François Hollande était ce lundi 6 avril à Izieu, dans l’Ain, pour commémorer l’arrestation de 41 enfants et 7 adultes juifs par la Gestapo le 6 avril 1944.
À Izieu, durant la Seconde Guerre mondiale, s’est formée une « colonie d’enfants réfugiés » : avec l’aide de la population, la ville a en effet a accueilli une centaine d’enfants orphelins. C’est Klaus Barbie lui-même qui a donné l’ordre de déportation des réfugiés le 6 avril 1944.
Vingt et un ans après François Mitterrand, le président François Hollande s’est donc rendu à la « maison d’Izieu » pour une nouvelle litanie sur « la mémoire », ce rempart à « la haine ». Un discours ancré dans un épisode historique tragique, mais soigneusement préparé pour traiter, en sous-texte, de l’actualité politique. Bien entendu, uniquement de l’actualité qui intéresse le pouvoir : point de crise économique, de montée du chômage, d’inégalités sociales au menu, ni d’évocation d’une oligarchie illégitime et non-élue (quoique) qui ferait triompher les intérêts bancaires au détriment des « 99 %». Non, ce qui ronge la société française et, d’après Hollande, le monde entier à toutes les époques (du moins depuis l’avènement de la république), c’est « le mal ». Vaste sujet...
Qu’est-ce que « le mal », selon François Hollande ? C’est « la barbarie ». Et sous ce même terme de barbarie se trouvent réunis pèle-mêle, par la magie d’une simple association d’idées aussi niaise que stérile : la rafle du 6 avril 1944, le « fondamentalisme religieux », le « génocide des Tutsis », le « fanatisme », les exactions en Syrie et au Nigeria, « l’esclavage, la colonisation, la Shoah », « le terrorisme » et, last but not least, « le repli et l’isolement », ces « poisons mortels pour une nation »...
On le voit, l’objectif du discours de François Hollande, « saisi par l’émotion », était la confusion de toutes les réalités historiques pour les ranger sous la bannière du Mal, c’est-à-dire, en dernière instance, de la Shoah, et d’y associer une réalité contemporaine : la montée du Front national et, plus largement, des forces politiques souverainistes en Europe.
L’entretien de cet amalgame géant, qui résume à lui seul le programme du pouvoir, devra être assuré par « l’école de la République ». Dans une perspective absolument orwellienne, il s’agit en effet pour les enseignants de devenir des « éducateurs » qui permettent aux plus jeunes de faire la distinction « entre l’information et ce qui est de l’ordre du fantasme, du complot, c’est-à-dire ce qui à un moment met en doute l’histoire, la réalité des faits, ce que nous portons ensemble comme citoyens ». Derrière cet appel à l’Éducation nationale pour contrôler les consciences à travers l’interprétation de l’histoire, se dissimule à peine la volonté de contrôler son principal concurrent, Internet, instrument de réinformation devenu très dangereux pour un pouvoir dont toutes les fondations sont, justement, assises sur une interprétation particulière – et particulièrement contestable – de l’histoire...