Les méfaits du cannabis longtemps présenté comme une drogue douce sont revus à la hausse alors que le nombre de ses adeptes ne cesse de se multiplier parmi les jeunes. En France comme dans toute l’Europe, c’est la substance illicite la plus consommée par les adolescents. Et ce n’est que depuis peu que l’on mesure et comprend ses effets négatifs sur la santé mentale alors que pendant près de trente ans, il a été perçu, à tort, comme un produit inoffensif lié à la fête et à la convivialité.
Selon une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans le Lancet axée sur le devenir des jeunes fumeurs, il apparaît que le risque pour eux de développer des troubles psychotiques ultérieurs augmenterait de plus de 40 %, par rapport à des jeunes gens qui n’en auraient jamais pris. Ce surrisque est lui-même directement proportionnel à la dose consommée. Les « accros au shit », ceux qui en fument plus de cent fois par an, seraient ainsi les plus exposés avec une hausse de 50 à 200 % de survenue ultérieure de tels troubles (schizophrénie, symptômes psychotiques, hallucinations, anomalies du cours de la pensée). Pour asseoir ces conclusions, le Dr Thérésa Moore de l’université de Bristol et le Dr Stanley Zammit du département de psychologie médicale à l’université de Cardiff ont passé en revue 35 études réalisées dans différents pays, Allemagne, Pays-Bas, Grande-Bretagne, États-Unis, Suède, Nouvelle-Zélande. Si à la lumière de cette nouvelle étude, il reste difficile d’affirmer que le cannabis provoque à lui seul cette grave affection, il apparaît cependant que ce toxique pourrait contribuer à faire basculer les plus fragiles vers cette pathologie mentale.
Le Dr Zammit avait déjà publié un article retentissant en novembre 2002 dans le British Medical Journal sur les méfaits de l’« herbe » sur un jeune cerveau en pleine maturation. À partir d’une étude menée sur plus de 50 000
jeunes conscrits suédois suivis depuis le début des années 1970, époque du « flower power », il avait montré avec trente ans de recul que la prise régulière et intense de cannabis est capable à elle seule de faire basculer un jeune dans la nuit de la schizophrénie. Sur 731 consommateurs excessifs, 28 étaient devenus schizophrènes dans les cinq ans, soit 4 % d’entre eux (quatre fois plus que la normale).
Des résultats à mettre en parallèle avec ceux d’une autre étude suisse cette fois (institut de psychiatrie de l’université de Zurich) publiée le 23 juillet dernier qui montre une forte hausse de cette pathologie chez les
hommes jeunes dans les années 1990. Les cas constatés chez les 15-19 ans ont été multipliés par trois et ceux chez les 20-24 ans par deux dans ces catégories d’âge, les plus exposées à une telle consommation.
Avertir les jeunes et leurs parents
Ce n’est pas la première fois que des médecins mettent en garde contre les effets négatifs du tétrahydrocannabinol (THC), le principe actif du produit, sur la santé mentale future des jeunes. « Ces résultats devraient inciter les gouvernements et les autorités sanitaires à mener des campagnes d’éducation efficaces et soutenues pour avertir les jeunes et leurs parents des dangers du cannabis, trop longtemps négligés », pointe dans un éditorial associé un psychiatre danois, le Dr Merete Nordentoft pour qui « près de 800 cas de schizophrénie par an pourraient être évités en Grande-Bretagne si les jeunes renonçaient au produit ». Sans parler des autres troubles associés sur l’attention, la mémoire, la motivation à l’origine de sérieuses difficultés scolaires chez les fumeurs réguliers. Ni les effets
désinhibiteurs à l’origine de comportements violents. Ni les effets paradoxaux sur l’anxiété, d’abord apaisant, mais ensuite générateur d’une angoisse beaucoup plus intense.
En France, un jeune sur deux, âgé de 17 ans, a goûté au cannabis. Plus d’un demi-million de personnes allument un « joint » tous les jours. Les Français font désormais partie des plus gros consommateurs en Europe, aux côtés du
Royaume-Uni et de l’Espagne. Et les addictologues s’inquiètent du fait qu’aujourd’hui les joints peuvent être dix fois plus « chargés » en principe actif que leurs équivalents des années 1970.
