.
Alain Soral – Vous êtes un
pur produit, monsieur, de la colonisation. Vous êtes en Belgique,
vous m’agressez en français selon des concepts issus de tout le
corpus occidental colonisateur.
Abdellah Boudami – Mais vous êtes
véritablement l’agresseur aujourd’hui.
Alain Soral – Vous n’avez
pas confiance. Vous êtes un petit colonisé arrogant. À la limite,
émancipez-vous de la colonisation totalement, voyez.
Abdellah Boudami – Oui, mais
enfin, vous n’êtes pas crédible lorsque vous parlez comme ça.
Alain Soral – Là, pour
l’instant, pour moi, vous n’êtes qu’un premier de la classe de
la colonisation qui se retourne contre son maître, mais simplement,
en utilisant tous ses outils. Et on sait très bien ce que ça a
donné historiquement, tout ça. Vous avez au moins trente ou
quarante ans de retard dans votre combat. C’est pour ça que vous
m’emmerdez.
Abdellah Boudami – Et donc voilà,
je veux placer maintenant ma phrase. Dans le fait de vouloir à la
fois activer des réflexions et des façons de pensée coloniales,
mais à la fois dans cette façon de vouloir les éluder,
c’est-à-dire de les faire disparaître des questions qui fâchent et
des questions de l’Empire, monsieur Soral peut jouer des double-jeux,
et peut ainsi brouiller les cartes et essayer d’avoir des
solidarités qui se créent, même parmi des couches de populations
qui ont subi cet élan colonial, et qui aujourd’hui subissent les
relations postcoloniales qui sont héritées de représentions qui
sont aussi bien dans l’Ancien Régime que sous la IIIème
République.
Alain Soral – Oui, oui,
oui, c’est bon, c’est bon. Votre catéchisme, je le connais par
cœur.
Abdellah Boudami – Et donc dans
cette façon de soutenir Marine Le Pen en disant : « Mais
quand elle parle contre l’islam, ce n’est pas bien ». Dans
cette façon de soutenir monsieur de Gaulle, qui « Monsieur »
de Gaulle, était un islamophobe de façon évidente, ça permet à
la fois de le soutenir.
Alain Soral – Hé !
tout-petit bonhomme ! Je suis Français, je suis pour de Gaulle.
Est-ce que tu oserais critiquer Mohammed VI comme tu critiques
de Gaulle ?
Abdellah Boudami – Et à la fois
de dire que lui n’est pas anti-Islam alors que monsieur Soral, je
le redis ici, ne met toujours en avant que cet Arabe patriote.
Alain Soral – Mais on s’en
fout de ce que tu dis.
Abdellah Boudami – À qui il
voudrait tendre la main, évidemment.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
là-dessus.
Alain Soral – Il m’emmerde
votre petit bonhomme-là. Vous avez fait venir un chien. Mais ce
n’est pas un chien, c’est un teckel. Je connais tout ça, ces
types qui m’emmerdent toute la journée. Il ne fait que répéter
la même chose. Son disque est rayé.
Abdellah Boudami – Quel blabla
monsieur Soral !
Alain Soral – Je tends la main en tant que patriote français à certains musulmans qui sont sur le territoire français, qui sont français de confession musulmane, pour un combat commun contre une domination qui est notamment, la domination américano-sioniste sur la France. Le reste à la limite, ne m’intéresse pas. Et sur le reste, je suis transparent. Je ne suis un soumis à rien d’autre que ce qui est mon intérêt objectif bien compris.
Que ce petit monsieur comprenne que
je m’assume en tant que Français qui défend ses intérêts de
petit bourgeois français bien compris. Ce qui est mon présupposé
chez moi, il pense le dénoncer.
Ahmed Bihmiden – D’accord.
Alors.
Alain Soral – C’est un
imbécile. Ce qu’il dénonce, je le revendique.
Ahmed Bihmiden – D’accord, très
bien. Alors.
Alain Soral – Je revendique
de mener un combat pour mon intérêt de petit bourgeois français
bien compris. Est-ce que c’est clair et net ? On peut arrêter
d’en parler.
Ahmed Bihmiden – D’accord. On va
finir avec le sociologue.
Alain Soral – Je me bats en
tant que petit français [inaudible] gaulliste, néonationalisme et
que je voterai Marine Le Pen à la présidentielle. Alors
effectivement, je ne me bats pas pour d’autres intérêts que les
miens. Mais vous faites exactement la même chose vous-mêmes.
