Après son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Vladimir Poutine a rejeté jeudi 27 septembre sur les Occidentaux la responsabilité de l’impasse politique en Syrie, et donc de la continuation des violences : « Nos partenaires (occidentaux) n’arrivent pas à s’arrêter. Après avoir semé le chaos dans de nombreuses régions, ils poursuivent la même politique dans d’autres pays, notamment en Syrie ». Le président russe répondait à des questions de journalistes au cours d’un déplacement dans la ville de Riazan (200 kilomètres au sud-est de Moscou).
Vladimir Poutine a enfoncé le clou, faisant en quelque sorte la leçon à ses adversaires géopolitiques : « Nous avons prévenu qu’il fallait agir avec circonspection, sans rien imposer par la force pour n pas provoquer le chaos. Et qu’est-ce que nous voyons aujourd’hui ? Nous voyons une situation proche du chaos ». Des paroles comme en écho là encore à celles de Lavrov qui mercredi à l’ONU mettait en cause les « pays qui incitent les opposants à Bachar al-Assad à refuser de cesser le feu et de dialoguer ».
Mois que jamais la Russie – et la Chine – sont prêtes à concéder quoique ce soit à leurs antagonistes sur le dossier syrien. Parce qu’ils défendent leurs intérêts et, au-delà, une certaine conception de l’organisation de la planète. Parce qu’ils savent aussi que la coalition anti-syrienne, si puissante qu’elle soit, est réduite à l’impuissance et peut-être au doute, et que sur le terrain, en dépit des rodomontades de l’ASL et de la propagande « inertielle » des grands médias occidentaux, les affaires de la rébellion ne sont pas si florissantes que ça.
Le Qatar bien seul dans sa croisade militaire anti-Bachar
Et puis , à l’ONU, le couple sino-russe a enregistré un soutien indirect, mais de poids : le président égyptien Mohamed Morsi, hostile au gouvernement syrien, s’est très clairement positionné, lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies mercredi, contre toute intervention militaire en Syrie, désavouant la dernière proposition – ou provocation – du Qatar sur une intervention militaire en Syrie. Morsi est même allé jusqu’à s’en prendre à Israël, ce qui est quand même une contrariété supplémentaire pour ses « surveillants » transatlantiques.
En somme le pays le plus peuplé de la planète, la Chine, le pays le plus peuplé d’Europe, La Russie, et le pays le plus peuplé du monde arabe, l’Égypte, s’opposent clairement au bellicisme des émirs et des atlantistes. Et l’on pourrait ajouter que l’Inde, rival démographique de la Chine, et le Brésil, poids lourd de l’Amérique latine sont sur la même longueur d’ondes, ainsi que l’Indonésie, premier pays musulman de la planète, sans oublier bien sûr l’Iran, puissance régionale.
Face à ce puissant front du refus, l’Occident américano-centré, fort jusqu’à présent de son hégémonisme médiatique, voit les limites de ses menaces. Quant au Qatar, le soutien empressé du président tunisien à ses projet guerriers en Syrie n’est qu’un maigre lot de consolation face à la fin de non recevoir égyptienne.
Les faux « amis »de la Syrie n’ont décidément pas la main depuis deux ou trois mois. Parmi ces faux amis, la France se distingue par un extrémisme diplomatique aussi obscène que dérisoire, depuis Fabius estimant que Bachar ne devrait plus respirer l’air de cette terre, jusqu’à Hollande bredouillant ses condamnations « morales » de la Syrie tout en cirant les babouches sanglantes du roi du Bahrein et de l’émir du Qatar, à l’imitation de son prédécesseur, rival mais sûrement pas opposé Sarkozy.
Mais dans ce domaine comme dans d’autres, les actuels gouvernants français ne procèdent plus que par effets d’annonce. S’il y a encore des gens que ça impressionne…