Alors que de nombreux pays européens ferment leurs frontières pour cause de Covid-19, l’Italie va-t-elle... un peu plus les ouvrir ? Des juges italiens ont décidé de pratiquer des « évaluations d’office » pour apprécier les risques liés à la pandémie de coronavirus en cas de rapatriement d’un migrant vers son pays d’origine, comme le rapportait hier dimanche le Corriere della Sera et Euronews.
Selon le quotidien italien, le tribunal a ainsi décidé que « le risque Covid dans les pays d’origine peut être une raison et une cause contributive pour accorder une "protection humanitaire" en Italie aux migrants qui n’ont pas droit à l’asile politique ».
Un risque « d’aggravation supplémentaire d’une vulnérabilité personnelle antérieure »
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Pour cette décision, prise de manière autonome selon le Corriere della Sera, ces derniers ont annoncé se baser sur un document du centre de recherche de la Commission européenne, le « Inform Epidemic Global Risk Index », qui comprend 100 différents indicateurs de risque liés aux épidémies. Pour Euronews, « une pandémie associée à de faibles ressources médicales, à la pauvreté et à des troubles politiques et sociaux, sont autant d’arguments pouvant amener la justice à considérer le rapatriement d’un migrant comme un risque ».
Pour le tribunal, une protection humanitaire est donc accordée si un risque « d’aggravation supplémentaire d’une vulnérabilité personnelle antérieure » est avéré. Plus précisément, une personne pourrait être éligible à l’accueil si un rapatriement la faisait sombrer dans des conditions de vie qui ne respecteraient pas les droits de l’homme.
Pas d’automatisme, selon les juges
Les cas étudiés par le tribunal lors de la prise en compte de cette méthodologie sont très variés. D’abord, celui d’une personne analphabète originaire du Bangladesh. Depuis l’Italie, il peut envoyer de l’argent chaque mois à sa femme et ses enfants, mais ne trouverait pas de moyen de subsistance en repartant, d’autant qu’il serait poursuivi par des créanciers dans son pays d’origine. Le tribunal a estimé que le risque épidémique et ses conséquences économiques au Bangladesh posaient un vrai risque.
Les autres dossiers sont ceux d’un orphelin arrivé de Gambie et qui a trouvé un stage en Italie, d’un Guinéen de 15 ans dont le Corriere della Sera précise qu’il est « terrifié à l’idée de rentrer chez lui par peur des pouvoirs maléfiques de son oncle “sorcier” », et enfin d’un Pakistanais aveugle de 54 ans, poursuivi dans son pays. Autant de cas qui n’ont a priori rien à voir avec l’épidémie actuelle, et pourtant : « l’expérience de ces migrants, qui à elle seule ne constituerait pas une raison de protection humanitaire, le devient une fois combinée au risque auquel ils seraient confrontés », rapporte le journal, qui cite la situation sanitaire dégradée des pays en question.
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