Assumez-le. C’est tout !
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
pour les universitaires qui nous écoutent Monsieur Soral, c’est
les vingt années donc, ou la dizaine, pardon.
Alain Soral – Ça s’appelle
la question de l’identité du sujet et de l’objet dans les
sciences humaines. C’est qu’en réalité, on ne parle jamais d’un
point de vue qui est transcendant à la question sociale.
Ahmed Bihmiden – S’il vous
plait.
Alain Soral – Car les
sciences humaines ne sont pas des sciences exactes et abstraites. Ce
sont des sciences dans lesquelles nous sommes impliqués et immergés.
Ahmed Bihmiden – Justement parmi
ces personnages.
Alain Soral – [Inaudible]
il produit un discours critique qui en dernière instance est
l’intérêt de sa position de classes, de sa position historique et
de sa position nationale. Et je l’assume, et je le revendique.
Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral,
par rapport à ces questions, par rapport aux sciences humaines,
c’est les dix années de la mort donc du sociologique français
Pierre Bourdieu. Vous avez une critique par rapport à lui, étant
donné qu’il est vraiment, lui, dans les milieux universitaires et
que les universitaires vous écoutent.
Alain Soral – Eh bien je viens de la produire cette critique ! Pierre Bourdieu est un néo-comtien. Il se réclame du positivisme d’Auguste Comte et il prétend que les sciences humaines, la sociologie, est une science exacte, et que le sociologue peut s’extraire totalement de ses présupposés historiques civilisationnels et de classe, pour avoir une vison objective et extérieure, dans la mesure où il emploierait des outils qui seraient des outils transparents et parfaitement rationnelles et scientifiques, qu’on appelle la sociologie quantitative, qualitative, etc.
Je pense que monsieur Bourdieu est un imbécile et d’une certaine manière un escroc. Et moi, je me revendique d’une certaine sociologie, notamment, de Georg Lukács qui refuse d’admettre, parce que c’est une naïveté et une escroquerie, que les sciences humaines soient des sciences exactes, et qui admet que le sujet pensant, le sociologue, est immergé dans son historie, sa civilisation et son origine de classe, et qu’il doit absolument en prendre conscience pour produire de la sociologie. Et que cette sociologie est toujours topique. C’est-à-dire qu’elle est une sociologie du « point de vue ». On parle de là où on est.
Donc le petit emmerdeur qui est un
Belge issu de l’ancien empire colonial belge est en fait un
islamo-droit-de-l’hommiste. Il ferait bien d’identifier d’où
il parle. Il ne l’a pas fait ce travail.
Abdellah Boudami – Pourtant je ne
suis pas Congolais !? Je suis Congolais !! C’est votre
pays qui a colonisé le mien, monsieur Soral.
Alain Soral – Moi je l’ai
fait dans un livre qui s’appelle Sociologie du dragueur.
C’est-à-dire que j’ai décortiqué entièrement de quoi je suis
fait.
Abdellah Boudami – Bon ben sur
Bourdieu, tout est faux par contre !
Alain Soral – Et ce qu’on
appelle l’idiosyncrasie. Et c’est pour ça que je pense que tous
les sociologues bourdieusiens sont des crétins et des naïfs. Et que
je m’oppose totalement au positivisme de Comte en sociologie.
Abdellah Boudami – Et que vous
êtes le seul gladiateur en mesure de montrer au peuple la vérité.
Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur
Boudami, là-dessus, sur Bourdieu, rapidement.
Abdellah Boudami – Avant Bourdieu,
sur la question palestinienne.
Ahmed Bihmiden – Il ne reste plus
beaucoup de temps.
Abdellah Boudami – Mais parce que
je n’ai pas pu reprendre de suite.
Ahmed Bihmiden – Passez à
Bourdieu.
Abdellah Boudami – Dans cette
façon d’éluder la question coloniale, on voit bien ce projet,
effectivement. Mais sur Bourdieu, Bourdieu évidemment a été
justement le sociologue. Et pourquoi a-t-il dérangé le Collège de
France quand il a été élu au Collège de France ?
Alain Soral – Il a rien
dérangé du tout ! Il a terminé grand patron du Collège de
France. Médaille d’or du CNRS.
Abdellah Boudami – Alors, à sa
première leçon.
Alain Soral – Et douzième
échelon avec Palmes.
