Au moment où la ministre de la justice imposée par Nicolas Sarkozy rencontre des difficultés -démissions au sein de son cabinet, critiques à l’encontre de son projet de loi sur la récidive, déboires judiciaires de deux de ses frères- elle reçoit curieusement le soutien de SOS Racisme, une association liée de façon organique au parti socialiste.
Dans un entretien à Libération, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, vole au secours de Rachida Dati qui est selon lui malnenée par une "élite blanche" :
"Je pressens que Rachida Dati paie d’être une ministre atypique, parce qu’elle est jeune, femme, et d’origine maghrébine. Malheureusement, ce profil crée des rancœurs au sein d’une élite française constituée d’hommes blancs de plus de 55 ans."
SOS Racisme fait donc le choix de communautariser les problèmes rencontrés par la ministre de la justice de Nicolas Sarkozy. C’est un angle d’analyse qui est pour le moins discutable. En effet, il n’est pas anormal que l’on s’interroge, soixante jours après l’entrée en fonction de Rachida Dati, sur la démission de son directeur de cabinet et de plusieurs de se conseillers. Qu’elle soit liée ou non au caractère de la ministre, force est de constater qu’il s’agit d’un événement singulier qui pose la question du fonctionnement de l’Etat au plus haut niveau et peut révéler une certaine impréparation alors que c’est justement en convaincant les Français qu’il était le mieux préparé que Nicolas Sarkozy s’est imposé face à Ségolène Royal. Quant au fait que deux des frères de la ministre de la justice fassent l’objet de poursuites pour trafic de drogue, il faut là aussi admettre que ce n’est pas courant. Cela ne remet bien évidemment pas en cause les compétences propres de la ministre mais crée de facto une situation de conflit d’intérêts qui pose problème alors que l’indépendance de la justice est posée comme un principe. Il n’est donc pas anormal que les médias se soient emparés de ce sujet.
Pour l’observateur averti, l’intervention de SOS Racisme au secours de Rachida Dati n’est pas inintéressante. On sait en effet que Nicolas Sarkozy entretient des relations plus que courtoises avec le fondateur de l’association anti-raciste, le député PS Julien Dray, et son précédent président, Malek Boutih et qu’il n’a pas hésité à nommer une de ses anciennes dirigeantes, Fadela Amara, au sein de son gouvernement. On se souvient aussi que c’est l’intervention personnelle de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, qui avait permis à SOS Racisme de survivre à un rapport accablant de la Cour des Comptes en 2004 qui avait mis en évidence des détournements au sein de l’association et une extrême faiblesse du nombre d’adhérents ayant pour conséquence une situation financière catastrophique.
De quoi s’interroger sur la pertinence de la dénonciation d’une "élite blanche" par Dominique Sopo à qui on pourrait faire remarquer que son association, qui agit souvent sur ordre venant de bien plus haut que lui, a pour parrains passés (Simone Signoret, Coluche) et présents (Guy Bedos, Yves Simon, Pierre Bergé, Anémone, BHL, Maxime Le Forestier, Danielle Mitterrand...) des personnalités qui incarneraient assez bien ce qu’il propose d’appeler "une élite blanche".
Source : http://www.communautarisme.net