Catherine Petitnicolas, Le Figaro
Selon une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans le Lancet axée sur le devenir des jeunes fumeurs, il apparaît que le risque pour eux de développer des troubles psychotiques ultérieurs augmenterait de plus de 40 %, par rapport à des jeunes gens qui n’en auraient jamais pris. Ce surrisque est lui-même directement proportionnel à la dose consommée. Les « accros au shit », ceux qui en fument plus de cent fois par an, seraient ainsi les plus exposés avec une hausse de 50 à 200 % de survenue ultérieure de tels troubles (schizophrénie, symptômes psychotiques, hallucinations, anomalies du cours de la pensée). Pour asseoir ces conclusions, le Dr Thérésa Moore de l’université de Bristol et le Dr Stanley Zammit du département de psychologie médicale à l’université de Cardiff ont passé en revue 35 études réalisées dans différents pays, Allemagne, Pays-Bas, Grande-Bretagne, États-Unis, Suède, Nouvelle-Zélande. Si à la lumière de cette nouvelle étude, il reste difficile d’affirmer que le cannabis provoque à lui seul cette grave affection, il apparaît cependant que ce toxique pourrait contribuer à faire basculer les plus fragiles vers cette pathologie mentale.
Le Dr Zammit avait déjà publié un article retentissant en novembre 2002 dans le British Medical Journal sur les méfaits de l’« herbe » sur un jeune cerveau en pleine maturation. À partir d’une étude menée sur plus de 50 000
jeunes conscrits suédois suivis depuis le début des années 1970, époque du « flower power », il avait montré avec trente ans de recul que la prise régulière et intense de cannabis est capable à elle seule de faire basculer un jeune dans la nuit de la schizophrénie. Sur 731 consommateurs excessifs, 28 étaient devenus schizophrènes dans les cinq ans, soit 4 % d’entre eux (quatre fois plus que la normale).
Des résultats à mettre en parallèle avec ceux d’une autre étude suisse cette fois (institut de psychiatrie de l’université de Zurich) publiée le 23 juillet dernier qui montre une forte hausse de cette pathologie chez les
hommes jeunes dans les années 1990. Les cas constatés chez les 15-19 ans ont été multipliés par trois et ceux chez les 20-24 ans par deux dans ces catégories d’âge, les plus exposées à une telle consommation.
Avertir les jeunes et leurs parents
Ce n’est pas la première fois que des médecins mettent en garde contre les effets négatifs du tétrahydrocannabinol (THC), le principe actif du produit, sur la santé mentale future des jeunes. « Ces résultats devraient inciter les gouvernements et les autorités sanitaires à mener des campagnes d’éducation efficaces et soutenues pour avertir les jeunes et leurs parents des dangers du cannabis, trop longtemps négligés », pointe dans un éditorial associé un psychiatre danois, le Dr Merete Nordentoft pour qui « près de 800 cas de schizophrénie par an pourraient être évités en Grande-Bretagne si les jeunes renonçaient au produit ». Sans parler des autres troubles associés sur l’attention, la mémoire, la motivation à l’origine de sérieuses difficultés scolaires chez les fumeurs réguliers. Ni les effets
désinhibiteurs à l’origine de comportements violents. Ni les effets paradoxaux sur l’anxiété, d’abord apaisant, mais ensuite générateur d’une angoisse beaucoup plus intense.
En France, un jeune sur deux, âgé de 17 ans, a goûté au cannabis. Plus d’un demi-million de personnes allument un « joint » tous les jours. Les Français font désormais partie des plus gros consommateurs en Europe, aux côtés du
Royaume-Uni et de l’Espagne. Et les addictologues s’inquiètent du fait qu’aujourd’hui les joints peuvent être dix fois plus « chargés » en principe actif que leurs équivalents des années 1970.
Catherine Petitnicolas, Le Figaro