Abdellah Boudami – Mais monsieur
Soral. Mais coupez-le, ce n’est pas possible !
Alain Soral – Il était au
sommet de la hiérarchie de l’État. C’est un sociologue d’État
intégral. Il a été payé par l’État français toute sa vie pour
faire de la sociologie du pouvoir. Vous êtes un imbécile.
Abdellah Boudami – Sa première
leçon au Collège de France lorsqu’il a été élu s’appelle
« Leçon sur la leçon » dans laquelle il explique
justement que le sociologue est pris dans un jeu de pouvoir de
forces, dans un champ. Et qu’il a été justement un des pionniers
de la sociologie de la connaissance pour montrer effectivement que le
sujet qui étudie, lui-même est pris dans des conditions et des
rapports de force. Il a croisé justement la sociologie positiviste
avec la sociologie de la domination.
Alain Soral – Non, il n’a
pas été un pionnier. Il a été un produit. C’est dans Histoire
et conscience de classe de Georg
Lukács.[inaudible]
du début du XXème siècle.
Ahmed Bihmiden – Pas en même
temps !
Alain
Soral
– Et c’est au cœur de la sociologie marxiste la question du
sujet et de l’objet.
Abdellah Boudami – Et donc, c’est
une de vos manipulations qui jalonnent le bouquin.
Alain Soral – Vous êtes un
imbécile, parce que ce Bourdieu découvre à la fin de sa carrière,
après avoir produit de la sociologie inutile dans les années
quatre-vingt.
Abdellah Boudami – Et vous, vous
êtes en fait un charlatan parce que.
Alain Soral – Ça a été
produit par les sociologues marxistes au tournant du XXème siècle.
Donc vous êtes un crétin monsieur, voilà.
Abdellah Boudami – Vous pouvez me
traiter de crétin mais les faits sont têtus.
Alain Soral – Oui, je vous traite
de crétin.
Ahmed Bihmiden – Il reste une
minute.
Abdellah Boudami – Donc
effectivement, moi, j’invite les gens à lire monsieur Soral et à
lire Bourdieu pour voir à quel point monsieur Soral est un charlatan
et à quel point il fait le jeu de l’extrême droite en voulant
capter les voies de l’arabe patriote.
Ahmed Bihmiden – Eh bien, je
renvois aux différentes lectures. Il reste une minute.
Alain Soral – Voilà,
renvoyez aux lectures, c’est mieux.
Ahmed Bihmiden – Voilà, je
renvoie donc aux lectures de Monsieur.
Alain Soral – Et les Belges
ne votent pas en France. Donc de toute façon, les gens à qui je
parle à travers cette émission de radio, il n’y a aucun
problème. Ils ne votent pas dans les élections françaises. Et la
question de Marine Le Pen n’est pas du tout leur problème.
Ahmed Bihmiden – D’accord. Eh
bien.
Alain Soral – Eux se posent
la question de la position de citoyen belge dans la Belgique actuelle
quand il est de confession musulmane et issu de l’ancien empire
colonial belge, qui n’est pas d’ailleurs l’empire colonial
français. Et il peut se poser la question, en ce moment, du
processus mondialiste de destruction de la Belgique en deux entités
wallonne et flamande.
Ahmed Bihmiden – Nous n’avons
plus le temps de continuer, Monsieur Soral.
Alain Soral – Et le reste,
je ne vois pas pourquoi d’ailleurs ce petit monsieur projette sa
bile sur la question française. Vous n’êtes pas citoyen français,
monsieur, et que je sache, vos positions sur la France ne
m’intéressent pas spécialement. Je ne donne pas, moi, de leçon
sur la politique belge, je vous ferai remarquer.
Ahmed Bihmiden – Très bien.
Monsieur Soral, je vous remercie. Je renvoie donc les auditeurs et
les personnes intéressées par vos propos à votre dernier livre,
Comprendre l’Empire. Monsieur Soral,
vous êtes président.
Alain Soral – Et au site
Internet de mon association.
Ahmed Bihmiden – Égalité
et Réconciliation.
Alain Soral – Qui s’appelle
Égalité et réconciliation. Il y a des tas de choses dessus,
y compris les choses de monsieur Collon, y compris les interventions
de monsieur.
Ahmed Bihmiden – Très bien. On se
retrouve la semaine prochaine, chers auditeurs, même jour, même
heure. As-salâm ‘aleïkoum.
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