Egalité et Réconciliation
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Plomb durci

On aurait pu penser que le cuisant échec militaire israélien dans la guerre menée contre le Liban en aout 2006, avait eu pour conséquence de remettre en cause certaines certitudes de l’Impérialisme américain quant à la capacité de l’Etat sioniste d’être son principal chien de garde dans la région.
Nous étions d’autant mieux fondés à le croire, que l’on vit la diplomatie US prendre langue avec la Syrie, entreprendre, entre deux invectives, des discussions secrètes avec l’Iran officiellement honni.

Monsieur Abbas, l’impuissant président de « l’autorité » américaine baptisée palestinienne, paraissait aux observateurs, devenir une pièce symbolique de plus en plus jouée sur l’échiquier américain au Moyen-Orient.
En d’autre termes, cependant que la crise déchirait Israël à l’intérieur même de ses frontières, l’impérialisme ne voulait plus dépendre de l’état hébreux seul, et n’aurait pas besoin de l’utiliser de la même façon que par le passé. En outre, le gouvernement américain, depuis les résultats électoraux du « mid-term »en novembre 2006, marqués par une victoire des démocrates au Sénat, reprenant les propositions de ces derniers, modifiait la forme de sa stratégie.
Face au désaveu populaire américain, au désastre de la « pacification » en l’Irak, l’impérialisme se devait désormais d’impliquer jusqu’au cou ses valets « arabes modérés » et européens pour réaliser ses objectifs de contrôle et de pillage des ressources du Moyen-Orient.
L’intervention en Afghanistan, la tension aves le Pakistan, les menaces à l’encontre de l’Iran, la continuation de cette stratégie impliquait une réorientation. L’administration Bush arrivée à terme, avec l’aval du Sénat, mit tout son poids dans la construction d ‘un « état » palestinien.
Cela exigeait pour Israël une subordination complète à Washington. En théorie, le sionisme est une composante de l’impérialisme, sans que ce dernier ne se réduise au sionisme. Par conséquent, si le sionisme a été utilisé, il pourrait ne plus l’être s’il ne correspond plus aux besoins. Car l’impérialisme américain paye : Avions, chars, logistique. C’est lui qui les produit, les entretient, tient à bout de bras cet état artificiel israélien. Il est le Maître. Telle est la voix de la raison.

Or à quoi assistons nous ?

Exactement au contraire. A ce que, cyniquement, Henri Siegman, (Sieg heil man ! devrait-on dire), ancien président du Congrès juif américain, exprimait en ces termes : "Le processus de paix au Moyen-Orient pourrait-être la tromperie la plus spectaculaire de toute l’histoire moderne". Depuis l’échec du sommet de Camp David en 2000, et en fait bien avant lui, l’intérêt d’Israël dans le processus de paix(…), a été une fiction qui a essentiellement consisté à fournir une couverture pour sa confiscation systématique de la terre palestinienne et pour une occupation dont le but, selon l’ancien chef de l’armée Moshé Yaalon, est de « marquer au fer rouge très profondément dans la conscience des palestiniens qu’ils sont un peuple de vaincu… » [1]

L’impérialisme, objectif, et le sionisme, subjectif, ont fusionné.

Tout homme honnête et réfléchi le sait : Il n’y aura jamais un Etat palestinien, parce qu’un tel état nécessiterait l’évacuation d’une grande partie des colonies juives de Cisjordanie, le dégagement d’une partie de Jérusalem, ce qui reviendrait à une défaite politique d’une partie fondamentale de l’état hébreux. Demandes incompatibles avec l’objectif sionisme qui, par essence, vise à l’extermination finale des palestiniens.
Preuve : l’opération dite "Plomb durci", (au passage on appréciera l’impayable humour juif) montre à l’envie qui est le vrai maître. L’intervention armée d’une violence jamais vue depuis l’occupation des territoires palestiniens par Israël en 1967, a déjà fait en deux jours, plus de 3OOmorts, dont de très nombreux enfants, et plus de 600 blessés, selon un nouveau bilan des services d’urgence palestiniens. Boucherie couronnant un blocus meurtrier de plusieurs mois dans cet épouvantable camp d’extermination à ciel ouvert de Gaza, tenant la parole de ce responsable gouvernemental qui avait promis « une Shoah encore plus grande » au peuple palestinien.
Et « Israël tient toujours ce qu’il promet » rappelait en s’étranglant d’admiration sur France-inter, l’hystérique lectrice de dépêches après avoir égrené avec indifférence, comme une litanie macabre, le nombre des victimes civiles palestiniennes.

Il va devenir de plus en plus aisé pour les États unis de ranger les pays arabes dit modérés, derrière d’éventuelles frappes contre l’Iran après ce plomb durci…

D’ores et déjà , conséquence des raids israéliens, la Syrie a estimé que ses négociations indirectes de paix avec Israël, lancées en mai via Ankara, ne pourraient pas se poursuivre.
"C’est l’agression israélienne contre Gaza elle-même qui ferme la porte à toute action dans le processus politique", a déclaré à l’AFP un responsable syrien. Une fois de plus, l’impérialisme durement plombé par sa crise financière, englué dans ses conflits sans fin, est placé devant le fait accompli durci par le plomb sioniste.
« Il ya une déconnexion entre ce que dit l’Amérique et ce qu’elle fait. Avoir un langage fleuri à propos d’un soutien à la démocratie au Liban et en Palestine quand le gouvernement israélien commet les pires crimes contre leurs populations civiles n’est pas seulement la preuve d’un culot considérable : c’est aussi insulter les peuples en question et profaner la mémoire de toutes ces femmes et de tous ces enfants qui ont été massacrés par la machine de guerre d’Israël, équipée par les États-Unis. » [2] Mais Monsieur Obama, ne nous avait il pas promis, avant son élection, lors d’un voyage en Israel, « Jérusalem doit être exclusivement juive » ? Puis s’exprimant devant le Comité américano-israélien des affaires publiques (AIPAC), un lobby pro-israélien, "Que ce soit clair : la sécurité d’Israël est sacro-sainte. Elle n’est pas négociable. Les Palestiniens ont besoin d’un Etat contigu et unifié qui leur permette de prospérer."
"Mais tout accord avec le peuple palestinien doit préserver l’identité d’Israël en tant qu’Etat juif doté de frontières sûres, reconnues et défendables. Jérusalem restera la capitale d’Israël et ne doit pas être divisée", a-t-il affirmé, s’attirant une réponse immédiate de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne : "Le monde entier sait que la sainte Jérusalem a été occupée en 1967 et nous n’accepterons pas d’Etat palestinien sans Jérusalem pour capitale".

Mais en fait d’Etat palestinien il y aura des tas de palestiniens, morts, un charnier, un cimetière palestinien.

Notes

[1] London Review of Book, 16aout 2007

[2] Daily star de Beyrouth(24 octobre 2007)