Il y a presque une décennie, j’ai écrit un article dans lequel j’ai défini les cinq étapes de l’effondrement, définis comme des points d’inflexion où la foi dans les aspects clés du statu quo est brisée et où une nouvelle réalité prend forme.
Il est utile d’avoir une taxonomie de la notion d’effondrement, même si elle est partielle. Traiter l’effondrement comme une grande boule de cire est susceptible de nous faire croire que tout va fondre d’un coup et, à l’exception de certains scénarios de type fin du monde, qui ne sont probablement même pas utiles à considérer, ce n’est probablement pas une approche réaliste ou utile.
En outre, une grande boule de cire n’est pas ce que nous avons observé durant ces années depuis que j’ai écrit cet article. À l’heure actuelle, la Terre est une boite de Petri peuplée de diverses éruptions d’effondrement, ou une soupe d’effondrement, si vous voulez. C’est un laboratoire d’effondrement en plein air qui exécute plusieurs expériences incontrôlées liées à l’effondrement, en même temps. Peut-être, si nous observons attentivement, nous pouvons apprendre à discerner les différentes étapes et déterminer comment elles interagissent.
Dans cette mise à jour de mon article de février 2008, je m’attaque à la question de l’atténuation de l’effondrement :
Que pouvons-nous faire pour éviter les différents scénarios les plus défavorables ?
Les cinq étapes de l’effondrement sont un peu parallèles aux cinq étapes du chagrin que Elizabeth Kübler-Ross a définies comme le déni, la colère, la négociation, la dépression et l’acceptation. Les deux séries d’étapes ont trait aux phénomènes psychologiques : les siennes ont à voir avec l’émotion ; les miennes ont à voir avec la foi. Après tout, des concepts tels que la valeur de l’argent ou l’existence de choses comme le marché libre, la démocratie et la communauté ont tous la qualité de la Fée Clochette : une fois que plus personne ne croit qu’ils existent, ils disparaissent sans laisser de traces.
J’ai défini les cinq étapes de l’effondrement comme suit :
Étape 1 : effondrement financier. La foi dans le « business as usual » est perdue. L’avenir n’est plus supposé ressembler au passé, en tout cas en aucune manière pour que les risques soient évaluables et que les actifs financiers soient garantis. Les institutions financières deviennent insolvables. Les économies sont effacées et l’accès au capital est perdu.
Étape 2 : effondrement commercial. La foi en « le marché doit fournir » est perdue. L’argent est dévalué et / ou devient rare, les marchandises sont stockées, les chaînes d’importation et de vente aux détails se décomposent et la pénurie généralisée des produits de base deviennent la norme.
Étape 3 : effondrement politique. La foi en « le gouvernement va prendre soin de toi » est perdue. Alors que les tentatives officielles visant à atténuer la perte généralisée des accès aux sources commerciales des produits de base ne font plus aucune différence, l’establishment politique perd sa légitimité et sa pertinence.
Étape 4 : effondrement social. La foi en « vos gens s’occupent de vous » est perdue, en tant qu’institutions sociales locales, alors que les organismes sociaux, qu’il s’agisse de charités ou d’autres groupes se précipitant habituellement pour combler le vide de pouvoir, sont à court de ressources ou échouent a cause de conflits internes.
Étape 5 : effondrement culturel. La foi dans la bonté de l’humanité est perdue. Les gens perdent leur capacité de « bonté, générosité, considération, affection, honnêteté, hospitalité, compassion, charité » (Turnbull, The Mountain People). Les familles se disputent et la compétition comme individus luttant pour des ressources limitées commence. La nouvelle devise devient « Puisses–tu mourir aujourd’hui pour que je ne meure que demain » (Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag). Il se pourrait même qu’il y ait du cannibalisme.